ALABAMA – MISSISSIPI – 1973 Km (distance cumulée depuis Miami…)
- 11 et 12 Mars : KOA de Milton – Pensacola ; 52 km
- 13 Mars : Pensacola – Gulf Shores ; 68 km
- 14 Mars : Gulf Shores – Bayou la Batre ; 71 km
- 15 Mars : Bayou la Batre – Shepard (SP) ; 53 km
- 16 Mars : Shepard (SP) – Bay Saint Louis ; 84 km
- 17 et 18 Mars : Bay Saint Louis – 60 bornes au NE de New Orleans ; 55 km
Précisions d’avant article
Avant de débuter vraiment ce nouveau post, j’aimerai mettre quelques points en avant.
- Malgré toute ma bonne volonté lors de l’article précédent, destruction systématique du mythe floridien, blagues sur les handicapés, etc., nous ne comptons qu’un seul désabonnement (Ciao Marylin, bonne route à toi !) Je m’interroge, je m’inquiète… Serais-je devenu consensuel ?
- La vidéo n’a pas été regardée par tous ! Attention ! Big Brother is watching you ! Je rappelle que les vidéos ne sont pas facultatives ! Vous aurez des questions dessus à notre retour…
- Je suis en pleine réflexion sur mon plan de carrière… Je comptais bien faire une paire d’années supplémentaires à Rocroi, mais malheureusement, je crois que l’établissement n’existe plus… Peut-être un glissement de terrain, ou une terrible glaciation… Toujours est-il que personne ne m’a donné trace de vie. Une fois rentré, j’irai fleurir le lieu du drame et demanderai ma mut’ pour les îles…
Les CHALLENGES !
- Pour Cathy et Dom : Passage par Bayou La Batre. Nous dûmes faire un détour de malade ! Au moins… Euh… Au moins 0,8 km, je crois, pour trouver le Port et le crevettier qui allait avec. Preuve en image :
- Pour Fred : Ecrire un article au passé simple. Ok, ce sera le temps dominant lors de mes récits principaux. Sache toutefois qu’on ne peut utiliser un seul temps lors d’un récit. Il faut prendre en compte la cohérence du récit ; par exemple quand je parle de ce qui se passe pendant que j’écris, le présent sera privilégié, le passé ne sera utilisé que pour les récits.
En outre, le passé simple sera le temps principal, mais il faut aussi respecter la concordance des temps. Ainsi, pour raconter quelque chose qui se passe simplement au passé, on utilise le passé simple. Mais si on veut raconter quelque chose d’antérieur à ce passé, on utilise… si… si… cherche un peu, c’est facile… le passé antérieur ! Sans déconner ! C’est beau le français ! Si je raconte quelque chose soumis à une condition, j’utilise… le conditionnel ! Si je raconte que je subjugue quelqu’un… le subjonctif ! Si on subit des impairs… l’impératif ! Etc. etc. En fait, tout est simple et logique…
On se dirige vers Pensacola, le temps est plus qu’incertain. La matinée est très chaude, mais aussi très nuageuse. En fin de matinée, le ciel est noir et ce sont bientôt des trombes d’eau qui s’abattent sur nous. On s’arrête en catastrophe en bord de route sous un pauvre arbre tout riquiqui pour enfiler nos vestes de pluie. Pour le bas, trop tard, tout est déjà mouillé. La température est descendue subitement à 17°C. Je vois à 50m un espèce de barnum qui n’attend que nous pour nous protéger de la pluie. Finalement, en s’approchant, on s’aperçoit qu’on est dans un cimetière et que c’est une tente qu’ils viennent d’installer pour protéger les gens de la pluie pour l’enterrement de la journée. Oups, ça craint. On voit un peu plus loin une maison avec un grand porche qui lui aussi n’attend que nous pour nous abriter. C’est le déluge, et on se retrouve à pousser nos vélos au milieu des tombes. Dire que j’ai même pas fait de photos pour immortaliser l’instant. On s’abrite donc sous l’auvent qui donne finalement sur l’entrée du bureau des pompes funèbres. Des gens habillés en noir, passent devant nous, puis arrivent un corbillard tout blanc. On voit bien qu’on est très moyennement à notre place. Finalement le croque mort finit par sortir de son bureau et nous demande d’un ton bourru
- Vous avez besoin de mes services.
