Quelque part à 60 bornes de New Orleans : 1973 km

ALABAMA – MISSISSIPI – 1973 Km (distance cumulée depuis Miami…)

  • 11 et 12 Mars : KOA de Milton – Pensacola ; 52 km
  • 13 Mars : Pensacola – Gulf Shores ; 68 km
  • 14 Mars : Gulf Shores – Bayou la Batre ; 71 km
  • 15 Mars : Bayou la Batre – Shepard (SP) ; 53 km
  • 16 Mars : Shepard (SP) – Bay Saint Louis ; 84 km
  • 17 et 18 Mars : Bay Saint Louis – 60 bornes au NE de New Orleans ; 55 km

 


Précisions d’avant article

 

Avant de débuter vraiment ce nouveau post, j’aimerai mettre quelques points en avant.

  • Malgré toute ma bonne volonté lors de l’article précédent, destruction systématique du mythe floridien, blagues sur les handicapés, etc., nous ne comptons qu’un seul désabonnement (Ciao Marylin, bonne route à toi !) Je m’interroge, je m’inquiète… Serais-je devenu consensuel ?
  • La vidéo n’a pas été regardée par tous ! Attention ! Big Brother is watching you ! Je rappelle que les vidéos ne sont pas facultatives ! Vous aurez des questions dessus à notre retour…
  • Je suis en pleine réflexion sur mon plan de carrière… Je comptais bien faire une paire d’années supplémentaires à Rocroi, mais malheureusement, je crois que l’établissement n’existe plus… Peut-être un glissement de terrain, ou une terrible glaciation… Toujours est-il que personne ne m’a donné trace de vie. Une fois rentré, j’irai fleurir le lieu du drame et demanderai ma mut’ pour les îles…

 

Les CHALLENGES !

 

  • Pour Cathy et Dom : Passage par Bayou La Batre. Nous dûmes faire un détour de malade ! Au moins… Euh… Au moins 0,8 km, je crois, pour trouver le Port et le crevettier qui allait avec. Preuve en image :

  • Pour Fred : Ecrire un article au passé simple. Ok, ce sera le temps dominant lors de mes récits principaux. Sache toutefois qu’on ne peut utiliser un seul temps lors d’un récit. Il faut prendre en compte la cohérence du récit ; par exemple quand je parle de ce qui se passe pendant que j’écris, le présent sera privilégié, le passé ne sera utilisé que pour les récits.

En outre, le passé simple sera le temps principal, mais il faut aussi respecter la concordance des temps. Ainsi, pour raconter quelque chose qui se passe simplement au passé, on utilise le passé simple. Mais si on veut raconter quelque chose d’antérieur à ce passé, on utilise… si… si… cherche un peu, c’est facile… le passé antérieur ! Sans déconner ! C’est beau le français ! Si je raconte quelque chose soumis à  une condition, j’utilise… le conditionnel ! Si je raconte que je subjugue quelqu’un…  le subjonctif ! Si on subit des impairsl’impératif ! Etc. etc. En fait, tout est simple et logique…

On se dirige vers Pensacola, le temps est plus qu’incertain. La matinée est très chaude, mais aussi très nuageuse. En fin de matinée, le ciel est noir et ce sont bientôt des trombes d’eau qui s’abattent sur nous. On s’arrête en catastrophe en bord de route sous un pauvre arbre tout riquiqui pour enfiler nos vestes de pluie. Pour le bas, trop tard, tout est déjà mouillé. La température est descendue subitement à 17°C. Je vois à 50m un espèce de barnum qui n’attend que nous pour nous protéger de la pluie. Finalement, en s’approchant, on s’aperçoit qu’on est dans un cimetière et que c’est une tente qu’ils viennent d’installer pour protéger les gens de la pluie pour l’enterrement de la journée. Oups, ça craint. On voit un peu plus loin une maison avec un grand porche qui lui aussi n’attend que nous pour nous abriter. C’est le déluge, et on se retrouve à pousser nos vélos au milieu des tombes. Dire que j’ai même pas fait de photos pour immortaliser l’instant. On s’abrite donc sous l’auvent qui donne finalement sur l’entrée du bureau des pompes funèbres. Des gens habillés en noir, passent devant nous, puis arrivent un corbillard tout blanc. On voit bien qu’on est très moyennement  à notre place. Finalement le croque mort finit par sortir de son bureau et nous demande d’un ton bourru

  • Vous avez besoin de mes services.
  • Euh, ben non, pas encore.
  • Et ben les deux pouilleux, vous allez me faire le plaisir de dégager de dessous mon auvent.

Bon c’est sur que si de son bureau, il nous a vu cavaler au milieu de ses tombes, on ne peut pas non plus en vouloir de ne pas nous offrir une tasse de thé bien chaud.

On reprend donc notre route sous la pluie pour arriver un dimanche à 12H30 dans un Domino’s pizza désert à manger des pizzas dégueu, trempés jusqu’au slip en grelotant de froid. C’est trop bien les voyages en vélos. Le serveur nous indique un motel pas très loin et nous explique comment s’y rendre. On croit comprendre qu’il faut tourner au bout d’un mile sur la 17th. Quand on se retrouve à l’intersection, la pluie a repris de plus belle et finalement on s’engage dans une rue d’un quartier résidentiel. Bref, ça sent le plan galère. On finit par s’arrêter et on essaie de faire fonctionner nos cerveaux. Je vais sonner à une porte pour prendre des renseignements : pas de réponse. Je sonne à une deuxième : une femme ouvre, mais ne sait pas s’il y a un hôtel dans le secteur ??!!?? La troisième porte : un homme d’une soixantaine d’année, David, ancien capitaine de l’US Navy (c’est marqué sur sa fenêtre) m’ouvre et je lui explique notre problème pendant que Pierrot descendait la 17th à pieds en repérage. David cherche l’info sur son i-phone, mais malheureusement pas de réseau. Pourtant on sent bien qu’il est rempli de bonne volonté. Il appelle sa femme au téléphone pour savoir où elle range les annuaires. Il les trouve, cherche l’hôtel. Va dans sa voiture pour utiliser le GPS et localiser l’établissement. Quand je vous dis qu’il était plein de bonne volonté. Renseignement pris et après avoir remercié chaleureusement David, nous revoilà reparti sous la pluie et trouvons enfin l’hôtel. Nous voilà tout dégoulinant dans le hall de la réception pour nous enregistrer. Soudain, je sens quelqu’un qui me patouille dans le dos. Je me retourne et me retrouve nez à nez avec notre fameux David qui a fait le trajet en voiture et voulait s’assurer qu’on avait bien trouvé l’hôtel. Y’a pas de doute, on est bien aux Ztazunis.

Bon finalement depuis hier, nous n’avons plus 7h de décalage avec vous, mais de nouveau 6h puisque les Etats Unis sont passées à l’heure d’été. Ca commence à devenir compliqué ces histoires d’heures. En tout cas, on s’en est rendu compte car ça nous a fait rater l’happy hour du bar. C’est malin.

 

Où l’on apprend qu’une barbe, bien portée, ne vieillit pas tant que cela son porteur

Cette histoire d’happy hour me rappelle une petite anecdote à propos d’une bouteille de vin, d’une caissière de station service et d’une méprise fort compréhensible. Je m’en vais vous la narrer de ce pas.

Or, donc, à l’issue d’une difficile journée de pédalage, nous estimâmes avoir bien mérité une bonne bouteille de pif’. Nous nous dirigeâmes donc allégrement vers la première station service que nous croisâmes et entrâmes, tout guillerets, pour choisir notre gnole. Le chardonnay (une valeur sûre, chez ces sauvages) en main, ainsi que quelques menus à-côtés, tels un litre de lait chocolaté (je n’y résiste pas) ou un paquet de cahouettes, j’entrepris joyeusement le petit personnel de caisse pour connaître mon dû… Or, voilà-t-y pas que cette insolente de caissière – dont la vivacité pétillante du regard était telle qu’elle me fit penser à une fille qui aurait manqué sa carrière de joueuse de football professionnelle – me demanda mon ID (prononcer « Heidi », comme la petite fille des montagnes).

D’un naturel habituellement soupçonneux et assez peu avenant, je toisai alors impitoyablement la Bête et lui lançai mon traditionnel : « Why ? »

Béa comprit avant moi (ce qui, entre parenthèses, est à marquer d’une pierre blanche…) que la Gourgandine avait à cœur de vérifier mon âge, car la vente de vin est interdite aux moins de 21 ans.

Radouci et rasséréné, comprenant mieux cette légitime inquiétude, je tendis gracieusement mon passeport à la jeune fille.

La gueule qu’elle fit quand elle découvrit mon année de naissance !!!

 

Dimanche 17h, Pierrot : « C’est pas étonnant qu’on me croit plus jeune, même moi j’me crois plus jeune »

Ce qui est bien avec Pierrot en voyage, c’est qu’on ne s’ennuie pas un seul moment. C’est toujours plein de rebondissements. Après la saison un tantinet longuette de l’otite, nous attaquons depuis quelques jours la rage de dent. Nous nous arrêtons donc au Walmart pour acheter un gel sensé résoudre les problèmes dentaires et de gencives. Le résultat sera pour ainsi dire, nul. Nous prenons donc la décision le dimanche après midi, sous l’orage de Pensacola de prendre une nuit d’hôtel et de filer à la première heure le lendemain, chez un dentiste. Tiens, en plus, ça tombe bien, le plus proche s’appelle Jacques Lebeau. Avec un nom comme ça, s’il ne parle pas français … Pierrot passe une nuit horrible sans dormir. On se lève à 6H30 en laissant nos affaires dans la chambre d’hôtel et à 7H15 on est devant le cabinet dentaire. Pas de rendez vous, on a l’impression qu’il y a plein de dentistes la dedans et que le premier patient qui passe la porte est servi en premier. Bref, Pierrot remplit sa fiche d’information en anglais et l’assistante l’installe dans le fauteuil. Elle fait une radio de ses dents. Et là d’un coup, j’ai des suées froides quant à la douloureuse qui va nous attendre. Le fameux Jacques Lebeau déboule, médecin rigolo qui doit approcher les soixante dix ans. Par contre, il ne parle pas du tout français. On sent bien que ça va être chaud patate pour donner des détails. Tout le monde baragouine pour essayer de se faire comprendre. Moi, le seul truc que j’ai compris c’est « lever la main quand vous avez mal ». Finalement, il s’avère que la dent est cassée. La remplacer, dans l’état actuel des choses, il ne faut même pas y penser. Il ne reste plus qu’à l’arracher. Et voilà mon vieux Jacques, arc bouté sur Pierrot, avec ses mains qui bloblotent (celle de Jacques pas celles de Pierrot) et lui enfournant une pince dans la bouche après l’avoir anesthésié localement quand même. Et là, ça a duré peut être 15 minutes, mais ça m’a paru au moins le double pour pouvoir extraire la dent. Horrible.

Enfin bref, finalement en 1h30 l’affaire était bouclée et nous voilà soulagé de 210 dollars (qui devront nous être remboursés par l’assurance maladie). On reste donc la journée à Pensacola pour que Pierrot se remette de ses émotions. Ca nous permet d’ailleurs de profiter de l’ambiance urbaine et un peu chic de notre dernière ville de Floride.

La Tristitude (suite)

 

La Tristitude, c’est quand t’oublies de n’pas mâcher du côté gauche

C’est quand on te dit : « ton sourire n’est pas si moche »

C’est quand d’vant l’hôtel, la clé n’est plus dans ta poche…

 

Et ça fait mal…

 

La Tristitude, c’est d’trouver le super resto quand t’as plus d’dents

C’est quand toi t’as purée et l’autre un steak saignant

C’est quand on t’dit : « j’espère qu’tu passes un bon moment »…

 

Et ça fait mal, mal, mal !

 

Refrain :              La Tristitude, c’est moi, c’est toi, c’est nous, c’est quoi

                               C’est de faire du vélo au fond des USA.

 

                               La Tristitude, c’est huuum, c’est wiiizzz, c’est eux, c’est vous

                               C’est ta bouche qui te dit que ça va pas du tout…

 

 

Le lendemain, nous rejoignons la côte et découvrons pour la première fois le Golf du Mexique.

Nous mettrons deux jours à traverser l’Alabama. Cet état nous a pas mal plu du peu qu’on a vu : piste cyclable, moins de voitures, un peu plus chicos (mais bon forcément on est sur la côte).

La route suit une mince langue de terre et nous prendrons le ferry pour relier Fort Morgan à Dauphin Island (contrairement à ce qui est mentionné sur la carte tripline qui ne gère pas les traversées maritimes).

Une matinée épique

 

Le 14 Mars 2018… Le matin de ce 14 Mars est et restera gravé dans nos mémoires comme une matinée épique.

Ce jour, donc, nous devions prendre un Ferry permettant de traverser la Baie de Mobile, de Fort Morgan à Dauphin Island. Une série de problèmes allaient nous rendre l’exercice difficile.

Le premier problème venait du fait que seuls deux horaires étaient disponibles pour le matin : 10h15 ou 11h 45. Pour de nombreuses raisons pratiques (trouver à manger, éviter le vent de l’après midi, ne pas attendre des heures au milieu des bagnoles, etc.), le 10h15 avait ma préférence.

Le deuxième problème était que nous avions 36 km à faire, depuis notre camping jusqu’à l’embarcadère. Or, il faut savoir que notre moyenne kilométrique varie assez peu. Elle s’étale, grosso modo, de 14 km/h pour une étape difficile (vent, relief, état de la route, beaucoup de feux rouges…) à 16 km/h si l’étape ne présente pas de difficultés notables. Pour faire 36 Km, il nous fallait donc compter 2h15, si tout allait bien, plus de 2h30 sinon. Nous devions donc partir du camping à 7h45 au plus tard, pour assurer le coup…

Le troisième problème est que nous partîmes à 8h10… Feignasses un jour, feignasses toujours… Bon, peut-être qu’en appuyant un peu plus sur les pédales…

Le quatrième problème fut de réaliser, à la fin de la mignonette, mais peu roulante, « Voie réservé aux non-motorisés », qu’il était 9h00 et que nous n’avions fait que 12 Km… Plus qu’une heure 15 pour 24 Km…

C’est là, je me souviens… Nous avions alors récupéré la « vraie » route (bien roulante), et roulions sur un faux plat descendant à 20 Km/h… C’est là que je dis à Béa : « Nous n’y arriverons pas ! Il faudrait garder cette moyenne de 20 à l’heure pour y arriver ! »

Et ces mots m’humilièrent.

« Nous n’y arriverons pas ? » me disais-je.  « Un échec de plus ? Laisser gagner la Vieille Salope* ? » pensais-je.  « Mes couilles ! » décidais-je.

C’est donc à ce moment que je décidai d’enclencher la fonction sportive. Cela se passa dans ma tête, principalement. J’ordonnai, qu’après le faux plat descendant, nous conservions la même moyenne. Or, dans ma tête, il y a plein de monde, et, à part celui que j’appelle « le barjot tout fou », personne n’était trop d’accord… ça gueulait dans tous les sens là dedans ! Un vrai foutoir ! C’était comme dans les films, quand le héros s’approche de la manette de puissance et qu’il sait que c’est la seule solution pour gagner la partie ! Qu’il faut la pousser à fond ! Et le scientifique derrière, et le pote raisonnable, et la petite amie, et le méchant réduit à l’impuissance de le supplier :

« NON ! Ne fais pas ça ! La machine n’est pas conçue pour supporter cette puissance ! Non ! Tout va exploser ! Tu vas tous nous tuer !!! » Et le héros… Qu’est-ce qu’il fait ? Un petit clin d’œil, un sourire insolent, et il pousse la manette à fond…

Alors je poussai la manette à fond.

 

Silence.

 

Toutes les voix s’étaient tues. Tout le monde s’était barré de ma tête. Enfin seul.

Alors je poussai sur les jambes, 18 Km/h, 19 Km/h, 20 Km/h… ça tient. Et la vitesse montait, parfois 21 ou 22 ou 23… Et ça tenait toujours, et quand ça redescendait, on remettait les gaz, encore une petite fois…

Les douleurs arrivèrent, bien sûr, assez rapidement. Mais qu’étaient-elles ? Un muscle raide ? Ridicule, niveau 1. Des tendons qui tirent ? Même pas niveau 2. Une gencive qui brûle ? Peuh ! Un mal de crâne qui monte ? Bullshit ! Des genoux qui craquent ? Craquez mes amis… Disais-je.

Et je progressai, je gagnai du temps, je gagnai du terrain, déjà 26 Km de faits, et je conservai la cadence… Inespéré ! Et le rythme était là, plus fort que la douleur, le bit techno basique, gauche droite gauche droite gauche droite gauche droite gauche droite gauche droite… envoûtant, enivrant, puissant, tellement plus puissant que la douleur… Déjà 30 Km ! Plus que 6 ! Et là ! BAM !!! Catastrophe ! Tout va foirer !!!

L’envie de pisser !

Tant pis… Arrêt chrono ! 10 s pour arrêter le vélo ! 3 pour descendre ! 15 pour pisser ! 3 pour monter ! 12 pour relancer la machine à pleine puissance ! LES CUISSES EXPLOSENT ! ça tient… Même pas une minute de perdue…

Et ça tenait, 32 Km, 33, 34, 35… LE PANNEAU DE L’EMBARCADERE !

