Nous passons cinq jours à El Calafate dans une auberge de jeunesse. Nous en profitons avant tout pour nous reposer. Nous trouvons un magasin de vélos qui VEND des cartons à vélos. La démarche est un peu limite, mais bon, ça nous dépanne bien. En trois heures, nos montures sont démontées et empaquetées. Comme prévu, on en chie un peu pour retirer la vis du guidon du vélo de Pierrot que l’on avait rentré à coup de marteau à San Rafael. On se doute que ça va être chaud pour la faire rentrer à nouveau quand nous serons à Bruxelles. Il y a peu de chance de trouver une caisse à outil à l’aéroport et donc on prend les devants. On embarque dans nos sacoches un galet qui fera office de marteau. En plus, ça nous fera un souvenir. Ils sont de moins en moins cons ces Terr’Ailleurs. (C’est clair ! Prendre un galet de 2kg dans les bagages pour prendre l’avion… Malin !)
On musarde dans les rues. C’est vraiment très touristique, les agences de voyage se succèdent les unes aux autres sur les trottoirs. On peut enfin faire nos achats de souvenirs et blinder nos sacoches de conneries diverses et variées. Je libère entièrement une de mes sacoches, celle qui contenait toute la bouffe, pour embarquer tous nos paquets. En Belgique, on s’en fout, on carburera aux fricandelles frites.
On passe une après-midi à la Laguna Nimez, on se ballade tranquillement au milieu des canards, des foulques, des grèbes, des oies, des faucons, des flamands roses. On reste assis dans les refuges tant pour observer la faune que pour penser à ce voyage et réfléchir au retour. Il y a très peu de monde on adore.
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Normal, tout le monde part visiter le glacier Perito Moreno. Tous les jours à toutes les heures, on voit des bus entiers qui emmènent une horde de touristes visiter le site. Ce glacier est apparemment exceptionnel, 60 mètres de hauteur. Il bouge de deux mètres tous les jours et c’est impressionnant d’entendre ses craquements. Régulièrement, des pans entiers de glace se détachent et tombent dans le lac. Mais voilà, il faut tenir compte des éléments suivants :
– Le site se situe à 80 bornes. On peut y aller en bus pour un prix franchement prohibitif.
– Il se situe dans un parc national, l’entrée du parc est bien évidemment payante. Le tarif « étranger » et deux fois et demi plus cher que le prix pour un argentin. Cette pratique m’énerve.
– Le Perito Moreno est l’attraction phare de l’Argentine (c’est un peu leur Tour Eiffel à eux). Nous sommes en pleine saison touristique, c’est donc blindé.
– Le site est facile d’accès, pas besoin de suer en marchant pendant trois heures. Limite, on peut y aller en talons aiguilles.
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GUINNESS BOOK (où l’on découvre un autre côté « con » des Terr’Ailleurs et où l’on se demande finalement qui a raison…)
Tout le monde nous l’a dit ! On l’a vu et entendu partout, dans les livres, sur le net, dans la bouche de tous les touristes ou cyclotouristes croisés : « le glacier du Perito Moreno est une expérience unique ! Incroyable ». Tout le monde vient à El Calafate pour voir le Perito Moreno. Tous ceux qui se trouvent par hasard à El Calafate vont voir le Perito Moreno. On a mené l’enquête. Toutes les personnes croisées à El Calafate avaient vu ou allaient voir le Perito Moreno.
Guinness Book ! Nous sommes sans doute les seuls au monde à avoir passé cinq jours à El Calafate sans voir le Perito Moreno !
Ça sera mis dans notre Guinness book personnel à côté de : « Passés à 10 km du Taj Mahal, ils n’y sont pas allés ! », ou de : « Avec beaucoup d’avance, à 20 km de San Francisco, ils ignorent une des plus belles villes du monde ! », ou encore : « Passant à 100m de la dune du Pilat, ils font des doigts aux touristes et filent comme des balles ! », etc.
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Le jour J arrive, on embarque tout notre matériel dans la navette de l’aéroport et le voyage de retour commence :
– 2 heures d’attente à l’aéroport d’El Calafate
– 3 heures de vol
– 5 heures d’attente à l’aéroport de Buenos Aires
– 12 heures de vol (je ne savais pas que les avions pouvaient rester si longtemps en l’air sans faire le plein)
– 5 heures d’attente à l’aéroport de Barcelone (où on a été bien occupé car comme il y avait un changement de compagnie aérienne, nos bagages n’étaient pas en transit. On a dû tout récupérer, vélos compris, pour tout ré-enregistrer ensuite)
– 2 heures de vol
– 1 heure pour récupérer tout le matériel à l’aéroport de Bruxelles et effectuer un des derniers challenges.
