Villa O Higgins : Fin de la Carretera Australe

 

Bonne année 2014 à tous les lecteurs de ce post, et merci à ceux qui nous l’ont déjà souhaité. Que cette année vous amène autant de bonnes rigolades que celles que nous avons connues pendant six mois… Ça devrait bien faire travailler vos abdos, bande de feignasses !

 

 

Drame en 3 actes : « De Chile Chico à Cochrane, quatre jours pour transformer un héros en type normal »

 

Introduction : L’action se passe à Chile Chico. Une des vis du vélo de Pierrot est sérieusement compromise. Comme c’est une vis importante (elle tient le siège), il décide de se mettre à la recherche de sa jumelle dans la petite cité sise au Lago Général Carrera. Malheur ! Erreur on ne peut plus funeste ! Les Terr’Ailleurs n’apprennent-ils jamais de leurs bévues passées ? N’ont-ils pas conscience qu’envoyer Pierrot à la recherche de quelque chose, seul, signifie un retour sans l’objet désiré mais implique en outre que ce qu’il aura trouvé à la place sera une bonne veille crasse plus ou moins fâcheuse… En l’occurrence, elle le fut, fâcheuse…

Une demi-heure après le départ de son héros, Béa le vit revenir, la mine sombre, les mains vides, et boitant bas. Après moult remontrances, Pierrot finit par fournir une vague explication qui parlait de chemin non goudronné, de pierre saillante et traîtresse, de sandales tenant mal au pied, de fente d’escrimeur amenant violemment son genou au sol, pour finir par exhiber ledit genou, sanguinolent et enflé comme une pastèque. Chose peu rassurante la veille de remonter sur les vélos, il ne pouvait pas plier sa jambe gauche sans éprouver une vive douleur. Béa était très inquiète. Elle précisa bien qu’il n’était pas question de partir le lendemain et de « se faire l’étape en mode warrior », plutôt prendre le bus. Pierrot tempéra, comme à son habitude, en disant que ça irait mieux demain. Il ne pouvait pas être plus exactement à l’opposé de la vérité…

 

Acte I : Le prix de la gloire

                Le vendredi 27 Décembre au matin, les Terr’Ailleurs quittèrent Chile Chico, après avoir attendu trois jours que le vent se calme. Ils eurent l’impression d’avoir eu raison pendant une petite heure avant de se rendre compte que le vent, finalement, était toujours aussi tempétueux. Ils étaient juste à l’abri d’une falaise. Ils pensaient connaître le vent. Ils en avaient eu leur content jusqu’à lors… Ils se trompaient. Que ceux qui n’ont jamais quitté la vieille Europe ne s’imaginent pas savoir ce qu’est le vent. Oui, sur les côtes normandes on a parfois l’impression de pouvoir décoller du sol. Oui, il y a parfois des rafales à plus de 100 km/h. Mais cela n’est qu’enfantillage ! Que ceux qui ont voyagé dans les Amériques sans jamais mettre les pieds en Patagonie ne s’imaginent pas savoir ce qu’est le vent. Oui, sur les côtes américaines des toits peuvent être emportés. Oui, dans la Pampa argentine on peut tomber de vélo ou de moto sous le coup d’une bourrasque. Mais cela ne dure que quelques heures. Le vent qui a balayé Chile Chico et ses alentours des semaines durant, et les balaie encore à l’heure où j’écris ces lignes est un monstre terrifiant ! Il souffle à 60 km/h et ses rafales montent à plus de 100 km/h. Rien de vraiment exceptionnel ? Non, peut-être… Si ce n’est qu’il ne s’arrête jamais ! Ni le jour, ni la nuit. Si ce n’est que ces rafales à la violence inouïe ne reviennent pas toutes les cinq minutes, ni toutes les minutes, ni toutes les trente secondes, ni même toutes les cinq secondes, mais toutes les deux secondes ! Alors voilà, ce vendredi 27 Décembre au matin, le vent était là, et bien là. C’était le premier handicap. Ah… Oui… Bien sûr, le vent était de face.

