LOUISIANE – 2602 Km (distance cumulée depuis Miami…)
- 19, 20 et 21 Mars : Quelque part – New Orleans ; 66 km
- 22 Mars : New Orleans – Lutcher ; 90 km
- 23 Mars : Lutcher – Baton Rouge ; 68 km
- 24 Mars : Baton Rouge – New Roads ; 81 km
- 25 Mars : New Roads – Simmesport ; 73 km
- 26 Mars : Simmesport – Bayou Chicot (SP) ; 81 km
- 27 Mars : Bayou Chicot (SP) – Oberlin ; 76 km
- 28 et 29 Mars : Oberlin – Merryville ; 94 km
Les CHALLENGES !
- Pour Cathy et Dom : échec sur le panneau de Baton Rouge, jamais vu… Désolés ! Tout ce qu’on peut vous proposer, c’est ça :
- Pour Jeanmichmich : bon, mon vieux, on a fait du mieux qu’on a pu… Voici tout ce qu’on a pu récolter (pour l’instant !) comme choses « douces pour la planète » :
Ah non, zut, c’est pas cette photo
des trains de marchandises d’une longueur incroyable
le tram de la Nouvelle Orléans
- Pour Raf’ : la photo avec l’électeur de Trump. Là, y’a pas foutage de gueule ! Je n’ai même pas eu besoin de me forcer pour avoir « l’air réjoui ». La suite dans le corps de l’article…
- Pour Ana : Béa qui joue de l’harmonica à la Nouvelle Orléans, pour des raisons de longueur de format vidéo nous avons coupé la séquence où je montre la casquette bourrée de dollars.
- Pour le Chef : une 3ème bière de la liste ! Pas terrible… Aucune ne sont vraiment transcendantes d’ailleurs. Je me languis de la Belgique. Heureusement, on trouve très très souvent de la Guiness. Un pis-aller qui me va bien.
A ce propos, restons avec le Chef cinq minutes…
Histoire des histoires du Chef, ou comment la pointe hérétique sème le doute.
Déjà, pour tous les pauvres bougres qui ne connaissent pas encore le Chef, pour tous ceux qui ne marchent pas dans la lumière du Raid, une petite explication. Le Chef fait parti d’un groupe d’amis participant tous les ans à une manifestation cycliste, privée, bièreuse et spirituelle appelée Le RAID.
Le plus souvent, le Chef est en charge du parcours, physique et spirituel, il nous guide, nous aide à avancer, nous montre la voie, nous fait grandir…
Paroles du Raid, selon Antoine le Prudent, verset 3 : « Et le Chef dit aux Raiders : Il faut manger, les gars ! »
Or, donc, récemment, sur mon vélo, je pensais au Chef et à ses enseignements. Il est vrai que j’ai pu voir, il y a peu, quelques diaporamas montrant les voyages du Chef. Parmi ceux-ci, le Grenoble – Terre sainte de Barbonval m’a particulièrement marqué. En effet, 4 jours en plein hiver, des étapes de 150 bornes, les contreforts des Alpes, des images pieuses magnifiques (dont une sublime, par sa composition et ses couleurs «Ombre du Chef sur la route ») m’ont amené à méditer.
Mais comment le Chef fait-il, me disais-je, pour continuer à suivre le saint crédo du Raid (Au moins 4 bières par jours tu boiras ; Aucun fortifiant chimique ne prendra…) et pour accomplir des exploits pareils ?!
C’est là, je l’avoue, qu’une hérétique petite pointe est venue me torturer : Il ne peut pas, me disait-elle, il triche, il ne boit pas ses bières… Et mon Moi Conscient de se récrier : Impossible ! Le Chef est lumière ! Le Chef est le chemin du Cycliste ! Le Chef ne triche pas !