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Durant le dernier vol, nous avons survolé Paris aux alentours de 23 heures. C’était magnifique, il n’y avait aucun nuage et alors que nous étions à plus de 10 000 mètres d’altitude, on voyait distinctement la Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe, les Champs Elysées.
Autant dire que le lundi à minuit, on était bien explosé. On trouve donc un taxi camionnette pour charger tout notre barda et foncer au premier hôtel abordable. Après quelques heures de sommeil, on monte les vélos dans le garage de l’hôtel (et heureusement qu’on avait notre galet !). Tout est en ordre, du moins, tout est dans le même état qu’au départ d’El Calafate. Mon dérailleur est toujours aussi tordu.
Le mardi après-midi, nous reprenons donc la route, cap au sud pour ne pas changer. On est super content de tourner à nouveau les jambes, ça faisait une semaine qu’on n’avait pas roulé. En plus, grâce à Gérard, on emprunte exclusivement des pistes cyclables pour quitter Bruxelles. Malgré le temps gris et la température hivernale, c’est franchement agréable. Toutefois, il est difficile de rouler au-delà de 16 heures car on avait oublié que le jour baissait si vite et du coup, la température aussi.
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Le lendemain, on continue à suivre les indications judicieuses de Gérard, jusqu’à ce qu’on se retrouve sur une nationale belge à quatre voies. C’est-à-dire une autoroute sans bande d’arrêt d’urgence. Autant dire qu’on a beau serrer les fesses, la situation est franchement trop dangereuse et on prend la première sortie pour quitter cet enfer. Après 9400 bornes sans incident majeur, ça serait un peu con de se faire renverser si près du but. Le seul problème c’est que sur Gérard, on a un fond de carte de tous les Etats Unis, de toute l’Amérique du sud et de France, mais rien en Belgique. Ce qui fait que l’écran est tout blanc et qu’on se dirige uniquement avec la trace que l’on a téléchargé préalablement. Donc, quand on quitte la route prévue, on se retrouve dans le no man’s land parce que bien évidemment, nous n’avons pas de carte routière. On est les Terr’Ailleurs quand même.
Enfin bref, on quitte cette route dangereuse et on se dirige au jugé au milieu des champs en prenant des routes de campagne. On arrive à une carrière de Carmeuse. Un ouvrier sort de l’usine et lance à Pierrot : « Oh, mon gars, tu peux descendre tout de suite, t’arriveras pas à la grimper, la rampe ! » (oui, je sais, je fais très mal l’accent belge). Pierrot éclate de rire avant de lui répondre d’une voix suffisante style 16ème arrondissement : « Mais nous venons de faire les Andes, Môsieur ». Et effectivement, elle nous a bien fait rigoler la grimpounette de 8 ou 9 %. On trouve une piste cyclable qui semble aller dans la bonne direction. Tout va donc très bien, puisqu’au bout de 6 kilomètres, nous récupérons notre trace.
Nous arrivons à Mettet vers 16h, le soleil est bien bas, on décide donc de trouver un hôtel. Un gars nous indique le seul établissement un peu à l’écart de la ville. Quand nous nous y rendons, nous trouvons porte close. On sonne, on fait le planton pendant un quart d’heure, personne. Le jour commence franchement à décliner et nous n’avons aucune solution de rechange. Pierrot braille comme un âne : « je te l’avais dit qu’il fallait continuer sur la piste cyclable, on avait repéré un gîte. Maintenant, avec tout ce temps perdu, c’est mort, il va faire nuit !! ». On décide de retourner sur Mettet pour trouver une solution. On passe devant le commissariat. On s’y arrête puisqu’en Amérique du Sud, les policiers nous ont toujours dépatouillé pour trouver une solution hébergement. Nous faisons donc la connaissance de Robert, policier à la retraite, mais qui continue quand même à venir au commissariat pour s’occuper (??!!??). On lui explique donc notre problème. Il réfléchit pendant trois minutes qui nous semblent interminables. Il finit par appeler une de ces connaissances qui loue des gîtes. Bingo, celui de deux personnes est libre. Le temps de passer faire quelques courses pour le repas du soir, nous enfourchons nos vélos pour revenir sur nos pas sur trois kilomètres pour nous rendre à Devant les Bois. Nous faisons la rencontre de Pascal et Betty. Adorables, ils se plient en quatre pour nous. On se réchauffe auprès du poêle à bois, Betty nous prépare du café, du thé, servis avec des petits gâteaux. Le gîte est fantastique, très confortable, tout est nickel et super calme. On file prendre une douche bien chaude pour se réchauffer. Betty revient pour nous apporter des bières belges. Royal !!
