San Diego : 5892 km

 ARIZONA – CALIFORNIE – 5 892Km (distance cumulée depuis Miami (Floride)…)

  • 19 Mai : Mesa – Surprise ; 75 km ; D+120m
  • 20 Mai : Surprise – Wickenburg ; 50 km ; D+274m
  • 21 Mai : Wickenburg – Salome ; 90 km ; D+235m
  • 22 Mai : Salome – Quartzsite ; 71 km ; D+218m
  • 23 Mai : Quartzsite – Palo Verde ; 78 km ; D+151m
  • 24 Mai : Palo Verde – Brawley ; 112 km ; D+524m
  • 25 et 26 Mai : Brawley – Ocotillo ; 74 km (en 7h00) ; D+327m
  • 27 Mai : Ocotillo – Boulevard ; 44 km (en 5h08) ; D+1149m
  • 28 Mai : Boulevard – Ma Tar Awa (Alpine) ; 59 km ; D+700m
  • 29 Mai : Ma Tar Awa (Alpine) – SAN DIEGO ; 52 km ; D+540m

 

 

LES CHALLENGES

 

Et ben voilà ! Over les challenges ! Y’a pu ! Fini ! Rien de neuf… Ces derniers temps furent quasi exclusivement consacrés à la bagarre et à la survie ; on a un peu délaissé les autres préoccupations dont faisaient parti les Challenges. Toutefois, presque tous ceux qui avaient laissé un ou plusieurs challenges ont été pris en compte, au moins une fois.

Des excuses cependant pour les 4 malheureux qui ont vu leurs challenges s’échouer sur le récif d’une difficulté trop grande ou sur les hauts-fonds de notre médiocrité indifférente… Des excuses, donc, à Simone, Doudou, Marie et Math pour notre échec patenté à les satisfaire.

Alors pour vous consoler, la fin de La Tristitude…

 

 

La TRISTITUDE (fin)

 

La Tristitude,

C’est quand une guêpe te pique le pied dans une montée

Quand dans une descente le vent t’empêche d’avancer,

C’est quand une fourmi mord ton gland pour le dîner !

 

Et ça fait mal, MAL, MAL !!!

 

Refrain

 

La Tristitude,

C’est quand ça fait trois jours que tu peux pas t’laver

Quand pendant ces trois jours il fait quarante degrés

C’est quand ta propre odeur parvient à t’réveiller…

 

Et ça pue, ça pue…

 

La Tristitude,

C’est quand les fourmis bouffent tes barres au chocolat

C’est quand ta sacoche est remplie de cancrelats

C’est quand une fois d’plus tu déchire ton drap de soie !

 

Et ça fait mal, mal, mal !

 

Refrain

 

A Phoenix, tout du moins dans sa banlieue à Sun City, nous sommes hébergés par Bill. Sur son compte Warmshower, il spécifiait qu’il offrait juste un coin ou planter la tente à l’ombre sous son patio et qu’il ne faisait pas à manger qu’on devait donc se débrouiller. Pas de problème, la proposition nous convient. Nous traversons donc Phoenix très facilement car il y a beaucoup de pistes cyclables dont une qui longe le canal qui traverse en diagonale tout la ville.

Nous nous présentons donc devant chez Bill à l’heure convenue. Il a environ 80 ans, il est veuf et on sent comme une grande tristesse qui l’entoure. Finalement quand il voit nos bonnes bouilles cramoisies, il laisse tomber le patio et propose de nous installer au frais dans la chambre d’amis. Il ne faut pas nous le dire deux fois. Il est très patient et fait l’effort de parler lentement pour se faire comprendre. Finalement, le courant passe bien entre nous trois. Pierrot décide d’aller faire des courses et cuisiner ce soir pour lui. Au menu, pâtes à la bolognaise. Quand il revient, nous sommes en train de manger une énorme glace aux fruits rouges avec Bill. Il nous apprend alors qu’il est végétarien. C’est mal parti pour la bolognaise. Ce n’est pas grave nous dit il, ce soir je vous emmène au restau. En attendant, on lui donne un coup de main pour finir son puzzle. L’ambiance est vraiment sympa et on sent qu’il apprécie lui aussi. Il éteint enfin sa télé pour mettre de la musique. Apparemment, il est fan de rock des années 50 et 60. Chuck Berry chante à tue tête dans la maison pendant que Bill nous parle de la guerre du Vietnam, de ses années dans l’armée à Berlin, de ses enfants et de sa femme morte il y a sept ans, de sa ferme dans le Kansas … Bref, j’ai pas tout tout compris, mais c’était un super exercice de compréhension orale.

Le soir, on saute tous les trois dans sa Prius et il nous emmène dans un restau mexicain. Au moment de payer l’addition, Pierrot veut l’inviter. Pas question, il dit que le restau c’était son idée et qu’il tient à tout payer. C’était à nouveau une chouette rencontre.

 

Nous reprenons donc notre route dans le désert de l’Arizona. La lassitude commence à se faire sentir. Déjà, ça fait plus d’un mois qu’on roule dans le désert et on a bien raison de dire que c’est un milieu hostile. Après une irritation au niveau du coccyx qui est bien embêtante pour faire du vélo, j’ai maintenant une méchante douleur dans l’épaule. C’est sans doute dû à une sieste pour le moins inconfortable sur un banc en bois dans le camping de Globe. J’ai dû me déplacer un truc au niveau de l’omoplate et du coup la douleur irradie jusque dans le biceps et le coude droit. Ce n’est pas terrible non plus pour faire du vélo et encore moins pour dormir. Du coup, ça fait maintenant plusieurs jours que je dors très mal.

Quand on arrive à Quartzsite, la ville est à nouveau un peu glauque. Elle est composée uniquement de RV Park. C’est une succession de camping car de part et d’autre de la route. Comme un grand campement de Manouches en plein désert. On en choisit un, huit dollars la nuit, ça va. On vise deux pauvres arbres pour nous protéger de la morsure du soleil. Ce n’est qu’après avoir planté la tente dans la poussière qu’on se rend compte qu’il n’y a pas de douche dans le camping juste un pauvre chiotte. Tant pis, l’étape du jour n’était pas si longue et on peut quand même se débarbouiller au robinet.

On franchit un quatrième fuseau horaire en traversant la rivière Colorado et en entrant en Californie. Mais cette fois ci, inutile de reculer d’une heure puisque nous venons d’Arizona qui n’applique pas l’heure d’été et est donc en ce moment à la même heure que la Californie.

On s’arrête dans le parc municipal de Palo Verde. C’est gratuit mais on doit partager l’emplacement avec les moustiques. On n’a encore pas de douche, mais on a la rivière Colorado pour retirer la crème solaire.

Une colonie de fourmis a élu domicile dans ma sacoche de bouffe. Incroyable, elles ont fait des trous dans l’emballage de chaque barre céréales et des paquets de noddles. Heureusement, la nana qui tenait l’épicerie de Palo Verde nous avait gracieusement offert un Monkey Bread. C’est un gâteau à pâte briochée lourdement chargé en beurre, sucre et cannelle. Excellent et bien roboratif.

L’étape du lendemain Palo Verde – Brawley me faisait un peu flipper. Déjà car Brawley est réputée pour être très chaude. Le relief est assez musclé, une grande grimpette suivie d’une longue descente. Le tout en 108 km sans trop rien entre les deux. Le matin à 4h00, il fait encore nuit noire. J’entends le vent faire plier les roseaux du Colorado. Inutile de sortir de la tente pour savoir qu’il souffle de l’ouest. Vue la longueur de l’étape, il ne faut pas perdre de temps. A 5h00, on commence à remballer. En sortant de la tente on se fait tout de suite assaillir  par les moustiques. On est obligé de s’enduire de citronnelle pour le petit déjeuner, rappelons que nous n’avons pas pris de douche depuis deux jours. Beeuuuhhh, je me sens toute crado.

En une heure, tout est empaqueté, on accroche les sacoches. Bim … crevaison de la roue arrière de Pierrot. Putaaaaain … Et c’est parti pour rouvrir la sacoche pour trouver le matériel de réparation. Le pneu se veut récalcitrant et Pierrot en chie comme un turc pour le retirer. Les moustiques s’en donnent à cœur joie. Au bout de trois quart d’heure, nous voilà enfin prêt à partir. Le soleil est déjà haut dans le ciel et il fait déjà chaud.

Je n’ai pas trop la pêche et me traine derrière Pierrot. La route grimpe un peu sans que ça soit non plus l’Everest. A la première pause pipi, au bout de 11 km, je jette un œil suspicieux à mon vélo. Ah ben oui, d’accord … Je comprends mieux … L’étrier de freins avant est mort et l’un des patins touche la jante. C’était donc ça le « chkling » que j’ai entendu hier après midi. C’est la petite barre en métal qui fait office de ressort qui a sauté. Rien de bien grave, sauf qu’on n’a pas de petite barre en métal de rechange. Du coup, pas d’autre choix que sacrifier le frein avant. On s’en fout, ça grimpe tout le temps au début.

On traverse les Chocolate Mountains. Le profil ne correspond pas du tout à ce qui était noté sur nos cartes. On se tape un horrible profil à bosses qui te broie les jambes, te met à plat au bout d’une heure d’effort et te vide de tout tonus. Quarante kilomètres pour arriver au sommet. L’horreur, j’ai l’impression de voir passer chaque kilomètre sur le compteur. Le pneu arrière de Pierrot a de nouveau des faiblesses. Forcément, il n’avait pas trouvé ce matin la cause de la première crevaison.

Devant moi, Pierrot peste, jure, hurle : « putain de pays de meeeerde ».

 

Bon, il est vrai que j’ai carrément craqué. Si j’avais su ce qui m’attendait le lendemain…

Mais j’ai craqué, craqué, craqué… Physiquement craqué… Les bosses… Si vous voulez vous rendre compte de ce qu’a été mon comportement, imaginez un Ado à qui on dirait :

« Oui… Non, ne cherche pas ton portable Jean-François-Kévin… Oui… Oui… Peut-être que tu préfères qu’on t’appelle JFK, mais pas moi, je suis ton père… Donc, ne cherche pas ton portable, je te l’ai confisqué… Et oui, j’ai cru déceler une certaine corrélation entre son utilisation abusive et ton manque d’investissement social et la chute de tes résultats scolaires… Et si tu veux comprendre ce que signifient les mots « déceler, corrélation, abusive et scolaire », surtout « scolaire », pas besoin de ton portable, tu peux utiliser le Petit Robert qui est dans mon bureau… Attention, un dictionnaire en papier, c’est lourd… Ne vas pas te fouler un poignet – même si je sais que dans ton cas, le droit ne manque pas d’entraînement… Donc, non, je ne te rendrai pas ton i-phone…»

Ce qui déclenche, vous l’aurez compris, cris, tremblements, insultes, roulades arrière, crise de larmes, menaces de suicide, etc.

J’étais donc dans cet état, ignorant du lendemain…

Au bout de deux heures, on a déjà vidé deux gourdes d’eau. Quand on arrive au sommet, on croit enfin que les difficultés sont derrières nous. Et ben, non, car ça sera une descente à bosses. Certes tu perds de l’altitude, mais tu dois appuyer dur sur les pédales pour passer chacune des bosses.

On arrive à Glamis à midi, on n’a fait que les 3 cinquièmes de la distance. On espère trouver un commerce ou au moins un point de ravitaillement en eau car nos réserves sont presque vides. Heureusement, notre bonne étoile refait surface à ce moment là. Il y a une épicerie dans le « bled » qui ferme à 13h00. On paie dix dollars pour un galion d’eau et deux Gatorade. Mais avec ça on devrait survivre jusqu’à la fin de l’étape.

On traverse les Algodones Dunes. On a l’impression d’être au milieu du Sahara. C’est effectivement très beau ces grandes dunes de sable, mais rapidement, on en a ras le bol des grandes dunes de sable.

Le vent, combiné avec le croisement de chaque voiture ou camion, nous envoie du sable en plein poire. Ca te fouette la peau et le sable reste collé avec la protection solaire, la citronnelle et la sueur … Le thermomètre monte de plus en plus. A 14h, il fait 39°C. C’est long, très long, trop long. On a mal aux genoux, aux cuisses, au cul, à l’épaule. Les automobilistes roulent comme des cons et nous frôlent de très près. Sans déconner, mais c’est quoi cette journée de merde.

A 16h, on arrive enfin à l’hôtel. 111 km au compteur en 7h51 de pédalage. On est rompu. Pierrot trouve la force après avoir pris sa douche de démonter son pneu arrière et réparer les deux chambres à air. Moi, je ne peux juste que plus bouger.

 

Te glorificamus Humour

 

Sentez-vous cette orphelinitude bloguesque ? Cet étrange vide ? D’où vient-il ? Comment s’explique-t-il ? Et bien c’est très simple… Ne cherchez plus, je vous donne la solution : pour la première fois depuis la création de ce blog, Raf’ n’a pas laissé de commentaire à un article !

« Mais pourquoi ? » vous récriez-vous ! Et bien la raison en est simple et complexe à la fois, et nous la devons à un culte religieux (comme beaucoup de problèmes sur cette Terre), le culte de Humour.

Genèse :

 

                Or, donc, ce matin là, je baguenaudais au milieu des cactus en chantonnant et en cherchant des idées pour distraire la bande d’ahuris tous mes fidèles amis, les followers… C’est là que, tout à coup, une voix tonna à mes oreilles :

  • PIERROT ! ECOUTE-MOI, ESPECE D’ANUS DE CHEVRE !
  • Ca serait difficile de faire autrement… Qui parle ?
  • C’EST MOI, HUMOUR, QUE TU VOIS DERRIERE TOI, MATERIALISE DANS CE BUISSON ARDENT !
  • Ah, ok, je vois… Alors, premièrement, ça, c’est pas un buisson, c’est un cactus. Deuxièmement, je ne vois pas ce qu’il a d’ardent… Y’a même pas de flamme… Ca fait pauvre quand même…
  • HA ! HA ! HA ! C’EST POUR FAIRE « EFFET COMIQUE »… JE SUIS HUMOUR, QUAND MÊME…
  • Huuum… Ouais… Admettons. Et que me vaut l’honneur, grand Humour ?
  • AVANT TOUTE CHOSE, DIS « CAMION »…
  • Ah, non, merci, sans façon, je la connais, j’ai pas envie de me faire peloter par un cactus qui parle…
  • OH, OH ! MONSIEUR JOUE LES DURS ! ALORS, TIRE SUR MON DOIGT !
  • Ah ben non, je connais aussi… En plus, les cactus, ça n’a pas de doigts…
  • TRES TRES FORT ! BIEN. ALORS ECOUTE CETTE BLAGUE-DEVINETTE : QU’EST-CE QUI EST PETIT, NOIR, QUI A 6 PATTES, ET QUI MORD LE GLAND DES COUILLONS EN TRAIN DE PISSER ?
  • … euh… une fourmi. Mais ce n’est pas une blague ça !
  • WARF ! WARF ! WARF ! CE N’EST PEUT-ÊTRE PAS UNE BLAGUE, MAIS JE TROUVE CA A MOURIR DE RIRE !!! AU FAIT, CA VA MIEUX TON GLAND ?
  • Ah… ah… ah… désopilant, en effet, de rire des douleurs des autres…
  • BON ! VENONS-EN A CE QUI M’AMENE…
  • Et ben, c’est pas un mal…
  • TEMPERE TON INSOLENCE, GLAND MACHOUILLE, C’EST LA QUESTION DE TA FOI QUI M’AMENE ICI !
  • Ma foi ? Mais elle est inattaquable ! Je crois en l’Humour ! En toute circonstance ! Dans la vie comme dans la mort ! Dans la forme olympique ou dans la maladie ! Chez les riches comme chez les pauvres ! Humour est mon dieu !
  • BIEN ! BIEN ! NOUS ALLONS POUVOIR VERIFIER CA ! POUR PROUVER TA FOI, HUMOUR RECCLAME UN SACRIFICE !
  • C’est vraiment hyper con comme idée… Pourquoi j’aurais besoin de sacrifier quelque chose ou quelqu’un pour prouver ma foi ? Complètement débile…
  • OH ! EH ! DOUCEMENT LES COMMENTAIRES ! C’EST PAS TOI QUI DECIDE ! ET PIS C’EST UNE TRADITION… D’AILLEURS, CA ME FAIT PENSER A L’HISTOIRE D’UN POTE QUI…
  • Euh ! Moi je veux bien être gentil, accommodant et tout, mais, juste, si vous pouviez arrêter de gueuler comme ça… Mes esgourdes morflent un peu, là…
  • AH, BOn, ok, je vais essayer… Mais ça fait drôle, non ? Ca fait moins impressionnant je trouve…
  • Nan… C’est bon… Continuez…
  • Ouais, donc, j’ai un pote qui avait demandé à un couillon, comme ça, pour déconner, de sacrifier son fils pour prouver sa foi ! Si ! Sans déconner ! Ce qu’on s’était marré ! Et attend ! L’autre, il était sur le point de le faire ! Sans déconner ! Un vrai dingue… Alors mon pote… Attend, tu va voir, c’est là que c’est le mieux ! Alors mon pote, il est intervenu. Il a pris la voix de Garcimore… Ouais, il l’imite super bien, c’est tordant… Il a pris la voix de Garcimore, pis il a jeté un drap sur le gamin que l’autre barjot allait lui sacrifier ! Quand il a retiré le drap, le gamin avait disparu et il y avait un agneau à la place ! Et mon pote qu’arrêtait pas de dire, avec la voix de Garcimore : « Hi ! Hi ! Hi ! Hop ! Y’avait un piti enfant… Hi ! Hi ! Hi ! Maintenant, y’a un piti mouton… Hop ! Hi ! Hi ! Hi ! » On s’est marré !!! Mais attend, tu connais pas le fin mot de l’histoire… L’autre barjot… Tu sais ce qu’il a fait ? Et ben, ni une ni deux, il a égorgé l’agneau ! Sans déconner ! Y’a de ces tarés quand même !… Du coup, mon pote était tellement dégoûté qu’il a décidé de ne plus jamais revenir sur Terre… Même quand son fils a eu des emmerdes, il l’a laissé se démerder, il n’est jamais revenu.
  • Edifiant… Remarquez, je me doutais…
  • Mais bon, le sujet n’est pas là ! Le sujet, c’est toi ! Es-tu prêt à tout sacrifier pour l’Humour ? Pour sa beauté ? Pour sa perfection ? Oui ou merde ?
  • … Ben, plutôt oui…
  • Bien ! Alors prouve-le ! L’un de tes follower fait n’importe quoi avec notre Art Sacré de l’Humour… Des blagues trop grasses, des chansons à la métrique boiteuse, et des jeux de mots approximatifs !
  • Et alors… Le fond est sympa, même si la forme chiotte un peu…
  • NON ! Hérétique ! Apostat ! Poils au bras. Ne fais pas ta petite fille ! Poils aux coquilles.
  • Poils aux coquilles… ???
  • … ouais… je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça… mais je sens qu’on est à un poil de Q de quelque chose de drôle…
  • … ah, ouais, je vois…
  • Mais revenons à nos agneaux ! N’essaie pas de défendre ton ami ! En Humour, la forme est tout ! Quand la forme n’est pas là, la blague ne fonctionne pas ! Elle est beaucoup plus importante que le fond qui lui, n’est que prétexte ! Tiens, écoute cette blague :

C’est Toto qui est sur un bateau, Var, le Ranger lui dit alors, Vaucluse, « Accroche-toi au pinceau ! », Vendée, « Je retire l’échelle ! », Vienne, et Toto répond : « J’m’en bats les coquilles ! » Haute-Vienne.