Mais trop tard, le doute était là, sournoisement installé… Je lâchais alors mon guidon, levais les mains et les yeux au ciel en m’écriant :
« Chef ! Montre-moi que tu ne triches pas ! Adresse-moi un signe ! »
Et c’est à cet instant que mes yeux tombèrent sur ce petit panneau, ce maudit écriteau, ce nom de rue impie qui depuis, hante mon cœur et mon âme…
Bon pour commencer, à la demande générale d’André, quelques gribouillis effectués durant le voyage :
Nous arrivons tranquillement à la Nouvelle Orléans.
La ville est traversée par de nombreuses pistes cyclables qui nous permettent de rouler plus ou moins en toute sécurité. On profite d’être dans une grande ville pour trouver un nouveau rétro pour Pierrot, vu qu’il y a plusieurs jours, un gamin débile avait fait tomber le vélo en pleine nuit (enfin, il devait être 20H45) et avait cassé le miroir.
On a pris quelques libertés avec le challenge de papa et maman Tillier, puisque l’hôtel chicos avec Margarita dans le jacuzzi, s’est transformé en location d’une petite maison dans le quartier Milan de la Nouvelle Orléans pendant 2 jours et 3 nuits.
On profite donc d’un vrai lit, d’une salle de bain tout confort, d’une machine à laver. Mais surtout d’une cuisine équipée avec frigo américain, un four, une gazinière. Royal. Du coup, on se régale de petits plats mitonnés par le cuistot :
- Œufs à la cajun (c’est comme des œufs à la savoyarde mais comme il n’y a pas de crème fraiche ni de gruyère, c’est remplacé par une espèce de crème au fromage et en plus, il y a des patates douces).
- Full irish breakfast (avec du bacon, saucisses, toasts, œufs, beans). Une valeur sûre.
- Pâtes au saumon (on a trouvé une épicerie fine avec un rayon « français » et on se jette sur le pot de « crème fraiche ». Finalement c’est tout dur dans le pot mais après la cuisson c’est tout liquide, mais c’était bon quand même.
- Le fin du fin aura donc été steak mi-cuit de thon avec ses pommes de terre grenailles. Une tuerie.
Merci beaucoup aux parents pour ce super cadeau d’anniversaire ! C’était vraiment un chouette logement et un super moment !
ET ! Pour tous ceux qui souhaiteraient venir à la Nouvelle-Orléans (et ça vaut le coup !), essayez de réserver bien à l’avance… Sinon, ça coûte « the skin of the butt »… Mais bon, à vélo, on n’avait pas trop le choix… D’où le séjour raccourci et le soutien Anniversaire des parents !
On profite donc de ces deux jours pleins pour visiter la Nouvelle Orléans. Nous laissons les vélos à la maison et préférons emprunter le tram. On déambule dans le quartier français et Marigny. La ville est évidemment très touristique. L’architecture est magnifique avec ses balcons en fer forgé.
On trouve l’empreinte du passé français un peu partout.
Bon à ce sujet, j’essaie de vous la faire courte. On a bien compris que vous préférez lire des trucs où on en chie plutôt que des trucs qui vous instruisent. N’essayez pas de me faire croire le contraire.
Bref, au XVIIe siècle les français sont venus colonisés les territoires du nord des Etats Unis et du Canada, principalement en Acadie. Milieu du XVIIIe siècle pendant une guerre qui opposa une nouvelle fois les anglais et les français, les colons se sont fait virer et ont du s’exiler par bateaux vers de nouveaux territoires. Direction le sud du pays et plus spécifiquement la Louisiane. Cette région sera par alternance française et espagnole jusqu’à ce que Napoléon la vende aux tous jeunes Etats Unis. Ainsi cajun est une déformation d’acadien et bayou qui signifie sinueux, vient tout simplement de boyau. Fin de la parenthèse culturelle.
Quelque soit l’heure de la journée, la musique live est partout dans la rue, dans les bars, du jazz évidemment, du blues … Les fans de la série « Tremé » auront noté notre choix du club de jazz (voir aussi la vidéo ci-dessus). Terrible, on a adoré.