A 36,5 Km, nous nous tînmes en vainqueurs devant la guichetière pour acheter nos 2 billets…

Il était 10h07.

 

1h06 pour faire 24 Km. Pas de triche. Du plat, pas de descentes. Pas de vent dans le dos. Sur le dos, seulement 20 Kg de bagages et une Vieille Salope… A partir de maintenant, j’exige votre respect !!!

C’est fini les conneries de « Salut Pierrot ! Bien ou bien ? » Non ! A partir de maintenant, c’est petite courbette, genoux fléchis, et du « Bonjour Monsieur Pierrot… C’est vrai que vous faites moins de 21 ans… Tenez, je vous ai acheté un nouveau lecteur MP3… »

A bon entendeur.

Merci, bisous, merci.

 

 

A Gulf Shores, nous envisagions planter notre tente dans un state park. Déjà, en arrivant, j’ai un méchant doute vu qu’un panneau informait que la piscine était fermée pour réfection. Une piscine dans un state park, on aura tout vu. Toujours est-il que la nana de l’accueil nous informe que les places pour les tentes sont toutes occupées. Tu m’étonnes, il y a cinq emplacement pour plus d’une centaine réservée au camping car. Mais si on veut, elle est prête à nous autoriser à s’installer sur leur put… de dalle en béton pour la modique somme de 50 dollars. Ouais ben, c’est bon, vous allez pas nous faire le coup toutes les semaines. On reprend donc nos vélos et trouvons un autre camping un peu crado, sous le pont de l’autoroute, mais à 15 dollars la nuit. Et ben voilà. C’est le genre de camping où on trouve très peu de vacanciers, mais plutôt des gens qui vivent là tout le temps. Nous sommes même surpris, alors qu’il n’y a aucune habitation alentour, de voir le bus scolaire s’arrêter devant l’entrée du camping et voir une dizaine de gamins qui en descendent et rentrent chez eux dans leur camping car.

 

Les deux jours suivants nous traverserons l’Etat du Mississipi. Dès qu’on a franchi la frontière, on sent que c’est moyennement bike friendly.

Les routes sont parfois pourries, régulièrement, il n’y a plus de bandes cyclables et on se retrouve au milieu d’une circulation dingue. Bon, il est vrai que nous nous sommes écartés de l’itinéraire proposé par Adventure Cycling, pour la simple et bonne raison que les campings qui étaient mentionnés sont dorénavant fermés. Nous préférons donc suivre la cote pour bénéficier de plus de possibilités d’hébergement. A Shepard, on se trouve un state park comme on les aime. Il n’y a qu’un bloc pour les douches réservé aux camping cars, mais il y a trois autres sites où on peut planter. On choisit celui où il n’y a pas d’eau, pas de chiotte. Du coup, c’est royal …

Finalement, à Bay Saint Louis, on comprend pourquoi l’itinéraire ne passe par là. L’immense pont qui franchit la baie est interdit aux vélos. Et ben, tant pis, ça fait cinq heures qu’on roule sous la pluie, le camping est à 10km, ils peuvent toujours se gratter pour qu’on fasse demi tour.

On notera quand même que ça fait bien cinq ou six fois maintenant qu’on se fait copieusement rincer par la pluie, que nos pantalons étanches sont quant à eux rangés bien au sec au fond nos sacoches et que nous finissons donc la journée trempés jusqu’au slip et transi de froid. Pourquoi me direz-vous. Et bien tout simplement parce que des fois nous pouvons être très très cons (c’est même la devise de notre blog). Quand les premières gouttes tombent, on se dit toujours : « Rôôô, c’est juste deux gouttes, ça va passer » et immanquablement, deux minutes après, on se prend des seaux d’eau sur la tronche. Peut être que les optimistes le sont parce qu’ils sont un peu cons. Bon en tout cas, c’est dit, a partir de demain mon pantalon de pluie sera sur le dessus de ma sacoche.

Un truc assez marrant ici, c’est l’ingéniosité mise en œuvre pour éviter tous déplacements pédestres. Je passe sur la sortie du chien en voiture du golf, et même le papi de plus de soixante dix ans juché sur son overboard (genre de skateboard électrique à 2 roues) pour promener son fox terrier. Toutes les grandes enseignes de restauration rapide proposent bien évidemment un drive et apparemment certains Mac Do restent ouverts 24h/24h, mais durant les heures de nuit ils servent uniquement au drive. On trouve également des drive dans les pharmacies et quasiment dans toutes les banques pour les distributeurs de billets.

De la façon Grand-guignolesque de gérer les nuisances canines

 

Bien, petite précision initiale, pour les moins incisifs et incisives d’entre vous, malgré les « canines » du titre, cet article ne parlera pas, encore une fois, de mes molaires. Ne soyez donc pas sur les dents comme cela…

Toutefois, toutefois, les deux personnages principaux de cette petite saynètes se les montrèrent volontiers ! (Les dents, bien sûrs ! Un peu de sérieux, s’il vous plait, je vous en prie…)

Or, donc, il arriva, un beau matin pas trop pluvieux, pas trop froid, pas trop chaud, ni trop humide, que j’avisai, sur la petite route, à 500 m. devant nous, un chien.

Ce chien, que je fis remarquer à Béa, ne nous avait, pas plus qu’elle, encore repérés. Je le sentis néanmoins belliqueux.

En ce qui me concerne, je l’étais tout autant, mais j’avais, en outre, une gaité tapageuse enfouie au fond des tripes… De celles qui s’accommodent fort bien de braillements, d’outrances, et d’excès, du moment qu’ils servent le Grand-Guignol. La situation s’y prêta…

Arrivés à 150 m. du chien, l’animal, de taille moyenne, noir et blanc à poils ras, tel un border collie mâtiné de pitbull, se mit à nous foncer dessus en aboyant comme un forcené.

 

Je me vois forcé, pour la bonne compréhension de tous et dans le souci de se représenter la scène du mieux possible, de faire une petite parenthèse. Cette dernière porte sur ma puissance vocale. Peu d’entre vous savent, en effet, la force de mon organe. Or, de par ma profession, mes années de théâtre, de chant rock et en chorale, mais surtout du fait d’un don inné (-stimable), je suis doté d’un organe d’une puissance extraordinaire… Mais vraiment, vraiment balaise ! Ceci dit, reprenons.

 

Or, donc, le chien se mit à nous foncer dessus en aboyant comme un forcené. Passons au mode théâtre :

 

  • Chien (fonce comme un forcené en direction des cyclistes): WOUF ! WOUF ! WOUF !
  • Pierrot (fonce à son tour, droit sur le chien, en accélérant, en se mettant assis à angle droit sur son siège et en pointant un doigt vengeur sur le chien… Ressemble à un centaure à roulettes. De toute la force de ses poumons): TU VAS MOURIR ! CLEBARD DE L’ENFER !
  • Chien (fonce toujours, mais ralentit un peu l’allure): WOUF ! WOUF ! WOUF !
  • Pierrot (Accélère encore en direction du chien qui n’est plus qu’à 50 m. Hurle du plus fort qu’il le peut) : TU VAS MOURIR ! BETE DU CHAOS ! MA VENGEANCE EST SUR TOI !!!
  • Chien (S’arrête doucement, le doute au fond des yeux): Wouf ? Wouf ?
  • Pierrot (Plus vite et plus fort, maintenant à 15 m. de la bête) : TU VAS MOURIR ! CLEBARD DE L’ENFER !!!
  • Chien (Fait demi tour, l’air totalement paniqué, fonce vers chez lui encore plus vite qu’à l’aller): Pas Wouf ! Pas Wouf !
  • Pierrot (5 m. derrière le chien, lui colle aux basques) : TU VAS MOURIR ! MÔÔÔÔDIS ! TU VAS MOURIR !

 

Finalement, le chien se réfugia dans les jambes de son maître qui était sorti, attiré par les braillements apocalyptiques de notre centaure à roulettes…

Quand nous fûmes passés devant chez lui, il tenta bien de prendre notre roue en lançant quelques « Woufs ! » encore un peu hésitants, mais quand je mis pieds à terre pour réellement mettre ma menace à exécution, il retourna définitivement dans les jambes de son maître…

J’abandonnai chien et maître sur un ultime, emphatique et tonitruant « TU VAS MOURIR ! »

 

Je tiens à préciser que pour une fois le récit en bleu mentionné ci-dessus n’est ni romancé, ni exagéré, ni inventé. Ça c’est réellement passé comme ça. Alors, je ne sais pas vous, mais moi qui y était, ça m’a beaucoup fait rire.

 

Nous entrons enfin en Louisiane.

Les premières impressions sont bien celles qu’on peut s’imaginer concernant la Louisiane. Un temps très chaud, très humide. On se prend des gros orages. Au camping on déplante trois fois la tente tellement la terre est gorgée d’eau et on a l’impression de camper dans un marécage.

Les moustiques ont laissé la place à des sortes de myggs (comme en Norvège).

Prochaine étape, la Nouvelle Orléans, mais ça c’est une autre histoire …

 

Coin des énigmes et autres mystères :

Solution des énigmes précédentes :

1) Carton rouge, déjà, pour tous ceux qui ont pensé que cet adipeux ballon blanchâtre était mien. Bravo pour JC qui a fait le lien. Même si la réponse que j’attendais était : « Il y a une lettre de différence ; Pensacola s’écrit avec un E et Panse à cola avec un A »

2) Le piège était qu’il n’y avait pas de piège : un oignon (Monsento ou génétiquement modifié étaient de meilleures réponses).

3) Autre Pierre Yves  –> A.P.Y –> happy –> heureux ; CQFD

4) Évidemment, Lynyrd Skynyrd, Sweet Home Alabama…

Les nouvelles énigmes

1) C’est quoi donc cette fleur ?

2) Math.

A propos de l’article « Matinée épique », calculer, en km/h, la vitesse moyenne des Terr’Ailleurs à partir du moment où la fonction sportive est enclenchée jusqu’à l’arrivée au Ferry. Calculer ensuite cette vitesse si je ne m’étais pas arrêté pour pisser. Je veux 2 chiffres après la virgule pour les 2 réponses.

3) Culture pop-music

Lors d’une discussion avec Béa, elle me dit : « D’accord, on y va mais… » Je l’interromps alors brusquement en faisant semblant de buzzer et hurle : « Frank Turner ! » Expliquez pourquoi…

 

MILTON : 1581 kms

FLORIDE – Part 4 – 1581km (distance cumulée depuis Miami…)

  • 28 Février : nord de Live Oak – Lee (ouest) ; 54 km
  • 1 Mars : Lee – Monticello (sud) ; 67 km
  • 2 Mars : Monticello (sud) – Midway ; 84 km
  • 3 Mars : Midway – Chattahoochee ; 60 km
  • 4 et 5 Mars : Chattahoochee – Florida Caverns SP ; 54 km
  • 6 Mars : Florida Caverns SP – Bonifey ; 56 km
  • 7 Mars : Bonifey – Defuniak Springs (ouest) ; 69 km
  • 8 Mars : Defuniak Springs (ouest) – Holt ; 75 km
  • 9 et 10 Mars : Holt – KOA de Milton ; 31 km… LESSIVE ! LESSIVE !

 

 

Les CHALLENGES !

 

  • Pour Sylvain. Et un bisou au Shérif, un ! Viens par là la Laura… Remarquez les dents en or, apparemment très à la mode, beaucoup en ont…

  • Pour Raf’, Béa a donné tout ce qu’elle avait, je n’ai rien pu obtenir de mieux que ce vieux DUB pourri devant la station essence à la Hopper que tu désirais.

  • Pour l’Autre Pierre-Yves, béni sois-tu, mon homonyme, mon camarade, mon frère, ton challenge des cocktails nous a permis de passer une de nos meilleure soirée en Floride ! Pour toi, le Texas Tea (téquila / gin / vodka / rhum / cointreau / bourbon / coca) Waouh !!! C’était chouette ! Par contre, personne ne semble connaître le Florida cocktail…

  • Photos loupées de challenge. Il y avait la lune, mais pas la tente, on était au motel.

 

BILAN, tout en nuances et en toute bonne foi, DE LA FLORIDE

 

Allez ! Derniers jours en Floride, après un gros mois passé sur place, il me semble avoir bien gagné le droit – et même, dirai-je, la légitimité – de dresser un bilan sur cet Etat…

Bon, alors, pour la Floride, je ne vais pas vous le cacher, mais le bilan n’est pas terrible, terrible… Bien sûr, bien sûr, ce n’est que mon ressenti, mais toute personne normalement constitué, doté de 2 yeux, d’un nez, d’au moins une oreille, et d’un sens du goût « européen », sera forcé de plus ou moins partager ce ressenti.

Déjà, c’est plat, et quand c’est plat, c’est moche… Il y a beaucoup d’endroits où de petites bosses (à 8, 10 ou 12 %) se succèdent, mais leur propriété est de casser les pattes du cycliste sans améliorer la beauté du paysage… Etonnant, non ? Bref, sur 1500 Km, du sud au nord, de l’est à l’ouest, c’est plat et plutôt moche (mis à part quelques State Parks).

Ensuite, c’est moche !

  • Tu l’as déjà dit ça…
  • Quoi ?
  • Tu l’as déjà dit : c’est moche ! C’est bon… Et pis moi, je ne trouve pas ça si moche…
  • Quoi ? Pas moche ! Qu’est-ce qu’il te faut ! De toute façon, tu as toujours eu des goûts de chiotte…
  • Y’a qu’à voir le mari que j’ai choisi…
  • Quoi ?… Bon ! Si c’est pour être aussi désagréable, tu es prié de bouger ta grosse écriture noire de ma chronique…

Bon, je disais… Ah oui, ensuite… Ensuite, c’est chiant… C’est chiant la Floride ! C’est chiant ! Mais alors, c’est chiant !!! Bon, peut-être pas pour tout le monde, c’est vrai… Celui qui aime la pêche, celui qui aime bronzer, celui qui aime faire du shopping à Miami, celui qui aime pêcher en bronzant, celui qui aime faire du shopping en pêchant, ou celui qui aime bronzer en shoppant, pourront peut-être y trouver leur compte… Sinon, très peu de culture (sur nos 1500 bornes, on a vu 1 seul cinéma), assez peu de randos intéressantes (quelques petites balades dans les State Parks… Pas extraordinaires par rapport à ceux de l’Ouest…), pas de campings naturistes, beaucoup, beaucoup, beaucoup de retraités qui passent l’hiver en Floride (une ambiance de guedins !), 90 % des campings qui refusent les tentes, bref… Chiant !

En outre, pour les quelques possibilités de tourisme Vert (les State Parks – dorénavant appelés SP), mieux vaut être fan des zones humides… Bon, là, c’est vrai que c’est question de goût… En ce qui me concerne, les marécages, les moustiques, les eaux stagnantes et puantes, les chaleurs humides, j’apprécie modérément… En fait, cet écosystème ne m’émeut pas particulièrement… Et tout ça pour voir un seul alligator… Plus petit que moi, en plus… Bref… Pas emballé.

De plus, c’est cher la Floride ! C’est cher ! On a bien réussi, par miracle, sur un malentendu, à passer 2 nuits gratis, mais sinon, aux USA, c’est camping obligatoire, et à chaque fois, une trentaine de dollars ! Putains de capitalistes ! Putains de retraités ! Putain de lecteur MP3 de merde ! (Ah, non, excusez-moi, cette dernière phrase n’a rien à faire ici… Vous la trouverez drôle tout à l’heure, mais pour l’instant, oubliez là…) Bref, c’est cher !

Bon, comme Béa s’impatiente, j’ajouterai juste que (LISTE A PUCES !) :

  • On mange mal.
  • On vote Trump.
  • On n’a eu qu’une seule nuit sur 30 pendant laquelle on n’a pas entendu une circulation ininterrompue de gros moteurs de merde.
  • C’est moche.
  • Y’a des bosses.
  • Mon lecteur MP3 est tout merdique (oups, désolé… c’est pour plus tard, ça…)
  • Les gens sont moins accueillants que dans l’Ouest.

 

Pour conclure, je dirais simplement que la Floride, c’est tout pourri… Sauf, bien sûr, si vous aimez les vieux, les moustiques, la pêche, le moche, le plat. Bref, si vous aimez le Nord-Pas de Calais, mais qu’en plus, vous voulez avoir chaud, allez en Floride (attention, vous y mangerez beaucoup moins bien, et les gens sont moins sympas…)

Pour ma part, j’attends la suite avec impatience et bonne humeur, car pour l’instant, je regrette légèrement le choix des USA…

 

Quant à la Floride, je pense sérieusement n’y refoutre plus jamais les pieds.

Ne pensez pas que le climat ne me convient pas… Je suis tellement bien en Martinique, au Venezuela, en Inde, ou, surtout en Guadeloupe (allez à la Marlyse !)… Mais la Floride, je ne m’y sens pas si bien…

Si on me donne le choix entre 2 semaines en Floride et 2 semaines dans les Vosges, je ne me pose même pas la question… (Il faudrait vraiment que la météo prévoit 2 semaines de flotte ininterrompue sur les Vosges, par 3 ou 4°, pour que je commence à réfléchir… Et je pense que je choisirais les Vosges quand même…)

 

Voilà, à toi Béa…

Et ben, on le sent bien qu’on a monté plein nord pendant 1000 bornes. Les premiers temps on a commencé à se prendre de la flotte, mais ça ressemblait plus à des pluies tropicales. On a l’impression de se prendre des seaux d’eau tiède alors qu’on pédale et qu’on n’a rien pour se mettre à l’abri. Mais finalement, ça ne nous met pas trop de mauvaise humeur car même si le tee shirt est à tordre, au bout de vingt minutes, il est séché par le soleil et le vent.