                On avait promis aux Terr’Ailleurs une bonne piste. Elle l’était. Une piste bien dure et bien tassée, limite rocheuse, parfaite ! Du moins sur les quinze premiers kilomètres… Ensuite… Ensuite… Est-ce à cause du vent ? On peut le supposer. Mais ensuite, le terrain, plus sablonneux, s’est plissé, plissé, et plissé encore jusqu’à avoir de la tôle ondulée de plus en plus fréquemment. Enfin… Au début, on pouvait qualifier cela de tôle ondulée. En fin de journée et les trois journées suivantes Pierrot préféra l’appellation de « champ de ralentisseurs ». Heureusement, un autre héros-cobaye avait testé pour eux la technique du « plus on va vite, moins on les sent » en leur certifiant son inefficacité… Toujours est-il que, au fur et à mesure des kilomètres, la piste se dégradait, inexorablement. C’était le deuxième handicap.

                Ils savaient – au moins savaient-ils quelque chose – à quoi s’attendre en ce qui concernait la dénivelée. Ils savaient que cela serait difficile et que cette étape serait classée dans les étapes de montagne. Ce qu’ils ignoraient, c’est que les trente-huit kilomètres qu’ils feraient ce jour-là ne seraient pas classés en « étape raclette royale », ni en « étape fondue savoyarde », ni même en « étape hors-catégorie » (se référer au lexique du précédent post) mais que cette étape serait encore plus difficile ! Pour la première fois du voyage, ils allaient passer dans la catégorie « impossible pour nous » avec 1064 m grimpés en 38 km… Ce dénivelé, assez important en soi, n’était, ne l’oublions pas, que le troisième handicap.

                Et maintenant, si on vous racontait que le genou de Pierrot n’avait pas diminué de volume – ouais, je le tiens vraiment bien l’euphémisme. Si on vous expliquait qu’il ne pouvait absolument pas forcer sur sa jambe gauche. Si on vous disait qu’il n’était même pas capable de démarrer avec sa bonne jambe et qu’il devait, face au vent, sur une piste traitresse, dans des côtes à 10 %, partir de sa mauvaise jambe. Si on vous narrait que le simple fait de clipper sa chaussure dans la pédale automatique suffisait à faire naître une douleur fulgurante dans son genou et lui faisait monter les larmes aux yeux. Si on vous parlait d’une souffrance qui éclipsait par ses fulgurances et son éclat son cortège habituel de petites douleurs. Si vous saviez que c’était le quatrième handicap, mettriez-vous en doute le caractère grandiose, héroïque, glorieux de cette geste ?

                Quatre handicaps, carré maudit, cavaliers de l’apocalypse, structure d’un univers de souffrances et d’épreuves, quatre éléments, quatre saisons, quatre points cardinaux… Dans ce cadre l’exploit vint. Dans ce cadre Béa ne chut pas, ne pleura pas, poussa souvent son vélo et tint jusqu’au soir. Dans ce cadre Pierrot chut plusieurs fois et re-niqua son guidon. Il pleura. Il ne poussa pas son vélo. Il tint jusqu’au soir. Et au soir, abrités tant bien que mal du vent par un méchant arbuste épineux, sur la lande déserte, ils plantèrent leur tente, mangèrent et s’endormirent, rompus, mais fiers. Fiers comme des coqs, fiers comme des paons, fiers comme des imbéciles de ce que leur orgueil et leur rage leur avaient permis d’accomplir. Ne se rendaient-ils pas compte que des valeurs négatives les avaient guidés ? Ne se rendaient-ils pas compte qu’ils étaient allés trop loin ? Que leur « victoire » allait devoir se payer ?

Fin de l’Acte 1.

 

Acte 2 : La merditude des choses

                … Alors là, j’ai chiotté grave… Bordel ! Qu’est-ce qui se passe, j’ai plus rien dans le slip ! Merde ! Si dès le réveil j’ai mal aux pattes, ça va pas le faire ! Et puis ce vent ! Ce fucking wind ! J’avance pas… L’enfer ! On peut pas… On peut pas… On peut pas ! Putain ! Je patine ! Putain de piste ! Putains de graviers ! Merde, je tombe ! Haaaaarrr…

Trop de vent ! On n’avance pas ! On ne peut même pas bouger sur le plat ! On ne peut pas ! Tant pis, merde, je pousse… Et voilà. C’est la fin d’une histoire. Bientôt six mois que je suis sur le vélo, et pour la première fois, je pousse… Plus rien… Plus de jambes, plus de jus, plus de mental, plus d’envie… Ou juste l’envie de rentrer. Prendre l’avion. Se barrer d’ici.