USA, Culture et Nouvelle-Orléans : le dessous des cartes
Enfin ! Enfin ! Enfin ! Enfin un vrai plaisir culturel ! Enfin une vraie claque de bonheur ! Enfin de la finesse paradoxalement brute ! Enfin du vrai, du beau, du fort ! Enfin le jazz et la Nouvelle-Orléans !
Alors, oui, pour ne rien vous cacher, j’ai trouvé ces deux jours à la Nouvelle-Orléans assez plaisants (le nom de cette figure de style sera l’objet d’une énigme…) Néanmoins, après avoir, à regret, quitté cette merveilleuse, prodigieuse, extraordinaire, fantastique, unique, ville de Louisiane, une question me tarauda… Pourquoi le reste du pays (ou, tout du moins, les 6000 km où nous avons déjà fait tourner nos roues, en 2013 ou en 2018) ne présente t-il strictement aucun intérêt culturel, est chiant à mourir, donne envie de vivre à Bogny sur Meuse, alors que la Nouvelle-Orléans devient, dès ce jour, un de mes endroit préféré au monde ???
J’ai donc entrepris quelques recherches. J’ai passé des heures et des heures sur internet, des jours et des jours dans les centres de documentation les plus pointus du pays, demandé et obtenu la dé-classification de documents historiques « secret défense » qui portaient sur le sujet… Aujourd’hui, je suis en mesure de retracer presque sans erreur le processus décisionnaire, datant du tout début de la fondation des Etats-Unis, qui conduisit à cet état de fait. Je vous le relate ici bas, ici même…
Une salle de réunion obscure, sentant l’herbe à pipe, accueille 6 des hommes les plus puissants du Sud-Est des futurs USA. Ils sont assis autour d’une table ronde dont le bois, vernis de frais, reflète leurs visages autoritaires. Un peu avant chacun avait parafé l’accord n° 38 bis, qui resterait l’un des plus important, et qui divisait ce grand Sud-Est en 6 Etats : la Floride et le Texas (revenus aux deux plus puissants de ces messieurs), l’Alabama et la Georgie (revenus à deux gestionnaires avisés et conscients de leurs forces et de leurs faiblesses), le Mississipi (revenu à Régis, récent migrant Picard, pas le plus vif des 6), et la Louisiane (revenu au plus fin et sournois des Acadiens).
- Texas (TX): Bien Gentlemen, le plus dur est fait, les Etats sont découpés !
- Louisiane (LA): Ouais, ouais, certains s’en sortent d’ailleurs mieux que d’autres…
- Floride (FL) : Bon ! Ne revenons pas là-dessus, LA, je vous en prie ! Cela nous a pris assez de temps…
- Régis (Régis) : Et ouais ! Et ouais ! Fallait savoir se débrouiller LA, fallait être malin comme Régis ! Et ouais ! Et ouais !
- Alabama (AL) : Fermez-la Régis…
- Georgie (GA) : Oui, femez-la… Pourrait-on passer à la répartition des infrastructures culturelles maintenant ?
- FL : J’allais y venir. Comme vous le savez, le grand Sud-Est s’est vu, comme tous les autres secteurs du pays, attribué un certain nombre de points qui correspondent aux sommes que nous pourrons nous répartir pour tout ce qui concerne la culture dans nos 6 Etats…
- LA : Et…
- FL : Et ce nombre de point est…
- AL : Alors !
- FL : Et bien… Nous n’avons que 4 830 points…
- Régis : WAOU !!! 4 830 ! Comment ça claque !!! 4 830 !!! Sans déconner ! C’est mortel !!!
- TX : Fermez-la Régis ! La moindre région mexicaine ne compte pas moins de 30 000 points à dépenser sur la culture… 4 830, c’est nul…
- GA : Mais comment le Grand Organisateur Mondial s’y prend-il pour distribuer ces points !?
- FL : Et bien, il donne un certain nombre de points en fonction des centres d’intérêt culturels de chaque habitant du secteur…
- TX : Oui, par exemple, un habitant qui aime lire rapporte 10 pts, s’il aime la musique, 10 pts de plus, s’il en joue, c’est 20 pts, et de même pour tous les arts : peinture, sculpture, théâtre, etc.