- Euh, ben non, pas encore.
- Et ben les deux pouilleux, vous allez me faire le plaisir de dégager de dessous mon auvent.
Bon c’est sur que si de son bureau, il nous a vu cavaler au milieu de ses tombes, on ne peut pas non plus en vouloir de ne pas nous offrir une tasse de thé bien chaud.
On reprend donc notre route sous la pluie pour arriver un dimanche à 12H30 dans un Domino’s pizza désert à manger des pizzas dégueu, trempés jusqu’au slip en grelotant de froid. C’est trop bien les voyages en vélos. Le serveur nous indique un motel pas très loin et nous explique comment s’y rendre. On croit comprendre qu’il faut tourner au bout d’un mile sur la 17th. Quand on se retrouve à l’intersection, la pluie a repris de plus belle et finalement on s’engage dans une rue d’un quartier résidentiel. Bref, ça sent le plan galère. On finit par s’arrêter et on essaie de faire fonctionner nos cerveaux. Je vais sonner à une porte pour prendre des renseignements : pas de réponse. Je sonne à une deuxième : une femme ouvre, mais ne sait pas s’il y a un hôtel dans le secteur ??!!?? La troisième porte : un homme d’une soixantaine d’année, David, ancien capitaine de l’US Navy (c’est marqué sur sa fenêtre) m’ouvre et je lui explique notre problème pendant que Pierrot descendait la 17th à pieds en repérage. David cherche l’info sur son i-phone, mais malheureusement pas de réseau. Pourtant on sent bien qu’il est rempli de bonne volonté. Il appelle sa femme au téléphone pour savoir où elle range les annuaires. Il les trouve, cherche l’hôtel. Va dans sa voiture pour utiliser le GPS et localiser l’établissement. Quand je vous dis qu’il était plein de bonne volonté. Renseignement pris et après avoir remercié chaleureusement David, nous revoilà reparti sous la pluie et trouvons enfin l’hôtel. Nous voilà tout dégoulinant dans le hall de la réception pour nous enregistrer. Soudain, je sens quelqu’un qui me patouille dans le dos. Je me retourne et me retrouve nez à nez avec notre fameux David qui a fait le trajet en voiture et voulait s’assurer qu’on avait bien trouvé l’hôtel. Y’a pas de doute, on est bien aux Ztazunis.
Bon finalement depuis hier, nous n’avons plus 7h de décalage avec vous, mais de nouveau 6h puisque les Etats Unis sont passées à l’heure d’été. Ca commence à devenir compliqué ces histoires d’heures. En tout cas, on s’en est rendu compte car ça nous a fait rater l’happy hour du bar. C’est malin.
Où l’on apprend qu’une barbe, bien portée, ne vieillit pas tant que cela son porteur…
Cette histoire d’happy hour me rappelle une petite anecdote à propos d’une bouteille de vin, d’une caissière de station service et d’une méprise fort compréhensible. Je m’en vais vous la narrer de ce pas.
Or, donc, à l’issue d’une difficile journée de pédalage, nous estimâmes avoir bien mérité une bonne bouteille de pif’. Nous nous dirigeâmes donc allégrement vers la première station service que nous croisâmes et entrâmes, tout guillerets, pour choisir notre gnole. Le chardonnay (une valeur sûre, chez ces sauvages) en main, ainsi que quelques menus à-côtés, tels un litre de lait chocolaté (je n’y résiste pas) ou un paquet de cahouettes, j’entrepris joyeusement le petit personnel de caisse pour connaître mon dû… Or, voilà-t-y pas que cette insolente de caissière – dont la vivacité pétillante du regard était telle qu’elle me fit penser à une fille qui aurait manqué sa carrière de joueuse de football professionnelle – me demanda mon ID (prononcer « Heidi », comme la petite fille des montagnes).