 

Par contre depuis quelques jours, fini la rigolade. On se réveille avec des températures avoisinant les 3 ou 4°C avec un bon vent du nord. J’ai vite fait de ressortir du fond de ma sacoche, ma doudoune qui n’a pas été sortie depuis Bruxelles. Ca caillotte un peu toute la journée et on est bien content de se glisser au chaud dans le sac de couchage à 18h.

 

Pierrot, vendredi 6H35 : «  Hhhhîîîîîîî, … putain de bordel, … mais c’est pas vrai … Y’a un trou dans mon slip vert »

C’est toujours aussi compliqué de trouver des campings. En arrivant à Lee, on s’écarte de notre itinéraire pour faire un détour d’une dizaine de kilomètres pour rejoindre deux campings qui étaient signalés sur la carte. Le premier est un motel qui fait également camping, mais finalement en ce moment, ils n’acceptent pas les tentes car ils sont en train de rénover le bloc sanitaire. Pas grave, nous poussons jusqu’au deuxième. C’est un parc d’attraction dans lequel se trouve un camping. 48 dollars l’emplacement pour la nuit sans eau ni électricité. Nous fuyons l’endroit et nous nous sommes finalement résolus à prendre une chambre dans le premier motel.

A Defuniak, on se dirige vers le camping signalé sur nos cartes routières spéciales cyclistes. Il reste des emplacements herbeux qui ne demandent qu’à nous accueillir. On arrive donc fourbu devant la tenancière qui nous répond sans sourciller que ce n’est pas possible pour les tentes, ils n’acceptent que les campings car. Elle nous renvoie vers le camping de l’autre coté du lac. Et c’est reparti pour 3kms. A voir le portail à code super sécurisé, ça sent pas bon. La nana nous explique que non, ils n’acceptent que les campings cars … gniagnia … désolée. Finalement, elle se laisse attendrir par nos petits yeux larmoyants et finit par nous céder un emplacement pour camping car pour 50 dollars !!! Autant dire, qu’il y en a un qui a fait la gueule toute la soirée. On n’a pas compris pourquoi on n’avait pas le droit de planter sur la pelouse qui était loin de ressembler à un green anglais. Heureusement qu’on a maintenant une tente autoportante.

Emplacement à 50 dollars !!

 

Le relief est de plus en plus pentu et dans certaine ville, c’est San Francisco avant l’heure. Nous traversons Chattahoochee après avoir bien fait chauffer les cuisses. Sur Main Street, on repère un restaurant bar sur la devanture duquel il est mentionné « cocktail ». Cool, c’est peut être l’occasion de valider encore un nouveau challenge. Sauf que nous ne sommes pas encore au camping et la route qui y mène descend vertigineusement. Du coup, on remercie « l’Autre Pierre Yves » car sans son challenge à base de cocktail, on n’aurait jamais trouvé le courage de remonter à pied toute cette rue et on se serait arrêté au premier restau qui devait une fois de plus offrir que des burgers. Et bien oui, « Autre Pierre Yves », grâce à toi nous avons passé une de nos meilleures soirées en dégustant pendant l’happy hour un « Texas Tea » et une « Margarita » en regardant un match de basket à la TV. Puis de la bière pression quand c’était plus l’happy hour accompagnée d’un repas enfin « fait maison » qui était excellent (beignets de crevettes et fish and chips).

Au niveau des restos, on trouve essentiellement des grandes enseignes offrant principalement des burgers, salades, poulet pané. Le repas se fait en général au soda et on peut remplir à volonté son gobelet à la « fontaine à soda » en choisissant sa boisson. Mon plaisir étant de remplir mon gobelet au quart pour en gouter plein de différents. Si un jour le Fanta fraise ou raisin arrive en France (à moins que ça ne soit déjà fait) je vous le déconseille fortement. En règle générale, toute la vaisselle est jetable et les plats sont donc servis dans des boites en carton ou des feuilles de papier. A noter surtout que le service n’est pas compris et que ce sont les pourboires qui font essentiellement la paie des salariés. Le minimum est de 10%, mais on voit bien qu’ils font un peu la tronche quand on ne laisse que ça. Il vaut donc mieux partir sur 15%, voire même 20% quand on est super content comme à Chattahoochee.

Quand on repart le lendemain en franchissant la rivière, on passe un fuseau horaire. Alors que nous avions 6 heures de décalage avec vous, nous en avons maintenant 7. Déjà qu’on se couchait comme les poules, ça n’arrange pas nos affaires car le soleil se couche maintenant vers 18 heures.

Un des trucs très chiant en vélo, et ce quelque soit le pays traversé, c’est : les chiens. Quand on entend des aboiements de petits roquets, on n’y prête pas attention, mais quand les aboiements se veulent plus graves et plus menaçants, il y a intérêt à être très vigilants. Dès qu’on entend des aboiements je suis sur le qui vive. Au mieux, le chien est enfermé dans son chenil et s’égosille de loin. Au moins pire, il cavale comme un lapin jusqu’au grillage et aboie comme un malade en faisant des allers-retours le long de la clôture. Mais de temps en temps, le portail n’est pas fermé, et la bestiole se retrouve sur la route pour nous courir après. A leur décharge, j’imagine qu’ils ne voient pas passer souvent de vélos et encore moins de vélos couchés. J’imagine que pour eux, un homme c’est soit debout sur deux jambes, soit assis dans une voiture. Mais un truc allongé à 50cm du sol, c’est du jamais vu. Toujours est-il que l’autre jour, ce sont deux pit-bulls à moitié bâtards qui nous ont pris en chasse, toutes babines retroussées. On devait plafonner à 17km/h, autant dire que les bestioles ont eu tôt fait de nous rattraper. Ils en avaient uniquement après Pierrot qui est bien plus bas que moi sur son vélo. L’un deux arrivait par moment à niaquer la sacoche qui ressemble à s’y méprendre avec la vitesse à une panse de chevreuil ventripotente. Depuis lors, Pierrot cherche une solution pour se fabriquer un gourdin agrémenté de vis rouillées et de morceaux de verre.

 

La rubrique des choses que je n’ai jamais vues aux USA

  • Je n’ai jamais vu une voiture française.
  • Je n’ai jamais de chien écrasé sur le bord de la route… Dommage…

En arrivant à Marianna, on fait des courses pour plusieurs jours puisque nous comptons rester une journée entière dans le Florida Caverns State Park qui se situe à 8km de la ville. Pierrot trimbale sur sa sacoche un énorme sac de glace, destiné normalement à rafraichir les glacières et sous lequel il a glissé le steak de bœuf anniversaire. Et ben oui, on est le 4 mars, mais finalement avec le décalage horaire, on est le 5. Mais surtout, vu le relief du coin, pas question de se taper un aller retour à Marianna pour manger dans un tex mex. On fête donc dignement les 44 ans de Pierrot avec du rhum coca, un petit barbec au milieu des bois et des bananes chocolat à la cendre en dessert. Royal.

 

Américains en vacances avec deux chiens et … quatre chevaux

finalement, ils seront nos imposants voisins

 

Le lendemain, on se fait une chouette promenade dans le parc même si les seules bestioles que nous verrons, seront les moustiques. Une horreur !! Ca gâche un peu le plaisir.

 

Je me tape ensuite 9 km aller-retour pour retourner à l’entrée du parc et trouver des cadeaux d’anniversaire de rêve. A savoir : un pepsi frais, une brassée de bois pour le feu de ce soir (même si il n’y a plus rien à faire cuire dessus, au moins ça éloigne les moustiques) et une lotion répulsive contre les moustiques. Sans déconner, ça claque ou pas comme anniversaire ?

Oubli important !

Eh oui ! Bien sûr ! Avec tous ces petits tracas, j’avais complètement oublié que j’ai obtenu, avant de partir, la RDFBPH ! Les plus à la pointe d’entrevous concernant l’Humour auront bien sûr identifié, sous l’acronyme, la « reconnaissance au droit de faire des blagues sur le personnes handicapées ». J’en suis d’autant plus satisfait que pour l’obtenir, il faut réunir 2 des 3 conditions suivantes :

  • Etre soi même handicapé.
  • Avoir travaillé plus de 5 ans auprès de personnes handicapées.
  • Etre pistonné.

Et le truc de fou ! C’est que je suis sûr et certain de ne pas avoir été pistonné ! Et pourtant je l’ai eu quand même ! Va comprendre…

Mais bon, maintenant que j’ai ma RDFBPH, il s’agirait d’en profiter ! Allez ! Florilège !

 

  1. C’est Rose qui dit à Marius : « Dis donc, Marius, tu baisses un peu, non ? Tu étais plus costaud avant… » Et Marius de répondre : « Tu sais, depuis que je suis handicapé, je suis moins musclé Rose ! » moins muSCLE ROSE… SCLEROSE !!! Et BAM ! 1-0 pour l’humour sclérotique !
  2. Pour tous ceux qui ont la chance d’avoir un scléroseux dans leur entourage, je les autorise à utiliser la blague précédente, pour le mettre en b… J’allais dire « en boîte », non ! Pour le mettre « en plaque » ! Sclérose en plaques ! Hilarant ! Et 2-0 pour l’humour menuisier !
  3. Allez ! On a bien ri, mais revenons 5 minutes au voyage. L’alimentation est hyper importante… Moi, pour rester en forme, je me suis mis aux pâtes ! Mis aux pâtes ! Myopathe ! Et BAM ! 3-0 pour l’humour en chariot !

 

J’averti tout de suite la police de la pensée et de la bienséance que leur réaction ne seront pas prises en compte… J’ai la RDFBPH !

J’aime moyen le nouveau système de prise de décisions de Pierrot. On peut dire qu’il met à mal mon sens inné de l’organisation au poil de cul que certains pourraient qualifier de rigoureux, voire un tantinet rigide. Ouais, ben j’aime pas trop quand c’est le bordel. Ci-dessous, deux exemples illustrant mon propos.

 

Lors d’une énième pause pipi :

  • Eh regarde Pierrot, pour atteindre l’étape de ce soir, on a le choix. Soit suivre la grosse route 90 (qu’on suit d’ailleurs très régulièrement) qui est toute droite et donc apparemment à peu près plate et avec une bande cycliste très sécurisante. Soit l’itinéraire, certes préconisé par nos cartes adventure cycling, qui nous fait passer par une petite route qui tournicote, qui a l’air de grimper et qui est plus longue.
  • Mouais … J’hésite … Je laisserai mon instinct décider au dernier moment, à l’intersection.

Deux kilomètres plus loin, on arrive à l’intersection, et je vois mon Pierrot tourner à droite vers la petite route qui grimpe.

  • Ah, ça y est, ton instinct à parlé.
  • Ben c’est surtout le feu rouge. Si le feu était vert quand j’arrivais à l’intersection, on allait tout droit, s’il était rouge, on allait à droite.

 

En début d’après midi dans un state park :

  • Ca te tente de te refaire une ballade cet après midi ou tu préfères te reposer ?
  • Tu vois le lézard sur le tronc d’arbre, si il arrive au bout du tronc avant 10 secondes, on va se ballader.
  • … ?
  • 1 … 2 … 3 … 4

La bestiole se met à cavaler et arrive à la moitié du tronc

  • 5 … 6 … 7

Elle se remet à courir, elle est à 20 cm du bout du tronc

  • 8 … 9

Elle fait demi tour. Bon ben du coup, on n’a pas refait de ballade.

 

Non, vraiment, j’aime pas trop quand c’est un lézard qui décide de nos journées.

 

La liste des choses pour lesquelles on passe plus de temps à la maison ou en voyage

 

1ère liste : A la maison, par semaine, on passe :

  • 10 h de plus… 10 h !!! Au volant de sa bagnole ! La vache ! Putains de moteurs…
  • 15 à 20 h de plus à écouter France Inter… Ah… France Inter…
  • 35 min de plus à se dire que la France est un pays de casses-couilles ; et l’administration ; et la préfecture ; et les impôts ; et tous ces cons, et, et, et…

 

2ème liste : En voyage aux USA, par semaine, on passe :

  • 3h48 de plus à se dire que la France, c’est vraiment un pays génial ! Et la gastronomie ; et la sécurité sociale ; et les congés payés ; et la Culture ; et l’Ecole ; et la diversité des paysages, et les voies vertes et les eurovélo, et, et, et…… GENIAL !
  • 37 min de plus à dire : « Putain de truc de merde !!! » en essayant de faire fonctionner son lecteur MP3 de merde.
  • 6h21 de plus à écouter « Nothing Else Matters » de Metallica, la chanson préférée de mon lecteur MP3 de merde qui a décidé de la passer au moins 1 fois toutes les 20 minutes quand il est en position Shuffle.
  • 18 min de plus à s’arrêter EN URGENCE dans un fossé sur le bord de la route pour stopper Nothing Else Matters qui est en train de passer pour la 3ème fois DE SUITE, en gueulant : « PUTAIN DE TRUC DE MERDE !!! »
  • 18h35 de plus à regretter d’avoir mis du Metallica dans sa playlist.
  • 2 min de plus à se dire : « Punaise ! J’ai pas encore trouvé de running-gag durant ce voyage, moi, je baisse, je baisse… »

 

 

La Tristitude (voyage en vélo couché aux USA)

 

Voici une chanson pompée sur Oldelaf (allez voir le clip officiel de « La Tristitude », pour connaître la mélodie et pour vous payer des barres ! (ouais, j’essaie de faire jeune, mais je ne sais même pas si ça se dit encore… Quoi ?… Comment tu dis Béa ?… Oui, pitoyable, c’est ça) ).

 

La Tristitude, c’est quand on voit que la bête morte c’est pas un chien

C’est quand on te dit qu’on perd 10 degré demain

C’est quand le nom de ton camping est en indien…

 

Et ça fait mal…

 

La Tristitude, c’est quand tu laisses choisir le parcours à Béa

C’est quand elle te dit : J’ crois que c’est plus court par là…

C’est quand à 30 bornes du camping la nuit est là.

 

Et ça fait mal, mal, mal !

 

Refrain :              La Tristitude, c’est moi, c’est toi, c’est nous, c’est quoi

C’est de faire du vélo au fond des USA.

 

La Tristitude, c’est huuum, c’est wiiizzz, c’est eux, c’est vous

C’est ton corps qui te dit que ça va pas du tout…

 

La Tristitude, c’est quand ta barbe a 3 couleurs d’poils différents

C’est quand tout le monde te demande si t’es Allemand

C’est quand tu vas jamais, jamais, dans l’sens du vent

 

Et ça fait mal…

 

La Tristitude, c’est quand tu manges des fayots qui sont pas trop chauds

C’est quand les saucisses sont moins bonnes que les fayots

Et quand tu penses que c’est quand même mieux qu’au resto…

 

Et ça fait chier…

 

Refrain

 

La Tristitude, c’est quand tu plantes la tente sur une dalle en béton

C’est quand c’est 50 dollars l’camping en question

C’est quand tu t’rends compte qu’en plus tu n’as plus de thon !…

 

Et ça fait mal !

 

C’est tout pour aujourd’hui… Peut-être une suite possible dans les semaines à venir… Le problème, c’est que je les écris et les chante sur le vélo, mais j’oublie toujours les plus drôles.

 

Coin des jeux, énigmes et autres mystères

 

Solution des énigmes précédentes

 

  • Nous avions une magnifique Grue du Canada (pas farouche…) et un petit Pic épeiche (que j’ignorais exister en Amérique…)

 

  • Le pisse debout de Béa, nettoyé au moins 2 fois par mois.

 

  • Les jambes étaient celles de Pierrot, de nombreux indices trouvés par nos followers très observateurs, même si l’indice principal (une trop faible pilosité pour qu’il s’agisse de Béa) n’a pas été mentionné.

 

  • Et bien sûr, la Mousse espagnole, un peu étouffante pour les arbres, très très présente dans une grande moitié sud de la Floride… Pas très esthétique…

 

Les nouvelles énigmes :

 

  • Quelle différence – je dis bien quelle différence existe-t-il entre la dernière ville de Floride que nous allons traverser et ceci :

  • Qu’est-ce que cette chose, que je tiens dans mes mains ?

  • Pourquoi, quand je pense à l’Autre Pierre-Yves (biz cadet !), bien qu’il n’a rien à voir avec un des Nains de Blanche Neige, je l’appelle « Heureux » ?

 

  • Pourquoi, plus les jours passent, m’éloignant ainsi davantage de mon foyer, je me prends à fredonner de plus en plus souvent « Sweet home… » ?

 

Au nord de Live Oak : 1030 km

FLORIDE – Part 3 – 1030 km (distance cumulée depuis Miami…)

  • 20 Février : Kissimee (banlieu d’Orlando) ; repos
  • 21 Février : Kissimee (banlieu d’Orlando) – Winter Garden ; 51 km
  • 22 Février : Winter Garden – Dorr Lake (state park) ; 75 km
  • 23 Février : Dorr Lake (state park) – Citra ; 88 km
  • 24 Février : Citra – Alachua ; 87 km
  • 25 Février : Alachua ; repos
  • 26 Février : Alachua – Ichetucknee Springs ; 42 km
  • 27 Février : Ichetucknee Springs – nord de Live Oak ; 70 km

Pour info : les points Tripline correspondent à nos arrêts exacts, mais le parcours ne reprend pas notre parcours réel !