  • Waouh ! Super blague !
  • Ouais ! Et pourtant, il n’y a aucun fond ! La forme mon ami, la forme !!! Et pour avoir une forme convaincante, il ne faut surtout pas d’APPROXIMATIONS !!! Allez mon fils, va et ramène ta brebis égarée dans le droit chemin !
  • Oui mon Maître, j’y file !

 

C’est ainsi que je me mis à rédiger une réponse correspondant aux saints enseignements du credo Humour qui me valu et me vaut encore la rancœur acrimonieuse de ce cher Raf’ au point de lui faire oublier ses devoirs de follower. Ah ! Pardonne-moi mon ami ! Mais Humour est un Maître impitoyable et exigeant… J’espère te retrouver bientôt.

 

P.S : Toujours aiguillonné par ce dieu à l’incommensurable exigence, après avoir reproché tant et tant d’APPROXIMATIONS, à notre ami Raf’, je me suis mis en quête d’une bonne blague de situation… J’ai déniché un complice, élève de son établissement… Que n’aurais-je pas donné pour voir sa tête quand il est entré dans sa classe et qu’il a vu, inscrit au tableau, le mot « APPROXIMATIONS »…

Après Brawley, on croyait en avoir fini avec  les difficultés du voyage en vélos. Fini les problèmes d’approvisionnement en eau, les grosses chaleurs, la poussière. Et bien non, finalement, le pire restait à venir en tout cas pour Pierrot. Il est vrai que nous n’avons pas fait de journée de repos depuis Globe et que nous avons pas mal tapé dans nos ressources tant physiques que mentales. Il faut dire que les prévisions météo ne nous donnent guère le choix que d’avancer très rapidement, car ils prévoient du 41 à 43°C dans quelques jours. L’étape de Brawley nous a mis sur les genoux et je suggère donc à Pierrot de couper la prochaine étape en deux, histoire de s’économiser un peu. Pas question, Pierrot décide de rejoindre Ocotillo en une seule fois comme initialement prévu. On s’octroie une grasse matinée bien méritée pour essayer de se reposer au mieux. En plus, on doit s’arrêter au magasin de vélo d’El Centro pour trouver de quoi réparer mon frein avant, et l’établissement n’ouvre qu’à 10 heures. Le vent est assez fort et bien entendu, il vient de l’ouest. Pour rejoindre El Centro, il ne nous gêne pas trop, puisque nous allons plein sud. Sur la route, on voit le premier panneau indicateur, San Diego : 120 miles. J’en pleure de joie. Nous trouvons facilement le magasin de vélos. Le mécanicien n’est pas là, il faut attendre une heure. Pierrot préfère acheter la pièce et la changera lui-même le soir à l’étape. Le vendeur nous confirme que les automobilistes en Arizona sont des vrais « asshole » avec les cyclistes et que les californiens sont encore bien pires. On confirme.

On se dirige ensuite vers l’ouest, vers les montagnes. Le vent forcit de plus en plus, la route monte doucement, le revêtement n’est pas extra, mais on a vu pire. Pierrot fatigue de plus en plus, il s’abrite comme il peut derrière moi, on roule à 10km/h. On fait la pause de midi en s’abritant tant bien que mal derrière un gros tronc d’arbre. Le vent souffle de plus en plus et menace de faire tomber les vélos. On remonte sur nos montures, on a encore 30 km à faire pour rejoindre Ocotillo. Plus on s’approche de la montagne, plus le vent forcit. Pierrot lâche la rampe, il n’en peut plus. On fait des pauses régulières, on met la bouboule. Il n’a plus de jus, plus rien. A une vingtaine de kilomètres de l’arrivée, on voit un panneau sur la route. Route bloquée car le pont est HS. Pas question de prendre le risque de faire un aller retour pour voir l’état du pont. On quitte la route secondaire pour rejoindre l’autoroute 8. Celle qui est interdite au vélo. C’est bien noté sur nos cartes, et il y a un panneau à l’entrée de l’autoroute dans ce sens. Ben oui, mais voilà, on n’a pas le choix. Nous voilà partis sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute. Je roule devant. Régulièrement, Pierrot fait fonctionner sa sonnette pour me prévenir que je vais trop vite, je le perds. Le vent bourrasque, on guidonne pour essayer de rester le plus à droite de la bande. Les camions et voitures roulent à toute allure à côté de nous. Le vent nous vrille les oreilles on n’entend plus rien. Pierrot roule ensuite devant. On se traine à 6km/h. On va tellement peu vite que j’ai dû mal à garder l’équilibre. Si je pouvais rouler à mon rythme, je pourrais être entre 9 et 10 km/h. Du coup, je préfère m’arrêter régulièrement, le laisser prendre un peu d’avance puis le rejoindre en pédalant plus ou moins normalement. Ca me broie les rotules de mouliner comme ça. J’ai l’impression de voir passer toutes les centaines de mètres. On n’avance pas et le vent souffle de plus en plus fort. Je vois Ocotillo sur mon GPS, mais le point marquant notre position ne bouge pas. Ca y est, j’ai fini ma dernière gourde d’eau et il reste encore 7km. Ce qui à ce rythme là, doit encore nous prendre UNE HEURE. Cerise sur le gâteau, on traverse une nouvelle zone désertique. Le vent emporte le sable en tourbillon qui nous griffe le visage, on a du sable dans les yeux, les oreilles, le nez, partout … Je huuuuurle … Je n’en peux plus … faut que ça se termine, c’est trop dur. Finalement, je finis par rouler à mon rythme, avancer de 2km. Attendre Pierrot. Rouler à nouveau, attendre sous le soleil … J’arrive enfin sur la bretelle de sortie d’Ocotillo. Pierrot n’est qu’un tout petit point sur la route. Longtemps après, il arrive enfin, vidé, en pleurs. Il craque … La vieille salope rôde, elle n’est pas loin …

On prend une chambre un peu craspouille à Ocotillo. La voisine est à moitié dingue et la proprio nous prévient qu’il faut venir la voir si elle fout trop le bordel. Ce n’est pas vraiment un cas Tourette, mais on n’en est pas loin. Elle parle très fort toute seule, en jurant comme un chartier à base de « fucking machin … » . Elle insulte la terre entière puis passe aux larmes, supplie, claque la porte. Elle me réveillera trois ou quatre fois dans la nuit en braillant comme un âne, Pierrot lui n’entendra rien. Le lendemain, pas le choix, nous sommes obligés de prendre un jour de repos à Ocotillo. Le vent est déchainé. Trop cool, on va pouvoir profiter de la voisine encore pendant 24 heures. Ah oui, j’ai oublié de vous dire que Ocotillo compte une centaine d’habitants. Il y a une station service, un bar, une épicerie et un camping qui fait « motel » avec quatre chambres.

 

Le lendemain à 6h, le vent n’est toujours pas calmé. La météo prévoit une accalmie vers 10h. Mais on a la montagne à franchir, c’est-à-dire plus de 1100m de dénivelé en 40 km, donc on ne peut pas poireauter trop longtemps non plus. Pour moi, c’est mort. Le vent est plus fort qu’avant-hier et il n’est pas question qu’on se retape une journée comme celle d’Ocotillo, surtout que le relief est bien plus terrible. Il n’y a plus qu’à faire le planton à la station service et trouver une bonne âme qui accepte de charger tout notre matériel dans un pick up. Pierrot n’est pas d’accord et veut tenter le coup. Le problème c’est qu’on doit rouler sur l’autoroute pendant les 20 premiers kilomètres. Donc si ça ne le fait pas, on ne peut pas faire demi tour, vue que la voie qui part vers l’est est séparée de celle de l’ouest d’une bonne vingtaine de mètres. Mais bon, tant pis, on tente le coup.

Quand on rejoint l’autoroute, le vent rafale en nous poussant vers la droite. Je manque de me payer la barrière de sécurité. Ca grimpe sévère cette fois-ci et je guidonne dans tous les sens pour compenser les bourrasques et garder en semblant d’équilibre. Mon épaule me fait toujours autant souffrir et cet exercice n’arrange rien. Je préfère appliquer la même méthode que durant l’étape à Ocotillo, à savoir rouler à mon rythme et m’arrêter très régulièrement pour attendre Pierrot. Ca préserve grandement mes rotules. Vers 10 heures, effectivement, le vent s’est calmé.

Finalement, même si c’est interdit, on préfère rester sur l’autoroute. Le revêtement est impeccable et les montées sont plus régulières que sur les routes secondaires. C’est dur, on ne roule qu’à 7km/h mais l’effort est régulier. A chaque fois que Pierrot me rejoint, il est tout sourire. Il y croit. Il sait qu’on va y arriver. Et il a raison car au bout de 5 heures de pédalage, on a franchit le sommet et fait nos 40 km. (je vous laisse calculer la vitesse moyenne) .

Sur la route, on se fait rejoindre par un carboneux, Tony. On taille la bavette quelques minutes et il nous prend en photo pour l’envoyer à une de ses amies cyclistes. Comme il habite San Diego, je lui demande si éventuellement, on pourrait laisser nos vélos chez lui pendant un mois, puisque nous avons projeté de louer une voiture et prendre quelques semaines de repos pour nous remettre de nos émotions. Pas de problème, il nous propose même de nous déposer à l’agence de location de voitures. Il nous propose même d’aller chez lui dès maintenant, on se fera un barbecue. C’est bien alléchant, mais il y a encore 50 bornes à faire avec des bonnes grimpettes. Le rendez vous est donc pris pour le lendemain midi. Impeccable, du coup, je décommande le premier hôte warmshower qui avait accepté de nous recevoir sur San Diego car comme elle habite en appartement, c’est évident qu’elle n’aurait pas pu nous rendre les mêmes services. On passe notre dernière nuit d’errance dans la réserve indienne de Las Viejas.

La grande nation Apache, retour sur les terres indiennes

 

Quelques mots pour exaucer la volonté du gars Cyril et revenir sur notre expérience des Indiens (comprendre Amérindiens, ou Natifs) durant ce voyage.

Nous avons traversé les terres apaches, rencontré des gens qui côtoient les Apaches, rencontré quelques Apaches, et ce, pendant seulement 3 ou 4 jours. Cela nous suffit, intelligences supérieures que nous sommes, pour vous asséner toutes les vérités qui viennent.

Les Apaches ! Les Apaches ! Mythique ! Cochise ! Geronimo ! Ceux qui résistent jusqu’au bout ! Ceux qu’Hollywood a toujours essayé de faire passer pour des abrutis cruels et incultes, mais qui malgré tout attiraient bien plus notre sympathie que les autres crétins de cowboys gominés…

Les Apaches ! Les Apaches qui ont résisté aux Espagnols, aux Mexicains, aux Américains, jusqu’à ce qu’ils soient débordés.

Les Apaches ! Ces fiers guerriers nomades qui n’avaient pas la télé, pas l’électricité, pas l’eau courante, mais qui étaient toujours super bien rasés ! T’as déjà vu un Apache barbu ou négligé, toi ?

Les Apaches ! Les Apaches qui ont fédéré les autres tribus pour faire chier l’envahisseur blanc jusqu’au bout ! Et qui l’ont payé si cher…

La grande nation Apache qu’on disait sauvage et inculte parce qu’ils ne parlaient que très peu (contrairement aux Américains), mais qui possédait une incroyable sagesse philosophique. Le silence d’un homme ne signifie pas qu’il ne dit rien. Une incroyable sagesse également visible dans ce respect absolu à la Terre et à tous les êtres vivants.

Cochise disait : « Les guerres sont livrées pour savoir qui possède la terre, mais au bout du compte, c’est elle qui nous possède. Celui qui ose affirmer la posséder, ne repose-t-il pas sous elle ? »
Voilà quelle était la grande nation Apache.

Puis le Blanc l’a massacré.

Puis le Blanc a coupé un minuscule bout de Terre Mère et l’a enfermé dans ces réserves.

Puis le Blanc lui a donné sa « culture », lui a donné la télévision et l’a obligé à regarder « Plus belle la vie »…

Puis, le Blanc en a choisi un parmi 5 000, lui a donné un casino et l’a initié au capitalisme.

Aux autres, le Blanc a donné de l’alcool.

 

Maintenant, quand on traverse les terres apaches, les gens ne disent pas bonjour, ne font pas attention aux cyclistes quand ils conduisent leur grosses bagnoles. Quand on traverse les terres apaches, il y a trois fois plus de saloperies dans les fossés que dans le reste du pays (c’est dire…), comme autant de crachats à la face de la Terre Mère.

Maintenant, quand on alpague un Apache qui a failli vous renverser en vélo, qu’on lui pique une gueulante à la face, il n’est plus ni guerrier, ni nomade, c’est juste un putain de zombi qui reste planté là, sans rien dire, l’air complètement halluciné…

Maintenant, il n’y a plus de grande nation Apache. Maintenant, il n’y a plus du tout de nation Apache, même petite. D’ailleurs, je crois que maintenant, il n’y a plus d’Apaches, juste quelques natifs…

 

La température a bien descendu et on retrouve un peu plus de végétation, même si on voit que la région est quand même assez sèche. Nous franchissons encore plusieurs cols et cette fois ci en passant par les routes secondaires car l’autoroute 8 finit par passer dans un tunnel long  de plusieurs miles. A Lakeside, en banlieue de San Diego, une cycliste nous interpelle de l’autre côté de la route. C’est Sharon, l’amie à qui Tony a envoyé notre photo hier. Le monde est vraiment riquiqui. On arrive enfin sur San Diego, la route va de collines en collines parfois avec des pourcentages délirants. Bref, cette dernière journée de pédalage finit de nous achever.

Deux kilomètres avant l’arrivée, une voiture s’arrête sur la route alors qu’on peine comme des damnés pour monter une côte abominable. C’est Sheila la femme de Tony. Elle s’assure que l’on connaisse le chemin de leur domicile et nous informe qu’elle appelle Tony pour le prévenir de notre arrivée. Celui-ci quitte donc son travail pour venir nous accueillir. Tony est ingénieur et apparemment, il gère un peu son temps de travail comme il l’entend. Il nous montre donc le garage où on peut stocker les vélos et nous demande si on veut qu’il nous dépose chez l’hôte warmshower de San Diego. ???!!!??? Oups, ça sent la grosse boulette d’incompréhension.

  • Euh, ben, on l’a décommandé l’hôte warmshower.
  • Ah bon, mais vous allez dormir où alors ?
  • Euh, ben ici …
  • Ah bon, … euh … ouais … euh … mais c’est mon anniversaire aujourd’hui, … on devait aller au restaurant italien … euh … faut que je vois avec ma femme.
  • Oulà, désolé, mais on peut planter la tente dans le jardin. On ne veut pas s’imposer. On n’est pas comme ça, hum …
  • Non, non, come on …

Finalement, on se retrouve installé dans l’ancienne chambre de leur fille, on prend notre douche, on cause un peu. Sheila arrive une demi-heure après. Ils sont tous les deux d’origine britannique et sont installés à San Diego depuis 23 ans. J’arrive beaucoup mieux à les comprendre d’ailleurs. Le courant passe très bien entre nous. Ils nous emmènent visiter San Diego et on voit enfin le Pacifique.

Tony tient à me faire gouter un taco fish. Effectivement, c’est à tomber par terre. Finalement, ils décident de ne plus aller au restau en amoureux pour fêter les 65 ans de Tony et nous embarquent avec eux. Un bon repas, une bonne bouteille de vin, une chouette rencontre et donc une excellente soirée. On fête notre arrivée dignement.

 

BILAN MATERIEL

 

Attention, cette rubrique s’adresse aux cyclo-randonneurs débutants en quête de conseils, aux cyclo-randonneurs confirmés en quête du « petit plus », aux cyclo-randonneurs expérimentés mais qui ont toujours eu du mal avec le matos et qui roulent en Azub, à tous ceux qui ont des frissons quand ils rentrent dans un magasin de matériel Sport/Outdoor, à tous ceux qui pensent que Décathlon est un magasin de matériel Sport/Outdoor.

 

Attention, cette rubrique ne s’adresse pas à ceux qui ne font jamais de sport, à ceux qui font du sport en salopette de mécanicien, en bottes en caoutchouc, et qui s’en branlent, à ceux qui pensent qu’ils font du sport parce qu’ils mettent un survêt’ et des baskets pour sortir la poubelle, à ceux qui n’en ont vraiment rien à foutre du côté pratique, confortable, solide et agréable du matos qu’ils utilisent…

 

Voilà ! Cette mise au point effectuée, débutons cette rubrique (très chiante, au demeurant pour tous ceux qui n’en on rien à battre mais qui n’arrivent toujours pas à décrocher parce que, quand même, c’est l’écriture bleue, quand même, ça peut devenir drôle à tout moment…) matériel !

Allez hop ! Liste à ronds de chapeaux.

 

  • Les fauteuils Hélinox : Nouveauté de ce voyage, une surcharge apparemment inutile, 2 fauteuils démontables Hélinox. Version Zero pour Béa (plus léger, mais moins confortable) et One pour moi. Et bien ils ont fait le taf’ ! Rien à leur reprocher, costauds, fiables, nickels. Ils nous ont évité pas mal de douleurs de genoux en surélevant notre cul (principe du fauteuil) pendant les pauses. Les voyages précédents, nous étions souvent assis par terre, et ça fait mal… On a passé l’âge. Bref, on conseille fortement.

 

  • Les matelas Thermarest : J’ai gardé mon « Trail Pro » (le plus épais) des précédents voyages, et Béa, après plusieurs essais (version moins épaisse, lit de camp démontable) a opté pour le Trail Pro également. Pas à tergiverser, c’est clairement le meilleur couchage possible en rando, ainsi que le meilleur rapport poids/encombrement/confort. Le TOP.