D’un naturel habituellement soupçonneux et assez peu avenant, je toisai alors impitoyablement la Bête et lui lançai mon traditionnel : « Why ? »
Béa comprit avant moi (ce qui, entre parenthèses, est à marquer d’une pierre blanche…) que la Gourgandine avait à cœur de vérifier mon âge, car la vente de vin est interdite aux moins de 21 ans.
Radouci et rasséréné, comprenant mieux cette légitime inquiétude, je tendis gracieusement mon passeport à la jeune fille.
La gueule qu’elle fit quand elle découvrit mon année de naissance !!!
Dimanche 17h, Pierrot : « C’est pas étonnant qu’on me croit plus jeune, même moi j’me crois plus jeune »
Ce qui est bien avec Pierrot en voyage, c’est qu’on ne s’ennuie pas un seul moment. C’est toujours plein de rebondissements. Après la saison un tantinet longuette de l’otite, nous attaquons depuis quelques jours la rage de dent. Nous nous arrêtons donc au Walmart pour acheter un gel sensé résoudre les problèmes dentaires et de gencives. Le résultat sera pour ainsi dire, nul. Nous prenons donc la décision le dimanche après midi, sous l’orage de Pensacola de prendre une nuit d’hôtel et de filer à la première heure le lendemain, chez un dentiste. Tiens, en plus, ça tombe bien, le plus proche s’appelle Jacques Lebeau. Avec un nom comme ça, s’il ne parle pas français … Pierrot passe une nuit horrible sans dormir. On se lève à 6H30 en laissant nos affaires dans la chambre d’hôtel et à 7H15 on est devant le cabinet dentaire. Pas de rendez vous, on a l’impression qu’il y a plein de dentistes la dedans et que le premier patient qui passe la porte est servi en premier. Bref, Pierrot remplit sa fiche d’information en anglais et l’assistante l’installe dans le fauteuil. Elle fait une radio de ses dents. Et là d’un coup, j’ai des suées froides quant à la douloureuse qui va nous attendre. Le fameux Jacques Lebeau déboule, médecin rigolo qui doit approcher les soixante dix ans. Par contre, il ne parle pas du tout français. On sent bien que ça va être chaud patate pour donner des détails. Tout le monde baragouine pour essayer de se faire comprendre. Moi, le seul truc que j’ai compris c’est « lever la main quand vous avez mal ». Finalement, il s’avère que la dent est cassée. La remplacer, dans l’état actuel des choses, il ne faut même pas y penser. Il ne reste plus qu’à l’arracher. Et voilà mon vieux Jacques, arc bouté sur Pierrot, avec ses mains qui bloblotent (celle de Jacques pas celles de Pierrot) et lui enfournant une pince dans la bouche après l’avoir anesthésié localement quand même. Et là, ça a duré peut être 15 minutes, mais ça m’a paru au moins le double pour pouvoir extraire la dent. Horrible.
Enfin bref, finalement en 1h30 l’affaire était bouclée et nous voilà soulagé de 210 dollars (qui devront nous être remboursés par l’assurance maladie). On reste donc la journée à Pensacola pour que Pierrot se remette de ses émotions. Ca nous permet d’ailleurs de profiter de l’ambiance urbaine et un peu chic de notre dernière ville de Floride.
La Tristitude (suite)
La Tristitude, c’est quand t’oublies de n’pas mâcher du côté gauche
C’est quand on te dit : « ton sourire n’est pas si moche »
C’est quand d’vant l’hôtel, la clé n’est plus dans ta poche…
Et ça fait mal…
La Tristitude, c’est d’trouver le super resto quand t’as plus d’dents
C’est quand toi t’as purée et l’autre un steak saignant
C’est quand on t’dit : « j’espère qu’tu passes un bon moment »…
Et ça fait mal, mal, mal !
Refrain : La Tristitude, c’est moi, c’est toi, c’est nous, c’est quoi
C’est de faire du vélo au fond des USA.