- FL : Mais ce n’est pas tout ! La culture générale compte aussi ! Quelqu’un de curieux, en Histoire, en Géographie, ou en n’importe quoi rapporte aussi des points !
- LA : Mais bordel ! Ce n’est pas possible ! Le grand Sud-Est compte plusieurs millions d’habitants ! Comment est-il possible que nous n’ayons que 4 830 pts !!!?
- Régis : WAOU !!! 4 830 ! Comment ça claque !!! 4 830 !!! Sans déconner ! C’est mortel !!!
- Les autres : Fermez-la Régis !
- TX : C’est possible, simplement parce qu’on peut aussi perdre des points de culture…
- FL : Oui… Par exemple, toute personne mono ou bi-maniaque fait perdre 50 pts. Ainsi, chez moi, tous les Vieux qui n’aiment que la pêche et leur chien nous font perdre des milliers de points…
- GA : Je pense que c’est un peu pareil pour chacun d’entre nous… Sur nos territoires, personne n’est vraiment curieux de quoi que ce soit… On ne peut pas s’attendre à avoir des millions de points.
- LA : Ok, ok ! Toujours est-il que nous avons quand même 4 830 pts…
- Régis : WAOU !!! 4 830 ! Comment ça claque !!! 4 830 !!! Sans déconner ! C’est mortel !!!
- Les autres : Ta gueule !
- LA : … donc, qu’allons nous en faire ?
- AL : Je pense que ce serait une erreur de les répartir… On aurait à peine de quoi se payer une salle de spectacle dans chaque comté…
- GA : Et encore… Il faudrait choisir entre ça et une bibliothèque…
- Régis : Nous, en Picardie, on n’en avait pas des biblioquètes… ça sert à rien…
- TX : Merci Régis… Bon, effectivement, autant regrouper tout. Je pense à Houston…
- FL : Absolument pas ! Miami me semble beaucoup plus indiqué, le climat est…
- Régis : Amiens !!!
- AL : Euh Régis… Vous avez le Mississipi maintenant…
- Régis : WAOU !!! Le Mississipi ! Comment ça claque !!! Le Mississipi !!! Sans déconner ! C’est mortel !!!
- LA: Ecoutez… On pourrait en débattre pendant des heures sans parvenir à tomber d’accord… J’ai avec moi 5 petites pierres blanches, et une noire. Celui qui pioche la noire choisit la ville…
- Régis : On pourrait pas faire un « cul de chouette » plutôt ? Le jeu du caillou, ch’connais pas trop…
- Les autres : …….. Bon, ok LA, sortez votre sac de pierres, on va faire comme ça…
Quelques minutes plus tard, la pierre noire en main, le rusé Louisiane (LA), décréta que la ville où serait concentré toute la culture du Sud-Est des Etats-Unis, au dépend de tout le reste du territoire, serait la ville de la Nouvelle-Orléans. Mais ceci, je pense que vous l’aviez deviné…
Nous finissons par quitter notre home sweet home pour reprendre la route, direction Baton Rouge. Entre ces deux villes, il n’y a aucune possibilité d’hébergement, à part des lodges qui coutent les yeux de la tête dans des anciennes plantations de coton. Nous faisons donc appel aux services de Warmshowers, la communauté des cyclistes qui offrent des hébergements à domicile. A Gramercy, Dale nous accueille non pas chez lui, mais dans son garage qui se situe à 1 mile de là. Nous disposons donc d’un lieu sécurisé avec un chiotte et de l’eau chaude. On n’en demande pas plus.
Nous arrivons à Baton Rouge. La ville n’a pas grand intérêt puisqu’elle semble être avant tout administrative. Nous la traversons de part en part, mais jamais nous ne trouverons le panneau en français permettant de valider le challenge des Guillemain.
On traverse le Mississipi en crue.