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Jeudi, 9h15, Pierrot : « On est à la bourre ! On ne décollera pas avant dix heures moins le quart ! »
Jeudi, 9h15, Béa : « Mais non ! T’es fou ! On sera prêt dans ½ heure… »
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Le lendemain, on se rend compte que le plat pays n’est finalement pas si plat que ça. Plus on se rapproche de la frontière, plus c’est vallonné. On finit par passer la frontière et nous poser en début d’après-midi dans un hôtel de Givet. Ça y est, on est en France. En tout cas, on peut vous certifier que plus il fait froid, plus on grille de l’énergie. On a constamment la piquette aux doigts et aux orteils.
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Maintenant, ça va dérouler facile puisqu’il nous reste plus que 80 bornes sur la piste cyclable jusque Charleville Mézières.
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Pour les plus braves d’entre vous que le froid ardennais ne fait pas reculer, nous vous attendons sur le pont de Monthermé (vous ne pouvez pas vous tromper, y’en a qu’un) pour rouler ensemble sur les 23 derniers kilomètres, le :
Samedi 25 janvier à 14h15
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Pour le 25… (où l’on dévoile quelques événements qui auraient pu et qui devraient se produire le 25 au soir…)
Pour le 25, je voulais lire un poème. Attention, hein ! Pas un poème sur la beauté du monde ! Pas un poème sur le voyage ! Pas un poème pour dire merci à tout le monde ! Non, non… Un poème sur le seul sujet qui m’intéresse vraiment, un poème sur moi…
Enfin, sur nous, quoi…
Un magnifique poème, assez connu, qui s’appelle « IF »… (Ça veut dire « Si », pour ceux qui sont vraiment en délicatesse avec l’anglais.) Ce poème dresse les conditions (puisque « si » indique le conditionnel) qui permettent de devenir un Homme.
J’ai toujours été extrêmement sensible à ce poème, mais si je voulais le ressortir à cette occasion, c’est que j’ai l’intime conviction que ce voyage nous a permis de remplir certaines de ces conditions nous permettant de devenir un Homme.
Le problème… Ben oui, il y a toujours un problème… Le problème, c’est que je vieilli. Et qu’en vieillissant, je deviens de plus en plus… sensible ?… émotif ?… couille molle ? Enfin, j’ai les glandes lacrymales qui fonctionnent parfois pour des raisons indéterminées. Et là, en l’occurrence, je ne peux pas lire ce poème à voix haute sans avoir une grosse boule qui s’installe dans la gorge, sans être obligé de m’arrêter tous les deux vers en disant d’une voix altérée : « C’est beau… Excusez-moi… »
Bref, je ne peux pas le lire à haute voix, je vais donc vous l’écrire.
Si
Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;
Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n’être qu’un penseur ;
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tous jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.
Rudyard Kipling (traduit de l’anglais par André Maurois)
Alors ! C’est pas beau ça ! Si vous ne trouvez pas, essayez à haute voix… Si vous ne trouvez toujours pas, faites le lire par un pote qui lit super bien… Et si vous ne trouvez toujours pas, ben tant pis…
Maintenant, ce qui devrait avoir lieu :
· Une mini-torchette, vite fait bien fait… Pas trop quand même, on doit pédaler le lendemain. Mais qui arrivera fatalement, parce que je ne suis pas du tout en forme (climat pourri ici…) Par conséquent, actuellement, 3 verres me jettent au sol…
· La remise des prix du KIKORA, pour ceux qui sont présents. Je m’excuse par avance de ne pas avoir pu ramener un petit quelque chose à chaque personne nous ayant suivi, mais les sacoches et le budget ne le permettaient pas. N’auront leurs cadeaux que certains privilégiés :
– Les parents (hors catégorie, ils nous ont fait quand même)
– Les Chandoux (followers n°1, meilleur score aux devinettes)
– Olives (meilleur accompagnement et service, hors blog)
– Raph’ (follower n°2, 2ème score aux devinettes)
– Les Brody (meilleur moment des USA, pourvoyeurs de carte bleue)
– Claire (follower n°3)
– Thierry S. (follower n°4, score historiquement bas aux devinettes = lot de consolation)
– Cyril (échec de notre part à ses 2 challenges + 1 challenge refusé = lot de consolation rock & roll trouvé sur le bord de la route au Chili !)