La Tristitude, c’est huuum, c’est wiiizzz, c’est eux, c’est vous
C’est ta bouche qui te dit que ça va pas du tout…
Le lendemain, nous rejoignons la côte et découvrons pour la première fois le Golf du Mexique.
Nous mettrons deux jours à traverser l’Alabama. Cet état nous a pas mal plu du peu qu’on a vu : piste cyclable, moins de voitures, un peu plus chicos (mais bon forcément on est sur la côte).
La route suit une mince langue de terre et nous prendrons le ferry pour relier Fort Morgan à Dauphin Island (contrairement à ce qui est mentionné sur la carte tripline qui ne gère pas les traversées maritimes).
Une matinée épique
Le 14 Mars 2018… Le matin de ce 14 Mars est et restera gravé dans nos mémoires comme une matinée épique.
Ce jour, donc, nous devions prendre un Ferry permettant de traverser la Baie de Mobile, de Fort Morgan à Dauphin Island. Une série de problèmes allaient nous rendre l’exercice difficile.
Le premier problème venait du fait que seuls deux horaires étaient disponibles pour le matin : 10h15 ou 11h 45. Pour de nombreuses raisons pratiques (trouver à manger, éviter le vent de l’après midi, ne pas attendre des heures au milieu des bagnoles, etc.), le 10h15 avait ma préférence.
Le deuxième problème était que nous avions 36 km à faire, depuis notre camping jusqu’à l’embarcadère. Or, il faut savoir que notre moyenne kilométrique varie assez peu. Elle s’étale, grosso modo, de 14 km/h pour une étape difficile (vent, relief, état de la route, beaucoup de feux rouges…) à 16 km/h si l’étape ne présente pas de difficultés notables. Pour faire 36 Km, il nous fallait donc compter 2h15, si tout allait bien, plus de 2h30 sinon. Nous devions donc partir du camping à 7h45 au plus tard, pour assurer le coup…
Le troisième problème est que nous partîmes à 8h10… Feignasses un jour, feignasses toujours… Bon, peut-être qu’en appuyant un peu plus sur les pédales…
Le quatrième problème fut de réaliser, à la fin de la mignonette, mais peu roulante, « Voie réservé aux non-motorisés », qu’il était 9h00 et que nous n’avions fait que 12 Km… Plus qu’une heure 15 pour 24 Km…
C’est là, je me souviens… Nous avions alors récupéré la « vraie » route (bien roulante), et roulions sur un faux plat descendant à 20 Km/h… C’est là que je dis à Béa : « Nous n’y arriverons pas ! Il faudrait garder cette moyenne de 20 à l’heure pour y arriver ! »
Et ces mots m’humilièrent.
« Nous n’y arriverons pas ? » me disais-je. « Un échec de plus ? Laisser gagner la Vieille Salope* ? » pensais-je. « Mes couilles ! » décidais-je.
C’est donc à ce moment que je décidai d’enclencher la fonction sportive. Cela se passa dans ma tête, principalement. J’ordonnai, qu’après le faux plat descendant, nous conservions la même moyenne. Or, dans ma tête, il y a plein de monde, et, à part celui que j’appelle « le barjot tout fou », personne n’était trop d’accord… ça gueulait dans tous les sens là dedans ! Un vrai foutoir ! C’était comme dans les films, quand le héros s’approche de la manette de puissance et qu’il sait que c’est la seule solution pour gagner la partie ! Qu’il faut la pousser à fond ! Et le scientifique derrière, et le pote raisonnable, et la petite amie, et le méchant réduit à l’impuissance de le supplier :
« NON ! Ne fais pas ça ! La machine n’est pas conçue pour supporter cette puissance ! Non ! Tout va exploser ! Tu vas tous nous tuer !!! » Et le héros… Qu’est-ce qu’il fait ? Un petit clin d’œil, un sourire insolent, et il pousse la manette à fond…
Alors je poussai la manette à fond.
Silence.
Toutes les voix s’étaient tues. Tout le monde s’était barré de ma tête. Enfin seul.