 

  • Les vélos : Nazca toujours. Pioneer toujours pour Béa, un vélo qui a fait environ 20 000 bornes sans aucune casse imputable à Nazca à déplorer. Cadre, suspension, guidon, fourche, rien n’a bougé. Indestructible. Béa en est satisfaite. Quant à mon Fuego, c’est plus délicat… Difficile d’imputer au vélo ce qui est sans doute imputable au myopathe qui est dessus. Toutefois, il est beaucoup plus bas et sportif que le Pioneer, donc plus rapide (j’imagine). Par contre, en virage serré, les sacoches, trop basses, ont tendance à frotter. Elles raccrochent aussi quand les bas-côtés sont trop hauts, ou quand je suis dans une ornière ou bien dans un dévers particulièrement prononcé. Bref, pour randonner avec le Fuego, mieux vaut être sûr de l’état de la route. Je le déconseille en cyclo-randonnée, sauf pour les Fous de la perf’ ou les esthètes qui se foutent du côté pratique.

 

  • La tente : Oh ! Oh ! Oh ! La vilaine surprise que voilà ! Une Exped Orion III Extreme, hyper logeante, hyper bien finie, hyper pratique, pas trop trop lourde (3,8 kg à vélo, ça va encore), autoportée (pratique quand on est sur du béton), hyper confortable, mais surtout hyper chère ! Et voilà t-y pas qu’à plus de 600 boules (et encore ! en promo !), toutes les attaches thermo-collées liant les 2 toiles ensemble lâchent les unes après les autres ! Et voilà t-y pas qu’au bout d’à peine 2 ou 3 mois d’utilisation (en cumulé) les fermetures éclair sont à moitié foutues ! Bref, on déconseille.

 

  • Les sacoches : Sacoches « bananes » Ortlieb pour nous 2 désormais. Super bien. Bien étanches (sauf si beaucoup d’eau vient d’en dessous), bien contenantes (on a toujours eu de la place pour ajouter plein de conneries), bien pratique (organisation plus facile que dans les sacoches droites. On conseille !

Une sacoche Radical Design pour moi à l’arrière. Très pratique, mais pas vraiment étanche. Je conseille avec un sac de protection et une destination pas trop humide.

 

  • Les pneus : Le pneu, c’est Schwalbe. Le Schwalbe Marathon Plus Tour, particulièrement. Sur l’ensemble des 2 grands trips (16 000 km), pour moi, 3 crevaisons, pour Béa, aucune. Sans déconner ! C’est pas de la stat ça !

 

  • Les outils : Bon, pas de liste exhaustive, hein ! Vous en trouverez un peu partout sur internet, si ça vous intéresse. Juste 2 ou 3 trucs qu’on trouve indispensables. D’abord le multi-outil « Topeak Alien II » que les Filles, Amis et Voisins nous avaient offert avant notre 1er départ. Le Must ! Pas besoin de clés Allen, pas besoin de dérive-chaîne, il fait tout ! Ensuite, le Leatherman. Top. Il fait tout le reste, particulièrement « pince », sa fonction la plus utile…

Enfin, plutôt pour la cuisine, le couteau suisse (Forester pour moi), et la popote Quick 2 system de MSR sont toujours des incontournables.

 

Comment faire du vélo avec une sclérose quand on n’a pas de sclérose, ou le point de vue de l’accompagnant.

 

Durant le voyage, Pierrot a évoqué dans différents articles ses déboires, ses combats, ses souffrances avec la Sclérose en Plaques. Finalement, c’est vraiment une maladie à la con car de prime abord, on ne voit rien. En tout cas, dans son cas, il n’est pas paralysé, il n’est pas en fauteuil roulant, il n’a pas un œil qui dit merde à l’autre, il n’a pas la bave aux lèvres. Bref, pour ceux qui ne connaissent pas cette maladie, on peut penser que le scléroseux est soit un gros mytho, soit un hypocondriaque ou soit une grosse feignasse. Je le sais, j’ai d’abord cru ça au début.

Parce que bon quand même, le coup du « je suis fatigué ». T’es bien gentil, mais moi aussi après une semaine de boulot je suis crevée. Oui, mais voilà, ce n’est pas crevé pareil. J’ai mis du temps avant de comprendre, mais c’est pas ça, c’est autre chose.

Vue de ma fenêtre, j’ai l’impression que Pierrot est enfermé dans le corps d’un gars de soixante dix ans qui serait pas en forme du tout. Avec des douleurs au niveau des muscles, des tendons qui vont qui viennent mais surtout, avec constamment ce manque de tonus.

C’est bien pour ça que le pari que nous nous sommes lancés de traverser les Etats Unis en vélos relève à mon sens de l’exploit.

 

Nous avions bien mis les choses au clair avant de partir car comme le physique n’est plus là, il faut compenser avec un mental en béton. Bon, il est vrai que je ne suis pas Janie Longo non plus, mais j’ai quand même une meilleure forme physique que Pierrot. Il fallait donc me trouver un handicap, histoire d’équilibrer les forces. Il y avait plusieurs possibilités : me faire porter tous les bagages, saboter mes freins. Finalement, j’ai décidé de constamment rouler derrière Pierrot car il n’y a rien de plus démotivant que de voir quelqu’un caracoler devant soi 100 mètres plus loin. Alors là, vous vous direz : « oh ben ça va comme handicap, finalement, il suffit de rouler tranquilou bilou ». Pour les non adeptes de la petite reine, sachez qu’il n’y a rien de pire que de ne pas pouvoir rouler à son rythme. Et je ne vous parle pas de la sortie sur la voie verte un dimanche après midi pendant une heure, ou vous roulez derrière votre progéniture en tricycle. Non, non, non. C’est quand tous les jours tu as en ligne de mire la sacoche jaune arrière, que tu as trop envoyé sur les pédales et que ton pédalier s’approche dangereusement du vélo de Pierrot. Tu arrêtes alors de pédaler pour perdre de la vitesse, puis tu relances, tu appuies sur les pédales. Et c’est là que ça fait mal, aux genoux, aux muscles, aux tendons.

Le pire, c’est dans les profils à bosse. Tu prends de l’élan dans la descente, tu passes sur le petit pignon, tu donnes des jambes. A chaque fois, je laisse Pierrot prendre un peu d’avance, mais souvent je le rattrape dans les premiers mètres de la montée. Et là, horreur et damnation, il faut freiner dans la montée pour ne pas lui rentrer dedans. Remonter fissa dans les pignons et finir par passer rapidement sur le petit plateau. Il faut alors mouliner, mouliner, mouliner … Les moindres côtes sont interminables.

Quand tu es fatiguée, tu as chaud, tu as soif, t’en as marre. Des fois, tu te mords la langue pour ne pas gueuler : «  mais putain, tu vas avancer, oui !! »

 

J’avoue que dans les grimpettes les plus difficiles, j’ai fait quelques entorses à notre deal et j’ai dû rouler à mon rythme pour pouvoir passer l’obstacle et l’attendre au sommet.

 

Enfin voilà, si vous n’avez pas compris ça et que vous avez un scléroseux. Ne faites jamais de vélos avec lui, vous risquez de le détruire et le ramasser à la petite cuillère.

 

Si vous avez compris ça et que vous avez un scléroseux, alors vous ne déplacerez peut être pas des montagnes (encore que …), mais vous pourrez traverser les USA en vélos et ça vous changera la vie.

 

Toujours est-il que nous sommes maintenant à San Diego. Nous avons traversé les Etats Unis, un continent entier. Putain, on l’a fait. Je suis très fière de lui. Je suis très fière de nous.

BILAN VOYAGE

 

Bien, bien, bien… Ah ! Ah ! Ah ! Quel boute-en-train cette Béa !

Bon. Je m’en vais maintenant, passons aux choses sérieuses, vous dresser MON bilan de ce voyage « Atlantique to Pacifique par le Sud des USA » (APSUSA).

Faut-il le faire ? Pas le faire ? La saison est-elle la meilleure ? Le sens Est-Ouest ne serait-il pas plus favorable ? Est-ce possible en étant malade, sourd d’une oreille et avec une dent en moins ? Puis-je emmener ma grand-mère ou mon chihuahua ? Qu’en est-il vraiment des ronds de chapeaux ? Et les gros cons du Texas ? Sont-ils si cons ? Et les progressistes décontractés californiens ? Sont-ils si cons ? Et tous les Américains ? Sont-ils si cons ? Et les Terr’Ailleurs ? Grimpent-ils toujours ?

Des questions, des questions et encore des questions que vous vous posez certainement et que vous mourrez d’envie de nous poser quand nous reviendrons. Alors, même si ça m’emmerde profondément de répondre à ces questions… Si, si, je préférerais boire un cuba libre au bord de la piscine du camping, en ce moment même ! Putain ! Y sont d’une insolence ces followers ! Y se rendent pas compte du sacrifice que c’est de leur pondre des pages et des pages d’une littérature à la verve impertinente et à l’humour tapageur… Alors, oui, même si ça m’emmerde profondément de répondre à ces questions, je vais le faire pour éviter d’avoir à le répéter 70 fois à l’oral devant vos airs hébétés, ce qui n’avantage pas des faciès qu’on peut qualifier pour beaucoup d’entre vous de « non conventionnels ». Alors Amis Followers, soyez attentifs, je vous en prie, s’il vous plait.

 

Bien, comme je n’ai pas non plus envie de me casser les coquilles et de perdre trop de temps (le cuba libre m’attend toujours, bande de raclures de bidet), je vais vous présenter ça sous la forme hyper conventionnelle et simplissime du plan dialectique, à savoir :

  • Avantages / inconvénients / synthèse
  • Ou, thèse / antithèse / synthèse (Hegel)
  • Ou, Bien / Caca / synthèse (Béa)
  • Ou, gagné / perdu / fera mieux la prochaine fois (sportif)

 

  • Bien

Ouais, finalement, je prends la version Béa, c’est plus clair…

Alors, dans le bien, il y a surtout, c’est clair net et indubitable, le fait d’être arrivé au bout… Sans déconner ! Atlantique au Pacifique pour un scléroseux en milieu de course, c’est la Win.

Quoi de Bien aux USA maintenant… ? Et bien, pour moi, le principal attrait du pays reste la faune et la flore. Surtout la faune. Cette facilité pour approcher les bestiaux, cette foisonnance, cette diversité… Pour les zoophiles (prenez-le au sens premier du terme, s’il vous plait, merci, bisous, merci), c’est le bonheur absolu. Quand, en plus, on a l’envie, le courage et le temps de faire des photos (et un appareil correct), c’est vraiment extra !

 

En rapport direct avec ce dernier point, ce qui est Bien, c’est l’abondance des parcs, State Parks ou National Parks, il y en a beaucoup, et presque partout.

Autre point positif du voyage, cette bonne surprise que fut le Texas. Des gens cons, certes, mais vraiment hyper sympas et hyper accueillants ! Bon, il ne faut pas trop creuser, mais au Texas comme au Nouveau Mexique, l’accueil est extraordinaire.

Ah ! Un autre point positif qui est une nouveauté, pour nous, la visite des villes ! Attention ! Pas toutes, hein ! On n’est pas devenus des « urbains »… On a apprécié Austin, même si la météo nous a desservi, et on a adoré New Orleans et ses bars à musique ! Grand moment du voyage.

Et, toujours BIEN lors de tout grand voyage à vélo, la vie à l’extérieur, le soleil sur ta peau, le ciel comme couverture, le vent dans tes cheveux, le sable dans tes dents, les moucherons dans tes yeux, et cette putain de chiennerie d’impression d’être bien vivant…

 

  • Caca

Ouais, ouais, ouais, pour ne rien vous cacher, il y a pas mal de points dans la partie Caca… Alors pour ne pas aggraver un hypothétique ulcère, et pour gagner un peu de temps (mon rhum pepsi m’attend toujours, et on a une moitié de bouteille de pinot noir à finir) je vais vous présenter ça sous forme d’une liste à euros. Ce qui a été caca lors de ce voyage aux USA, c’est :

  • Les routes de merde.
  • La bouffe de merde.
  • Les chiens de merde.
  • C’est cher.
  • L’uniformisation du pays. Partout les mêmes villes, les mêmes magasins, les mêmes restaurants, les mêmes façons de vivre, les mêmes tout ! Il y a cent fois plus de différences entre un Ardennais et un Alsacien (250 km) qu’entre un gars de Seattle et un gars de Miami (5 000 km).
  • Les routes sont sales.
  • C’est cher.
  • Pas de camping sauvage possible.
  • C’est culturellement très peu dépaysant.
  • C’est culturellement pauvre.
  • C’est cher.
  • La Floride est moche.
  • La Californie n’est faite que de putains de profil à bosses de merde. Affreux à vélo.
  • Circulation de merde en Floride.
  • Connards d’automobilistes en Arizona et surtout en Californie (Ah ! Oui ! Vous me ferez penser, un jour, à vous raconter comment j’ai enfin réussi à arrêter un connard d’automobiliste qui m’avait indûment klaxonné avec pour objectif de lui casser quelques os…)
  • C’est toujours pareil.
  • Chiant
  • Moche
  • Cher

 

  • Synthèse

Alors voilà… On y est ! Qu’est-ce qui va l’emporter !? Les points positifs ? Les points négatifs ? (Pour les ados qui passent le bac, je conseillerai de ne pas donner de vainqueur, surtout si vous êtes intimement persuadés de quelque chose… Restez neutres… Vous allez sûrement dire une connerie sinon…)

Pour moi, pas de neutralité. Fuck la Suisse ! La partie qui gagne le matche est très clairement la partie Caca…

Oh ! Je ne regrette pas ce voyage ! De toute façon, je n’avais pas le choix… Si je ne me prouvais pas que je pouvais encore faire ça, je sombrais tranquillou dans une profonde et sordide dépression… Non, ce que je regrette plus, c’est le choix des Etats-Unis. La première fois m’avait suffi pour cerner la bête… Ce n’est pas un pays pour moi… Ce pays me rend nerveux et agressif, j’y perds souvent ma patience et ma bonne humeur légendaire.

Bref, nous y avons passé d’excellents moments, mais, pour moi, l’impression d’ensemble reste plutôt négative.

Alors je conseille ce pays à tous ceux qui veulent visiter tout ce qui nous a fasciné et qui sont capables de prendre sur eux pour tolérer les petits défauts étasuniens. Mais sachez juste qu’en vélo, et/ou sur une longue période, c’est plus difficile. Moi, je n’en suis plus capable.

 

Voilà ! C’est dit ! Ne m’en tenez pas rigueur, je vous en prie !

Je vous aime ! J’ai hâte de revoir vos sales trognes ! Biz à tous et à bientôt !

 

 

P.S. : Merci à tous pour vos commentaires de soutien et d’encouragements. Ils furent souvent très utiles au moral. Ce site restera activé tant qu’on crachera au bassinet de « One & One », c’est-à-dire, je pense, toute notre vie. Néanmoins, j’estime peu probable un nouveau voyage des Terr’Ailleurs à vélo. Ces dernières semaines nous ont râpés, usés, explosés, vidés… « OB m’à tuer » comme dirait l’autre… Alors ciao !

 

P.S.II : Cet article est également, selon toute vraisemblance, le dernier « vrai » article du voyage. Nous sommes désormais des gros connards motorisés, insultant les cyclistes chaque fois qu’on peut, et n’avons donc plus légitimité à écrire dans un blog de cyclo-randonnée. On vous donnera toutefois les réponses aux dernières énigmes et 2 ou 3 informations (invitations ?) avant le 27 juin, date à laquelle nous décollons pour Bruxelles. Alors ciao !

Après, évidemment, si la pression followeuse est trop énorme, nous pourrions peut-être être contraints de reprendre la plume.

 

LE DERNIER Coin des jeux, énigmes et autres mystères

 

Solution des énigmes précédentes

 

  • Altimètre :

Eh oui ! Plusieurs bonnes réponses ! Nous passions (vers Brawley) sous le niveau de la mer ; altimètre à – 34 m… C’est pour mieux grimper, mon enfant…

 

  • Records (1) :

Le nombre de km faits avant 12h30 ! Et vous savez ce qu’Olive répond ! Il dit 104 km !!! Allo ! Allo ! Allo Olive ! On est en vélo ! Des vélos de 40 kg chargés, avec un myopathe dessus ! Dans le désert ! 104 km qu’y dit ! Allo ! Faut toujours que tu fasses dans l’excès ! Que tu nous survalorises ! 104 km ! N’importe quoi !!!

La bonne réponse était 102 km. Bon, c’est quand même Olive le plus proche… A moins de 2% d’écart… Tu marques 2 pts sur ce coup, vieux.

 

  • Records (2) :

Quel record envisagé-je de battre le (ou les) dernier jour ? C’était la question. Vous avez vu les descentes de cinglé des derniers jours ! Je visais le record de vitesse bien sûr ! Finalement, les descentes étaient longues et raides, mais pas suffisantes pour me permettre de faire mieux qu’un pauvre 72 km/h de pointe… Décevant.

 

  • Conjugaison :

« Envisagé-je » est un simple présent de l’indicatif. Mais quand le « je » est en sujet inversé, on colle un –é (qui se prononce –è) en fin de verbe du 1er groupe pour éviter les dissonances orales… Pensé-je, marmonné-je, adjuré-je…

 

 

Les dernières Nouvelles énigmes

 

  • Vous l’aurez compris à la lecture de cet article, je fus agressé sauvagement par une fourmi qui crut très malin de me mordre le gland alors que je pissais tranquillement contre un arbre. Mais ce que vous ne savez pas, c’est que quelques jours plus tard, un autre animal m’a mordu ! Mais cette fois ci, c’est au cul que je fus mordu…

D’après vous, quel animal eut ce toupet ?

 

  • Dans la Tristitude, depuis le début, la plupart des faits rapportés sont exacts. Néanmoins, quelques uns prennent certaines libertés avec la réalité, en enjolivant ou exagérant. D’autres, plus rares encore, sont totalement fictionnels. Dans ces 3 derniers chapitres de la Tristitude, un seul Fait est légèrement modifié. A votre avis, lequel ?

 

 

Big Bend National Park (en voiture)

TEXAS – SPECIAL BIG BEND (du 2 au 8 Mai 2018)

 

 

Les CHALLENGES !

 

Lycanthropie : Pour Miss Chandoux ; après de nombreux essais, nuit après nuit, ça n’allait jamais… Lune trop haute, pas assez pleine, lumière parasite, pas assez de lumière (ouais, le petit Canon est bien pour plein de choses, mais pour la prise de nuit, c’est une sombre daube…), plus de piles dans la lampe, trop d’arbres, etc. Bref, après m’être relevé une bonne 20aine de fois, j’ai décidé de déléguer à mon esclave aimée, et PAF ! Dès son premier essai, elle a les bonnes conditions ! Bon, forcément, il y a un grain de malade… Je l’ai dit, le petit Canon est nul pour ça…

Ouais ben je me suis levée à 3h, alors que j’avais même pas envie de pisser.