A certain moment, on ne distingue même plus les méandres, le fleuve est devenu une sorte d’énorme lac intérieur.
En arrivant à New Roads, on découvre à nouveau l’organisation des ces petits bleds du sud, à savoir le quartier noir à l’extérieur un peu craignos avec des maisons décaties et plus on s’approche du « centre historique », plus les maisons deviennent classes. Nous nous arrêtons donc le soir chez Jim. Finalement c’est surtout un bar restau qui gère également des emplacements de camping cars. La serveuse nous autorise à planter gratuitement entre deux caravanes puisque les propriétaires sont partis pour le week end. Le bloc sanitaire n’a rien à envier à la classe bolivienne. Dans la partie femme, pas de porte aux chiottes ni aux douches. La porte principale ne se verrouille plus. Deux WC sans âge, complètement disloqués, marron d’on ne sait trop quoi. Je m’engage vers les douches en conservant mes sandales car le sol est maculé de crasse, de mégots et de paquets de clope. Première douche, pas d’eau. Je me dirige vers la deuxième, pas de pommeau de douche. En tournant le robinet, l’eau sort directement du mur, évidemment froide. Je me savonne donc rapidement. Par contre l’eau est super douce, du coup, je suis obligée de rester trois plombes sous l’eau glacée pour me rincer.
Nous passons la soirée au bar. On est samedi soir, il y a une super ambiance bien que les opinions politiques du coin soient clairement affichées.
Du coup, on trouve TRES facilement à valider le challenge de Raf en trouvant un électeur de Trump. J’essaie désespérément de lui faire comprendre le concept de challenge à relever et je vois bien à son regard que ça ne percute pas. Du coup, je lui demande juste de poser devant l’affiche de Trump avec Pierrot. Il s’exécute très volontiers, et du coup, je pense que nous sommes passés pour des partisans du président tout fou. Bienvenus dans le sud.
On rencontre Georges, descendant de cajun, il nous paie une bière, on passe la soirée ensemble à parler de la France, des Etats Unis, de Lafayette, de Trump, de sport, de vin …
Il aura été d’une patience exemplaire en utilisant un vocabulaire à peu près accessible pour nous. Bref, on aura passé une super soirée. La serveuse du bar finira même par nous offrir deux tee-shirts de l’établissement.
Samedi 22H46, Pierrot : « Ils sont sympas ces fachos, quand même »
Bon… Là, initialement (sur le vélo, quoi), j’avais prévu de vous écrire un petit pavé, drôle et profond (… qui a dit : « comme d’habitude », 2 pts pour lui…), parlant du fond et de la forme, de l’être et du paraître, évoquant la dichotomie inhérente à l’habitant sud-étazunien, et mettant en lumière, surtout, ce mélange de sentiments qui m’habitait… Comment faire cohabiter le côté émotionnel, cette excellente soirée, ce bien-être de l’instant T, et ce malaise purement intellectuel à se sentir bien avec des personnes racistes, réactionnaires, sans aucune conscience des enjeux écologiques évidents et fondamentaux pour la survie de leur espèce… (Je dis « leur espèce » et pas « notre » parce que nous, on aurait le droit de s’en foutre, on n’a pas de chiard…)
Bref, tout ça, tout ça, mais :
- Ca ne me revient pas.
- Ca transparaît déjà pas mal dans le récit de Béa.
Alors voilà, démerdez-vous sans cet éclairage… Si vous voulez que quelqu’un vous mette sur le chemin de la Lumière, vous pouvez toujours demander au Chef. Quoique…
L’itinéraire nous fait passer beaucoup plus souvent par des petites routes à l’écart de la circulation et longeant le Mississipi. A Simmesport, on repère un nouvel hôte warmshower. A la base c’est un restaurant de fruits de mer qui propose aux cyclistes de pouvoir planter derrière chez eux en profitant des chiottes du restau. Quand on arrive sur place, l’établissement est fermé et finalement le coin d’herbe est occupé par un énorme container à poubelle. Un vieux arrive dans un pick up. Coup de pot, c’est le père du gérant. Il l’appelle pour le prévenir de nos intentions. Dix minutes après, Debbie sa femme arrive. Elle nous explique que finalement aujourd’hui le restaurant est fermé. Mais pas de problème, on peut s’installer à l’intérieur.