24 février ! Ca y est ! Nous sommes enfin sur la trace de la Southern Tier ! ON Y VA !

 

On y va, on y va
On va quand même tenter le coup
On va quand même tenter l’exploit !
On y va, on y va
Même si on ne sait pas vers où
Même si on ne sait plus vers quoi…
On y va, on y va
On va pas rester sur nos genoux
On est bien plus grand qu’on ne le croit.
On y va, on y va
Quitte à se casser le cou
Quitte à s’en mordre un jour les doigts.
Et même si on tombe
Sur des roches,
Et même si on tombe
Sur des cas,
Que veux tu que l’on se reproche ?
Que fait-on dans ces cas là ?
On y va !
On y va, on y va, on y va…

 

Merci Christophe…

 

 

On pensait en être débarrassés, mais non ! voilà une petite resucée de Panardos dans un blog de voyage en vélo…

Voilà ! Tout est dit ! Cela fait trois semaines que j’évite toute allusion à ce sous-blog de sinistre mémoire : https://partirlespiedsdevant.com/

Je voulais – intention louable, admettez-le – ne pas faire revivre trop de mauvais souvenirs aux quelques malheureux qui migrèrent récemment d’un blog à l’autre, l’air encore hagard, l’œil vitreux, la bouche tombante, et qui, dans un bredouillement baveux ne savaient que dire : « Non… Pas le chat écrasé… Pas la tête de cheval… Pas Ophélie dans une côte… » A ceux là ! Ici ! Nous tentons de rendre un peu de dignité !

Et pour les autres, les bienheureux, les « épargnés » comme on les appelle dans le jargon des bloggeurs de voyage, nous souhaitions leur éviter toute tentation malsaine.

Car pour ceux qui ne connaissent pas, je résume la chose… C’est un couple de petits branleurs en vélo couché (ouais, c’est pas super original…) qui voyagent à travers le monde. C’est un peu toujours pareil leurs histoires… Ils pédalent, ils voient un bestiau crevé, on leur offre un thé, ils voient un bestiau crevé, ils mangent, ils voient un bestiau crevé, ils trouvent un spot de rêve OU dorment avec des moines bouddhistes, ils voient un bestiau crevé, et à la fin, ils se foutent de la gueule de Calamity Mama… Voilà, c’est tout.

Alors nous, on ne voulait surtout pas faire comme eux !

Mais voilà ! Nous sommes aux USA !

Et aux USA, sur le bord des routes…

C’est moche…

Un charnier…

Alors, forcément, au bout de 3 semaines de rapace aplati, d’opossum sans tête, de tortue à carapace ouverte comme un « œuf à la coque », de serpent « pneu goodyear », et autres diverses horreurs de la route américaine, nous étions blindés. A chaque fois, nous pensions à Fred et à sa passion malsaine, dans son blog honni ! Mais jamais nous ne nous arrêtions ! De la tenue ! Du style ! Du Terr’Ailleurs !

Jusqu’à… Shame… Jusqu’à… Honte… Jusqu’à… Déshonneur… Jusqu’à ce tatou !

Mais il était tellement frais ! Tellement beau ! On l’aurait cru encore vivant ! Faisant une petite sieste ! Et puis surtout… Shame… Surtout… Honte… Surtout… Déshonneur… Surtout, il tirait la langue façon cartoon !!! Merde ! Si c’est pas photogénique ça !!! Tant pis, 1 – 0 pour les Panardos…

 

Je profite d’un jour de repos pour trainer Pierrot dans une pharmacie pour essayer de régler son problème d’oreille qui reste inexorablement bouchée. Le concept américain de la pharmacie est assez rigolo puisque ça s’apparente plus à une épicerie. Dès qu’on pousse la porte, on tombe sur des rayons de bouffe, des frigos où on peut acheter du soda ou de la bière. On tombe ensuite sur les produits qu’on trouve en libre service dans nos pharmacies, à savoir les soins pour le corps, les bidules pour bébé. Puis, on arrive sur tous les médicaments qu’on prend en général en auto médication : ceux pour le mal de crane, pour le mal de bide, pour le mal aux yeux, pour le nez bouché, pour le caca mou ou dur. Mais apparemment, rien pour les oreilles. Mais là, comme le cas est critique, on se rend dans la zone de consultation pour obtenir une visite avec une infirmière. Il faut alors passer trois plombes sur une borne informatique pour s’enregistrer, dire si on a ou non une assurance maladie … Au bout d’un temps relativement long, on arrive au bout du questionnaire qui a déjà fortement mis à mal la patience de Pierrot. Son nom apparait enfin sur un écran dans la salle d’attente. Il y a six ou sept personnes devant lui. Le temps d’attente est estimé à 112 minutes.

  • Ouahh, ça va pas la tête, je vais pas poireauter deux heures la dedans !!
  • Ben, si on était au camping, qu’est ce que tu ferais ? tu lirais ?
  • Ben oui, évidemment.
  • Comme tu as ta liseuse dans le sac à dos, tu peux donc lire dans la salle d’attente, en plus tu es au frais.
  • Mounioumouniou (bougonne en tournant en rond dans les rayons de la pharmacie. En plus ça servira à rien … en plus je sais même pas dire « oreille bouchée » en anglais …

Finalement, on retourne dans la salle d’attente. A ce moment là, je crois encore que c’est gagné et qu’il se résout à attendre deux heures. Sur l’écran apparait alors le prix des consultations … Je n’ai rien pu faire pour le retenir, on est parti.

comme tous les vieux américains, Batman passe l’hiver en Floride

Pierrot : mercredi 6H37 (au réveil) : Rhoo, la vache, on a pris cher. T’as la tête toute fripée. On dirait pruneau girl.

(Je tiens à préciser que contrairement aux citations en bleu, celles en noir sont retranscrites fidèlement.)

Nous reprenons donc notre route et retrouvons une deux fois deux voies, qui devient rapidement une deux fois trois voies pour finir en deux fois quatre voies.

Oh, oh, ça craint là quand même. Qu’est ce qui se passe ? Ah d’accord…

Mais bon finalement sur les gros axes, il y a toujours ces bandes cyclables qui finissent par être plus sécurisantes que de rouler sur le réseau secondaire où on peut croiser beaucoup de camions.

Une fois qu’on a quitté la banlieue d’Orlando, on retrouve des petites routes sympas avec toujours un peu plus de relief.

C’est d’ailleurs à ce moment là seulement qu’on se rend compte que le petit plateau de nos deux vélos ne passe pas et c’est la misère (je serai même obligée de pousser). Mais il faudra attendre le bivouac du soir pour que Pierrot se mette les mains dans le cambouis.

On traverse la forêt d’Ocala. A midi, on s’arrête à Salt Springs pour manger. Il y a plusieurs campings dans la ville, mais on a encore la pêche et notre carte indique un autre camping un peu plus loin. On continue notre route sous la canicule, il fait 36°C à midi. Au bout de dix kilomètres, à l’intersection ou devrait se situer le camping, on trouve … absolument rien. Le no man’s land. Pas grave, notre fameuse carte générale au 1 : 500000 en indique un autre dix kilomètre plus loin à Eureka.  En arrivant en ville, rien qui ressemble à un camping. On s’arrête dans une station service pour prendre des renseignements. On a la confirmation, pas de camping et pas d’hôtel non plus. Enfin bref, rien pour dormir. Euh, pas cool … Le prochain hôtel ? Ben, il faut pousser jusque Citra, 25 kms plus loin. Grosse journée donc, puisqu’on aura fait 88 kms avec une moyenne à plus de 15 km/h. Une fois installés dans notre motel à 48 dollars la nuit, on se propulse vers LE bar du bled.

Il y fait très sombre, le juke box joue à plein régime des vieux standards du rock des années 70. On est vendredi soir, la classe ouvrière s’y retrouve pour vider quelques bières, manger, danser ou jouer au billard. On claque un dollar dans le juke box pour passer du Lynyrd Skynyrd et du Aerosmith.

A leur hochement de tête on devine que le choix leur convient et que nous sommes acceptés par la communauté.

 

niveau bouffe, c’est pas l’éclate tous les jours

Peu avant Gainesville on trouve enfin le début du tracé de la Southern Tier et donc on est enfin sur les cartes Adventure Cycling super détaillées et sur lesquelles apparaissent toutes les infos nécessaires aux cyclistes : épicerie, camping, réparateur vélo… On emprunte aussi pour la première fois une piste cyclable qui nous fait découvrir la Floride que je m’imaginais.

On s’attend à voir débouler un alligator à tout moment au milieu de tous ces marécages.

A noter que ce jour là, Pierrot crève son pneu arrière. Ca y est, c’est mort pour renouveler l’exploit de faire 9700 bornes sans une crevaison.

Nouvelle chronique !!!

La rubrique des choses que je n’ai jamais vues aux USA

Hé, hé ! Voilà une nouvelle chronique qui s’annonce fort réjouissante ! Elle sera très courte et fonctionnera un peu façon « brèves de comptoir »… Je vais simplement faire une petite liste (1 ou 2 éléments à chaque chronique) de choses que je n’ai jamais vues ou entendues aux USA durant ce voyage…

  • Je n’ai jamais vu une demi-journée de vélo sans croiser au moins 2 ou 3 (parfois 10 ou 20) chapelles en tous genres… Baptistes, méthodistes, catholiques, etc. Il y en a partout !
  • Je n’ai jamais vu une voiture avec un petit autocollant « Free Tibet ».
  • Je n’ai jamais vu, ni entendu Johnny Halliday.

Voilà ! C’est tout pour aujourd’hui.

 

Nouvelle chronique !!!

La liste des choses pour lesquelles on passe plus de temps à la maison ou en voyage

Hé bam ! Encore une nouvelle chronique ! Sans déconner, c’est qui le boss !? T’en connais beaucoup, toi, des gus qui luttent pour leur survie, sans bagnole ni confort, à moitié sourd, avec des voix qui résonnent dans l’oreille, et qui font autant de trucs !? Quoi… ? Ouais… Nan, Jeanne d’Arc, ça compte pas. Alors ? Quoi… ? Nan, nan, Moïse non plus… C’est bon, lâche moi maintenant…

Alors, le principe de cette chronique est simple ! C’est une LISTE A PUCES ! ça claque ou bien ? Eh si ! Une liste à puces, ça claque toujours ! Et là, encore plus fort ! Cette chronique, c’est carrément 2 LISTES A PUCES !!! LE TRUC DE BARGES !!! LE BLOG DE DEGLINGOS !!! 2 LISTES A PUCES DANS LA MEME CHRONIQUE !!!!! OUUAiiis, ouais, oui chérie, je me calme…

Les 2 listes recensent les minutes (ou heures) passées en plus, par semaine, pour faire telle ou telle chose à la maison ou en voyage… Ouais, je sais, c’est pas clair… Lis la suite, tu vas comprendre.

 

1ère liste : En voyage, par semaine, on passe :

  • 30 heures de plus sur le vélo
  • 18 min de plus à se tartiner de la crème solaire
  • 56 min de plus à regarder les animaux
  • 1h12 de plus à faire son lit
  • 16 heures de plus à lire
  • 6 heures de plus à écrire des articles à la con…

2ème liste : A la maison, par semaine, on passe :

  • 10 heures de plus à regarder la télé…
  • 4 heures de plus à préparer à manger
  • 3 heures de plus à faire le ménage
  • 6 min de plus au téléphone
  • Entre 30 et 40 heures de plus à bosser comme des cons
  • 3 min de plus à mettre du parfum

Et voilà ! C’est tout pour cette fois ! Bonne suite les Amis !

Les Pieds Palmiers ! Hé Béa ! Les pieds palmiers ! Ca déchire ou pas comme vanne !?

A Alachua, alors que nous étions en train de siroter tranquilou notre rhum coca et grignotant nos bretzels, une femme s’avance vers nous d’un pas décidé, smartphone en main.

Au début, je me suis demandé si elle n’était pas en train d’appeler la réception pour les prévenir que nous étions en train de consommer de l’alcool alors que c’est interdit dans le camping (si, si, c’est vrai). Elle se plante alors devant nous, baragouine dans son iphone, attend, rien ne se passe, rebaragouine dans le téléphone et finalement l’application rigolote d’apple nous sort dans un français plutôt correct : « bonjour, je suis ravie de vous rencontrer et vous souhaite la bienvenue. Avez-vous besoin de quelque chose ? » Je lui répond « un bon lit ». Ca l’a bien fait rigoler, du coup elle s’assied dans l’herbe et commence à taper la discute en laissant tomber finalement son iphone. Dottie, puisque c’est comme ça qu’elle se prénomme est en week-end en Floride mais vit en Arizona près de Phoenix. Quand elle apprend que nous y passons, elle devient toute dingue et nous propose, une fois qu’on sera sur le secteur, de venir nous chercher en voiture pour nous ramener chez elle. Elle a également une amie qui habite sur notre parcours et nous invite à nous y arrêter. L’adresse est prise, on verra donc d’ici quelques mois si nous aurons l’occasion de recroiser Dottie.

C’est ça qui est rigolo avec les américains. Quand on passe devant leurs maisons, partout on voit des panneaux « interdit d’entrer » « propriété privée » « ça va mal se mettre si vous franchissez le portail ».

On pourrait croire qu’ils sont rustres comme des ardennais et finalement, ils sont super accueillants, prêts à nous donner leur chemise ou au moins des oranges et du pepsi. Lorsque nous étions en train de réparer la roue crevée de Pierrot, ce sont trois personnes qui se sont arrêtées pour s’assurer que tout allait bien.

Le paysage se modifie petit à petit. Les zones plates de cultures finissent par laisser la place à un paysage beaucoup plus vert, des arbres magnifiques et des ranchs avec des élevages de bœufs et de chevaux.

Lors d’une petite étape, nous en profitons pour passer l’après midi dans un state park et se faire une petite ballade à pied, agrémentée  pour Pierrot par une baignade dans un trou d’eau, au fond duquel on trouve l’entrée d’une grotte immergée et où on peut normalement plonger avec bouteilles.

Le state park est très chouette, même si pour la première fois depuis notre départ on se prend une grosse averse sur la trombine.

Du coup, le lendemain, pour la première fois on est obligé de pédaler la première heure avec des manches longues. Brrruuuu, 17° à 8h00, ça caille !

En tout ca, ça y est, on a dépassé les 1000 bornes au compteur

et on en a profité pour valider un deuxième challenge du chef

 

Coin des jeux, énigmes et autres mystères

 

Correction des jeux précédents :

  • En référence au poète post punk et néo-gothique Hubert Félix Thiéfaine, « Moi je vous dis bravo et vive la mort… » ; cf :

https://www.youtube.com/watch?v=akQt2m6jjFc

Il fallait, bien sûr répondre 427.

 

  • Les 2 petits fruits de la photo étaient des nèfles du Japon. Et je ne sais pas si c’est vraiment diurétique, je n’ai pas aimé…

 

  • Qui dit Arcadia, dit « Les Mondes engloutis »… Ecoutez ce générique :

https://www.youtube.com/watch?v=MRiQHUygA5o

Mais qui a composé la musique de cette série ? Et bien le même homme que celui qui composa la musique de Rabbi Jacob : V. Cosma !

 

  • Utile pour toutes réparations…Réponse en image :

Nouvelles énigmes !

  1. Ornithologie

Pas trop difficile pour les ruraux… Comment s’appellent ces 2 oiseaux différents splendidement représentés sur ces 3 photos de votre serviteur ?

2. Objets du quotidien

Qu’est-ce que c’est donc que ce truc, dans la main de Béa ? Et à quoi ça peut servir ? (Réponse en image, la prochaine fois…)

 

3. Pouvoir d’observation / prise d’indices

L’un.e de nos deux héro.ïne.s (quel système orthographique de merde !) a failli faire une brillante carrière sportive en natation synchronisée. En ne voyant que les jambes de ce.tte dernier.e (Ok ! Fuck off le ministère ! Écriture inclusive, my ass !) essaye de deviner duquel il s’agit ! Attention ! Il y a un piège !

 

4. Flore locale

Essaye donc, follower, toi qui est si malin, de me dire comment s’appelle cette chose qui pendouille de toutes les branches de cet arbre ! Est-ce nuisible à l’arbre ? Comment ça s’appelle exactement ? Sortez vos claviers. Vous avez une semaine.

KISSIMEE : 615 kms

FLORIDE – Part 2 – 615 km (ceci est la distance cumulée depuis Miami…)

  • 15 Février : camping avant Punta Gorda ; jour de repos chez les pouilleux
  • 16 Février : avant Punta Gorda – Arcadia ; 55 km
  • 17 Février : Arcadia – State Park de Hardee Lakes ; 79 km
  • 18 Février : State Park de Hardee Lakes – avant Lake Wales ; 70 km
  • 19 Février : avant Lake Wales- Wissimee (banlieu d’Orlando) ; 71 km


Arrivés sur la cote ouest de la péninsule à Arcadia, on se retrouve dans un camping qui semble pour le moins très bien achalandé avec un magasin qui vend un peu de tout. La nuit nous coutera la modique somme de 38 dollars. On n’a encore jamais payé autant. La nana de l’accueil nous sort le plan du site et nous explique que comme nous sommes en vélos, nous n’avons pas à ou nous installer sur les emplacements réservés au camping car, ni sur la prairie avec les tables et les abris, mais de l’autre coté du parc. On voit alors sur le plan un dédale de petits chemins qui sillonnent dans le méandre de la rivière. A première vue, le secteur nous semble idyllique.