 

 

A chaque préparation de voyage, il y a pour Pierrot un point d’orgue, un but suprême, un Saint Graal à atteindre (différent du but final, bien évidemment). En 2013, il ne rêvait que de découvrir Villa Pehuenia, un petit bled paumé au cœur des Andes. Pour ce voyage ci, c’était Big Bend. Ca fait des mois et des mois qu’il me parle de ce National Park.

Et bien cette fois-ci, on y est. Arrivés à El Paso, on prend possession de notre voiture de location. Berline moyenne, tout confort, boîte automatique (évidemment, on est aux Etats Unis). On fait des provisions au Walmart pour une semaine en achetant une indispensable glacière pour conserver ce qui nous fait baver depuis plusieurs semaines : du fromage râpé, des œufs, de la crème fraîche, du bacon, du bœuf … On refait donc en sens inverse la route que nous avons suivie en vélo durant les cinq derniers jours. Du coup, on est ébahi et tous les quart d’heure on se dit : « la vache, on a fait tout ça en vélo ».

Spéciale dédicace à Marie R. avec la boutique Prada en plein désert

 

Au bout de cinq heures et demie de voiture, on arrive enfin à l’entrée du parc. Celui-ci comporte uniquement trois campings, très espacés les uns des autres. L’un est plus côté rivière (Rio Grande), l’autre côté montagne et le dernier côté désert. Il y a un site internet pour pouvoir faire des réservations de camping, mais soit je ne suis vraiment pas douée, soit on ne peut réserver que pour les RV ou pour les tentes en groupe. Bref, je n’ai pas pu prévoir le truc, et on serrait un peu les fesses pour trouver une place. On arrive au premier camping, celui de Cottonwood en plein désert sous une chaleur harassante, 105°F (faites moi penser à regarder la conversion en Celcius dès qu’on aura du wifi). Finalement nous ne sommes que deux tentes sur le site.

Vue de notre emplacement, le soir après la vaisselle

et au lever du soleil …

 

Il faut dire que les services sont réduits au strict minimum : deux chiottes sèches chauffés à blanc par le soleil texan et qui exhalent une forte odeur d’ammoniaque, pas de douche, pas d’électricité. Il y a juste un robinet à l’entrée du camping avec de l’eau potable filtrée.

Des groupes d’ornithologues viennent régulièrement dans le camping pour observer les dizaines d’espèces différentes qui y vivent.

A 1km, le visitor center est fermé de mai à novembre car il fait trop chaud. L’épicerie offre quelques produits de subsistance, mais pour une raison qui reste inconnue, n’arrive pas à s’approvisionner en glace. On doit donc se taper tous les jours une heure et demie de bagnole pour remettre un pain de glace dans notre glacière. On devra même se taper deux heures aller retour pour prendre une douche au seul camping du parc qui offre des douches (deux dollars les cinq minutes. L’eau est une denrée rare sur le secteur).

On voulait changer de camping durant la semaine pour se rapprocher d’autres balades qui nous intéressaient, mais les deux autres  sites sont complets. Il faut dire que le notre n’attire pas les foules de par les services listés précédemment et aussi, il est interdit aux RV de faire fonctionner leur générateur d’électricité.

On passe une semaine à crapahuter dans le parc, les paysages sont époustouflants, on s’en prend plein les mirettes.

Pour aller à Pine Canyon, on se tape 10km de piste complètement défoncée. La pauvre voiture de location n’est pas du tout adaptée pour le terrain et le bas de caisse racle une paire de fois. Pour ceux qui souhaitent visiter l’outback, il est préférable de louer un 4×4.

En bas, le Rio Grande, et donc au fond, le Mexique

On voit un paquet de bestioles, mais je n’en dis pas plus car il est fort probable que ça fasse l’objet de devinettes. On glandouille à l’ombre des arbres en lisant, dessinant. On mange comme des rois même si les risques élevés d’incendie nous interdisent de faire des barbecues. On sirote le soir, après une journée de crapahute, du rhum coca ou du chardonnay bien frais. Bref, si le paradis existe, ça devrait ressembler à un séjour à Big Bend.

 

Quand nous étions en vélo, on s’émerveillait à chaque rencontre avec un roadrunner qui traversait la route comme balle. On se disait : « oula la la, ça cavale trop vite cette bestiole, on n’arrivera jamais à la prendre en photo ». Sur notre emplacement du camping de Cottonwood, on en voit presqu’autant que des pigeons sur le parvis de Notre Dame. Ils passent à deux mètres de nous sans s’émouvoir de notre présence.

C’est ça que je préfère dans les parcs américains c’est la proximité incroyable qu’il peut y avoir avec la faune.

 

 

Coin des jeux, énigmes et autres mystères

 

Solution des énigmes précédentes

 

  • Tintinophilie (suite)

Où vont les Terr’Ailleurs ? Il fallait s’en référer à Tryphon Tournesol, bien sûr…

  • Tintinophilie (fin)

La roulade arrière, et le « Ah l’enculé ! » sont devenus, pour nous, des motifs, des parts de notre culture, aussi fréquemment utilisés qu’un : « Sarah connor ?… »  « Euh non, c’est à côté… » Et nous les devons à Fabcaro et à son énormissime album, top de l’humour non-sens, absurde, décalé : Zaï, Zaï, Zaï, Zaï… A LIRE !

 

  • Animés & Bière :

Bien sûr, la Duff. Vous m’apprenez son existence réelle… Vous m’apprenez également que Guns & Roses avait un bassiste ! Vache ! Où va-t-on !

 

 

Les nouvelles énigmes (Attention, y’en a un paquet ! On ne se fout pas de votre gueule !):

 

  • Pour les ornithologues :

Pas trop difficile à retrouver… Comment s’appelle cet oiseau ?

 

 

 

  • Pour les mammalogistes :

A peine plus difficile, comment s’appelle ce mammifère qui (ATTENTION FILS DE PUTE !) n’est pas de la famille des cochons (ATTENTION A CE QUE TU DIS SUR MA FAMILLE !) Nom en français et en « anglais » souhaité… (vous avez fait gaffe les gars ! il a mis des guillemets… comme pour donner un indice… un de plus… hum…)

 

 

 

  • Pour les voiturophiles, ou nordistes, ou pathomotoristes :

Comment s’appelle cette charrette ? Marque (facile) et modèle (plus difficile, rare en France…)

 

 

 

  • Pour les alcooliques (ah ! je touche enfin mon cœur de cible !) :

A votre avis, quel est le litrage de cette bouteille de spiced rhum bue à Big Bend… Voici une photo du 1er apéro…

 

 

 

  • Pour les cinéphiles :

Certains, à l’œil bien exercé, l’ont sans doute déjà noté… Sinon, regardez de nouveau le film proposé (vers la deuxième minute), et essayez de trouver le plan qui fait clairement référence à un film très connu. Comment s’appelle ce mouvement de caméra et à quelle scène de quel film fait-il référence ?

 

  • Pour les malheureux qui ne sont ni ornithologues, ni mammalogistes, ni voiturophiles, ni alcooliques, ni cinéphiles, ou qui sont cons, ou qui s’en foutent, ou les enfants, ou les enfants cons qui s’en foutent :

Appaire les bonnes extrémités pédestres… Ah, non ! Merde ! J’ai changé de public… Alors attends… Ouais :

Dis laquelle que c’est la photo où les 2 pieds y vont bien ensembles. T’as qu’à choisir, A, B ou C.

A

 

B

 

C

El Paso : 4477km

TEXAS – 4477 Km (distance cumulée depuis Miami…)

  • 20 Avril : Amistad – Langtry ; 83 km ; D+ 595m
  • 21 Avril : Langtry – Dryden ; 66 km ; D+ 621m
  • 22 Avril : Dryden – Sanderson ; 35 km ; D+ 301m
  • 23 Avril : Sanderson – Marathon ; 93 km ; D+ 577m
  • 24 et 25 Avril : Marathon – Alpine ; 60 km ; D+ 277m
  • 26 et 27 Avril : Alpine- Marfa ; 55 km ; D+ 281m
  • 28 Avril : Marfa – Van Horn  ; 125 km ; D+ 176m
  • 29 Avril : Van Horn –Sierra Blanca ; 55 km ; D+ 261m
  • 30 Avril : Sierra Blanca – Clint ; 120 km ; D+ 252m
  • 1er Mai : Clint – El Paso ; 26 km ; D+ 183

 

Les CHALLENGES !

 

  • Tintinophilie (1): Pour le Balce, fidèle reproduction photographique d’une vignette de Tintin en Amérique, réalisée au péril de nos vies (enfin, moins de la mienne que de celle de Béa, mais il faut savoir mettre des priorités dans la vie…)

Sans déconner, qu’est ce qui faut pas faire pour les followers

 

  • Fajitas : Pour Dom et Cathy (ENCORE !), un plat de fajitas, arrivé tout frétillant sur sa plaque de cuisson brulante !

 

 

  • Arrogant Bastard Ale : Pour le Chef (ENCORE !), une 5ème bière de sa liste… Le packaging, le nom, le degré d’alcool (7,2) me promettaient une dégustation sympathique… Malheureusement, cette bière est assez dégueulasse… Bien que j’apprécie l’amertume, celle-ci dépasse vraiment la mesure. Et alors, quand on lit le laïus derrière la bouteille, c’est le summum !

Extraits : « C’est une bière agressive. Vous n’allez sûrement pas l’aimer»  Je comprends, ouais, elle est dégueulasse… « Il est assez douteux que vous ayez un goût assez sophistiqué pour apprécier une bière de cette qualité et de cette profondeur. » Effectivement, mon voisinage avec la Belgique et ma fréquentation assidue de leurs produits houblonnés ne me donne certes pas la sophistication du goût étazunien… Mais bon, pas la peine d’être sophistiqué pour se rendre compte qu’elle est dégueulasse…

Après, ils nous conseillent de rester sur « un territoire familier » en achetant une bière qui fait des campagnes publicitaires à coup de millions de dollars (c’est Budweiser qui est subtilement visé) et en rajoutent encore des louches et des louches sur la critique des grands groupes… C’est vrai que la Bud n’a pas grand goût… Ce n’est vraiment pas une bonne bière… Mais au moins ! Elle n’est pas dégueulasse comme la vôtre, tas de moules !

Pour finir, ils mettent le ton « décalé » de tout ce speech sur le compte du nom de la bière : Arrogant… Et ils donnent une définition de l’arrogance, mais un peu tronquée, car ils semblent oublier que l’arrogance (attitude vaniteuse et hautaine) est liée quasi systématiquement à l’incompétence et à la nullité… Continuez donc messieurs les brasseurs, vous avez tout à fait raison d’être arrogants…

 

Tout ça pour dire que parfois (c’est rare, mais ça arrive), je préfère le produit d’un grand groupe, suppôt du profit à tout prix et des stock-options, au produit d’une petite entreprise si ce dernier est dégueulasse et si cette dernière est arrogante.

 

La veille de nous aventurer dans le désert texan, nous décidons de prendre des forces dans le premier restau venu. Nous nous tapons donc 8km aller retour pour aller à « Lomita’s Cantina ». Comme souvent, le bar est très sombre, tout le monde est accoudé au bar, sirotant des bières, les yeux rivés sur un écran géant qui diffuse un match de base ball. Ca sent le tabac à plein nez car ici on peut encore fumer dans les bars. On se dirige donc vers la terrasse extérieure pour nous attabler devant une vue magnifique sur le lac Amistad.

La serveuse nous informe qu’ils ne servent à dîner que le mercredi soir. C’est con, on est jeudi. Mais ce soir exceptionnellement, il y a une soirée privée et elle peut demander à la cuisinière si elle a assez de viande pour nourrir deux cyclistes pouilleux supplémentaires. Nous tapons donc l’incruste dans la soirée Lions club, amateurs de cigares. Au bout d’un quart d’heure, alors que nous sirotions notre Margarita tout le monde se met au garde à vous sur la terrasse pendant qu’une dame annone les grâces. S’ensuit un repas comme on n’a rarement eu l’occasion de manger. Une pièce de bœuf cuite au barbecue à la perfection avec une marinade d’épices à tomber par terre. La viande est caramélisée et croustillante à l’extérieure et fondante dedans. Vive la viande aux hormones, y’a rien de meilleur. Accompagnée de beans et de petites patates en sauce avec du fromage fondu dessus. Une merveille. J’essaie de soutirer les secrets culinaires de la cuisinière, mais elle me répond « no way ». Tant pis. Bref, autant dire qu’on bâfre comme des porcs pour prendre des forces pour les jours à venir.

Nous voilà donc parti vers l’ouest, en suivant la route 90.

Notre carte nous informe que nous ne rencontrerons aucun commerce avant 90 miles (140km) et que la route grimpe.

Heureusement, le premier jour, il fait gris, limite froid avec un vent terrible d’est qui nous pousse dans le dos.

Nous sommes très près de la frontière espagnole. D’ailleurs, on voit régulièrement des voitures patrouiller et on s’est fait contrôler pour vérification de nos passeports. On arrive donc assez facilement à Langtry. Le village est complètement paumé. On se demande bien de quoi peuvent vivre la centaine de personnes qui vivent ici. Puisqu’il n’y a absolument … rien. On plante la tente devant l’ancienne école du village et merveille, à côté d’un robinet d’eau potable.

Les paysages alentours sont magnifiques. Nous sommes encerclés par les collines et les cactus en fleurs.

Le lendemain sera un peu plus compliqué. Avant de partir, nous faisons le plein de nos vaches à eau et embarquons donc au total 12 litres d’eau. Pour ceux qui ont du mal avec les poids et mesures, sachez que ça nous fait donc encore 12kg en plus sur les vélos. Le vent a viré vers l’ouest, on l’a donc en pleine poire. La pente s’accentue et le soleil tape dur. Le thermomètre affiche 34°C.

On croise de temps en temps des aires de pique nique avec des toits (plus pour protéger de l’agression du soleil que d’éventuelles averses). Nous croisons nos premiers roadrunners. C’est le Bip Bip dans Bip Bip et Coyote. Effectivement, la bestiole cavale assez vite et ne se laisse pas facilement photographier, par contre de là à mettre dans le vent un coyote affamé … On croise de temps en temps des cardinaux. Des oiseaux avec un plumage rouge éclatant. On arrive finalement à Dryden. Le village est franchement glauque et semble à moitié abandonné.

Il fait tellement chaud, on décide de camper sous l’avancée de toit de l’ancienne poste. On a bien fait de faire le plein d’eau le matin, car il n’y a rien pour se réapprovisionner.

 

Pierrot, mercredi, 12h15 : « Le vélo, pour le voyage, c’est comme l’oignon pour la cuisine… Dans les premiers temps, tu chiales beaucoup, mais après, c’est tellement meilleur ! »

On continue toujours notre ascension sur cette longue rampe régulière. Il n’y a plus d’arbre, juste des cactus et des sortes de yuccas.

Le sol est constitué de roches et de poussière. Pourtant, c’est encore le printemps et de petites fleurs arrivent tout de même à pousser dans ce milieu hostile. On finit par arriver le dimanche à Sanderson. Youpi, il y a une station service et un restau ouverts.

On s’installe d’abord au camping. Il y a juste deux camping cars sur le terrain. Le proprio vient nous accueillir avec sa voiture de golf couleur kaki camouflage. A coté de lui, une bière, de l’autre un fusil de chasse. On déjeune ensuite dans le seul restau ouvert le dimanche. La serveuse prend la commande. Relativement mignonne, 25 ans, petit cul bien serré dans son jean et à la ceinture, … un revolver.

Désolée Marie, à chacune de ces occasions, je n’avais pas l’appareil photos et n’ait pu valider ton challenge. En partant le matin, on entend des coups de fusil de chasse qui résonnent dans la montagne. Du coup, la faune est en émoi et nous verrons à plusieurs reprises des deer (les chevreuils du coin) détaler devant nous.

 

Les choses dont je n’ai pas parlé :

 

Bien, vous vous rendez compte, je le sais, vous n’êtes pas idiots (sauf peut-être 2 ou 3 d’entre vous…) que si l’artic….

  • Tu vas pas dire ça ! On traite pas les followers d’idiots !
  • Tiens, te revoilà dans l’écriture bleue, toi, la Pomponette ?
  • On traite pas les followers d’idiots ! Ca ne se fait pas !
  • Déjà, j’ai dit « sauf peut-être 2 ou 3 » ! C’est pas tous ! C’est même très peu !
  • Quand même ! C’est pas correct ! N’oublie pas qu’on est censé être « proprets et bien élevés » !
  • M’en fous ! Même si c’est pas vrai ! Même si c’est pas propret et bien élevé ! Ca me fait trop triper d’imaginer chacun des follower qui doit se dire en lisant ça : « Putain ! Sûr qu’il parle de moi là ! Ah l’enculé ! »…
  • … bon… vu sous cet angle… ok !

 

Donc, je disais que vous aviez deviné qu’un article qui s’appelle « Les chose dont je n’ai pas parlé » allait forcément être tout bidon et induisait un manque d’inspiration plus que certain…

ET BIEN DETROMPEZ-VOUS !!! Et accrochez-vous à votre ordi car cet article va être absolument GENIAL !!!

Nan, je déconne, en fait vous aviez raison, ça va être tout pourri…

Mais bon, on va le faire quand même… Allez, c’est parti !

  • La Musique

J’ai déjà un peu évoqué mon lecteur MP3 dit « de merde »… Je ne l’utilise plus. Fort heureusement, j’avais prévu le coup et embarqué mon vieux Mozaïc Zen de 4Go, fort modeste, peu puissant, mais qui fait le taf’. J’ai donc dû faire un tri drastique dans les albums à faire tourner sur le lecteur… Et c’est là que ça devient intéressant ! Comment composer une setlist efficace pour le cycliste ?!

J’ai donc étudié avec attention l’effet qu’avaient tel artiste ou tel morceau sur moi : sur mon physique ou sur mon mental… Voici donc les principaux enseignements à retenir de cette étude :

  • Les musiques qui résonnent : Plusieurs morceaux (mais c’est malheureusement assez rare) résonnent dans les jambes… Je rappelle la définition de résonner –> « renvoyer le son en augmentant son intensité ou sa durée ». Quand un morceau résonne dans mes jambes, c’est assez impressionnant ! Je me mets à « pédaler rond » (faites moi penser à vous expliquer ce que signifie « pédaler rond »), les jambes tournent plus vite et plus fort, et toute les fatigues de la journée semblent abolies ! Bref, les jambes tournent toutes seules, et sans efforts, on se sent invincible !