Quand on entre à l’intérieur, il y règne comme une drôle d’odeur, limite un peu rance. Ca me fait penser à l’odeur du laboratoire de boucherie quand je bossais à Intermarché. Elle nous fait visiter les lieux et s’excuse du bordel qui y règne. Effectivement, on hésite entre une salle de jeux pour gamins et un restau. On sort à l’extérieur pour arriver dans une sorte de cagibi qui s’avère être la cuisine. Les semelles des chaussures restent collées au sol. Les friteuses sont noirâtres. Du coup on bénit notre bonne étoile de ne pas avoir à y manger ce soir. Vers 17h30, un nouveau cycliste arrive, un carboneux, prénommé Keith. Lui aussi, suit la Southern Tier mais de l’ouest vert l’est. Ray, le patron du restau lui fait également la visite et finalement, il demande à Keith de bien vouloir cuisiner pour nous trois, car c’est son jour de fermeture et il doit aller faire des courses. Keith se met au fourneau alors qu’il a encore son casque de cycliste sur la tête. Donc au menu du soir, pièce de bœuf, patate et haricots verts. On dîne tous les trois en papotant vélo bien évidemment.
Pierrot lui demande alors où il compte s’installer dans la salle de restau pour passer la nuit. Il répond qu’il ne sait pas. ??!!?? Finalement, on comprend ses intentions vers 20h00, après avoir mangé, il file faire le plein de provisions à la supérette du coin et saute sur son vélo pour continuer sa route en pleine nuit. Son objectif est de faire la traversée des Etats Unis le plus rapidement possible et quand nous le rencontrons, ça ne fait que 13 jours qu’il est parti de San Diego.
Ce qui nous fait… même en prenant au plus court… au moins… ouais, au moins 3 500 bornes en 13 jours. PUNAISE !
Il me fait penser à quelqu’un, le Keith, mais à qui… ?
Du coup, on se retrouve à nouveau tout seul dans la salle de restau et on s’endort comme d’habitude très rapidement. A 22h00, réveil en fanfare, les néons de la salle s’illuminent. C’est le patron qui a fini ses courses et vient les ranger avec sa femme et son collègue. Au bout de 20 minutes, on se rendort. A minuit, le patron se pointe à nouveau pour bidouiller des trucs dans sa cuisine. Ca commence à ressembler à une nuit de merde. Une heure après, on entend un mec complètement bourré qui siffle comme un dingue et braille comme un âne derrière le restau, là où on aurait dû initialement planter la tente. Ca durera bien pendant une demi-heure. Le lendemain matin, on est un peu dans le pâté. En repliant les matelas, on se rend compte qu’on n’aurait pas dû faire nos feignasses la veille et qu’on aurait dû les mettre sur notre bâche. Le sol a laissé des vieilles taches de graisse dégueu et collantes sur nos matelas.
On finit enfin par trouver des tronçons de plusieurs dizaines de kilomètres, sans rien, sans maison et donc sans chien. Car on a encore rencontré quelques déconvenues avec l’espèce canine. Nous roulions pépère sur une petite route de campagne quand deux pitbulls traversent la route et foncent comme des balles sur nous. Pierrot les engueule mais ça ne semble pas les traumatiser. Du coup, il freine pour se redresser et les engueuler du haut de ses 1m75. Je pile comme une dingue pour ne pas m’emplafonner dans son vélo. Je m’arrête à quelques centimètres de son pneu arrière, mais je suis embarquée par le poids de mon vélo. Je me vautre comme une grosse crotte sur la route et m’enfonce le guidon dans les côtes. Plus de peur que de mal et pourtant j’ai eu super mal, c’est vous dire si j’ai eu la trouille.