On se dirige donc vers notre petit coin de paradis. Je me fais interpeller par un vieux dans sa voiture de golf (moyen de locomotion préféré des gens dans les campings). Comme je ne pane rien à ce qu’il me dit, je continue ma route. Deuxième vieux dans sa voiturette qui nous interpelle. Cette fois-ci, Pierrot s’arrête et l’informe que oui, nous nous étions bien enregistrés et avions payé notre écot à l’accueil. Le premier vieux arrive alors en trombe dans sa voiturette et exige qu’on lui présente séance tenante le reçu du camping. Parce que quand même, on ne va pas lui faire. Les deux pouilleux en vélos qui sentent en dessous des bras, ils ont bien une tête à resquiller. Malgré l’âge très avancé des deux vieux, ils semblent bien qu’ils soient salariés du parc. Une fois qu’on leur a bien prouvé que nous sommes en règle, nous continuons notre route sur une piste sablonneuse. On arrive ensuite sur le fameux secteur avec les petits chemins sinueux. Rapidement, le sable est de plus en plus meuble et on s’épuise à pousser nos vélos. On se croirait retournés aux heures les plus épiques de la traversée de l’Argentine. Finalement, on se pose comme deux crottes dans un coin à peu près plat avec trois touffes d’herbe pour monter la tente. C’est seulement à ce moment là que nous avons compris que nous n’étions pas sur des chemins de promenade mais sur un circuit de quads. Toute la fin de la journée, ce sont des buggys, des quads, des voitures pétaradants autour de notre tente. Ca reste pour le moment le camping le cher et le plus pourri qu’on ait pu faire. A ce jour, je me demande encore si il n’y a pas eu un problème de compréhension avec la nana de l’accueil qui finalement nous aurait dit « n’allez surtout pas vous installer dans cette zone, c’est super bruyant, vous allez avoir du sable dans les chaussettes, le premier robinet d’eau est super loin et vaut mieux pas avoir une envie pressante pour atteindre le premier chiotte ». Mystère …

Quand nous reprenons la route le lendemain, nous empruntons enfin des voies moins fréquentées par les voitures.

Alors que jusque là nous n’avions quasiment pas à utiliser notre dérailleur tellement le relief était plat, nous arrivons maintenant dans un profil à bosses. Bon attention, ce n’est pas les Ardennes non plus.

Une odeur pas désagréable mais entêtante nous submerge. Au début je pensais qu’il devait y a voir une usine St Marc dans le secteur tellement l’odeur était forte. Et ben finalement pas du tout. Pendant des jours, nous longeons des kilomètres et des kilomètres d’orangers. Certains arbres sont en fruits alors que d’autres sont en fleurs. Certains champs sont bien évidemment clôturés, d’autres sont sous surveillance vidéo. Bref, le tarif pour celui qui choure des oranges c’est 200 dollars avec en prime un coup de fusil dans les fesses (en tout cas, on imagine).

On s’en fout, on a notre réserve de fruits du cycliste : la banane. Elles sont excellentes. Rien à voir avec ce qu’on peut manger en métropole. Ca se voit qu’elles n’ont pas à voyager en cargo à travers l’Atlantique avant d’être consommées.

 

Béa – Dimanche, 16h30 : « Quand je pense à tous ces couillons qui vont bosser demain matin sous un ciel gris par moins 4° C… »

 

On rencontre pas mal de difficulté pour trouver des campings qui nous acceptent. Enfin, ce n’est pas vraiment nous le problème, pensez donc avec les bonnes têtes qu’on a, mais plutôt notre tente. On ne s’arrête même plus sur les « RV resort » ou «  RV park ». Ce sont en général des campings réservés au camping car ou mobil home. Il faut en général que ça soit spécifié « campground » pour pouvoir espérer planter un piquet. Quant à tendre un fil à linge, on risque l’expulsion directe du pays. Alors que la chaleur ambiante peut faire sécher nos petites culottes et nos tee shirts en mérinos en une heure, on est prié d’utiliser les sèches linge. Ben voyons, du mérinos dans un sèche linge. Ca va pas la tête. Plusieurs fois nous nous sommes fait refouler de ces campings. Il n’y a pas vraiment de règle, c’est un peu au bon vouloir du gérant. En général, si c’est une enfilade de camping car rutilants de quinze mètres de long avec des petites barrières croquignolettes où tout est bien propret sans un brin d’herbe qui dépasse, ce n’est même pas la peine d’essayer.

Par contre si le bureau d’accueil est un peu crado avec une gamme de camping cars assez disparate, il y a moyen de négocier. Arrivés dans un l’un de ces RV park, on rencontre le gérant, plutôt bonhomme et enthousiaste devant l’exposé rôdé de notre projet. Mais pas possible de planter chez lui. « Oui, mais si c’est juste pour une nuit, là dans votre jardin derrière chez vous pour que personne ne nous voit ? » « euh, laissez moi réfléchir, … ben non, ce n’est pas possible ». J’avais repéré sur google map quelques jours avant la présence d’un state park qui offrait des possibilités de camping mais sans eau. Comme on apprend super vite de nos erreurs, on s’assure d’avoir bien le plein d’eau et on se dirige vers le fameux parc.

Deux nanas à l’accueil nous reçoivent mais nous informent qu’il n’y a pas de possibilités de camping, c’est juste pour les groupes. A nouveau, impossible de négocier. C’est la règle. Par contre elles passent dix minutes à appeler un peu partout et nous trouve une solution dans un autre state park. Bon ok, ce n’est pas sur notre route, bon ok il faut encore faire un détour de vingt kilomètres, mais nous n’avons pas réellement le choix. A part celui de passer la nuit dans un motel. « Pierrot, … un motel, … une nuit dans un vrai lit » « NAAANN, ça coute trop cher ». Je vous l’avais dit : pas le choix.

On découvre également quelques jeux rigolos. On vous a déjà montré la photo du match du cricket dans le denier article. Dans les campings, l’équivalent de la pétanque reste pour eux le « lancer de fer à cheval »

Dernièrement nous avons été initiés au « shuffleboard ». J’ai mis environ une demi-heure pour comprendre les règles et encore quand j’y pense c’est Pierrot qui me l’a expliqué en français après observation d’un match en cour. Donc ce soir là, ils jouaient avec les règles épurées. Par équipe de deux, on lance à l’aide d’une longue canne des palets et on compte cinq points par palets qui touchent une ligne. Mais si le palet touche la ligne du fond, on retire 10 points.

Après une partie acharnée où finalement le score entre l’équipe de Pierrot et la mienne se solde par un 75/75, le mari de Suzanne veut à toute fin nous expliquer les règles officielles. Ouais ben t’es bien gentil coco, mais là il est 20h45. Normalement ça fait deux heures qu’on dort.

Ah oui, qu’on vous explique. Le matin, on se lève avec le soleil entre 6h30 et 7h00.

Lever de soleil depuis la tente

Le temps de se préparer, de manger et de ranger nos affaires, ça nous prend environ 1H30. On roule ensuite toute la matinée, « à la fraiche ». Pause  déjeuner à midi dans un fast food quand on en trouve ou un casse croute tout droit sorti de nos sacoches.

Pause Patty Melt du midi

On roule encore une heure ou deux puis on s’arrête dans un camping pour glandouiller.

A 17h30, préparation du repas car en général dès le coucher du soleil les moustiques attaquent en escadrille.

sans oublier l’apéro qui va bien, avant …

Donc à 18h30 si on n’est pas enfermé dans la tente, c’est la misère. Quoique depuis deux ou trois soirs, les moustiques nous laissent un peu de répit. Ce qui fait que vers 19h30 ou 20h00, on dort du sommeil du juste.

Pierrot – Mardi à la piscine du camping : « Ce que je préfère aux USA, c’est que j’ai l’impression d’être tout maigre ! Voire maladif ! »

 

 

 

Premier bilan sur la vie aux USA

 

Bien… Voilà, comme je n’ai rien à dire, comme à chaque fois que cela arrive, je fais un bilan.

Mais je vais d’abord vous expliquer d’où vient cette sécheresse narrative. Si je n’ai rien à dire, c’est qu’habituellement, je trouve les idées sur le vélo… Si, si, vous savez ! L’abrutissement de l’effort ! On pédale, on pédale, c’est difficile, difficile, ça fait mal aux cuisses, les tendons tirent, les genoux grincent, et puis… POP !!! On n’est plus là… On n’est plus sur le vélo… On flotte au dessus ; on a DéCORPORé ! Et là ! Noël ! Noël ! Plus de douleurs ! Plus de misères ! On flotte et on écrit des articles désopilants dans sa petite tête toute décorporée ! Le seul souci, c’est de s’en souvenir pour les écrire dans le prochain article.

là non plus, on n’a pas fait demi-tour

Seulement, voilà, depuis mon ODLM (otite de la mort), même si la douleur a fini par presque totalement disparaître, mon oreille reste perpétuellement bouchée… Comme si elle était soumise à une trop forte pression. J’ai continuellement la tête dans une boîte, et quand je parle, ça me résonne affreusement dans l’oreille. Le problème principal est que cette OP (oreille pressée) empêche de façon totale et inconditionnelle une quelconque décorporation ! Donc Bilan !

Mais si ! Suivez un peu bordel ! Oreille pressée donc pas de décorporation, donc pas de tête qui flotte, donc pas d’histoires désopilantes inventées, donc rien à dire, donc bilan !

 

Alors… Juste 2 points hein ! Un négatif et un positif. Je vais garder un peu de bilan sous le coude, au cas où, pour les articles suivants…

  • Les Moteurs : tout le temps ! Partout ! Le jour, la nuit ! Sur les routes, dans les villes, dans les campings ! Des moteurs ! Des moteurs ! Des moteurs ! La Floride n’est pas vraiment « bike friendly ». Ce qu’ils appellent « piste cyclable » est ce qu’on appelle en France « Bande d’arrêt d’urgence d’autoroute »… Nous ne voyons que très très rarement de gens marcher, les trottoirs (quand il y en a) sont vides. Peut-être est-ce spécifique à la Floride, mais dans les campings, tout le monde utilise une voiturette de golf (on parle de « boxes »). Une nuit, dans un state park, nous avons entendu notre voisin démarrer sa voiture et partir avec. Il revenait cinq minutes plus tard. Nous avons deviné qu’il l’avait utilisé pour aller aux toilettes (situées à 100 m !) Il s’en foutait de réveiller les gens ! Mais faire 100 m à pieds était inconcevable ! Et pourtant, cette homme faisait parti des 10% de la population non-obèse…

Bref, les moteurs me pèsent ! Si j’ai l’occasion d’en discuter un peu avec un Ricain, je lui soumettrai ma « BMLD theory », selon laquelle Big Motor = Little Dick. J’ai hâte de savoir ce qu’ils en pensent !

  • Sur les routes, quand ils sont au volant de leur Big motor, la plupart des gens font preuve d’un civisme incroyable et sont réellement super précautionneux. En effet, que nous soyons sur la bande d’arrêt d’urgence ou directement sur la route, presque tous s’écartent de 2 bons mètres pour nous dépasser ! Et s’il y a quelqu’un en face, ils attendent tranquillou derrière, sans klaxonner, sans s’énerver, sans donner d’intempestifs coups d’accélérateur… Bien ! Safe !

D’autres points à venir dans les bilans futurs. Il est maintenant temps, suite à une avalanche de demandes… heu… attendez 2 secondes…

  • Béa ! Béa !
  • Ah non ! Tu ne vas encore pas me faire intervenir dans tes articles à la con !
  • Nan ! T’inquiètes ! C’est juste pour une question…
  • Bon, vas-y, pose.
  • Est-ce que pour 2 trucs on peut parler d’avalanche ?
  • … quoi ?…
  • Je veux dire… Bon… Par exemple, si je mets 2 gobelets l’un sur l’autres et qu’ils tombent ! C’est bien une avalanche ! Non !?
  • … ça y est ! J’en étais sûre ! Tu me gonfles… Je retourne nettoyer les vélos…

… Bon… donc, suite à une avalanche de demandes, le « Coin des jeux, énigmes, et autres mystères » est de nouveau mis en service sur ce blog !

 

 

Coin des jeux, énigmes, et autres mystères 

 

  • L’alligator

Un ! Un, comme Un seul alligator ! Nous n’avons vu qu’un alligator ! Et pas un gros, en plus ! Alors qu’on m’avait vendu la Floride comme le pays des Ali… Je m’attendais à marcher dessus, je m’attendais à en voir au moins…….. Tiens ! Oui d’ailleurs ! Première énigme : d’après-vous, combien m’attendais-je à voir d’alligator ? Et là ! Si vous trouvez ! Moi je vous dis bravo, et vive la mort !

 

  • Le petit frrrrrrrrrrruuuuitttt

Une gentille dame, dans le camping où nous glandons actuellement, nous a conseillé… excusez-moi…

… oui, nous a conseillé, donc, de goûter ces délicieux petits frrrrrruuiittttts… excusez-moi…

… oui, ces délicieux petits fruits, qui, en plus d’être délicieux, sont gratuits ! Il n’y a qu’à les cueillir et, de surcroit, ils…… excusez-moi…

… oui, et de surcroit, ils sont très efficaces contre la constipation ! Comment s’appellent-ils ?

  • Culture populaire générationnelle

Vous avez vu et lu que nous sommes passés à Arcadia… Et à chaque fois que je voyais un panneau « Arcadia » ou que je pensais à Arcadia, cela m’évoquait des souvenirs d’enfance… Mais une fois, quand j’ai vu « Arcadia », j’ai pensé à « Les aventures de Rabbi Jacob » ! Enigme 3 : quel rapport entre Arcadia et Les aventures de Rabbi Jacob ? J’attends un nom et le pourquoi de ce nom.

 

  • Mac Gyver

Premières petites bidouilles sur les vélos, rafistolages, bricolages bénins… Pour beaucoup de ces MacGyverries, j’utilise un petit objet hyper pratique et pas du tout destiné à ça. Personnellement, nous ne sommes jamais en peine pour trouver cet objet. Néanmoins, certaines personnes peu recommandables tels Romain B., Marie Brody, ou tous les A.A. notoires pourraient, eux, avoir plus de mal à dénicher ce petit objet si pratique… De quoi parlai-je ?

PUNTA GORDA : 340 kms

Préambule : Que ceux qui ne connaissent pas le blog prennent le temps de lire l’article « 2017 : Eurovélo 6… » qui pose bien le contexte et explique son fonctionnement narratif.

 


 

FLORIDE – Part 1 – 340 km

  • 06-07-08 Février : Miami, malades…
  • 09 Février : Miami – SawGrass ; 51 km
  • 10 Février : SawGrass – Belle Glade ; 73 km
  • 11 Février : Belle Glade – Clewiston ; 28 km
  • 12 Février : Clewiston – Okaloacoochee (state park) ; 71 km
  • 13 Février : Okaloacoochee – à l’Ouest de La Belle ; 42 km
  • 14 Février : La Belle – avant Punta Gorda ; 75 km

 

… limite trouvée…

12 février 2018, 14h00, sur la 832, par 38°C au soleil, mes dernières forces me quittent… Putain ! Il ne m’aura fallu qu’une semaine pour tout foirer ! Et en plus, j’ai des hallus, j’entends des voix, ça résonne dans mon oreille droite, putain d’otite ! Ah non ! C’est Béa… Qu’est-ce que tu dis ? On n’a plus d’eau ? M’en fous ! Laisse-moi crever…

Mal partout, je ne sens plus mes extrémités, j’ai chaud, plus de force, plus de mental, plus rien dans le slip, je suis complètement déshydraté… Nous sommes maintenant sur la piste du state park… Je me traîne à 8km/heure en pensant que je suis mort et en pleurant comme une mama italienne au mariage de son petit dernier…  4ème jour de pédalage et j’ai déjà trouvé mes limites…

 

Mais comment en sommes-nous arrivés là… ? Je vais laisser Béa vous raconter le début de l’histoire…

 

Ca commence bien !!

Nous sommes le dimanche 4 février, petite forme tous les deux. Aucun rapport avec la soirée d’adieux de la veille avec les potes où la sangria a coulée à flot. Non, non, on est vautré sur le canapé, sous les couvertures. Ca sent la grippe pour l’un et un début de gastro et un rhume pour l’autre. Le lendemain, pas mieux, voir pire. Pierrot a beaucoup de fièvre et l’oreille en vrac. On file tous les deux chez le docteur pour avoir un traitement de choc. Finalement, il s’avère que Pierrot a une otite carabinée donc antibiotique et gouttes. Quant à moi, j’arrive à avoir un traitement préventif pour la gastro car rien que de penser de devoir la gérer pendant les  11 heures d’avion, j’en ai des suées froides.