Pourquoi ? Comment ça marche ? Aucune idée… Enfin, si, je suppose que certains morceaux de musique possèdent un tempo qui correspond exactement à votre « horloge interne » ou une connerie mystique du genre… Mais ce qui m’intéresse, c’est que ça marche vraiment ! Demandez à Béa ! Quand mes jambes résonnent, elle est complètement larguée, alors qu’habituellement, elle s’amuse à ne pédaler qu’avec une seule jambe pour avancer à mon rythme…

Certains morceaux résonnent à plein, mais ils sont extrêmement rares. Ces élus sont : 7 ou 8 morceaux de Muse et, encore plus efficace, et je ne sais toujours pas pourquoi, de plus, je n’aime pas particulièrement ce morceau, mis dans la setlist par Béa : « Sirens Call » de Cats on Trees qui produit un effet réellement incroyable ! Dès les premières notes, je décolle, et on ne me revoit plus avant 4 ou 5 minutes ! Dingue !

Je finirai juste en disant qu’on ne peut pas enchaîner les musiques qui résonnent… Il faut recharger les accus après chaque utilisation… Dommage.

  • Le renfort mental : Quasiment toutes les musiques apportent un renfort mental, occupe la tête, aident à oublier les douleurs, donnent un coup de boost… Il existe cependant des vrais spécialistes du renfort mental : LE ROCK GAY ! Et ! Dans le Rock Gay ! Les spécialistes des spécialistes : THE KILLERS !!! Oh oui ! Putain ! Quelles sensations de Ouf ! Quand tu en chies (des ronds de chapeau) dans une montée, en fin de journée, que tu as le vent dans la gueule, que le revêtement est tellement dégueulasse (putains de routes américaines) que tu regrettes les pistes chiliennes, que ton corps a laissé tombé depuis déjà une ou deux heures, que tes muscles, tes tendons, tes nerfs ne sont plus que souffrance et tension, quand les larmes détrempent ta barbe autant que ta sueur détrempe ton T-Shirt troué, quand tu ne tiens plus sur ton vélo que par le Mental, la Détermination… mais que tu sens que ces derniers commencent à flancher… que tu te demandes « à quoi ça sert ? bordel ! », que tu commences à vouloir rentrer à la maison, et que… tout à coup… une intro des KILLERS !

Putain ! La claque ! Le bonheur ! Vous ne pouvez pas imaginer ! C’est la bouée jetée au naufragé ! C’est le parachute dans l’avion enflammé ! C’est la roue de secours quand tu crèves en plein désert ! Quand les Killers arrivent, ton mental se recharge d’un seul coup ! Tu retrouve la niaque ! L’envie d’en découdre ! D’aller plus loin ! T’as l’impression qu’un gros moustachu te secoue par les épaules et te roule un gros palot ! Ouais ! ça fait drôle, mais ça aide ! Pour le mental, vive The Killers !

  • Le réconfort intellectuel : Ouais, il y a des fois, tu entends une musique, et ça te sort complètement de l’ambiance étasunienne ! Je veux dire, tu finis un peu par t’y faire, à force, à ce mode de vie… T’en est à 3 litres de Pepsi par jour ; tu ne manges plus que 4 ou 5 choses différentes, mais toutes très sucrées ; tes yeux sont attirés malgré toi par les dizaines d’écran TV que tu croises partout ; tu veux que tout soit facile, sans efforts, ni physique, ni intellectuel, que tout soit carré, conforme à la loi et politiquement correct… Et tu t’encroûtes, tu t’encroûtes… Et BAM ! Un petit Cure ! C’est petit ! C’est rond ! Y’a une grosse basse ! La guitare n’est pas saturée ! C’est fin, entêtant, sophistiqué, élégant ! C’est tout l’opposé des EU… Et ça fait un bien… un bien… Extra !

  • La perception du temps

 

Un truc marrant dans le voyage à vélo, c’est la façon dont on perçoit le temps…

Très souvent, avec Béa, on évoque un épisode du voyage, un lieu visité, ou un quidam rencontré, et on se dit : « La vache ! Ca fait une éternité ! » Effectivement, cela nous semble terriblement lointain, comme dans une autre vie ! On regarde alors le carnet où on note les étapes, et on se rend compte que ce « terriblement lointain » a eu lieu il y a 8 jours…

C’est d’autant plus marrant quand on compare avec ce qui se passe au boulot. Dans notre train-train quotidien, le temps est tellement « écrasé », toujours identique et répétitif, qu’un événement datant d’un mois nous semble tout proche… Comme : le film d’il y a 2 ou 3 jours qui est en fait passé la semaine d’avant ; ou la réunion de la semaine dernière qui s’est en fait déroulé il y a un mois ; ou encore, hier, la dernière fois qu’on a fait l’amour, ah, non ! C’était pas hier… Attends… File-moi le calendrier…

En voyage, surtout sur des vélos, je pense, on vit plus dans l’instant présent… Une grimpette d’une demi-heure peut sembler durer 2 jours, tout s’étire, tout s’allonge, tout se distend, la perception du temps change tellement que nous avons l’impression d’être partis depuis 1 an…

Est-ce un mal ou un bien ?

  • Red Dead Redemption

 

Depuis qu’on a quitté Del Rio, Amistad, en fait (oh putain ! ça fait un siècle !), nous avons grimpé sur les haut-plateaux du sud Texas, et tous les jours, toutes les heures, toutes les 10 minutes, je dis à Béa :

« Ouah ! Putain ! Regarde là ! Regarde ! Ces Mesa, c’est exactement comme dans Red Dead Redemption ! »

Ou :

« Ouah ! Putain ! Regarde là ! Regarde ! Cette ligne de chemin de fer sur le pont, c’est exactement comme dans Red Dead Redemption ! »

Ou encore :

« Ouah ! Putain ! Regarde là ! Regarde ! Cette végétation, c’est exactement comme dans Red Dead Redemption ! »

Ou parfois :

« Ouah ! Putain ! Regarde là ! Regarde ! C’est dingue ! Ces animaux, c’est exactement comme dans Red Dead Redemption ! »

Alors voilà mon conseil… A tous ceux qui voudraient découvrir cet extraordinaire Sud-Texas et qui n’ont ni le temps, ni le pognon, jouez à… merde… jouez à… oh chiotte…

  • Béa ! C’est comment le jeu déjà ?…
  • Putain ! Tu vas pas encore me gonfler avec ton Red Dead Redemption !

Ouais ! Voilà ! Jouez à Red Dead Redemption !

 

  • Le changement de programme

 

Bon… Ca fait un moment que ça nous trotte dans la tête, alors, suivant ma nouvelle ligne de vie (Il faut tout dévoiler ! A poil, tout est au poil !), je dévoile… C’est vrai qu’on a passé quelques pics assez méchants, c’est vrai qu’on a grimpé une très belle rampe pour se faire le plateau texan, mais la « vraie » montagne, ça va pas être possible. Je n’en ai pas la force et Béa n’en a pas l’envie…

Du coup, on laisse tomber San Francisco (et tous les challenges plus ou moins « sympas » qui s’y rapportent) pour revenir au projet initial : De l’Atlantique au Pacifique ! Et vu mon état physique et ma « sportive » moitié, c’est déjà un putain d’exploit si on y arrive… (Je pense que Béa dévoilera la courbe de niveau de la dernière ligne droite dans un prochain article… Vous allez rire…)

Alors voilà. On s’arrête à San Diego ! On glandera une semaine, on louera certainement une caisse pour faire une paire de parcs nationaux pendant une 20aine de jours, et puis direction Bruxelles…

Ah oui ! Ce ne sera plus Munich, on a une pilule bleue à préparer…

 

 

Peu avant Alpine, nous dépasserons les 1300 m d’altitude. On se tape une ascension de 56km de long sans une descente ou un replat. C’est une longue rampe régulière comme on les aime. On mouline pour maintenir une vitesse constante autour de 11 km/h. Les paysages sont toujours aussi magnifiques.

Il n’y a pas de doute, on est bien au cœur de l’ouest américain. Celui de Blueberry ou de Sergio Leone. A Alpine, nous voulons louer une voiture pour nous rendre quelques jours à Big Bend. Mais il y a une sorte de meeting aérien toute la semaine dans le secteur et il n’y a plus rien à louer. Ceci dit, il vaut peut être mieux comme ça car le loueur de voitures avait une bonne de tête de truand. Je l’aurai bien vu figurant dans un film de Sergio Leone, celui là. On va donc devoir continuer notre route jusqu’El Paso pour trouver un autre loueur et revenir sur nos pas pour aller au parc national.

Mais en attendant, nous prenons une journée de repos car c’est un peu le choc thermique. Le vent vient du nord et au moment où j’écris ces lignes, nous nous sommes réfugiés dans la salle commune du camping car le thermomètre ne dépasse pas les 10°C. Pierrot a trouvé le courage de changer ses plaquettes de frein et revient les yeux larmoyants par le vent et le nez tout rouge par le froid. Il est temps de laisser place à l’écriture bleue.

 

La Tristitude (suite)

 

La Tristitude, c’est quand un racoon vole le pain du déjeuner.

C’est quand les coyotes hurlent et qu’t’as envie d’pisser.

C’est quand tu t’lèves et qu’la lampe veut plus s’allumer.

 

Et ça fait peur…

 

La Tristitude, c’est quand on te demande combien d’fois t’as pris le bus.

C’est quand tu joues et qu’tu perds à la proulette russe.

C’est quand tu t’lèves la nuit et qu’t’as pas vu l’cactus.

 

Et ça fait mal, MAL, MAL !!!

 

Refrain :              La Tristitude, c’est moi, c’est toi, c’est nous, c’est quoi

                              C’est de faire du vélo au fond des USA.

 

                               La Tristitude, c’est huuum, c’est wiiizzz, c’est eux, c’est vous

                               C’est la nuit dans l’désert qui ne va pas du tout…

 

 

La Tristitude, c’est quand tu t’laves les mains juste avant d’dérailler.

C’est quand Béa t’dit : « mes vitesses veulent plus passer ».

C’est quand plein d’graisse sur les mains, t’as envie d’pisser.

 

Et ça fait chier…

 

La Tristitude, c’est quand malgré l’vélo couché, t’as mal au dos.

C’est quand il n’y a pas d’Margarita au restau.

C’est quand t’as un fort vent arrière un jour de r’pos.

 

Et ça fait mal, mal, mal…

 

Refrain 

 

Nous choisissons de quitter l’itinéraire prévu par Adventure Cycling qui a la mauvaise idée de passer par le Mont Mc Donald, et préférons rester aux pieds des montagnes en passant par Marfa. En arrivant en ville, on se dirige vers une sorte de camping hippie qui se veut être une institution dans le secteur : 43 dollars pour planter la nuit. C’est plus ce que c’étaient les communautés hippies. Bref, autant dire, qu’on a eu vite fait de dégager, pour nous retrouver dans le RV park à la fin de la ville pour nous avancer le plus possible pour la longue étape du lendemain. Camping tout pourri, pas de douches, pas de chiottes, juste des robinets d’eau.

Quelques camping cars garés sous le soleil ardent du Texas. Une petite cahute permettant de payer soi même sa contribution pour la nuit. On vise l’unique arbre du coin pour planter la tente.

Tout autour de nous, c’est véritablement le désert. Pas un arbre (sauf le notre), mais rien à voir avec les déserts de sable. Ici, tout n’est que poussière.

De temps en temps, on voit des colonnes de poussières créées par le vent, qui s’élèvent vers le ciel. On est tout le temps crado, les mains, les mollets, les fringues. L’herbe est jaune, complètement brûlée. Au loin, on voit quelques vaches et on se demande bien ce qu’elles peuvent manger.

Il y a sur le sol, ces espèces de petites saloperies d’épineux qui se plantent partout (surtout sous les godasses de Pierrot, d’ailleurs).

On est obligé de vérifier très régulièrement les pneus des vélos, mais surtout nous sommes obligés de mettre des fringues sous nos tapis autogonflants pour éviter les crevaisons.

La nuit à Marfa a été horrible, à 23h une tempête de sable s’est levée, le vent hurlait, la tente pliait comme jamais elle n’a plié. On reste une partie de la nuit éveillé, pour essayer de soutenir la toile de tente et éviter que les arceaux ne cèdent. Le sable est projeté violemment contre la toile. L’arbre sous lequel nous sommes, fait des bruits des plus sinistres. Soudain, grosse envie de pisser, je tente une sortie. J’ouvre la porte de la chambre de la tente. L’abside n’est qu’un nuage de poussière, les sacoches sont recouvertes de sable. Comme d’habitude, j’avais juste rabattu le rabat (d’où son nom). Il y en a partout, dans les fringues, la bouffe. Du coup, je ne m’imagine pas trop le cul à l’air au milieu de la tempête de sable et je reste donc avec mon envie de pisser. Contrairement à nous, le vent ne faiblit pas. On est crevé de rester un bras en l’air pour soutenir la tente. On a besoin de dormir. Tant pis, faisons confiance au matériel. Pourtant, nous n’étions pas très satisfaits de notre tente Exped, qui coûte une blinde et qui connait déjà des signes de faiblesse sur les parties collées. Exped doit d’ailleurs s’attendre à recevoir de notre part un courrier bien piquant. Mais en attendant, on comprend pourquoi il y a des tentes à 700 euros et d’autres à 40. Celle à 700 résiste aux tempêtes. Le matin, Pierrot range ses petites affaires comme si de rien n’était et s’apprête à sauter sur son vélo pour affronter l’étape Marfa – Van Horn de 120 kms. On doit se diriger vers le nord est, le vent a à peine faiblit et souffle du nord. Je le regarde avec des yeux tout ronds « euh, tu crois quand même pas qu’on va pédaler avec un vent pareil ???? » S’ensuit une conversation dont je vous fais grâce, mais il me faudra bien batailler un quart d’heure pour lui faire entendre raison.

On trouve refuge dans la cahute de l’entrée pour essayer de prendre le petit déjeuner à l’abri des rafales de vent. Il y a du wifi sur le camping, j’essaie donc de téléphoner à l’hôtel le plus proche pour demander s’il a une chambre de libre et à quel est le prix. Soixante six dollars, banco. On attend que le vent se calme un peu et on arrive. Vers 11h, il y a enfin une accalmie. On en profite pour faire tant bien que mal nos sacoches et replier la tente sans qu’elle ne se retrouve au Mexique. On saute sur nos vélos, et au bout d’un kilomètre on arrive devant l’hôtel. Bon finalement, c’est 166 dollars la nuit. Oups, j’ai encore beaucoup de travail à faire au niveau de la compréhension orale. Putain d’accent texan. Je n’ose même pas regarder la tête de Pierrot. Le gars, nous dit qu’il y a un motel à l’entrée de la ville qui doit faire des chambres moins chères. Rappelons que nous avions choisi d’être à la fin de la ville pour prendre de l’avance sur la prochaine étape. Donc, nous revenons sur nos pas et au bout de 3 kms, on tombe enfin sur le motel : 100 dollars la nuit. Incroyable ce bled. Il n’y a rien, c’est le trou du cul du monde avec de la poussière autour. La moitié des restaus sont lourdés. Celui dans lequel on a mangé est cher et dégueu. Et pourtant tout coûte cher. On se retrouve donc finalement dans le RV park de l’entrée de la ville qui lui offre douche et chiottes. Il y a une petite caravane à l’entrée pour permettre aux campeurs de payer l’emplacement. Quinze dollars par personne, soit 30 dollars pour nous deux, c’est plus cher qu’un emplacement de RV. Ouais ben, c’est bon, faut pas déconner, on ne met que 15 dollars dans l’enveloppe. Il y a six pauvres emplacements pour les tentes, pas un arbre, pas une table, pas un banc, pas d’électricité ni d’eau sur l’emplacement. Faut pas déconner.

Sur cette route 90, tout le long, on trouve de larges bandes de part et d’autre de la route. Elle fait au moins deux mètres de large et pourrait nous permettre de rouler en toute sécurité. Mais le revêtement est tellement granuleux, que le guidon bringuebale dans les bras, les mollets tremblotent, les vélos font des bruits de casserole. Du coup, on roule très régulièrement sur les voies réservées aux voitures, là où le passage répété des roues des voitures a aplani le goudron. Certains automobilistes s’étonnant de ne pas nous voir rouler sur la large bande à coté de la route ne se privent donc  pas pour nous klaxonner furieusement. Autant dire qu’il y a eu quelques doigts levés. Mais il est vrai qu’on a plus régulièrement des automobilistes qui nous font des coucous, ou des motards qui nous croisent le pouce levé. Comme nous suivons très régulièrement la ligne de chemin de fer, il n’est pas rare que certains conducteurs de train nous klaxonnent quand ils nous croisent.

Nous partons donc le lendemain dans de bien meilleures conditions. Il n’y a presque pas de vent, et le peu qu’il y a vient de l’est. Le revêtement de la route  est merdique sur les trente premiers kilomètres et s’améliore à chaque changement de comté. Au bout de 6 heures 11 de pédalage, 125 km dans le no mans land, sous 40° on atteint enfin notre but : Van Horn.

 

Quelques faits notables sur le tronçon Van Horn – El Paso qui nous prendra trois jours :

  • Au bar restau mexicain d’El Paso, on entend derrière nous un « chkling chkling chkling ». Deux cowboys chaussés de bottes à bouts carrés avec des éperons, jean, ceinturon en cuir, chemise en jean, stetson vissé sur la tête. Deux caricatures mais avec des bonnes têtes d’andouille. Je m’attends à les entendre commander un whisky, ou une margarita (on adore la margarita), ou au moins une bud. Celui à lunettes interpelle la serveuse « un thé glacé sucré, m’dame, s’il vous plait ». La fin d’un mythe.
  • Le lendemain matin, je suis obligée de vider complètement ma sacoche de bouffe pour virer la vingtaine de cancrelats de 3cm tout dégueu qui ont investit les lieux.
  • On traverse un nouveau fuseau horaire. Nous avons donc maintenant 8 heures de décalage avec vous.
  • L’idéal aurait été d’équilibrer au mieux le kilométrage sur ces trois jours. Or, on se retrouve avec la première journée à 56km, la deuxième à 120 et la dernière à 15. Il faut dire que lorsque Pierrot a réservé l’hôtel pour la nuit du deuxième jour, il tape sur « Booking », hôtel à Fabens, choisit le moins cher et valide sa réservation. Quelques heures après, je vérifie les mails pour contrôler le prix de la chambre. Oups, il n’a pas réservé dans la bonne ville, mais 15km après Fabens et c’est donc pour ça qu’on s’est tapé une étape de dingue de 120 bornes avec un gros vent dans le nez et 7h15 de pédalage.