Marre des cathos, vive le scato ; où l’on apprend une expression rigolote
En Louisiane, le nombre de Church (temples / chapelles / petites églises…) n’a pas diminué. Chaque village, chaque bled, chaque hameau, en possède une demi-douzaine, et même sur les routes, en pleine cambrousse, on en trouve… Faut-il mettre en corrélation le manque flagrant d’activités culturelles et le nombre de centres religieux ? Je pose simplement la question. Je me garderai bien de répondre que c’est une évidence absolue, pour ne pas vous influencer dans votre réflexion. Néanmoins, toutes ces églises, dont aucune ne présente même d’intérêt architectural (ce sont des hangars en tôle surmonté d’un faux clocher standard (3 modèles différents, de 2 400 à 5 150 $)) me font chier. Le problème, c’est qu’elles ne me font chier qu’au sens figuré quand j’aimerais qu’elles le fissent au sens propre.
Ah ! Ah ! Direz-vous ! Le voilà enfin le scato !
Et oui ! Le voilà ! Rien de telle qu’une petite histoire de caca pour rendre un papier moins cul-cul. (Redites cette dernière phrase plusieurs fois, je la trouve extra !)
Donc, revenons au fondement. En voyage, et même ailleurs que chez moi en général, j’ai du mal à seller…
- Ca ne se dit pas seller !
- Te revoilà dans mon article toi ? Et pourquoi ça ne se dirait pas !?
- On dit seller un cheval, pas une crotte. Pour la crotte, c’est aller à la selle…
- Ah, ah, ah ! Madâââme sait toujours mieux que tout le monde…
- Ben, oui…
- Et ben moi, je selle, et pis c’est tout…
Donc, j’ai du mal à seller… Même s’il est vrai que le vélo excelle à faire seller, je décèle que le burger recèle insuffisamment de fibres pour la selle. Or donc, au bout de 3 ou 4 jours sans selle, la situation commence à être inconfortable, surtout à vélo.
Et c’est là que ça commence à être dangereux, puisque, souvenez-vous, le vélo excelle à faire seller… Le mouvement des jambes à vélo et le travail des abdominaux massent donc l’intestin où la selle coince, et là, vous sentez monter comme un irrépressible besoin physique et gazeux… Et là ! Vous avez 2 ou 3 secondes, pas plus, pour décider… Soit vous retenez –> douleur. Soit vous expulsez –> danger.
Le plus souvent, on expulse. Ce phénomène, que tout cycliste (surtout en vélo couché) connait bien, je lui ai donné un nom… Il me semble approprié que désormais, pour les situations de ce type, on adopte dans le langage courant l’expression de :
« Pet roulette russe » ou « Prout roulette russe » ou, en abrégé « Proulette russe ».
Voilà les amis. Ravi d’avoir participé à votre édification. Bonsoir, bisous, et bonnes selles.
On s’arrête à Chicot State Park, nous sommes quasiment seuls dans le camping. Génial, il va y avoir moyen de passer une bonne nuit. C’était sans compter sans les quatre ratons laveurs qui ont explosé le couvercle en bois d’une poubelle et fouiller dedans pendant 20 minutes pour trouver de la nourriture. Même en les éclairant avec notre lampe torche, ça ne les a pas fait fuir et on a pu les admirer tout à loisir.
On traverse ensuite toute une zone humide constituée d’étangs artificiels pour l’élevage des écrevisses. C’est une des spécialités culinaires du secteur et je suis dégouttée car jusqu’à présent je n’ai pas trouvé le moyen d’y goutter.
Les possibilités d’hébergement sont vraiment très réduites dans le secteur car l’endroit n’est pas vraiment touristique. A Merryville, le petit musée local offre aux cyclistes la possibilité de se loger dans une petite cabane. Comme la journée du lendemain est prévue pour être très pluvieuse, nous y squattons donc pendant deux nuits.
le lendemain, après l’orage qui a duré 12h non stop
La Tristitude (suite)
La Tristitude, c’est la banane qu’est écrasée dans les vêtements
C’est quand tu l’avais pas r’marqué du jour d’avant
Et c’est quand la femme de ta vie trouve ça marrant…
Et ça fait mal…
La Tristitude, c’est la barquette de fraises qui coule dans ta sacoche
C’est quand t’apprends pas d’tes erreurs, et ça c’est moche…
Et c’est quand la femme de ta vie rit comme une cloche
Et ça fait mal, mal, mal !