Alors je poussai sur les jambes, 18 Km/h, 19 Km/h, 20 Km/h… ça tient. Et la vitesse montait, parfois 21 ou 22 ou 23… Et ça tenait toujours, et quand ça redescendait, on remettait les gaz, encore une petite fois…
Les douleurs arrivèrent, bien sûr, assez rapidement. Mais qu’étaient-elles ? Un muscle raide ? Ridicule, niveau 1. Des tendons qui tirent ? Même pas niveau 2. Une gencive qui brûle ? Peuh ! Un mal de crâne qui monte ? Bullshit ! Des genoux qui craquent ? Craquez mes amis… Disais-je.
Et je progressai, je gagnai du temps, je gagnai du terrain, déjà 26 Km de faits, et je conservai la cadence… Inespéré ! Et le rythme était là, plus fort que la douleur, le bit techno basique, gauche droite gauche droite gauche droite gauche droite gauche droite gauche droite… envoûtant, enivrant, puissant, tellement plus puissant que la douleur… Déjà 30 Km ! Plus que 6 ! Et là ! BAM !!! Catastrophe ! Tout va foirer !!!
L’envie de pisser !
Tant pis… Arrêt chrono ! 10 s pour arrêter le vélo ! 3 pour descendre ! 15 pour pisser ! 3 pour monter ! 12 pour relancer la machine à pleine puissance ! LES CUISSES EXPLOSENT ! ça tient… Même pas une minute de perdue…
Et ça tenait, 32 Km, 33, 34, 35… LE PANNEAU DE L’EMBARCADERE !
A 36,5 Km, nous nous tînmes en vainqueurs devant la guichetière pour acheter nos 2 billets…
Il était 10h07.
1h06 pour faire 24 Km. Pas de triche. Du plat, pas de descentes. Pas de vent dans le dos. Sur le dos, seulement 20 Kg de bagages et une Vieille Salope… A partir de maintenant, j’exige votre respect !!!
C’est fini les conneries de « Salut Pierrot ! Bien ou bien ? » Non ! A partir de maintenant, c’est petite courbette, genoux fléchis, et du « Bonjour Monsieur Pierrot… C’est vrai que vous faites moins de 21 ans… Tenez, je vous ai acheté un nouveau lecteur MP3… »
A bon entendeur.
Merci, bisous, merci.
A Gulf Shores, nous envisagions planter notre tente dans un state park. Déjà, en arrivant, j’ai un méchant doute vu qu’un panneau informait que la piscine était fermée pour réfection. Une piscine dans un state park, on aura tout vu. Toujours est-il que la nana de l’accueil nous informe que les places pour les tentes sont toutes occupées. Tu m’étonnes, il y a cinq emplacement pour plus d’une centaine réservée au camping car. Mais si on veut, elle est prête à nous autoriser à s’installer sur leur put… de dalle en béton pour la modique somme de 50 dollars. Ouais ben, c’est bon, vous allez pas nous faire le coup toutes les semaines. On reprend donc nos vélos et trouvons un autre camping un peu crado, sous le pont de l’autoroute, mais à 15 dollars la nuit. Et ben voilà. C’est le genre de camping où on trouve très peu de vacanciers, mais plutôt des gens qui vivent là tout le temps. Nous sommes même surpris, alors qu’il n’y a aucune habitation alentour, de voir le bus scolaire s’arrêter devant l’entrée du camping et voir une dizaine de gamins qui en descendent et rentrent chez eux dans leur camping car.
Les deux jours suivants nous traverserons l’Etat du Mississipi. Dès qu’on a franchi la frontière, on sent que c’est moyennement bike friendly.