 

 

Coin des jeux, énigmes et autres mystères

 

Solution des énigmes précédentes

 

  • Check :

« Tape m’en 5 la Noiraude » était une façon de cacher l’expression « Check Meumeuh »… Nous faisons donc des Check Meumeuh, et vous deviez expliquer en quoi ça consiste. Démonstration en image (après l’apéro, désolé…)

 

 

  • Fleur bleue :

Bien joué Lyz ! De la famille des Lupins, cette fleur emblématique du Texas est le Bluebonnet…

 

  • PQ :

Gros problème des EU, le camping sauvage n’est pas autorisé. Avantage, dans tous les campings, warmshowers, hôtels, restaurants, etc., il y a du PQ. De fait, nous n’avons acheté (ou volé, ou récupéré…)  aucun rouleau de PQ depuis Miami. « Zéro » était la bonne réponse.

 

 

Les nouvelles énigmes :

 

  • Tintinophilie (suite)

Répondre à la question « Où vont les Terr’Ailleurs ?» en utilisant une phrase célèbre de la Tintinophilie.

 

  • Tintinophilie (fin)

La référence à Hergé et à Tintin est facilement notable par n’importe qui dans les 2 planches qui suivent. Seulement, une autre référence BDstique est très nette dans ces mêmes 2 planches. Donnez-moi donc le nom de l’auteur ET de l’album qui ont servi de référence.

  • Animés & Bière : Pour reprendre et lier 2 des thèmes évoqués dans cet article, une question facile pour tous les amateurs (et ils sont nombreux…) Je parlais précédemment de l’empire biéreux américain de la Bud. Les Simpson’s n’ont pas repris le nom « Bud » (on ne rigole pas avec les droits) ; comment s’appelle l’équivalent de la Bud dans l’univers simpsonnien ?

 

 

 

 

Amistad : 3771 km

MONTAGNE , DESERT, FILS CACHE et RONDS DE CHAPEAU

 

TEXAS – 3 771 Km (distance cumulée depuis Miami…)

  • 11 Avril : Austin – Pedernales (SP) ; 66 km ; D+ 814m
  • 12 Avril : Pedernales (SP) – Bluementhal ; 63 km ; D+ 639m
  • 13 Avril : Bluementhal – Ingram ; 62 km ; D+ 310m
  • 14 Avril : Ingram – Last Maples (SP) ; 74 km ; D+ 719m
  • 15 Avril : Last Maples (SP) – Leakey (Les 2 Pics) ; 35 km ; D+ 480m
  • 16 Avril : Leakey – Uvalde ; 66 km ; D+ 289m
  • 17 Avril : Uvalde – Fort Clark Springs ; 77 km ; D+ 373m
  • 18 et 19 Avril : Fort Clark Springs -Amistad ; 72 km ; D+ 217m

 

AH ! AH ! Ami follower ! Observateur sans faille que tu es, tu as bien sûr remarqué le « D+ » qui termine désormais chaque ligne de l’itinéraire. Je préciserai simplement pour les plus « calamitys » d’entre vous que cela représente la Dénivelé positive… en mètre, bien sûr…

 

Les CHALLENGES !

 

  • Pour Dom et Cathy, mais aussi pour le grand Vince, la statue de SRV, à Austin :

 

  • Pour JMiche, un truc « doux pour la planète » de plus… (Bon, on n’est pas sûr que cela ne dérange pas les zones de nidification des Urubus, que cela n’est pas sur un couloir migratoire de papillons, ou autre désagrément, mais à priori, ça semble doux…)

 

  • Pour Fred, bon, on triche… On transforme le burger de 500g demandé en pizza d’1,7 kg… Mais bon, c’est l’esprit et le cholestérol qui comptent…

 

Ces quelques jours à Austin n’auront finalement pas été si reposants. On a tellement cavalé à pieds dans les différents quartiers de la ville, qu’on a des courbatures aux muscles devant les tibias. C’est là qu’on se rend compte que vélo et marche à pieds, ce ne sont pas les mêmes muscles qui travaillent.

Nous remontons sur nos vélos quatre jours plus tard et les difficultés commencent dès les premiers kilomètres, puisqu’on se tape régulièrement des gros coups de cul. En 30 kilomètres, on passe d’un paysage très verdoyant à une contrée semi-aride avec de l’herbe sèche et des arbres un peu rabougris. On se tapera alors 860m de dénivelé pour une étape d’une soixante de kilomètres pour arriver au Pedernales State Park.

 

A l’entrée du parc, le ranger nous demande :

  • Vous êtes cyclistes ?
  • Ben oui.
  • Alors vous pouvez vous installer sur les emplacements 6, 7, 9 ou 11
  • Ok, on vous doit combien ?
  • Rien du tout.
  • Ah bon, c’est gratuit pour les cyclistes ?
  • Non, mais quelqu’un à payer pour vous
  • ??!!??

Dans ces cas là, mieux vaut ne pas trop chercher à comprendre et profiter de notre bonne étoile. Après une effroyable grimpette, on s’installe finalement sur l’emplacement 7. Au bout d’un quart d’heure, d’autres cyclistes arrivent et s’installent à coté de nous. Au bout d’un moment, l’un d’eux vient nous voir et s’étonne de nous voir installer sur LEUR emplacement. On ne comprend rien à l’histoire. On explique au cycliste  que le ranger nous a donné le choix entre quatre emplacements. Finalement, l’organisateur du club cycliste arrive et soudain tout s’éclaire. C’est un groupe vélos de l’association Adventure Cycling (la même qui édite nos cartes). Ils font la Southern Tier de l’ouest vers l’est et ont réservé quatre emplacements pour ce soir. Le ranger a pensé que nous faisions parti du même groupe. Le gars nous explique que les emplacements sont tellement vastes, que nous pouvons prendre l’un des leur. Ah ben, merci gars. Allez bim, une nuit gratos.

 

Pierrot, 8h30 : « Attends, il fait gris, je m’arrête pour allumer ma lampe arrière… »

Béa : « NAN ! Pas la peine, j’ai déjà la mienne… »

 

Béa, 8h32 : « Pis si la mienne est déchargée, je prendrais la tienne… »

 

On est trop crevé pour visiter le parc. Pourtant il y a plein de parcours de randonnée et a priori il y a une chouette rivière en contrebas, mais on ne peut plus bouger de nos fauteuils. Du coup, c’est le parc qui vient à nous. Alors qu’on était en train de préparer l’étape du lendemain, un jeune faon vient brouter à 10m de nous. Nous mangeons très tôt et nous écroulons comme deux souches à 19h30.

Vers minuit, je suis réveillée par quelque chose qui se prend les pieds ? les pattes ? les tentacules ? dans les tendeurs de la tente. La toile bouge dans tout les sens. Je fais un bond terrible dans le lit. A côté de moi, j’entends la respiration régulière de Pierrot qui dort comme un cycliste éreinté. Super, on se sent en sécurité… Pour ceux qui n’ont jamais campé, sachez que la tente est constituée d’une chambre fermée avec de part et d’autre deux absides dans lesquelles nous entreposons les sacoches. Je me rallonge et j’entends à une vingtaine de centimètres de ma tête une respiration rauque. Soudain, j’entends gratter sur ma sacoche. Euh, là je commence à flipper quand même, je tâtonne dans le noir pour essayer de trouver la lampe électrique qui est toujours rangée du côté de Pierrot, qui finit finalement par se réveiller dans l’opération. Je braque le faisceau lumineux dans l’abside rien. Je me recouche. Dix minutes après, ça recommence. Le sketch du grattage de sacoches et de la lampe électrique se répètera une paire de fois, avant que je finisse par voir une patte noire qui passe sous la tente, puis un peu plus tard un petit museau blanc et marron. Ce sont les racoons (c’est-à-dire les ratons laveurs) qui sont en train de faire une opération punitive dans le camping. Ils sont à peine effrayer par la lumière et viennent à intervalles réguliers essayer de défoncer ma sacoche de bouffe. Finalement, c’est peut être aussi la poubelle entreposée à côté de la dite sacoche qui les attire. Du coup, je me retrouve en slip dans le camping, en pleine nuit avec un ciel étoilé comme rarement j’ai pu voir, en train d’essayer de suspendre la poubelle en hauteur. Je crois avoir gagné la partie puisqu’on aura un répit de 30 minutes qui me permettent de me rendormir. Puis la bestiole revient en lançant un grognement de désappointement car ça ne sent plus le poulet et l’ananas. Sans déconner, un grognement de racoon en pleine nuit à vingt centimètres de ta tête, c’est super impressionnant. Par trois fois, je verrais dans le faisceau de la lampe, le raton laveur qui passe carrément la tête sous la toile de la tente en me regardant de son air ahuri. C’est vrai qu’au début, j’avais un peu tendance à faire « oh, trop cool de voir un racoon vivant et d’aussi près », mais au bout de quatre heures, j’avoue que la bestiole commençait à me taper sur les nerfs et à me dire : « un bon racoon est un racoon mort ». Bref, on n’aura pas beaucoup dormi dans l’affaire et résultat des courses, la bestiole aura finalement réussi à nous tirer le restant du pain de mie et à faire un trou dans la tente avec ses dents ou avec ses griffes. En prenant notre petit déjeuner le matin, on verra un coyote rôder sur l’emplacement en face du notre. Terrible ce state park.

Le lendemain, alors que nous tentions de trouver un endroit pour nous restaurer pour la pause de midi, on voit deux cyclistes pédalant comme des dingues vers nous. C’est Jesse et son pote d’Austin qui fait un bout de route avec lui. Il a une patate du tonnerre et on n’essaie même pas de suivre leur rythme du coup on se perd rapidement de vue. On croise de nombreuses maisons viticoles, il y a pas mal de vignes dans le secteur. On  a gouté un muscat texan. Mouais, pas lieu de se relever la nuit.

La nuit au camping, on se prend une tempête terrible. J’ai un peu peur que la tente n’y résiste pas car ça bourrasque vraiment très fort. D’ailleurs, le lendemain, on verra un gros arbre tombé sur la route.

Si la Louisiane a gardé un fort héritage français, le Texas quant à lui, en a un germanique. On passe à Fredericksburg, ou le panneau de bienvenue ne mentionne pas « Welcome », mais « Willkommen ». On voit des drapeaux allemands aux façades, l’architecture a quelque chose d’outre Rhin. Les noms des rues et des gens ont des consonances allemandes. Héritage d’une vieille colonisation germanique sur le secteur. Rappelons fort à propos, que le hamburger est un sandwich originaire de Hambourg. Il n’est pas rare d’ailleurs qu’on nous prenne pour des allemands et les gens s’étonnent qu’on soit français, car ils en voient rarement. C’est vrai qu’on avait un a priori un peu négatif sur cet état. Et pourtant, le Texas offre des paysages exceptionnels surtout à l’ouest d’Austin. C’est relativement vert et montagneux. Les gens sont super accueillants même si j’ai vraiment beaucoup de mal à les comprendre avec cet accent  à couper au couteau.

La route longe la Guadalupe River. Elle serpente gentiment entre les collines, puis rapidement, ça devient canyon. C’est magnifique comme à chaque fois qu’il y a du relief, mais on en chie.

Ca faisait plusieurs jours que je trouvais mes passages de vitesse plus qu’approximatifs. La veille au soir, Pierrot tente de régler mon dérailleur, mais sans grande conviction. Je le vois bien que ça le gonfle mes problèmes mécaniques. En plus, le pas de vis du système de freinage arrière a rendu l’âme. Du coup, on a du mettre un petit bout de ferraille pour bloquer la mâchoire et empêcher le patin de frein de venir frotter la jante. Il vaut donc mieux éviter de freiner de la roue arrière. Et ça, juste avant une étape de montagne, je suis ravie. Mais je m’égare. Arrive enfin le jour tant redouté du franchissement des deux cols (voir la vidéo « relief » du précédent article). Au pied de la première bosse, comme d’habitude je prends de l’élan puis commence à jouer du dérailleur pour baisser dans les rapports, et là, PAF ! Manette de dérailleur toute molle. Je crie à Pierrot de continuer sa route on s’attend en haut. Je pousse donc mon cheval mort de 40kg sur cette rampe à 15%. Il n’est que 9h, mais je cuis. Je cale la roue arrière sur une pierre le long de la route pour enlever manche longue, collant et pisser. Il faut s’alléger le plus possible. Et je pousse, les sacoches se prennent dans mes jambes, la position n’est pas confortable du tout, et rapidement ça fait mal aux bras. J’avance de 50m, m’arrête pour reprendre mon souffle, refais 50m, bois un coup. C’est interminable. J’arrive enfin au sommet. Pierrot jette un œil à mon vélo. C’est le câble du dérailleur qui est cassé. La misère … !!! Fort heureusement, nous en avons un de rechange dans la trousse de réparation. Pierrot tente un « il va me falloir des heures pour réparer, je ferais ça ce soir à l’étape. Sinon, on ne sera jamais à Leakey pour midi ». Ben voyons, surement que je vais me taper la deuxième bosse sur le petit pignon et pousser le vélo pendant 15 bornes. Effectivement, ça prendra bien une heure pour changer le câble et régler le dérailleur, surtout que dans un geste brusque, j’ai fait tomber dans l’herbe les petites pièces métalliques qui se trouvent entre la manette et le câble. Hihihihi, qu’est ce qu’on a ri …

Bref, je vous laisse imaginer l’ambiance dans l’équipe Terr’Ailleurs et nous finissons par reprendre la route. La vache, j’ai l’impression d’avoir un vélo tout neuf. On se bouffe donc la deuxième bosse. Les cuisses chauffent, c’est dur, c’est très dur. On en chie, mais quand on arrive au sommet, on est très fiers de nous et en plus c’est super beau.

 

 

Les 2 Pics, version bleue, explications sur les difficultés et ressentis ascensionnels  

 

 Voilà, c’est la journée… On y est…

Jusqu’à présent – depuis Austin, particulièrement – nous avons eu des méchantes journées de grimpette, mais pas encore de longues montées, pas encore de cols.

Pourtant, depuis Austin, j’en bave… J’en bave des ronds de chapeau… J’en bave meuh-meuh… J’en bave ta race… J’en bave du crapaud n’atteint pas l’aile de la blanche… euh… enfin, bref, j’en chie quoi ! J’en chie des bulles, j’en chie dur, j’en chie grave, j’en chie des ronds de chapeau (Ouais, ils servent aussi à ça les ronds de chapeau, ils sont hyper polyvalents, tiens, ne dit-on pas « en manger son rond de chapeau » ou « à rond de chapeau donné, on ne regarde pas les dents », ou « il ne faut pas vendre la peau du rond de cha… euh… ne pas vendre la rond de cha peau… ouais, c’est ça… »)

Bon, tout ça pour dire que c’est extrêmement difficile depuis Austin, et même un peu avant. Pourquoi ? A cause du dénivelé, bien sûr, mais pas seulement, alors voilà une petite explication sous forme de… LISTE A PUCES !!!

 

  • Le relief: Commençons donc par le dénivelé, puisqu’on en parle… Sachez déjà que pour nous, les Terr’Ailleurs, une étape est classée « étape de montagne », c’est-à-dire bien grimpante, à partir du moment où on grimpe 10 m par km, c’est-à-dire 100 m pour 10 km. Ainsi, une étape moyenne de 70 km sera classée « de montagne » si elle se solde par peu ou prou 700 m de dénivelé positif.

D’autre part, il y a relief et relief. On peut grimper 700 m comme qui rigole en pédalant toute la journée sur une longue rampe hyper régulière à 13 km/h, sans taper dans le bonhomme. Mais on peut aussi faire le plus gros de ces 700 m sur de courtes distances : des pics. C’est ce que nous racontons dans cet article, 2 pics d’environ 200 m d’ascension chacun sur 2 ou 3 km. Mais ce n’est pas le pire. Le pire, c’est LE PROFIL A BOSSES ! Et c’est ce profil à bosses que nous avons mangé depuis Austin, et qui nous a tué les jambes et le mental… Dans un profil à bosses « de montagne », tu te manges une montée bien sèche, de 8 à 12 % en général, mais assez courte, moins de 500 m… Tu arrives en haut, les cuisses explosées, et là, ça redescend… Cool direz-vous ! Que nenni ! Tout faux ! C’est affreux ! Une petite descente assez pentue qui fait perdre presque toute l’altitude gagnée précédemment ! Ca flingue le moral ! Tu grimpes 30 m, tu te tues les jambes, et tu en reperds 25 aussitôt après ! Horrible pour le mental… Mais aussi horrible pour le physique, parce que quand tu arrives en haut de la bosse, tes jambes sont un peu ankylosées, pleines de toxines, grosses, lourdes, douloureuses… Bref, elles ne peuvent plus tourner tout de suite… Besoin de quelques secondes de repos… Allez, c’est reparti ! Seulement, tu es déjà en bas de la petite descente, tu n’as pas pris assez d’élan pour gagner les premiers mètres sans efforts, tu n’as même pas savouré la descente, et Fucking Blue Dog ! tu es déjà dans la montée ! Et là ! C’est l’enfer, parce que tes muscles se sont détendus 5 ou 10 secondes, qu’ils sont tout flapis, encore pleins de toxines, et BAM ! Tu retapes dedans ! Dans le dur ! Tu forces cash sur du 10% de pente ! Et ça fait mal ! Mal ! Mal ! Fucking pute de mal ! T’en chialerais ! Putes de bosses ! Alors effectivement… Ouais… Les Pics… Les Pics, je les attends… Ca ne peut pas être pire que les bosses. Ca ne peut pas être pire que les bosses ? Non ??? Si ???

  • Le vent: Le vent est un mouvement de l’air se déplaçant des zones de hautes pressions vers une zone de basses pressions et se dirigeant toujours dans la direction opposée à la vôtre.

Bon, c’est vrai que, forts de notre expérience sud-américaine, on se disait qu’après la Pampa argentine, les autres vents ne seraient désormais à nos yeux que de gentilles petites brises, à peine rafraichissantes… Erreur…

C’est vrai que, bizarrement, on a eu pas mal de pot sur le début du voyage avec souvent du vent de côté, parfois dans le dos et parfois de face, équitablement… Ce vent était « modéré », de 20 à 40 km/h, en rafales le plus souvent. Sur du plat, c’est casse pieds, mais pas dramatique.

Seulement, depuis que nous avons commencé « la montagne », le vent a décidé de devenir « fort » (30 à 60 km/h) et de souffler méchamment en rafale dans notre gueule… Et là, ce n’est pas la même ! Imagine : tu commences à trouver ton rythme dans la bosse à 10%, et BAM ! Rafale de vent ! Tu es à l’arrêt ! Obligé de jouer du dérailleur ! Forcer sur les cuisses pour repartir ! Guidonner comme un cinglé pour ne pas te casser la gueule ! Te foutre dans le fossé ! Et tout un tas de désagréments inattendus et moyennement festifs…

Bref, le vent du Texas n’est pas  « l’horreur mortelle » du vent patagonien, mais c’est quand même un putain d’enfoiré de casse-couilles !