Mardi matin, réveil à 4h20. On est complètement à plat. On se prépare, on dit au revoir à la maison et on saute dans le camion. La neige se met à tomber. On rejoint Markus B. à Charleville à 6h30 qui sera notre chauffeur pour nous accompagner à l’aéroport. Finalement, il est plus excité que nous par le départ. On s’inquiète un peu de cette histoire d’otite et comment Pierrot va supporter l’atterrissage en avion. On approche de Bruxelles. Un accident nous immobilise pendant plus d’une heure. Pas grave, on avait prévu le coup, les bouchons bruxellois arrivent très fréquemment. Après de franches accolades et les recommandations de rigueur, Markus nous drope devant l’aéroport. Il fait un froid polaire.

Nous enregistrons les bagages et les vélos sont rapidement pris en charge. Le vol se passe plutôt bien si on fait abstraction de la gamine flamande installée à coté de nous qui braillait comme un âne à chaque fois que ses parents lui refusaient quelque chose. On survole Miami, le jour commence à décliner, mais on peut voir cette vaste étendue de marécages, plate et relativement sèche. Ca faisait un bout de temps que nous n’avions pas pris l’avion et découvrons que les « gentils » douaniers débonnaires qui faisaient les contrôles d’identité sont maintenant remplacés par des machines ressemblant à des distributeurs automatiques de billets. Là à Miami, il y en avait peut être une cinquantaine. Chacun se débrouille maintenant avec son automate pour scanner son passeport, répondre à un formulaire nous demandant si on importe des légumes ou des armes, enregistrer ses empreintes digitales et prendre en photo sa bobine. Une fois cette étape accomplie, on obtient un reçu qu’on présente ensuite à des douaniers en chair et en os toujours aussi « gentils ». Un coup de tampon, et nous voilà libre de vadrouiller six mois en territoire américain.

De France, j’avais fait une réservation pour deux nuits d’hôtel. Le choix de celui-ci étant conditionné par la possibilité de bénéficier d’une navette gratuite. Il était donc convenu que je devais appeler l’hôtel après notre arrivée pour qu’ils envoient leur véhicule. N’ayant pas de téléphone, je demande à une dame assise à côté de la sortie, de le faire pour moi. Mon niveau d’anglais ne s’est pas vraiment amélioré.  J’arrive à peu près à m’exprimer, mais j’ai toujours beaucoup de mal à comprendre ce qu’on me dit. Quant à Pierrot, ses rapports avec un téléphone sont de l’ordre de la phobie maladive. Elle se prête donc gentiment à l’exercice. Premier appel, pas de réponse. Deuxième appel, elle patiente, met le téléphone sur haut parleur pour me montrer qu’elle est sur un répondeur. Je m’apprête à lui dire de laisser tomber. Elle insiste. Troisième appel, re-répondeur. Enfin, ça décroche. Pour une obscure raison, elle décide alors de se faire passer pour moi. Elle engueule la réceptionniste de l’hôtel qui ne décroche pas assez vite à son goût et lui dit qu’elle s’appelle Mme TAAAIIIILLIER et qu’elle voudrait bien qu’on se magne le derche pour envoyer la navette. Elle me regarde en me faisant un clin d’œil et en levant le pouce. Bref, si on a une chambre de merde avec des lattes manquantes au sommier, on saura pourquoi… Je la remercie tout de même chaleureusement et cinq minutes après on s’engouffre dans la navette.

Le lendemain, on passe la matinée à remonter les vélos.

L’après midi, on se repose car c’est encore la petite forme surtout pour Pierrot qui a l’oreille bouchée depuis deux jours. On décide d’ailleurs de prendre une nuit supplémentaire pour se requinquer un peu. Le prix proposé est le double de celui des premières nuits. Impossible de négocier le prix. Le gars à la réception ne gère que les enregistrements et les prix sont décidés par les hautes sphères. Les tarifs varient donc  au gré des journées sans trop savoir quels sont les critères. On réserve donc la troisième nuit dans l’hôtel voisin. On en profite également pour faire notre premier challenge : celui d’Ophélie où Pierrot doit manger un repas végétarien, et là c’était dans un restau thai :

Le jeudi est consacré à faire une virée au Walmart, temple de la consommation, ouvert sept jours sur sept de 6h à minuit, où on trouve tout dans un seul et même magasin. Nous voilà donc chargés de bouteilles de gaz et de bouffe pour quelques jours. Le magasin est à 15 minutes en voiture. Afin d’économiser un peu sur notre budget, on décide d’y aller en bus. Finalement, l’aller-retour et  la correspondance avec le trolley  nous prendront cinq heures. On avait oublié que c’était le pays de la voiture et que les transports en commun, même s’ils existent, sont très peu fréquents.

On récupère ensuite nos vélos, laissés en consigne dans le premier hôtel pour faire les cinquante mètres qui nous séparent du deuxième. Ayant trouvé de l’huile essentielle d’eucalyptus au Walmart, je m’apprête à me faire une inhalation puisque je traîne toujours ma sinusite. Je fais donc chauffer l’eau dans la cafetière de la chambre en remplissant verre après verre la petite poubelle de salle de bain sensée me servir d’inhalateur. En voulant éteindre la cafetière, je renverse le gobelet d’eau bouillante sur mes jambes. Je saute dans tous les sens, retire mes chaussettes, mon short et file dans la douche pour faire couler de l’eau froide. Putain, y’a pas d’eau froide dans la douche. Juste de l’eau : juste tiède, moyen tiède, tiède, un petit peu chaud. Pierrot remplit les gourdes d’eau au lavabo et je m’asperge les cuisses tant bien que mal pour arrêter la brulure. Je me tartine de Biafine, j’espère que ça ira mieux demain. On a beau se dire qu’on en rira dans une paire de semaines, en attendant ça picote.

Vendredi, on donne enfin nos premiers coups de pédales.

Nous sommes encore malades comme des chiens, mais on se dit que de rester dans des chambres climatisées ne va pas nous aider à aller mieux. Nous quittons donc Miami par le nord en rejoignant la route 27 qui équivaut chez nous à une autoroute. Une fois qu’on est dessus, il n’y a pas à se tromper, c’est tout droit. Mais alors, vraiment tout droit.

Tout le long, nous roulons sur la bande d’arrêt d’urgence large d’environ 1 mètre, enfin eux ils l’appellent la piste cyclable. Et c’est donc parti pour trois jours entiers sur cette interminable route. Il n’y a pas un pet d’ombre, on cuit sous 36°. Le paysage n’est pas exceptionnel, mais la présence de l’eau nous permet d’observer une multitude d’oiseaux : héron, cormoran, aigrette, pelican, ibis et plein d’échassiers et de rapaces qu’on ne connait pas.

Arrivés au lac Okeechobee, on remarque qu’il y a apparemment une piste cyclable qui fait le tour en haut de la digue. Nous quittons enfin notre bande d’arrêt d’urgence et profitons un peu du paysage. Au bout de cinq kilomètres, un portail et du grillage nous empêche d’aller plus loin. Un panneau met en garde celui qui aurait le malheur de franchir le passage. Pas possible de faire demi-tour, c’est contre notre religion. L’autoroute que nous n’aurions finalement pas du quitter n’est qu’a vingt mètres, mais il faut descendre le talus de la digue, franchir le fossé d’eau croupie, remonter le talus pentu et passer au dessus de la barrière de sécurité de l’autoroute. Avons-nous le choix, non. On descend donc le talus dans une végétation d’épineux en priant pour ne pas crever nos pneus. Au bord du fossé, on surprend deux tortues qui se carapatent dans l’eau saumâtre. Il y a deux planches en bois en travers du fossé. De notre côté, elles reposent sur un parpaing, et comme elles sont trop courtes, de l’autre côté, elles reposent sur un vieux pneu de camion.

On déleste donc nos vélos de nos sacoches et c’est parti pour le numéro d’équilibriste pour faire passer tout le matériel sur la planche puis de l’autre côté de la barrière de sécurité. Au bout de vingt minutes nous pouvons enfin reprendre notre route.

match de cricket pendant une de nos pauses

Arrivés au camping de Torry Island, la gérante nous offre une glace au chocolat artisanale. On tombe, également sur un biker qui nous permet de valider un challenge de plus. Remarquez sa bécane juste derrière le vélo :

panneau à l’entrée du camping

Au matin du quatrième jour, nous quittons enfin l’infernale route 27 et nous empruntons les petites routes. L’objectif du jour est de rejoindre un camping dans un state park. C’est un camping « primitive » c’est-à-dire qu’en général il y a des chiottes sèches, mais il n’y a pas d’eau. Pas de problème, notre route passe par Montura. On s’y arrêtera pour manger le midi et  faire le plein d’eau de nos gourdes et de nos poches  à eau. Sauf que bêtas que nous sommes, nous mettons un certain temps à nous rendre compte que nous ne roulons pas sur la route 833 mais sur une route parallèle qui n’existe par sur notre carte. Du coup, quand nous rejoignons l’axe principal, nous avons déjà doublés la ville et je crois vous avoir déjà parlé de notre grande théorie de ne jamais faire demi-tour. On se retrouve donc comme deux glands en plein cagnard à manger un pauvre paquet de gâteaux avec trois gourdes vides sur les cinq et les poches à eau vides. On est sur une route toute droite sans ombre et il y a peut être une voiture qui passe toutes les dix minutes.

J’en arrête une et demande à la conductrice si elle peut me dépanner en eau. Elle n’en a pas. Dix minutes plus tard je fais des grands signes à la deuxième qui s’écarte sur l’autre voie et continue sa route en me faisant un signe de la main. Ah, le fils de … Bon, le coup d’arrêter des voitures, ça à l’air foireux

(je noterai, en passant, que l’approvisionnement en flotte en arrêtant les bagnoles fonctionnait beaucoup mieux en Argentine !!!).

On continue notre route. On voit au loin un groupe de quatre maisons. On quitte l’axe principal et nous engageons sur le chemin d’accès sablonneux. On vise l’habitation où il y a un pick-up garé devant. Un petit chien débile sort de la maison en nous aboyant dessus. Une espèce de vielle femme indienne en sort dix secondes après avec un air moyennement débonnaire. On lui explique notre cas et elle nous demande de rester là, elle retourne à l’intérieur. Elle revient avec quatre petites bouteilles d’eau. On en avale une chacun, direct en se confondant en remerciement. Bon du coup, ça nous fait qu’un litre supplémentaire. On reprend ensuite la route et arrivons  à l’entrée du state park. Encore trois kilomètres de piste pour arriver au camping. On y arrive enfin, complètement crevés. Le verdict tombe, il n’y a pas d’eau. Putain, on est mal. Je fais le tour du camping pour trouver d’autres campeurs qui pourraient nous dépanner. Personne, on est seuls sur terre. En temps normal, on trouverait ça trop cool. Je dégote enfin un cycliste en train de réparer une crevaison et ce n’est malheureusement pas lui qui va pouvoir nous dépatouiller. Il m’annonce que le prochain magasin est à 16 kilomètres et que sinon je peux filtrer l’eau de l’étang. Youpi ! Déjà il y a un étang. On y va pour se décrasser. Et là, mais oui, vous ne rêvez pas, déjà que vous nous voyez presque nus. Mais si, là sur la photo au niveau de notre tête, le truc qui flotte … Vous ne nous croyez pas ?

Allez hop, un petit zoom.

Alors ce n’est pas la classe ça de se laver avec les alligators. On vous entend de là : « ouais, tu parles, il était super loin ». Et ben tiens, paf, le voilà le challenge d’Olive (mais si, là à quatre mètre devant Pierrot) :

Bon nous voilà un peu plus frais, mais le problème reste entier. Nous n’avons que deux litres de flotte et nous sommes complètement déshydratés. On a un mal fou à monter la tente car on des vertiges et des nausées. J’hésite entre dire c’est l’aventure ou c’est complètement con. Soudain on entend un moteur. J’arrête la voiture du ranger qui fait sa ronde. Je lui explique notre problème et il semble pour le moins dubitatif quand à mon idée de pomper de l’eau potable dans l’étang dégueu de l’alligator. Ca le fait bien rigoler de savoir que demain on va à La Belle et qu’entre ici et la haut il n’y a aucun commerce. Pris de pitié, il nous informe qu’il revient bientôt pour nous apporter des bouteilles d’eau. Est-ce que je vous ai déjà parlé de notre bonne étoile ? En tout cas ce jour là, elle ne nous a pas lâchée. Il revient une heure après avec cinq litres d’eau  en bouteilles, nous voilà enfin sauvé. On profite alors enfin du lieu qui est magnifique, on se croirait dans un jardin tropical avec des bestioles partout. Au matin, on reçoit même la visite d’un opposum.

Saynète : « Les cyclistes, le Ranger et l’Alligator »

Vous voilà maintenant au fait des principaux événements qui ont mené au premier franchissement de limite… Cette fois, l’eau m’a sauvé ! L’immersion sommaire dans l’étang de l’alligator m’a reconnecté avec mon corps. Cette lucidité retrouvée me permet d’ailleurs de vous raconter de manière un peu plus détaillée la façon dont nous avons obtenu de l’eau auprès du Ranger…

Voici donc la saynète, pour trois personnages, didascalies en italique, intitulée « Les cyclistes, le Ranger et l’Alligator » :

 

Les cyclistes sont assis dans leurs petits fauteuils, le Ranger arrive dans son 4X4 en carton…

 

Ranger : Eh Oh ! Bonjour les Cyclistes ! Bien ou bien ?

Béa : Oh Oh ! Bien le bonjour monsieur le Ranger ! Comme vous êtes joli ! Que votre 4X4 est gros !

Ranger : Eh ! Merci beaucoup jeune cycliste à poitrine de limande ! Mais dis-moi, ton ami barbu m’a l’air dans un sale état !

Béa : Hélas oui, ami Ranger ! Le soleil lui a tapé dessus toute la journée et le voilà fort déshydraté quand le soleil va se coucher…

Pierrot : L’a soif, moi…

Ranger : Oh Oh ! Comme c’est fâcheux ! Mais vous n’avez pas d’eau ?

Béa : Hélas non, ami Ranger ! Mais peut-être saurais-tu où nous pourrions en trouver ?

Pierrot : L’a soif, moi…

Ranger : Oh ! Eh bien je pense que vous ne trouverez rien avant La Belle !

Béa : Oh non, c’est beaucoup trop loin ! Je vais devoir pomper de l’eau dans cet étang un peu sombre et qui ne sent pas très bon ?

Ranger : Ah ! Ben oui ! Elle peut toujours faire ça !

Pierrot : L’a soif, moi…

Béa : Regarde, noble Ranger ! Voilà mon filtre qui sert à pomper l’eau…

Ranger : Oh ! ça a l’air très pratique !

Béa : Pratique certes ! Mais il est tellement petit que cela risque de me prendre des heures…

Pierrot : L’a soif, moi…

Ranger (en aparté): Nom d’une couille d’alligator ! Je la sens venir la limande…

Béa : Sans compter qu’on va peut-être se taper une belle turista…

Ranger : Mais non ! Mais non ! Y’a pas de raison !

Béa : Et surtout ! Au milieu de l’étang… Il y a un alligator. Je ne voudrais surtout pas que tu aies des problèmes parce qu’un cycliste OBLIGE de pomper de l’eau… Pour sa survie !… s’est fait mordre par un alligator quand tu étais de surveillance… Hein ! T’es pas d’accord Pierrot !?

Pierrot : Ouais ! L’a soif, moi…

Ranger : Bon ! Ok ! Ok ! Je vais vous en ramener de la flotte… !

 

Le Ranger s’en va et revient une heure plus tard avec 5 L d’eau en petites bouteilles. Après s’être serrés les paluches, avoir pris des photos, et avoir bien remercié, comme des cyclistes bien élevés, le Ranger s’en va de nouveau.

Béa : Eh ben Pierrot ! 5 L d’eau ! C’est génial ! Pourquoi tu fais la gueule ?

Pierrot : L’enculé ! Il n’a même pas ramené une canette de coca…

 

RIDEAU

 

 

Le lendemain, on retrouve à nouveau notre bande d’arrêt d’urgence. On s’arrête dans un camping qui comme bien souvent n’accepte que les camping cars. Pierrot fait à la gérante ses yeux de chaton qui veut du lait et arrive à négocier un coin d’herbe pour la nuit. Ce sont plus de dix personnes qui s’arrêtent et viennent tailler le bout de gras avec nous. Le lendemain aux sanitaires, on a même droit à une femme qui nous dit : « ah, c’est vous les français qui allez à San Francisco en vélo ». Des vraies vedettes.

A Punta Gorda, on s’octroie un jour de repos mais aussi le premier apéro des vacances et blam, encore un début de challenge pour le chef :

 

 

J-10

Et ben voilà, on y presque. Dans quelques jours, nous foulerons d’un pas gracile la terre de Miami, après 11h de vol.

J’ai le souvenir bien net qu’en 2013, deux mois avant de partir, j’étais pétée de trouille. A me demander si on allait y arriver, si on avait bien fait de se lancer dans cette aventure, si on pourrait manger tous les jours, si on allait se faire agresser, si on n’allait pas mourir dans d’atroces souffrances.

Et là, ben rien, juste une attente sereine et contrôlée. Ça doit être ça qu’on appelle la maturité ? C’est cool de vieillir finalement.