Les routes sont parfois pourries, régulièrement, il n’y a plus de bandes cyclables et on se retrouve au milieu d’une circulation dingue. Bon, il est vrai que nous nous sommes écartés de l’itinéraire proposé par Adventure Cycling, pour la simple et bonne raison que les campings qui étaient mentionnés sont dorénavant fermés. Nous préférons donc suivre la cote pour bénéficier de plus de possibilités d’hébergement. A Shepard, on se trouve un state park comme on les aime. Il n’y a qu’un bloc pour les douches réservé aux camping cars, mais il y a trois autres sites où on peut planter. On choisit celui où il n’y a pas d’eau, pas de chiotte. Du coup, c’est royal …
Finalement, à Bay Saint Louis, on comprend pourquoi l’itinéraire ne passe par là. L’immense pont qui franchit la baie est interdit aux vélos. Et ben, tant pis, ça fait cinq heures qu’on roule sous la pluie, le camping est à 10km, ils peuvent toujours se gratter pour qu’on fasse demi tour.
On notera quand même que ça fait bien cinq ou six fois maintenant qu’on se fait copieusement rincer par la pluie, que nos pantalons étanches sont quant à eux rangés bien au sec au fond nos sacoches et que nous finissons donc la journée trempés jusqu’au slip et transi de froid. Pourquoi me direz-vous. Et bien tout simplement parce que des fois nous pouvons être très très cons (c’est même la devise de notre blog). Quand les premières gouttes tombent, on se dit toujours : « Rôôô, c’est juste deux gouttes, ça va passer » et immanquablement, deux minutes après, on se prend des seaux d’eau sur la tronche. Peut être que les optimistes le sont parce qu’ils sont un peu cons. Bon en tout cas, c’est dit, a partir de demain mon pantalon de pluie sera sur le dessus de ma sacoche.
Un truc assez marrant ici, c’est l’ingéniosité mise en œuvre pour éviter tous déplacements pédestres. Je passe sur la sortie du chien en voiture du golf, et même le papi de plus de soixante dix ans juché sur son overboard (genre de skateboard électrique à 2 roues) pour promener son fox terrier. Toutes les grandes enseignes de restauration rapide proposent bien évidemment un drive et apparemment certains Mac Do restent ouverts 24h/24h, mais durant les heures de nuit ils servent uniquement au drive. On trouve également des drive dans les pharmacies et quasiment dans toutes les banques pour les distributeurs de billets.
De la façon Grand-guignolesque de gérer les nuisances canines
Bien, petite précision initiale, pour les moins incisifs et incisives d’entre vous, malgré les « canines » du titre, cet article ne parlera pas, encore une fois, de mes molaires. Ne soyez donc pas sur les dents comme cela…
Toutefois, toutefois, les deux personnages principaux de cette petite saynètes se les montrèrent volontiers ! (Les dents, bien sûrs ! Un peu de sérieux, s’il vous plait, je vous en prie…)
Or, donc, il arriva, un beau matin pas trop pluvieux, pas trop froid, pas trop chaud, ni trop humide, que j’avisai, sur la petite route, à 500 m. devant nous, un chien.
Ce chien, que je fis remarquer à Béa, ne nous avait, pas plus qu’elle, encore repérés. Je le sentis néanmoins belliqueux.
En ce qui me concerne, je l’étais tout autant, mais j’avais, en outre, une gaité tapageuse enfouie au fond des tripes… De celles qui s’accommodent fort bien de braillements, d’outrances, et d’excès, du moment qu’ils servent le Grand-Guignol. La situation s’y prêta…
Arrivés à 150 m. du chien, l’animal, de taille moyenne, noir et blanc à poils ras, tel un border collie mâtiné de pitbull, se mit à nous foncer dessus en aboyant comme un forcené.
Je me vois forcé, pour la bonne compréhension de tous et dans le souci de se représenter la scène du mieux possible, de faire une petite parenthèse. Cette dernière porte sur ma puissance vocale. Peu d’entre vous savent, en effet, la force de mon organe. Or, de par ma profession, mes années de théâtre, de chant rock et en chorale, mais surtout du fait d’un don inné (-stimable), je suis doté d’un organe d’une puissance extraordinaire… Mais vraiment, vraiment balaise ! Ceci dit, reprenons.
Or, donc, le chien se mit à nous foncer dessus en aboyant comme un forcené. Passons au mode théâtre :
- Chien (fonce comme un forcené en direction des cyclistes): WOUF ! WOUF ! WOUF !