 

  • Le revêtement: Ah ! Ah ! Vous ne vous y attendiez pas à celui là ! Putains de routes américaines ! « Le revêtement ? Pourquoi ? Quoi qu’y ya avec le revêtement ? » direz-vous… Putains de routes américaines ! Et bien, c’est très simple ! Entre un revêtement parfaitement lisse et un revêtement hyper granuleux, on perd 20 à 25% d’efficacité ! Etonnant non ? (Testé en conditions réelles) Putains de routes américaines ! Or, il s’avère qu’aux EU en général, et au Texas en particulier, et PLUS SPECIFIQUEMENT encore sur les routes que nous empruntons depuis Austin, le revêtement est PARTICULIEREMENT granuleux !!! Putains de routes américaines ! En fait, c’est parfois tellement granuleux que j’en viens à regretter une bonne piste en terre battue… Putains de routes américaines ! Tellement granuleux que tout vibre sur le vélo et sur le bonhomme, ça fait un bruit du diable, ça fait mal au dos et aux articulations, ça fait travailler la vessie, terrible ! Putains de routes américaines !

Tiens, à titre d’exemple… Hier, ou avant-hier, je ne sais plus, on a pu comparer un morceau de route A, avec un revêtement granuleux et un vent modéré de face, et un morceau de route B, avec un revêtement lisse et un petit vent de dos… Et bien, croyez le ou non, mais sur la portion A, faux plat DESCENDANT, nous étions à 12 km/h ; sur la portion B, faux plat MONTANT, nous étions à 19 km/h ! Etonnant non ?

Putains de routes américaines !

 

Or, donc, j’arrivais au pied du premier Pic avec une furieuse envie d’en découdre ! Je voulais savoir si j’en étais encore capable ! 200 m de grimpette sur une pente raide… Est-ce encore dans mes capacités ? Dans quel état vais-je en sortir ? Vais-je devoir mettre pied à terre ? Succès ? Défaite ? Grosse claque dans la gueule ? Qu’est-ce qui m’attend ? Qu’est-ce que je vaux ? Est-ce la fin du voyage ?

Tout cela résonne dans ma tête, concert de voix dans mon crâne… Je les fais taire et donne les clés de la machine au « Cinglé Tout Fou », lui donne un petit encouragement au passage :

« Vas-y mon grand ! Si il y en a un qui peut nous amener en haut, c’est bien toi… »

Un Km de montée assez sérieuse, mais pas extraordinaire, je commence à faire le malin, et tout à coup voilà la vraie pente ! Raide comme la justice ! Droite ! Longue ! Nous sommes à son pied !

Focus, focus, focus ! Tout le mental est concentré. Rage, détermination, volonté absolue de ne rien lâcher ! Résolution inébranlable de ne pas écouter ce corps débile. C’est parti !

Béa s’arrête déjà, dès le bas… ? M’en fous. Chacun sa merde. Elle me crie quelque chose. Je ne comprends pas. M’en fous. J’appuie…

Les premiers mètres sont horribles, affreux, abominables… Le reste sera pire… On est sur du 15%, cash ! Petit plateau, grand pignon… Je suis au plus facile… Je n’ai plus de sécurité… Si ça devient encore plus difficile, je suis mort. Les cuisses brûlent dès le bas, le cardio s’affole rapidement, je frôle la zone rouge, j’ai la tête comme une cafetière, surchauffe ! surchauffe ! Putain ! Merde ! Je dépasse la zone rouge ! Trop loin, trop mal, trop dur ! Il faut s’arrêter… MES COUILLES ! Je continue…

« Abruti ! Tu as gardé ton manches longues ! » Surchauffe ! Surchauffe ! Ma tête explose ! Je ne sue pas, je ne coule pas, je ne dégouline pas… Je ruisselle… Je cascade… J’océane… Surchauffe ! Surchauffe ! Merde ! Ca y est ! Ma tête a explosée !!! Ah non… Juste un aveuglement passager…

« Abruti ! Arrête toi, c’est dangereux, mets pied à terre… »

« MES COUILLES ! Casse-toi le Pragmatique ! J’ai laissé les clés de la baraque au Tout Fou ! »

Surchauffe ! Surchauffe ! Surchauffe ! Merde, je ne trouve pas le rythme ! C’est trop pentu ! C’est foutu ! J’y arrive pas ! J’y arriverai pas ! C’est foutu ! C’est foutu ! C’est… C’est… C’est… C’est plus facile ? Putain ! Oui ! C’est plus facile ! 14% ! 13% ! Un replat ? Non ! Le haut ! 200 m de grimpés !

Putain ! Victoire ! Victoire ! Victoire trempée, victoire en surchauffe, victoire en douleur, mais VICTOIRE !!! J’ai réussi. Tiens ? Où est Béa ?

 

Bon… Quand elle est finalement arrivée en haut, elle a un peu douché mon intérieure mais immense exaltation en m’annonçant qu’il fallait que j’arrête de me pavaner, que je me retire les doigts du cul, et que je répare son vélo, correctement, cette fois-ci !

Je ne sais pas comment elle a fait pour casser son câble de dérailleur arrière en 2 endroits, ni comment elle a fait pour me perdre un jeu de petites pièces dans l’herbe, mais toujours est-il que 30 min. plus tard, son vélo était de nouveau opérationnel.

Il faut absolument penser à se réapprovisionner en câble de rechange, à El Paso…

 

Le premier Pic fut celui de la souffrance absolue et de la victoire incroyable, inattendue, solitaire, dangereuse, et presque dérangeante, le 2d Pic fut celui de la confirmation.

Il était juste un peu moins pentu… Juste un peu… Et ce « peu » suffit à faire de cette montée une toute autre aventure ! La confiance engrangée, Béa à mes côtés, un pignon de secours disponible la plupart du temps, une sélection de musiques bien choisies par le Lecteur MP3, et tout a roulé dans une « souffrance confortable », un moment beau, simple et fier…

La Vie.

 

Depuis que nous avons quitté Austin, on longe des ranchs d’une étendue incroyable. On ne sait jamais ou ça commence et quand ça finit. Dans certains d’entre eux, on voit des troupeaux de gazelles, style antilopes africaines. On hésite quant à l’utilité de ces animaux sous ces latitudes. Est-ce pour servir de cible lors de partie de chasse ou pour brouter l’herbe dans les endroits inaccessibles de la propriété, ou les deux ? Mystère.

 

LUIGI le Non-Né, où l’on découvre l’existence des réalités parallèles

 

Peut-être le savez vous, mais l’univers ne se compose pas uniquement de 3 dimensions. Les mythologies nordiques nous en parlent, il existe un nombre infini de « mondes parallèles ».

Cette strate de l’univers, qu’on peut appeler « 4ème dimension », consiste en un nombre non fini de réalités parallèles à la nôtre. Ces réalités ne s’écartent parfois de la nôtre que par quelques détails, pour les plus « proches » (terme impropre). Pour les réalités parallèles les plus éloignés par contre, d’énormes différences existent, les mers peuvent être orange, le ciel vert, les formes de vie non carbonés, ou encore, des cyclistes qui prennent le bus peuvent être considérés comme respectables…

Cette 4ème dimension n’est perceptible que par quelques êtres d’exception aux sens particulièrement développés. Vous aurez évidemment deviné que j’en fais parti. On nous traite souvent de fous, de dérangés, d’illuminés, de doux rêveurs, de zinzins, d’alcooliques hallucinés, et j’en passe… Je rétorquerai que dans un monde où tous les hommes seraient daltoniens, ceux capables de percevoir toutes les couleurs seraient vraisemblablement considérés comme fous…

Toujours est-il que, parfois, dans un demi-sommeil, ou lors d’une décorporation, dans une côte, ou encore quand les autres voix se taisent toutes en même temps dans ma tête, j’accède à certaines réalités parallèles… (tuuut tuuut tuuut ! je vous entends les médisants ! taisez-vous donc bande de daltoniens !)… Et récemment, j’accédais à une de ces réalité parallèle qui ne s’écartait de la notre que par un seul détail… un détail de 6 ans… un détail nommé Luigi… notre fils, non-né…

Tout est exactement identique à notre monde, nous faisons le même voyage, avec les même vélos, rencontrons les mêmes personnes, les mêmes ennuis, tout pareil, sauf que Luigi nous accompagne… Et régulièrement, j’entends sa voix et ses pensées…

 

J’aime pas trop ça quand Mam’ elle prend sa voix énervée pour me dire de pédaler plus fort… Mon vélo suiveur, il est super ! rouge ! comme celui de Mam’ ! mais il avance pas très vite… Et moi je peux pas tout le temps pédaler plus fort. Surtout là que j’ai pas ma forme olympique et que de qui plus est ça grimpe.

En ce moment, Papa est content parce que je fais suivre ses conseils pour mieux exprimer du recherché lingual. Il adore quand je fais mes nouvelles super phrases, tellement qu’il adore, il rigole très fort !

Moi, le Texas, je suis pas fan fan, pas comme les parents. Papa dit que j’ai le droit d’être pas toujours d’accord avec eux. C’est mon auto-détermination personnelle, comme les P’tibétains avec les Chinois, c’est Papa qui m’a expliqué mais c’est un peu convexe, ou compliqué quoi… Mais ça marche pas toujours, des fois, Mam’ elle s’énerve quand je mets mon auto-détermination pour pas manger les haricots…

  • J’en ai marre ! Je mets mon auto-détermination pour pas pédaler pendant la côte !
  • Luigi ! Pédale ! Sale fils de Terr’Ailleurs ! J’ai déjà 20 kg de bagages à traîner, n’en rajoute pas !
  • Et pourquoi Papa y peut aller à son rythme et pas moi ?
  • Ton père, il a des problèmes de santé que tu n’as pas, tu le sais ! Alors pédale !
  • Prrrrrr ! c’est toujours lui qu’a Oby…
  • Bloody hell ! Pédale !

Les parents y croient que je comprends rien quand y parlent anglais, mais en vrai, j’ai des aisances ! Comme je suis plutôt bien malin j’arrive à parvenir à de multiples résultats compréhensifs.

Par exemple, j’ai bien parvenu à deviner que « feuquine bloudog » c’est quand on est très près de quelque chose. Je le sais parce que Papa dit toujours « feuquine bloudog » quand les voitures et les camions y passent tout près de nous ! Comme par hasard.

En outre mesure, je sais aussi dire « bonjour, merci et mon nom est Luigi ». Mon père y dit toujours à ma mère : « ça claque ! il est déjà plus fort que toi » et après elle crie de façon énervée et elle s’autodétermine de mauvaise humeur.

Mais c’est vrai que des fois quand Papa et Mam’ y causent en anglais à des gens, Mam’ elle fait une drôle de tête qui veut dire : « Heu ! Pardon maîtresse ! Là j’ai rien compris »… Alors Papa y lui fait du translette. Mais bon, faut pas trop lui faire remarquer parce qu’on peut passer feuquine bloudog de la catastrophe !

 

Depuis qu’on grimpe les montagnes, y’a de plus en plus des tensions pas électriques… Quand j’autodétermine de pas pédaler, Mam’ ne me crie même plus dessus, mais elle s’arrête et me regarde de l’œil du pire effet… Et alors on marche en poussant les vélos… On sent bien que ça énerve aussi Papa, parce qu’y fait sa tête de bouillote en serrant les lèvres. Mais bon, moi j’y peux rien, j’aime pas la montagne et je sais pas encore faire marcher mon muscle de force mentale.

 

Quand on est arrivé aux 2 Pics, ça a été la sérieuse catastrophe ! Mam’ a cassé son truc de vitesses et elle pouvait plus changer le difficile-facile… Elle a crié à Papa de ne pas s’arrêter, façon actrice des théâtres tragiques qui vont mourir. Mais je sais pas trop si Papa il a compris parce qu’il avait des yeux de fou qui font peur et on aurait dit qu’il regardait à l’intérieur de lui-même… Alors on a marché et c’était vraiment super difficile ! J’ai autodéterminé de ma taire et pas me plaindre trop parce que Mam’ avait l’air feuquine bloudog du craquage ! Elle a même fait pipi dans son truc en plastique dégueu alors qu’y avait pleins de voitures qui passaient ! Quand on est arrivés en haut au bout de des heures de grimpette trop dure, Papa nous attendait avec une drôle de tête… On savait pas si il était content ou pas… Il était comme éclairé… Quand Mam’ lui a dit de réparer son vélo, y s’est vite éteint.

Mais il a réparé quand même… C’était super long ! On a attendu ¾ d’heures à cuire le soleil sur le bord de la route… J’ai un peu dit que l’endroit était pas super bien organisé, mais ils ont tous les 2 fait leurs « yeux tais-toi ou c’est la catastrophe»… On a tous fini par repartir dans la bonne humeur ! Dans la descente, j’avais ma forme olympique !

 

Des fois, Papa y chante sa bête chanson de la Trititude, et dedans, y’a des trucs que je viens de faire ou des autres trucs que je viens de dire… Mam’ et Papa ça les fait rigoler, alors je rigole aussi avec eux, mais j’ai un peu l’impression d’être le canard de la farce aux amandes…

 

On est maintenant carrément dans le désert ! Trop comme dans les films qui sont dans le désert avec des cowboys ! C’est extra bien et chaud ! Mais par contre, ça rend convexe le ravitaillage en nourriture et en boissons. C’est encore plus difficile « avec un poids mort » comme Papa dit souvent en me regardant avec son œil de ski au frêne. Mam’ dit aussi que les grimpettes, la chaleur, les litres de flotte en plus, c’est bien assez difficile et qu’elle se passerait bien d’un boulet en plus… Et là, elle me regarde avec son œil de Chucky tout fou ! Des fois y sont bizarres les parents !

 

Le soir commence à tomber et je suis pas très rassuré du tout… Ca fait déjà depuis ce matin que Papa et Mam’ y sont partis chercher des provisions et qu’y m’ont promis de revenir vite, vite avec des Pepsi bien frais et des glaces Choco-Peanut ! Trop une tuerie ! Mais y reviennent pas…

J’ai trouvé ça bizarre quand même quand ils ont tout démonté la tente et pris toutes leurs affaires pour faire du ravitaillage. Mais Papa m’a expliqué qu’y fallait pas déséquilibrer le vélo ou chais pas quoi… Mais maintenant le soleil se couche… Je commence à avoir un peu de craintif… Pis j’entends des genres de loups qui hurlent… J’ai bien peur, là c’est sûr… J’aimerais qu’ils reviennent…

 

 

Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Euh… Bizarre, hein ! Ce qui se passe dans les mondes parallèles ! Mais… euh… comment dire… ces Pierrot et Béa parallèles ne sont pas vraiment comme nous, hein ?! Pas de méprise ! On n’aurait jamais fait ça, nous… hein ? Pas de méprise ! De toute façon, on n’aurait jamais fait de gosse… hein ? T’as qu’à voir la différence ! Voilà, voilà…

 

Ca devient vraiment flippant ce blog

 

Coin des jeux, énigmes et autres mystères

 

Solution des énigmes précédentes

 

  • Porte clés Tour Effeil :

Bien joué Olive pour la flasque…

  • Physiologie :

En moyenne, sur une journée « classique », je pisse 10 x par jour et jusque 3 x par nuit, ça m’aide à rester affuté…

 

  • Littérature :

Beaucoup ont trouvé (saloperie de google), mais La Vie devant soi est signé E. Ajar et non R. Gary.

 

 

Les nouvelles énigmes :

 

  • Les Américains sont très… « Tape m’en 5 Bro ! » Nous préférons pour notre part un genre de salut dans le même style, mais plus franchouillard… Je ne vous donnerai pas son vrai nom, car vous le retrouveriez facilement sur google. Nous faisons donc ce que j’appellerai pour l’occasion un « Tape m’en 5 la Noiraude ! »

A votre avis en quoi cela consiste t-il ?

 

  • A vous de retrouver le nom de cette fleur bleue. (Nom en anglais, merci).

 

  • A votre avis, depuis que nous sommes partis de Miami, combien de paquets de PQ avons-nous acheté (ou volé, ou récupéré…) ?

Austin : 3201kms

« You may all go to hell, and I will go to Texas » Davy Crockett

 

TEXAS – 3 201 Km (distance cumulée depuis Miami…)

  • 30 et 31 Mars : Merryville – Silsbee ; 123 km (+11, 2ème jour)
  • 01 Avril : Silsbee – Shepherd ; 99 km
  • 02 Avril : Shepherd – Cagle (SP) ; 76 km
  • 03 Avril : Cagle (SP) – Navasota ; 64 km
  • 04 Avril : Navasota – Round Top ; 78 km
  • 05 Avril : Round Top – Buescher (SP) ; 67 km
  • 06 Avril : Buescher (SP) – Montopolis ; 68 km
  • 07 au 10 Avril : Montopolis – Austin ; 11 km

 

Les CHALLENGES !

Pour le Chef (ouais, c’est vrai qu’on parle beaucoup du Chef… mais bon… c’est le Chef quand même !) Une 4ème bière, la Dogfish Head n’était pas mal du tout (en plus, c’était une blanche, et je ne suis pas fan, à la base). Bonne surprise.

 

On vous avait donc laissé en Louisiane après un orage terrible et interminable. Après une journée de repos consacrée à écrire un nouvel article dans ce magnifique blog, nous reprenons notre route et franchissons la frontière du Texas.

Nous quittons l’axe principal pour prendre une petite route qui doit nous amener à Bleakwood. La route est barrée suite aux inondations. Comme le réseau routier n’a rien à voir avec le notre, la moindre déviation oblige à faire un détour de dingue. Dans notre cas 37 km au lieu des 19 km initialement annoncés. Ni une, ni deux, en bons Terrailleurs que nous sommes, on se dit « ouais ben c’est bon, il doit y avoir 3cm d’eau sur la route, si il y a besoin on poussera les vélos. Ah la la, ils sont vraiment super sécuritaires ».