Depuis plusieurs semaines maintenant, les vélos sont démontés et empaquetés soigneusement. Nous voyageons avec une compagnie low cost, nous avons droit chacun à un bagage cabine et un bagage en soute de 20kg (plus évidemment le carton de vélo). En boudinant un peu tout ce dont on peut avoir besoin pour vivre en autonomie pendant 7 mois et en filmant les sacoches entre elles, on y arrive.

s’agirait pas qu’on revienne à trois …

 

En tout cas, nous voulions surtout vous remercier pour tous les challenges que vous nous avez envoyé. Pour certains, ça risque d’être du sport, pour d’autres j’ai hâte de les relever, pour celui-là, ça risque d’être drôle mais pour celui-ci, c’est vraiment dégueulaaaasse.

Vous aurez certainement remarqué, followers attentifs que vous êtes, que dans la colonne de droite, il y a un menu « Challenges USA 2018 » qui récapitule un peu tout ça. Qu’est ce qu’il est bien foutu ce blog, quand même. En tout cas, avis aux retardataires qui ne nous ont pas encore envoyés leur challenge et dont le nom commence par BRO et finit par DY.

Dernièrement, je viens de faire un tour sur le site d’Adventure cycling qui édite les cartes spécialisées dans les road trip vélocipédiques. Je me suis donc tapée la lecture en anglais des pages de mises à jour, histoire de m’assurer que des campings n’avaient pas été fermés depuis l’édition des cartes. Accessoirement, je viens de prendre connaissance sur leur site internet d’un avis concernant la Floride. « Suite à la tempête Irma du mois de septembre 2017, les campings sont réservés aux ouvriers chargés de remettre en état les routes et les ponts. Si vous avez en projet de circuler en Floride en automne 2017 et hiver 2018, nous vous conseillons de l’annuler »

Mouais …, allez …, février, c’est limite le printemps. Tout est sous contrôle on vous dit …

BONNE ANNEE !!

Quoi de mieux pour commencer l’année que de lire un nouvel article des Terr’Ailleurs.

Tout d’abord bonne année à tous et en cadeau rien que pour vous, voici les réponses les plus souvent données aux questions les plus souvent posées.

  • Ah bon, vous repartez en vélos ? Vous partez quand ?
  • le 06/02/18. Départ de Bruxelles, direction Miami
  • Ah vous retournez aux États-Unis ? Vous allez où cette fois ci ?
  • là …

  • Ah oui, quand même ! Ben dis donc, ça fait combien de kilomètres ?
  • Aux alentours de 6000 kilomètres
  • En combien de temps ?
  • Le visa nous permet de rester 6 mois aux USA. Le mois d’aout sera donc consacré au retour en vélo jusque chez nous.
  • Et vous tiendrez encore votre blog ?
  • et comment …!
  • Je me souviens, en 2013, on pouvait vous lancer des challenges. Que c’était drôle. Vous les aviez presque tous relevés avec cet humour caustique et décalé qui vous caractérise tant.
  • Oui bon allez, si vous y tenez, on renouvelle l’opération. On vous passe vraiment tout, vous, les followers. Mais on vous prévient, cette fois-ci, vous avez intérêt à écrire un peu plus souvent des commentaires d’encouragement. S’agirait pas qu’il n’y en ai que deux qui bossent dans cette histoire !! Non mais sans blague.

Donc avis aux lecteurs assidus de ce blog trépidant qui vous fait participer à l’aventure du fond de votre fauteuil : nous vous invitons à nous lancer des challenges que nous devrons relever durant le voyage. Les règles sont les mêmes que la dernière fois, rien de dangereux, rien d’illégal, rien qui rend malade, rien de sexuel. Ne vous énervez pas, il n’y a rien à gagner. C’est juste que ça nous donne un chouette fil rouge à suivre pendant 6 mois. Nous attendons vos réponses avant le 29 janvier 2018. Au delà, il y a des chances que notre accès internet soit résilié.

Voilà, voilà ! Bon… Ben je crois qu’elle a tout dit la dame bizarre avec qui je vis…

Je vais juste clarifier un peu les choses (déformation professionnelle) pour tous les pauvres bougres qui ne sont pas vraiment 2.0 (non… il faut lire : « deux point zéro »… ça veut dire « à l’aise avec le web »… quoi ?… ah… le « web », c’est le réseau mondial… internet si tu veux… C’est bon Romain ? Je peux finir mon article ?). Vous pouvez donc « lancer un challenge » en laissant un commentaire sur cet article. Pour cela, il faut remonter au début de l’article et cliquer sur « comments », sous le titre BONNE ANNÉE ! Cela vous affiche les commentaires. Allez tout en bas de la page et tapez le vôtre !

Exemple : « Bonjour les Terr’Ailleurs. J’aime beaucoup ce que vous faites ! En plus vous êtes trop choupinous, et souvent, quand je regarde vos photos, ça me fait comme des frissons au bas du ventre… Mais bon, voici mon challenge : Pas cap. de vider 30 bouteilles de Spiced Rhum lors de votre séjour ! Allez ! Bon voyage ! »

Voici un très bon exemple de challenge ! (Même s’il relève plus de la prédiction que du challenge, il est vrai…) Vous voici éclairé ! Il vous reste 1 mois pour trouver les défis les plus fous qui trottent dans vos cervelles de pervers détraqués.

Sinon, je crois qu’on est fin prêts ! Le chien est gardé par des supers parents, le transport à l’aéroport assuré par un super poteau… Il ne manque plus qu’une chose… Je suis allé voir une voyante qui m’a prédit que si on avait la chance de passer une soirée avec des gérants de camping durant le mois de janvier, le voyage se passerait bien ! On est donc en recherche… J’ai bon espoir.

Je finirai avec le teasing :

Plus qu’un mois ! Préparez-vous pour la claque de 2018 ! Une aventure grand format ! Une girafe bossue et un myopathe gauchiste en vélo couché vont traverser les États-Unis… Des dialogues savoureux, des discussions cocasses dans le grand Sud américain, avec les vrais électeurs de Donald Trump ! De la souffrance et des larmes ! De l’humour absurde ! Des jeux de mots désopilants ! Du rhum et des burgers ! Des paysages à couper le souffle ! Des galères ! De grandes joies ! De l’amour… Préparez-vous ! Dans un mois commence :

USA 2018 : DE L’ATLANTIQUE AU PACIFIQUE !

Bonne Année les amis !

2017 : Eurvélo 6 de Strasbourg à Nantes

AVERTISSEMENT ! Certains lecteurs sont habitués au ton tragi-COMIQUE de ce blog ; sachez que cet épisode sera plutôt TRAGI-comique.

AVERTISSEMENT 2 ! Certaines photos peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes  des personnes fragiles  de nombreuses personnes  de tout le monde…

 

INTRO

Allez hop ! C’est moi qui commence, pour changer…

Pour tous ceux qui découvrent le site pour la première fois, je n’énoncerai qu’une chose à savoir, la plus importante : les Terr’Ailleurs est un site de récit de voyage écrit à 4 mains ; Béa apporte la cohérence, les faits, les lieus, l’ordre chronologique, les anecdotes, la météo, etc., etc., et elle écrit en NOIR ; Pierrot (moi) apporte le génie littéraire et cet humour merveilleux et trop rarement compris, et écrit en BLEU.

Donc, voilà, c’est moi qui commence, parce que, avant de s’intéresser à cette petite cyclo- randonnée estivale que Béa vous résumera dans la seconde partie de ce post, il me faut expliquer à tous ceux qui nous connaissent déjà un peu… : pourquoi !?

                Pourquoi remonte-t-on sur les vélos ? Pourquoi, alors que la maladie m’avait jeté à terre, tenté-je encore le coup ? Pourquoi, vaincu par la souffrance, pour l’un, et dégoûtée par trop de plaintes et un rythme d’aï arthritique, pour l’autre, les Terr’Ailleurs, devenus camping-caristes, enfourchent-ils de nouveau leurs biclous ?

                Le déclic fût double. Premier clic : Avril 2016, les Pieds Devant partent pour un 2ème périple au long cours ! Ils vont faire, avec des vélos couchés (très cheap et fragiles, en plus, des trucs tchèques, mieux vaut toucher en mécanique), la route de la soie ! Suite à leur premier post, on ne dort pas de la nuit… Quelque chose nous travaille…

                Second clic : Juillet 2016. La décision s’est prise en Norvège, à la fin des vacances d’été de l’année dernière…

Nous avions passé un excellent séjour, en camping-car, dans un pays magnifique. Nous avions fait les plus belles randonnées que nous n’avions jamais faites. Nous avions aimé passionnément les paysages, les coins de camping, le confort et les cartons de vin que le fourgon nous permettait. Nous avions apprécié de pouvoir prendre notre bon vieux chien Ulysse avec nous. Bref, nous avions tout adoré ! Un super voyage ! Génial ! Excellent ! Fantastique ! Extra ! De la balle ! Ca roxe du poney !!! Ouais ! Ouais. Ouais…

Ouais ? Mais alors, pourquoi nous sentions-nous un peu vides ? Un peu vacants ? Un peu « à côté » de l’essentiel ?

Et, là, on a compris… On a compris que tant qu’on ne sortirait pas de notre zone de confort, on ne rencontrerait plus la magie qu’on avait connue lors de notre trip « L’Amérique du Nord au Sud »…

On a donc décidé de repartir 7 mois à vélo pour faire :

(attention, accrochez-vous bien, ça va être super original ! totalement autre chose que la première fois ! un truc de malade ! de déglingo ! une idée comme ça ! faut être carrément génial !)

Pour faire : « L’Amérique de l’Est à l’Ouest !!! » Sans déconner ! C’est pas de la trouvaille ça !

Restaient alors 2 problèmes à résoudre. Le premier (une formalité, pensais-je…) : obtenir un nouveau mi-temps annualisé de l’Éducation nationale. Le second (insurmontable, craignais-je…) : être plus fort que ma Sclérose en Plaque (que nous surnommerons, à partir de maintenant et par soucis de simplicité, « la Vieille Salope »).

 

  • Le mi-temps annualisé

Or, donc, dès le début de cette belle année 2017, j’entreprends les démarches auprès de l’Inspection Académique des Ardennes pour obtenir ce fameux mi-temps. Je suis confiant. La première fois (en 2013), je n’ai rencontré aucune difficulté à l’avoir. Et puis, après tout, c’est un droit ! (sauf nécessité de service). J’envoie donc une lettre de motivation à l’Inspecteur. Dans cette lettre, je me dévoile. Je me montre nu. Je montre mes écorchures, mes blessures, j’explique ma motivation profonde. Cette lettre est intime, gênante, seules 2 ou 3 personnes, très proches l’ont lue.

Photo évoquant la mise à nu de l’auteur face à son lecteur.

Et je l’envoie à cet Inspecteur, que je ne connais pas. Je ne suis pas sûr qu’elle a été lue… Alors voilà, quitte à me foutre à poil devant des gens que je ne connais pas et dont je ne suis pas certain de la bienveillance, je me fous à poil devant tout le monde (Béa nous parlera d’ailleurs, tout à l’heure d’un camping naturiste rigolo…) et cette lettre je vous la donne :

 

                                                                  Signy l’Abbaye, le samedi 21 janvier 2017

 

Objet : demande de mi-temps annualisé pour la seconde partie de l’année scolaire 2017 / 2018

 

Monsieur,

 

Je sollicite pour l’année prochaine un mi-temps annualisé, ainsi que le Bulletin officiel de l’Education Nationale n° 9 du 26 février 2004 m’y autorise, et tiens, par cette présente à vous faire connaître les raisons de cette demande.

Je suis atteint depuis 2005 d’une sclérose en plaque (SEP). Comme vous le savez certainement, cette maladie auto-immune affecte le système nerveux central. Elle entraîne des lésions qui provoquent des perturbations motrices, sensitives et cognitives. A plus ou moins long terme, ces troubles peuvent progresser vers un handicap irréversible.

C’est à cette maladie que je dois, depuis 2015, de « bénéficier » d’une RQTH (Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé).

Si je vous signale cet état de fait, ce n’est surtout pas pour obtenir un quelconque apitoiement de votre part, ni même pour jouer sur la corde de l’empathie, mais pour vous aider à comprendre l’état d’esprit qui est le mien.

Depuis toujours, la passion qui m’habite, ma principale raison de vivre, est celle du « voyage au long cours », à pieds ou en vélo. Ma femme et moi n’avons pas d’enfant et tous nos projets, toute notre énergie, toutes nos économies ne sont concentrées que vers ce type de voyages.

Vous comprendrez aisément, maintenant, que la SEP fait peser sur nos têtes une menace constante qui risque de nous priver d’un jour à l’autre de la passion première qui anime notre vie.

J’avais, il y a quatre ans de cela, demandé un mi-temps annualisé que M. D…., votre prédécesseur, m’avait accordé. Ces six mois nous avaient permis de faire un voyage en vélo couché, du nord des États-Unis au sud de l’Argentine. Depuis, ma maladie s’est faite plus pressante et mes capacités physiques s’en sont trouvées diminuées de façon assez nette.

Étant depuis lors sous traitement et ayant abandonné le vélo, je m’abandonnais à un auto-apitoiement morbide et stérile qui me conduisait tout droit vers la dépression.

J’ai pris conscience de cela et je refuse désormais de baisser les bras et de me laisser aller. C’est dans l’optique de repartir pour six mois de vélo couché en février 2018 (même si les ambitions kilométriques sont revues à la baisse) que je vous demande l’autorisation de prendre ce nouveau mi-temps annualisé.

Pour poursuivre sur des éléments plus pratiques, notre projet implique certaines contraintes (en particulier météorologiques) qui nous imposent un départ début février et un retour fin août. C’est donc sur la seconde moitié de l’année scolaire 2017-2018 que porte ma demande de mi-temps.

Je tiens en outre à faire valoir une assiduité et un professionnalisme irréprochables dans l’exercice de mes fonctions. Jamais mon état de santé n’a servi de prétexte à des arrêts de travail indus. J’espère et je pense donner à mon établissement et aux élèves qui sont à ma charge le maximum de ce que je peux donner.

Vous voilà, Monsieur, informé des tenants et aboutissants de cette requête. Je ne suis pas sans ignorer les difficultés qui peuvent être les vôtres quant à la gestion du personnel d’un organisme aussi complexe et déplore, tout comme vous, j’imagine, le peu de marge de manœuvre dont vous disposez. Néanmoins j’espère pouvoir compter sur votre soutien dans le traitement de ma demande.

Je tenais, enfin, à vous faire savoir que ce mi-temps annualisé, mais je pense que vous l’avez désormais compris, représente à mes yeux, comme à ceux de mon épouse, beaucoup plus que six mois de pause. Ce ne sont pas six mois de vacances. Ce ne sont pas six mois de repos. Ce ne sont même pas six mois de remise sur pieds thérapeutiques. 

Ces six mois représentent le baroud d’honneur du baroudeur, le chant du cygne du voyageur, la preuve ultime et fondamentale que je suis encore vivant ; ces six mois représentent ma vie…

Avec mes remerciements, je vous prie de trouver ici, Monsieur, l’expression de mes sentiments distingués.

 

Sans déconner ! C’est balaise ou pas comme lettre de motivation !? Ça claque ou merde !?  Tu lui refuses toi, sa demande, au mec qui t’envoie ça !? Non ?…..

Et ben l’Inspection si… (nécessité de service…)

Et j’ai dû batailler, et j’ai passé des coups de fil (putain ! je ne supporte pas le téléphone !) et j’ai essayé de faire jouer le syndicat, et finalement, j’ai eu un entretien à l’Inspection durant lequel j’ai fait valoir mes arguments, et le fait que je partirai de toute façon, quoiqu’il arrive, quitte à être viré de l’Éducation nationale… J’ai, heureusement, été épaulé moralement et dans l’organisation de ma révolte par Marcus Brody, agent infiltré, et par Béa qui était un peu irritable et inquiète quand même… Ils ont donc fini par m’accorder « gracieusement » le mi-temps tant convoité…

C’était bon. Direction USA 2018.

 

  • La Vieille Salope

Certains l’ignorent (et je prierai ces derniers, dorénavant, d’être un peu plus attentifs à ma vie… Sans déconner, ça vous trouerait le cul de lire Gala de temps en temps !), mais depuis le Chili, en 2014, mon état de santé n’a eu de cesse de se détériorer. J’ai fini notre premier trip (L’Amérique du Sud à l’Ouestdu Centre à l’Est… du Nord au Sud) très difficilement, plus rien dans le sac, et un peu démoralisé.

A Pâques 2014, 2 mois après notre retour, fort de mes 7 mois de pédalage et de mes 9700 km parcourus (souvent en montagne), je participai, pour la 9ème fois, au Raid…

Le Raid est une épreuve VTTiste et Bièresque de 4 jours qui emmène tous les ans une bande de potes (entre 4 et 9, selon les années) sur les pistes, routes, chemins, single tracks de France et d’ailleurs (l’ailleurs n’étant, pour l’instant, que belge). En 2014, nous étions 5, du côté de Rambouillet dans la haute vallée de Chevreuse. Le parcours n’était ni spécialement long, ni très difficile. Pourtant…

…Pourtant, lors de la première (ou 2ème ?) étape,  j’ai craqué. Explosé en plein vol. Vaincu. Mis à terre. Détruit. Des douleurs dans tout le corps. Des tendons enflammés. Des muscles qui ne répondent plus. Plus de tonus. Toujours derrière. Plus de giclette. Et c’est là, dans la douleur, dans la souffrance de chaque instant, que le pire s’est produit… Ma force mentale a lâchée… Ce Mental qui m’avait toujours permis de surmonter toutes les épreuves que la Vieille Salope mettait sur ma route s’est écroulé comme un château de carte. Alors je suis descendu de vélo et j’ai pleuré.