– Les Panardos (mêmes routes, mêmes galères, mêmes joies, pour le partage, un repas de luxe gagné à Signy l’Abbaye (date à déterminer)
Les photos de la remise des prix dans le prochain post !
· Une histoire-anecdote-comique, non racontée dans le blog (faut faire de gestes et mettre le ton !) en exclusivité. Ça s’appelle : « QU’EST-CE T’AS FAIT !?! »
· La chanson, arrangée à la sauce Terr’Ailleurs, qui nous a permis de tenir le coup dans les moments les plus difficiles, chantée à tue-tête ou en sourdine, en exclusivité !
Alors ? C’est pas alléchant ça ? Allez ! A bientôt les Aminches…
Challenges : Les Chandoux, Baptiste (qui est aussi un Chandoux), Balces (les gars du Raid, allez voir ce challenge… )
Bon retour chez vous. Ralentissez le temps pour mieux gouter ces 6 mois passés
Ben oui, mais ça caille quand même, alors on est pressé d’arriver.
Mon pote:
je ne dirai qu’une chose: qu’il pleuve, neige ou vente, que la centrale de Chooz ait une fuite, que je sois inspecté lundi, que ma compagne me fasse une scène, que Romain me paye une nuit dans sa roulette, ou que Audrey Fleurot veuille baiser avec moi, je dirai NON!!!!! car je vais à Monthermé embrasser un pote, un ami, pour qui j’ai vibré, stressé pendant 6 mois! Je comprends à cet instant ce que peut ressentir un vieux ped’…
A très vite!!!
PS: Je ramène le champagne, à vous de le sabrer!
… avec le couteau suisse, ça ne va pas être facile.
Ca caille, ça caille… on est en janvier tout de même ! Et toujours pas de grattage de pare brise (c’est vrai que ce n’est pas votre problème !). Sinon, bravo pour la virilité du douanier belge (ce n’est pas l’idée que je m’en faisais, mais vive le changement !) et pour la synthèse glougloutée des challenges (pas de doute, tout est dit !)
Je tiens à dire qu’on est super fiers d’être nominée Followers N°1. Notre challenge sera de le rester lors de votre prochaine aventure.
A très très bientôt (mais pas à Monthermé !)
On avait repéré un autre douanier, le sosie parfait du grand duduche. Le rêve pour ce challenge. Mais le bougre n’était pas francophone, n’a pas dû tout comprendre. Bref, n’a pas voulu se plier à l’exercice.
Bon ben pas de chance ! Aujourd’hui il faut gratter les pare brise !!! C’est vrai que je vous porte la poisse ! Heureusement que je ne fais pas Monthermé / Charleville avec vous, je serais capable de vous faire devenir les Dérailleurs ! Couvrez vous bien, ça va cailler en vrai !
Le douanier Grand Duduche ? Sont bizarres ces belges quand même !
Tres decue de ne pas vous rejoindre. La grippe est arrivene avant vous!!!! Faites gaffe au changement de climat
bravo pour les dernières photos qui nous apportent un peu de soleil! et Pierrot est à ravir au milieu des fleurs!bienvenue dans nos Ardennes certes un peu froides mais…c’est le retour au « pays »….tout compris!
A demain au détour de votre route.
Bravo pour votre voyage .
Je vous ai suivi depuis le début et j’ai vraiment bien aimé tout vos articles et le ton décalé .
Au plaisir de vous rencontrer un jour , peut etre lors d’une velorizon .
Christophe
Et oui, c’est fini. Heureusement Fred et Ophélie, alias Los Panardos, sont encore sur la route pour continuer à nous faire rêver. En plus, ils sont dans les passages les plus rigolos…