Rétrospectivement, c’est là qu’on se rend compte que pour éviter des détours en vélos, on peut trouver pleins d’arguments. Nous voilà donc parti sur notre petite route, c’est génial parce que du coup, il n’y aucune voiture à part les riverains. D’ailleurs on croise un premier pick up, le gars s’arrête et nous prévient que la route est bloquée. Je lui demande quelle est la hauteur de l’eau. Il me répond qu’il n’en sait rien mais la rivière a débordé sur la route sur environ un demi mile (800 m). Aïe, s’il y a beaucoup d’eau, ça va être coton de faire des allers retours pour porter tout le matériel à dos d’homme. On continue donc notre route et on croise un deuxième pick up. La route est bloquée vous ne pourrez pas passer. Pierrot lui répond qu’on n’a pas le choix, l’autre possibilité oblige à un trop long détour. Nous essaierons de passer en poussant les vélos. Le gars n’insiste pas, hausse les épaules, sourit et continue sa route. Nous arrivons aux deux tiers du parcours, effectivement, l’eau a recouvert la route. Un nouveau pick up nous double, le niveau arrive à la moitié des roues (rappelons que les roues de pick up sont autrement plus grandes que celles d’une C3). Bon finalement, ça à l’air de passer fastoche, même pas la peine que je retire mes chaussures et mes chaussettes. Pierrot roule devant moi, soudain, je le vois mettre pied à terre. Chose qui ne lui arrive que très rarement. Rappelons en effet que son vélo est beaucoup plus bas que le mien et que le niveau de l’eau a allègrement atteint ses sacoches. Je mets donc pied à terre. Bien jouer pour garder les pieds au sec. Pierrot, au milieu des flots, défait ses sacoches pour les superposer sur son siège et les préserver de la rivière. Il pousse son vélo sur les derniers mètres. Nous voilà, donc de l’autre côté. Ah, ah, ah, on avait bien raison de ne pas prendre la déviation.

 

On se remet donc en route et au bout de 10m, on voit le pick up rouge que nous avions suivi durant la traversée de la rivière qui fait demi-tour. Il s’arrête à notre niveau et nous informe qu’on ne peut pas passer. L’eau arrive au niveau de la portière et le courant est trop fort. Pierrot lui refait le coup du « on n’a pas le choix » et on continue la route. Au bout de 20m, effectivement c’est la catastrophe, la rivière a largement débordé, le courant est très violent, et effectivement on devine au loin les barrières du pont, mais on ne voit pas la rive opposée. Comme on a déjà les pieds mouillés, on laisse les vélos et on avance sur la route pour jauger la hauteur d’eau. Rapidement, j’ai de l’eau au dessus du genou et on n’a même pas fait la moitié du chemin. Mais surtout, il est difficile d’avancer à pieds à cause du courant, donc avec les vélos, ça me parait mission impossible.

Nous n’avons donc pas d’autre choix que de rebrousser chemin. Du coup, nous voilà obligé de franchir à nouveau la première inondation. La traversée dans l’autre sens est beaucoup plus difficile du fait du courant trois quart face. Par trois fois, mon vélo manque de se faire embarquer par les flots et commence à se coucher.

Nous refaisons donc la route en sens inverse pour rejoindre quasiment notre point de départ et finalement prendre la déviation initiale. Alors, c’est pas complètement con, ça ? Personnellement, je trouve que ce jour là, on a mis la barre très haut.

On avait prévu initialement de s’arrêter à Silsbee, soit une étape déjà balaise de 86 km. Avec un détour pareil (40 Km de plus), l’arrivée à Silsbee nous semble grandement compromise. Ah, ah, ah, c’est bien mal nous connaitre. Si on a dit qu’on campait à Silsbee, on campera à Silsbee. On remplit donc notre objectif vers 16h30 avec au compteur 123km !!

 

La Team Terr’Ailleurs Vs Old Bitch ; où l’on en apprend plus sur le match qui se joue

 

Déjà, pour les non-anglophones, Old Bitch (OB) est le nom anglais de la Vieille Salope*, elle-même, surnom de la sclérose en plaques…

Or, donc, la Team Terr’Ailleurs est composé de 2 membres principaux (Pierrot & Béa), plus quelques membres honorifiques (Olive, Antoine, parents Tillier : intendance, logistique et Pets Hostel / Raf’, Chandoux : piliers du blog depuis 2013 / les Panardos : force inspiratrice d’idées et d’actions / et tous les amis fidèles qui nous suivent, nous soutiennent, et à l’occasion descendent quelques canettes et pichets de sangria avec nous…)

De la même façon, chez les 2 membres principaux, les rôles sont parfaitement distribués. Il faut savoir que le match qui se joue contre Old Bitch n’est pas un match de sport collectif, non plus qu’une partie de billard entre amis, non plus qu’un tournoi de badminton en double, c’est un match de boxe, mais un putain de match de boxe où l’arbitre n’est pas très regardant… Mais revenons aux rôles de nos 2 personnages :

Béa occupe toute une série de fonctions primordiales. D’abord, c’est le coach, à elle toutes les décisions tactiques, stratégiques, parcours, stops, jours de repos, distance parcourue, etc. C’est aussi le staff médical : prise de médocs, massage (à fin joyeuse ou non), arrachage de dents, débouchage d’oreilles, etc… Ou encore le préparateur mental, qui a la psychologie nécessaire pour savoir s’il faut caresser, réconforter, bousculer, engueuler, ou piquer au vif. Mais c’est également l’organisateur, le sponsor, le manager, le gestionnaire, le logisticien, le responsable informatique, et bien d’autres choses encore… En clair, si Béa n’est pas là, rien ne se passe. Si Béa n’avait pas toujours été là, le match serait terminé depuis longtemps. Il se serait terminé sur une défaite par KO, du genre de KO dont on ne se relève pas…

Et malgré tout cela, Béa est dans l’ombre, elle n’occupe pas le devant de la scène, reste derrière Pierrot… Pourquoi ? Parce que c’est un putain de match de boxe, et que sur le ring, finalement, il ne peut y en avoir qu’un :

Pierrot. C’est lui qui est sur le ring. Sous les projecteurs. Le beau rôle. L’écriture bleue. Pas de contingences, pas d’emmerdes administratives, juste le Fight, la baston, le mental ! Mais du coup, c’est lui qui se coltine Old Bitch… Et elle tape dur la salope… Des coups au foie qui font mal… Des jabs rapides et précis qui t’explosent la gueule… Des uppercuts vicieux qui peuvent te chopper la pointe du menton et t’étendre sur le coup… Ouais, c’est lui qui se tape toute cette merde, c’est lui qui s’en prend plein la gueule à longueur de round, et c’est lui qui ne peut pas riposter…

Ah, oui, parce que je nous vous ai pas dit, mais c’est un match truqué ! Ouais… En fait, le Pierrot, il ne peut pas gagner, il ne donne jamais de coups, il ne fait que les recevoir. Le vainqueur est déjà connu. On sait que, à la fin, c’est forcément OB qui gagne.

Bon… Alors… Qu’est-ce qu’on fait ? On se couche ? On abandonne ? On dit : « C’est dégueulasse ! La vie est mal faite ! Pourquoi des saloperies comme ça n’arrivent qu’aux plus beaux et aux plus barbus ! On n’a plus qu’à se laisser crever ! » Mes couilles ! Pas question ! On monte sur le ring ! On en prend plein la tronche et on dit, en crachant du sang : « C’est tout ce que tu sais faire Old Bitch !? » On monte sur le ring et on la fait courir ! On esquive ! On esquive ! On esquive !

123 Km, tu ne l’avais pas vu venir celui là ! Hein Vieille Salope !

*  voir les épisodes précédents

 

Nous rencontrons Jesse. Il fait lui aussi la Southern Tier dans le même sens que nous, mais en solitaire. Il vient du Kentucky et il nous semble très mûr pour ses 23 ans. Comme beaucoup de cyclistes qui voyagent seuls, il a un peu tendance à chercher la compagnie. Nous passons donc la journée de repos ensemble, et je ne sais pas si c’es la cuisine de Pierrot qui lui convient, mais il décide ensuite de rouler avec nous. Pour combien de temps ? Au moment où j’écris ces lignes, nous n’en savons encore rien.

 

Petit souvenir d’une soirée « Bolo » avec le gars Jesse

Ce qui était sympa avec Jesse, c’est qu’on pouvait discuter… On pouvait discuter parce que :

  • On comprenait ce qu’il disait
  • Il comprenait ce qu’on disait
  • Il avait suffisamment de fond

Il est assez rare de voir ces 3 conditions réunies.

Or, donc, lors d’une soirée spaghetti bolognaise (huuum) préparées dans la luxueuse guest-house du camping de Silsbee, la discussion glissa sur la politique. Jesse fait parti des « victimes » du choix populaire, et soupire abondamment à la moindre évocation de leur nouveau président… Il voulut évoquer la dernière présidentielle française, et je lui expliquais alors que pour nous aussi, ce fut un « vote par défaut », comme celui qu’il fit pour H. Clinton, sauf que nous, c’était passé… On continua alors les analogies en comparant Trump et Le Pen, qui utilisent les grosses ficelles de la démagogie pour faire croire qu’ils sont antisystème alors même qu’ils sont leurs plus fidèles serviteurs.

Trump est en effet le représentant ultime du système capitaliste ; milliardaire, homme d’affaire, propriétaire de casinos, empire immobilier, animateur télé… Trump EST le système !

J’expliquais à Jesse que la situation en France était relativement similaire avec Le Pen, puisque celle-ci est directement issue de la grande bourgeoisie (Neuilly/Seine), millionnaire, ancienne avocate (sans clients), et faisant semblant, comme Trump de se méfier du système !

Se méfier du système, cracher sur le système pour attirer les gogos ! Mais elle aussi EST le système ! Bref, elle fait semblant de se méfier… En fait, c’est une fausse sceptique

 

Et là, j’ai manqué de vocabulaire anglais pour lui expliquer qu’elle avait vraiment tous les attributs de la fausse sceptique… Elle est moche, elle pue la merde, et elle ne sert absolument à rien dans un pays où 99% des gens sont au « tout à l’égout »…

 

Nous nous retrouvons donc tous les trois au camping de Sheperd, qui finalement s’avère être une communauté hippie. Il y a une salle commune ou tout le monde prend ses repas ensemble et chacun a une petite cabine pour dormir. La communauté est surtout composée de femmes, entre quarante et cinquante ans, qu’on imagine divorcées. Si vous connaissez la série Top of the Lake, vous pouvez imaginer le tableau. Il y a également un couple que ne doit pas avoir plus de 28 ans, trois gamins à leurs basques et le quatrième est en route. Certainement encore un cadeau de Dieu. David et Connie nous accueillent donc comme des rois, nous avons même droit à une dégustation d’un vin de Bordeaux, vu que notre hôte est un ancien sommelier. Il est très curieux de la culture française et la conversation va bon train, puis chacun reprend ses activités créatives.

Le lendemain matin, au moment de partir nous avons droit au « hug » américain et ils nous serrent dans leurs bras comme si nous étions leurs propres enfants. Un peu décontenancés par cette marque d’affection, nous adoptons nos réflexes français et nous les embrassons. Chose qu’eux, ne pratiquent pas vraiment. Du coup on a droit au : « Oooooooh, you’re so cute ». Ca fait toujours bizarre de s’entendre dire, à plus de quarante ans, qu’on est mignon. Mais bon, c’est pas faux.

 

 

Nous sommes agréablement surpris par le Texas. C’est plutôt très chouette pour y faire du vélo. Le paysage est pour le moment est très verdoyant et l’ambiance y est champêtre. On croise bien évidemment des ranchs d’élevages de vaches ou de chevaux.

 

Le relief est de plus en plus marqué et on finit par se bouffer à longueur de journée du profil à bosses. Les routes sont relativement bien roulantes malgré un revêtement régulièrement granuleux et souvent avec très peu de circulation. (euh… on va dire… MOINS de circulation). Les gens sont super accueillants et nous souhaitent régulièrement la bienvenue au Texas. A noter également que les fast food ont laissé la place à des gargotes locales qui proposent immanquablement des burritos, tacos et enchiladas. La proximité avec le Mexique se fait de plus en plus sentir.

 

En arrivant à Austin, Jesse reprend sa route en solitaire et arrête ENFIN d’avaler nos bouteilles de vin. Surtout celle-ci, la première de bouteille de vin français qu’on ait trouvé, un mouton cadet.

Quant à nous, on se prend un petit studio pour quelques jours, histoire de se poser un peu et de visiter la ville.

Festival de Brass Band à Austin

 

 

UNE CONSPIRATION MONDIALE, où l’on apprend pourquoi les Terr’Ailleurs ne portent plus de casque

 

Peut-être certains d’entre vous, fidèles followers, observateurs en diable, et malins comme des bonobos (même si je doute que de tels spécimens existent) auront remarqué qu’en 2013 nous avions régulièrement des casques sur la tête quand aujourd’hui… casquette, chapeau, foulard, bandana, ou rien, mais pas de casque ! Alors pourquoi ? Caprice ? Inconscience ? Marre de la vie ? Trop chaud la tête ? Peur du look ? NON ! A tout cela je dis NON !!! Le problème est bien plus complexe, et vous pouvez en croire mon expérience… J’ai de la bouteille… Je sais reconnaître les manipulations des grands Lobbys et les intrigues géopolitiques de la CIA et de la NSA quand j’y suis confronté ! Et ouais ! Et ouais ! Faut pas m’prendre pour un perdreau de l’année ! Et ouais ! Et ouais ! Réfléchissez un peu, vous aussi !

Que vous disent les pouvoirs politiques ? « Pour votre sécurité, à vélo, portez un casque ! »

Que vous disent les grands industriels ? « Achetez ! Achetez ! Achetez ! Les casques Décathlon ! Que du bon ! Et attention, changez votre casque tous les 5 ans, ou dès qu’il tombe ou prend un choc ! »

Que font les grands médias ? Ils relaient toutes ces conneries en insistant sur les tendances de la saison… « Et voici un reportage spécial sur les nouveaux casques à sangles ergonomiques ! Vous n’en voudrez plus d’autres ! ».

Mais TOUS ! Ouais ! TOUS ! Tous taisent un fait troublant que j’ai découvert en recoupant informations et témoignages ! Et ouais ! Faut pas m’prendre pour un perdreau de l’année ! Rappelez-vous la photo de Keith que vous avez vu lors d’un précédent article… Rien ne vous attire l’œil ? Rien ne vous chiffonne ? Allez ! Concentrez-vous ! Regardez son nez… Et ouais ! Et ouais ! Il est encore un peu blanc ! Pourquoi ? Ah ! Ah ! Ah !!! Pourquoi ?! Ce que vous êtes naïfs… Mais parce qu’on lui a filé de la Biafine ! Voilà pourquoi ! Et pourquoi lui a-t-on filé de la Biafine ?! Parce qu’il avait le nez cramé bien sûr ! Voilà pourquoi !

Alors ? Ca y est ? Ca tilte ?

Non ?

Non ?

Mais si bon dieu ! Regardez la photo ! Un « casque » et un nez cramé ! C’est évident, merde ! Regardez nous ! Des casquettes beau-gosses, et un nez en parfait état ! Et encore ! Lui n’était parti que depuis 13 jours, et nous, depuis 2 mois !

Autre exemple ! Franck ! Rencontré sur la Ruta 40, en Argentine (rappel : http://terrailleurs.fr/2013/11/05/tres-de-mayo/) ! Et bien, ce Franck, avec qui nous étions restés en contact par courriel, avait lui aussi le nez gravement cramé ! Et… Et… Oui ! Devinez ! Et oui ! Il avait UN CASQUE !!! Coïncidence ? Mes couilles !!! Je suis en mesure d’affirmer haut et fort à la face du monde que CASQUE = nez cramé !

Et ouais ! Faut pas m’prendre pour un perdreau de l’année !

J’en entends un dire : « Et alors ? Un nez cramé, c’est pas la fin du monde ! » Oh le con ! Tu t’appelles Régis toi, non ? Je te mets les points sur les « i » Régis… Notre Franck, avec qui nous étions restés en contact, devait faire un séjour au Tibet quelques mois après son retour d’Argentine. Il n’y est jamais allé. Pourquoi ? Pourquoi ?

Nez cramé… Et ouais, et ouais, il a dû se faire opérer pour un cancer de la peau… Trop de soleil + casque = nez cramé = cancer de la peau… Alors ? Ca fait moins le malin… ?

C’est bon ? Vous avez compris maintenant ? Le LOBBY du casque est un des plus puissant du monde. Il est en cheville avec les lobbies pétroliers et pharmaceutiques… Le CASQUE veut notre peau ! Il veut la fin des cyclistes ! La fin des écolos et des déplacements propres ! Et son plus cynique et plus spectaculaire tour de force est de faire croire qu’il veut nous protéger ! Ah ! Ah ! Ah !!! Et ouais ! Faut pas m’prendre pour un perdreau de l’année !

Et pour tous ceux qui ne sont pas encore convaincus que le CASQUE est le Mal absolu, je terminerai par la preuve irréfutable : la numérologie !

Tous les ans, les ventes du CASQUE rapportent 6 milliards… Alors, suivez bien, si on prend le classique code de numérologie alphabétique (A=1 / B=2 / C=3 / etc.)

CASQUE – 6 milliards

CASQUE 6

(C = 3 + A = 1 + S = 19 + Q = 17 + U = 21 + E = 5) –> CASQUE = 66

CASQUE 6 –> 666 !!!

 

Etonnant et terrifiant non ?

 

Ouais, terrifiant comme un tissu de conneries, issu d’une mauvaise foi absolue et d’un humour noir décalé, peut paraître crédible à un ramassis de crétins qui estiment que la théorie du complot… quand même… y’a pas de fumée sans feu…

 

Nan, on ne met pas de casque parce qu’on n’aime pas…

 

On a besoin de reprendre des forces pour pouvoir affronter les difficultés prochaines qui nous attendent :

 

 

Coin des jeux, énigmes et autres mystères

 

Solution des énigmes précédentes

 

  • Retour sur la fleur ! Personne n’a relevé que l’Ephénira Blanca de Louisiane était une pure invention de ma part. Vous avez raté le point bonus !

 

  • Figure de style : oui, litote de préférence à euphémisme.

 

  • Bronzage Tigrou : cela se passe dans le pli du coude. Preuve en image :

  • C’était bien un Corn-dog, apparemment bien connu de nos followers, saucisse en bâtonnet entouré de chapelure de maïs.

  • Enfin… de gros progrès à faire sur la maîtrise du running gag les enfants… la route par laquelle nous sommes entrés à la Nouvelle-Orléans était, bien sûr, la :

Les nouvelles énigmes :

 

  • Porte clés Tour Effeil :

J’ai acheté un souvenir à Austin, sur lequel est gravée la citation de Davy Crockett initiant cet article. Cet objet est métallique, léger, et mesure environ 12 x  8 x 2 cm… A votre avis, de quoi s’agit-il ? (Béa dit que c’est trop facile…)

 

  • Physiologie :

En moyenne, sur une journée « classique », combien de fois ai-je besoin de pisser sur une durée de 24h ?

 

  • Littérature :

Après avoir lu une vingtaine de livres depuis le début de ce voyage, je viens de terminer celui qui m’a le plus plu… Dans ce livre, un jeune arabe est élevé par une vieille, moche et grosse juive qui se défendait avec son cul quand elle était jeune…

Forts de ces indices, donnez le titre du livre et le (ou les) nom(s) de l’auteur.