Les autres ne savaient pas quoi faire. C’est normal. Ce n’est pas dans le schéma. Pour eux, Pierrot, il est fort. Soit il fait marrer, soit il s’énerve et il gueule. Mais il ne chiale pas, il n’abandonne pas. Ça ne s’est jamais vu… C’est connu… Alors ils ne savaient pas quoi faire.

C’est là que j’ai abandonné le VTT. Mais je me disais encore que la plupart de mes douleurs étaient dues au vélo droit, aux chemins pierreux. Je me disais que le vélo couché, sur route, c’était encore possible…

Du coup, en Juillet 2014, on a remis le couvert et on a décidé de faire la Véloscénie (un article résume le trip sur ce blog). Et là encore, désillusion… Pas tant de douleurs que ça, mais un formidable manque de puissance, plus aucun tonus musculaire. Béa devait sans arrêt m’attendre, ou alors me laissait loin derrière. Le mental en a encore pris un coup. Petite déprime. Plus envie de faire de vélo. Mais alors ? Quoi faire de ma vie ? Il n’y a qu’avec le vélo que les voyages étaient vraiment extraordinaires ! Besoin de se raccrocher aux branches. Vélo électrique… Décevant… Projet camping-car… Bien, mais insuffisant… Ok… Elle gagne…

 

LA VIEILLE SALOPE M’A TUER

(pour Fred : normalement, c’est « tué », -é,  pas –ER, mais là, c’est fait exprès c’est pour faire comme « Omar m’a tuer », tu sais…)

 

3 années passent…Mais non ! Mais non ! No way ! Attends un peu Vieille Salope ! Tu connais pas Raoul ! Le double déclic (si, si, souvenez-vous ! putain, faites un effort quoi ! c’était il y a 5 minutes !) : le voyage des Panardos et la Norvège en camping-car… Du coup, on re-réessaye ! Et pour voir si on est capable de tenir 6000 km, pour faire l’Amérique du Nord à l’Estdu Sud au Nord… merde, de l’Atlantique au Pacifique… Ouais c’est mieux ça ! Attendez 2 secondes…

  • Béa !
  • Quoi ?
  • J’ai trouvé un titre ! C’est vachement mieux que l’Amérique de l’Ouest à l’Est…
  • Non, c’est le contraire.
  • … quoi ?
  • C’est le contraire… L’Amérique de l’Est à l’Ouest.
  • C’est ce que j’ai dit non ?
  • Ben non, t’as qu’à te relire grosse crêpe, c’est marqué 5 lignes au-dessus…
  • Ah ouais… Au temps pour moi…
  • Alors, le génie… ton titre !
  • Ah ouais ! Accroche-toi ! C’est effectivement génial !……. « L’Amérique de l’Atlantique au Pacifique » !!!
  • .. Bof…
  • Tu rigoles ! ça déchire !
  • Si tu le dis…
  • Bon, tu fais chier, je me casse, j’ai pas fini ma partie de Post…

Ok, j’y suis… Donc, je disais… pour voir si on est capable de tenir 6000 km, on décide de faire Strasbourg-Nantes ! C’est parti ! Charlotte ! Enlève ta culotte ! C’est moi qui pilote !

Béa va vous raconter comment ça s’est passé. En ce qui me concerne, je vais juste ajouter à son récit que les 8 premiers jours ont vraiment été horribles. J’ai connu les mêmes douleurs, les mêmes souffrances généralisées, le même manque de forme que durant mes pires moments vélocipédiques… Mais j’ai tenu le coup… Et au bout de 8 jours, j’ai retrouvé un état de forme et une absence (relative) de douleurs qui m’ont permis d’avancer au rythme de Béa et d’espérer le meilleur…

C’était bon. Direction USA 2018.

 

A quelques mois de partir pour un nouveau voyage vélocipédique, nous avions besoin (parce qu’on est super prévoyants) de faire un test matériel mais surtout de tester la forme physique des deux protagonistes, c’est-à-dire, nous. Nous décidons donc de parcourir la partie française de l’Eurovélo 6 en reliant Strasbourg à Nantes en longeant Rhin, Doubs, Saône et Loire. L’itinéraire suit en grande partie des pistes cyclables et des petites  routes de campagne.

A noter que contrairement à ce qui avait été évoqué durant un temps dans ce magnifique blog, nous avons finalement laissé tomber l’idée de l’assistance électrique pour plusieurs raisons :

  • Déjà en temps normal, les vélos pèsent lourd, mais avec une batterie et un moteur en plus, c’est difficilement gérable.
  • On perd en autonomie, ça suppose que tous les soirs on trouve un branchement électrique pour recharger la batterie.
  • On multiplie les risques de pannes. C’est déjà chiant quand il y a des problèmes de dérailleur, mais alors si il faut gérer de l’électrique, on n’y connait rien.
  • Finalement, l’exploit perd de sa superbe s’il y a une assistance.

Les Panardos nous ayant informé le lendemain de la réservation de nos billets de train que la SNCF refusait d’embarquer, tandems, trikes et vélos couchés, je ne faisais que très moyennement ma maline sur le quai de la gare de Reims au moment d’embarquer. Finalement, aucun problème pour charger nos deux chars d’assaut dans le wagon. Toutefois, pour ceux que ça intéresse, je leur conseillerai vivement de voyager en semaine durant la période estivale. Bref, nous débarquons donc à la Gare de Strasbourg, fringants, prêts à en découdre avec nos deux vélos couchés. Mouais, ben finalement quand j’y repense, pas si fringuant que ça, on est bouffé par le doute quant à nos capacités. Ça fait trois ans qu’on n’est pas remonté sur un vélo et durant ce temps, la sclérose en plaques de Pierrot, insidieusement, a poursuivi son œuvre.

On rejoint donc rapidement le canal du Rhin, cap au sud pour rejoindre Mulhouse. Le compteur affichera la première journée 77km. C’est pas mal pour un début, même si Pierrot peine sur la fin. On ne roule pas vite, mais je me dis que c’est le tour de chauffe, au début c’est normal. Mais le deuxième jour et les huit suivants seront bien pires. Pierrot en chie, je le vois peiner sur son vélo. La moindre montée pour franchir une écluse est une épreuve. On se traine à 12km/h là où avant on roulait à 20. Du coup, le moral est en berne, la moindre contrariété prend des proportions démesurées. Un dimanche, sur le coup de midi, on cherche un endroit où manger. On quitte le canal pour rejoindre le premier village. La boulangerie est fermée. Le restaurant voisin affiche complet. J’ai beau lui dire qu’on ne prendra qu’un plat et qu’on mange super vite, elle refuse de nous servir. On remonte donc sur les vélos, on fait demi tour, on franchit le canal pour rejoindre le village sur l’autre rive. On croise une pizzéria, fermée. Un fast food, fermé itou. On arrive enfin à une boulangerie ouverte. Pierrot, épuisé, est au bord de la crise de nerfs. La boulangère de nous annoncer qu’elle est désolée mais elle n’a plus de pain. « Mais si vous voulez, je peux vous faire un sandwich avec la brioche qui reste, hi hi hi, elle est bien bonne celle là ».

Ouais, ben vas-y, rien à foutre, vas-y, fais le ton sandwich à la brioche. C’est ça ou je perds ma moitié dans le canal. Finalement, ce n’était pas si dégueu ce sandwich jambon gruyère à la brioche.

Pierrot est carrément nauséeux avec de la fièvre. Je vous passe les douleurs intercostales, les abcès à la gencive droite puis gauche. La vache, ça s’annonce chaud patate ces vacances. Je roule tout le temps derrière. Tracer loin devant ne pourrait que l’achever.  Pierrot roule avec la bouboule (c’est-à-dire en musique) pour décorporer un maximum et l’aider dans l’effort. A Montbéliard, la chanson de Miossec « 30 ans », m’anéantit. C’est la chanson qui évoque pour nous la Carretera Australe. Là ou il y a 3 ans, après 48 heures de vent patagonien, de pluie, de pistes, sans eau, à bout de force, on a été contraint de charger les vélos dans un pick up pour rallier le plus proche village à 20 kms. On l’a vécu à l’époque comme un échec et on a eu du mal à le digérer. Mais comme disait cette fameuse chanson « tant  pis pour les victoires et tant mieux pour les défaites, de toute façon on a toujours l’air aussi bête ». Depuis, on écoute toujours cette chanson avec un petit pincement au cœur. Ce jour là à Montbéliard, je pleure comme une Madeleine (un bonus pour celui qui m’explique l’origine de cette expression) en entendant cette chanson. Parce que c’est fini. Fini les voyages en vélo. Pierrot ne peut pas supporter ça pendant un mois, ce n’est pas possible. On va reprendre le train demain. Terminé le projet 2018. Fini les bivouacs, fini la liberté. Je regarde dans mon rétro (ouais, pour une fois, je roulais devant car dans les villes c’est moi qui guide avec le GPS) Pierrot suit derrière. Il a ses lunettes de soleil, mais je vois bien à ses joues qu’il pleure aussi. « Toi aussi, tu chougnes ? » Du coup, ça m’a fait rigoler, du coup, ça désamorce la tension. Pierrot grelotte de fièvre, on décide donc d’aller à l’hôtel. Après 24 heures de repos, la fièvre a disparu, on reprend la route bon an mal an. Le traitement à base de saucisses de Montbéliard, de cancoillotte et de fondue comtoise (comté et morbier) commence à porter ses fruits.

A Saint Léger, nous avions prévu de nous arrêter au camping signalé sur notre carte. Arrivé dans le village, aucun panneau ne nous indique l’endroit. Je demande donc au patron du kebab où il se situe. Celui-ci m’informe qu’il n’y en a pas. Le plus proche est à 6 kms. (En dehors de notre itinéraire bien évidemment). Tiens, bizarre, m’interloqué-je. Il y a pourtant un camping de mentionné sur la carte. Le patron me répond qu’effectivement, il y en a un, mais que ce n’est pas un camping « comme il faut ». Bref, un camping nudiste, quoi. Décidé à ne pas nous écarter de notre tracé, nous voilà donc parti vers le dit camping. J’appelle la patronne de l’établissement qui m’informe que finalement il faut rejoindre le village voisin (qui lui est sur notre itinéraire) franchir le pont, monter la côte et « vous ne pouvez pas nous louper ».  Ok, on trace donc sur la route, franchissons le pont, et commençons une ascension terrible sous un soleil brulant. A noter tout de même qu’à partir du pont on quitte notre itinéraire initial. On en chie grave. Au bout d’un kilomètre, pas de camping. Je m’arrête au niveau de quelques maisons pour demander des informations. Personne pour me répondre. On continue donc l’ascension. C’est de plus en plus pentu, on cuit sous le soleil. Au bout du deuxième kilomètre, je me décide à rappeler le camping des tout-nus pour savoir exactement ou il se situe. « Ah, ben en haut de la côte. Quatre kilomètres après le pont ». Putain, pouvait pas le dire avant !!

Bref, on finit donc la journée à poil dans une piscine glaciale à 12°C mais régénérative. Certaines parties du corps de Pierrot mettent quelques temps avant de retrouver une taille normale et une pause d’un quart d’heure sous le soleil au bord de la piscine devient plus que nécessaire. La patronne de l’établissement s’étonne que nous soyons français. A priori, il y en a très peu. Ils reçoivent surtout des hollandais. « Mais bon, on les prend quand même. Vous verrez, finalement ils sont gentils » … (dixit la gérante)

Je garde un souvenir ému, pour ne pas dire amusé de la tête de Pierrot, dans l’épicerie du camping, campé nu comme un ver devant une bombasse toute aussi nue à la plastique parfaite, avec un maillot épilé au poil de cul (hi hi hi, elle est bien bonne celle là), les yeux plongés dans les siens, se refusant à laisser vagabonder son regard qui finirait immanquablement sur son entrejambe et de lui demander : « j’voudrais un miko ».

Le soir, on s’écroule comme deux souches vers 20h30 ce qui a  le gros avantage de nous permettre de nous réveiller vers 7h le lendemain matin et donc de rouler à la fraîche. Par contre, on a effectivement quelques problèmes de cohabitation avec nos congénères dans les campings. Car étonnamment, ceux-ci ont plutôt tendance à veiller jusqu’à, au moins, 23h. Les tout nus ne dérogent pas à la règle. Et c’est parti pour la grande bouffe entre les adhérents suivi d’un baloche (c’est le cas de le dire) alors que notre tente est à vingt mètres de la salle commune. J’avoue qu’à minuit, quand a commencé le madison, j’ai grandement hésité à m’extirper de mon sac de couchage pour prendre quelques photos. Celles-ci, je n’en doute pas, auraient été du meilleur effet. Mais la fatigue a pris le dessus.

Au bout d’une dizaine de jours, Pierrot commence à reprendre du poil de la bête. La moyenne kilométrique augmente, les étapes s’allongent. Le moral commence à revenir. Je ne désespère pas qu’à un moment il prenne du plaisir.

d’où Pierrot tire-t-il son humour…

Nous nous octroyons une journée de repos à Bourbon Lancy. Petite ville médiévale et thermale. On s’offre un après midi spa (hammam, sauna, piscine …) C’est vrai qu’elle m’avait l’air moyen chlorée leur eau thermale à Bourbon Lancy. Du coup, je me tape trois jours de cloques bizarres sur les cuisses.

Bourbon Lancy

Un peu avant Nevers, on rejoint la Loire. J’avais peur que le parcours soit blindé de touristes, mais finalement pas du tout. Ceci dit, on se tape de la pluie très régulièrement. Ce qui a le don de limiter les ardeurs d’éventuels cyclistes. A Amboise, on s’octroie à nouveau une journée de repos. La ville est très belle et on en profite pour visiter le Clos Lucé, la dernière demeure de Léonard de Vinci.

château troglodyte

On reprend la route, le temps est maussade et rapidement une bruine froide nous tombe dessus. On traverse Tours la tête dans les épaules. Aucun plaisir. A la base je n’aime pas trop traverser les grosses villes en vélo, mais alors quand la route est mouillée, je déteste. A la sortie de la ville, des trombes d’eau nous tombent  dessus. Je suis mouillée jusqu’au slip. On trouve un abri et on en profite pour manger nos sandwichs du midi. Pierrot est bien équipé et a un pantalon de pluie de compet’. Quant à moi, je n’ai rien prévu. Partant l’été, je m’étais dis que ça ne valait pas le coup de s’encombrer avec un pantalon de pluie. En plus, je n’en ai pas. Le soleil revient, on reprend donc la route. Mais de gros nuages noirs nous laissent présager d’autres averses. On se décide donc pour réserver une chambre d’hôtel dans un bled à 20 kms. La chaleur revient et finit par faire sécher mon collant. Quatre kilomètres avant la fin de l’étape, on se tape un énorme orage de grêle. Les grêlons font tinter nos sonnettes et j’ai peur qu’ils ne pètent l’écran de mon GPS. On arrive enfin à l’hôtel, je suis transi. Au bout de quelques heures, c’est à mon tour de tomber malade. Grosse fièvre et courbatures. Ça durera 24 heures. A nouveau, on est donc obligé de s’arrêter le temps que je me remette d’équerre.

héroïne terrassée par la maladie

On reprend ensuite la route pour arriver à Nantes. Il nous reste encore un peu de temps avant de reprendre le train, on décide donc de pousser jusqu’à St Brévin, jusqu’à l’océan Atlantique, histoire de mettre les pieds dans l’eau.

Au bout de 1386 kms, le pari est réussi  et pourtant c’était loin d’être gagné.

On se tape ensuite 70 kms pour revenir sur Nantes afin de prendre le train de retour. On en profite pour visiter la ville et se faire des p’tits restaus.

Jardin des plantes

Ce qui est bien quand on voyage en France, c’est que quelque soit la région, on y mange et boit bien. Pour moi la grande découverte aura été les rillons (ou rillauds selon si on les déguste en Anjou ou en Touraine). Ce sont des gros blocs de poitrine de porc cuit dans du saindoux. Coupé en fines tranches à l’apéro, c’est une tuerie.

Rillons, Cantal, cahouètes…

Je m’attendais plus ou moins sur cette eurovélo 6  à suivre un canal et la Loire et finalement à ce que ça soit un tantinet monotone.

Et bien finalement pas du tout. La traversée du Doubs et du Jura était géniale. Presque à 100% sur piste cyclable, super bien indiquée. La rivière est encaissée et serpente au milieu des collines. Quotidiennement on surprend des hérons, des buses, un peu plus tard des aigrettes, des foulques. Quelques cigognes.

Ce n’est pas pour être mauvais esprit, mais ces 2 photos ne représentent ni des hérons, ni des buses, ni des aigrettes, ni des foulques, ni des cigognes… Merci Béa Bougrain Dubourg…

Régulièrement, on quitte une rivière pour rejoindre une route de campagne, traverser des villages pittoresques, retrouver un canal, traverser un parc naturel, contempler au loin un château, quelques petites grimpettes pour monter dans le vignoble. Bref, contre toute attente, j’ai trouvé le parcours assez diversifié et finalement assez facile d’accès.

Après relecture, c’est vrai que ça donne moyen envie notre histoire, mais finalement, le voyage était vraiment sympa et accessible à tous, alors …