- Pierrot (fonce à son tour, droit sur le chien, en accélérant, en se mettant assis à angle droit sur son siège et en pointant un doigt vengeur sur le chien… Ressemble à un centaure à roulettes. De toute la force de ses poumons): TU VAS MOURIR ! CLEBARD DE L’ENFER !
- Chien (fonce toujours, mais ralentit un peu l’allure): WOUF ! WOUF ! WOUF !
- Pierrot (Accélère encore en direction du chien qui n’est plus qu’à 50 m. Hurle du plus fort qu’il le peut) : TU VAS MOURIR ! BETE DU CHAOS ! MA VENGEANCE EST SUR TOI !!!
- Chien (S’arrête doucement, le doute au fond des yeux): Wouf ? Wouf ?
- Pierrot (Plus vite et plus fort, maintenant à 15 m. de la bête) : TU VAS MOURIR ! CLEBARD DE L’ENFER !!!
- Chien (Fait demi tour, l’air totalement paniqué, fonce vers chez lui encore plus vite qu’à l’aller): Pas Wouf ! Pas Wouf !
- Pierrot (5 m. derrière le chien, lui colle aux basques) : TU VAS MOURIR ! MÔÔÔÔDIS ! TU VAS MOURIR !
Finalement, le chien se réfugia dans les jambes de son maître qui était sorti, attiré par les braillements apocalyptiques de notre centaure à roulettes…
Quand nous fûmes passés devant chez lui, il tenta bien de prendre notre roue en lançant quelques « Woufs ! » encore un peu hésitants, mais quand je mis pieds à terre pour réellement mettre ma menace à exécution, il retourna définitivement dans les jambes de son maître…
J’abandonnai chien et maître sur un ultime, emphatique et tonitruant « TU VAS MOURIR ! »
Je tiens à préciser que pour une fois le récit en bleu mentionné ci-dessus n’est ni romancé, ni exagéré, ni inventé. Ça c’est réellement passé comme ça. Alors, je ne sais pas vous, mais moi qui y était, ça m’a beaucoup fait rire.
Nous entrons enfin en Louisiane.
Les premières impressions sont bien celles qu’on peut s’imaginer concernant la Louisiane. Un temps très chaud, très humide. On se prend des gros orages. Au camping on déplante trois fois la tente tellement la terre est gorgée d’eau et on a l’impression de camper dans un marécage.
Les moustiques ont laissé la place à des sortes de myggs (comme en Norvège).
Prochaine étape, la Nouvelle Orléans, mais ça c’est une autre histoire …
Coin des énigmes et autres mystères :
Solution des énigmes précédentes :
1) Carton rouge, déjà, pour tous ceux qui ont pensé que cet adipeux ballon blanchâtre était mien. Bravo pour JC qui a fait le lien. Même si la réponse que j’attendais était : « Il y a une lettre de différence ; Pensacola s’écrit avec un E et Panse à cola avec un A »
2) Le piège était qu’il n’y avait pas de piège : un oignon (Monsento ou génétiquement modifié étaient de meilleures réponses).
3) Autre Pierre Yves –> A.P.Y –> happy –> heureux ; CQFD
4) Évidemment, Lynyrd Skynyrd, Sweet Home Alabama…
Les nouvelles énigmes
1) C’est quoi donc cette fleur ?
2) Math.
A propos de l’article « Matinée épique », calculer, en km/h, la vitesse moyenne des Terr’Ailleurs à partir du moment où la fonction sportive est enclenchée jusqu’à l’arrivée au Ferry. Calculer ensuite cette vitesse si je ne m’étais pas arrêté pour pisser. Je veux 2 chiffres après la virgule pour les 2 réponses.
3) Culture pop-music
Lors d’une discussion avec Béa, elle me dit : « D’accord, on y va mais… » Je l’interromps alors brusquement en faisant semblant de buzzer et hurle : « Frank Turner ! » Expliquez pourquoi…