Refrain : La Tristitude, c’est moi, c’est toi, c’est nous, c’est quoi
C’est de faire du vélo au fond des USA.
La Tristitude, c’est huuum, c’est wiiizzz, c’est eux, c’est vous
Les fruits dans les sacoches ce ne va pas du tout…
Coin des jeux, énigmes et autres mystères
Solution des énigmes précédentes
- La fleur ! Personne n’a réussi à nous donner le nom de cette fleur ! 5 pétales blancs, des tiges en liane garnies d’épines grosses comme ma bite ! (Sur la photo, on ne les voit pas, mais si on s’approche de très près, on les aperçoit…) Il s’agissait d’une Ephénira Blanca de Louisiane.
- « On y va mais… » –> Y va mais –> Eva May (exactement la même prononciation) –> super chanson de Frank Turner.
- Alors là, suivez bien, sans prise de tête, tranquillou bilou, même les plus réfractaires d’entre vous vont comprendre, c’est sûr ! Chanchan, c’est pour toi !
- Vous savez, en lisant l’article, que 24 km ont été parcourus en 1h et 7 min (avec pause pipi) en 1h et 6 min (si on enlève la pause pipi).
- Vous devez trouver une vitesse en km/h, donc le nombre de km parcourus en UNE heure. Il faut donc diviser le nombre de km par le nombre d’heures (Ex : si je fais 30 km en 2 heures –> 30 : 2 = 15, je vais à 15 km/h).
- Le problème n°1, c’est que le nombre d’heure n’est pas entier ! 1h et 7min… Il faudra donc diviser nos 24 km par 1h et 7min, c’est-à-dire par 1h et un petit morceau d’heure (7min), on divisera donc 24 par 1,…. (une heure virgule ???)
- Le problème n°2, c’est que les nombres qu’on utilise derrière la virgule, les décimaux, sont en base 10 (décimal = 10) ; alors que les heures représentent 60 minutes, et pas 100 comme elles devraient le faire en base 10. Il faut donc transformer 7min. Le faire passer de la base 60 à la base 100. Facile ! Pour sortir de la base 60, je divise par 60 ! Logique ! Et pour passer en base 100, je multiplie par 100 ! Logique ! –> 7 : 60 = 0,1166666… allez, on arrondit à 0,12 –> 0,12 x 100 = 12 ; donc, 7min représentent 12% d’une heure, donc, 1 heure et 7min, en nombre décimal, ce serait 1,12!
- Il ne me reste plus qu’à diviser le nombre de km effectués (24) par le nombre d’heure (1,12) pour connaître la vitesse moyenne en Km/h ! 24 : 1,12 = 21,42…
- Réponse 1 : La vitesse moyenne de la période, avec la pause pipi, est de 21,42 km/h
- A vous de faire la réponse 2, même chose avec 1h et 6min…
- Si vous n’avez rien compris, venez vous installer aux USA, ce pays est fait pour vous !!!
Les nouvelles énigmes :
- « J’ai trouvé ces deux jours à la Nouvelle-Orléans assez plaisants » Vous connaissez le contexte, donner le nom de cette figure de style.
- Comme beaucoup de vélo-couchistes, nous avons développé le bronzage Tigrou. Veuillez indiquer à quel endroit du corps précisément on trouve ce bronzage…
- Observez bien la photo suivante. C’est de nourriture qu’il s’agit (si, si…) Qui peut donner le nom de ce produit et de quoi il est constitué ?
- Comment s’appelle la route par laquelle nous sommes entrés à la Nouvelle-Orléans ?