Putain !!! Même en poussant on n’avance pas ! Le vent est trop fort ! On recule ! Il fout les vélos par terre ! Piste de merde ! Vent de merde ! Tiens ! Je savate mon vélo de merde ! Une heure qu’on est parti ! On n’a pas fait quatre kilomètres ! Quoi ?? Faire du stop ? Prendre un pick-up ! Je m’en branle… De toute façon, je ne crois pas qu’on ait le choix… M’en fous… Je veux rentrer chez moi… J’ai mal. Mal au genou, mal à l’âme… Ça fait encore plus mal au genou de pousser que d’être sur le vélo. Mais même en descente c’est difficile de rester dessus. Putain de vent !

 Tiens ! Le pick-up rouge là ! Stop !

Ouais vous êtes déjà quatre dans le zimbrac ! Ok la benne n’est qu’un carré d’un mètre cinquante de côté avec plein de sacs dedans ! Mais vous n’allez pas nous laissez crever sur le bord de la route ! Bordel ! Ma femme est en train de craquer ! On ne peut pas avancer avec ce vent ! Allez, on embarque ! Si, si, regarde, on enlève les sacoches, et en mettant les vélos debout sur la roue arrière, en diagonale… Je m’assieds au milieu et je les retiens… Béa à mes pieds… Allez, c’est parti.

C’est parti, ouais… C’est parti pour une vingtaine de kilomètres. Vingt kilomètres d’enfer. Ce con roule comme un cinglé. Je ne suis pas reconnaissant, c’est moche… Je n’ai pas non plus la rage. Et ça, c’est pas moche, c’est effrayant… Je suis indifférent. Tétanisé, glacé… Pourquoi j’ai pas mis mes gants ? Pourquoi j’ai pas mis mon manteau ? Le vent, le froid. Ce mec roule à 100 km/h. Les vélos manquent de s’envoler. J’ai des courbatures aux bras pour les retenir. Je suis plié en quatre. J’ai le genou en vrac. Et surtout, surtout, j’ai un sale goût au fond de la gorge… C’est quoi ? De la bile ? De la rage ? Non… C’est le goût de la défaite. Ça y est, c’est officiel, j’ai perdu… Aujourd’hui, j’ai poussé le vélo, j’ai pris un pick-up… J’ai perdu mon pari. Je suis une merde. Perdu. A terre. Une grosse chiure. Perdu. C’est la défaite. La vieille salope a gagné. Je ne me suis pas prouvé que j’étais le plus fort… Je suis vide.

Vide.

Vide.

Vide et mal.

A mes pieds, Béa pleure.

C’est la défaite.

Froid.

Vent. Mon appui tête s’envole. Perdu aussi. M’en fous…

100 km/h, on frôle le bord du ravin. On voit la mort. Coucou… M’en fous…

Vent, la mousse ventisit du siège de Béa s’envole. On tape sur le toit. Je saute à terre à sa poursuite. Le vent ! Terrible ! Le vent m’entraîne vers  le ravin ! Impossible de freiner ! Je m’accroche à un rocher de la paroi opposé… Encore vu la mort. Coucou… La ventisit est dans le lac. Le voyage est fini ? M’en fous…

Vingt kilomètres. Plus de sang dans les bras. Plus de sensations dans les mains. Plus d’envies dans la tête.

On décharge les vélos et les sacs à Mallin Grande. Tout perdu pour vingt pauvres kilomètres.

Tiens, le dérailleur arrière de Béa est dans les rayons… Eh ben dis donc… Il est grave tordu… Je le redresse  à la main et à la warrior. Bon, ça passe. Je file ma ventisit à Béa. Pour son bien-être ? Pour me punir ? Parce que je m’en fous ? J’sais pas. J’ai un sale goût dans la bouche.

Au moins, on est suffisamment loin de Chile Chico, le vent a « presque » disparu…

Tiens, il commence à pleuvoir. M’en fous.

C’est reparti sous la pluie pour atteindre Puerto Guadal. Une trentaine de kilomètres. La pluie n’arrange pas la piste. Le vent a disparu, mais la piste est bien pire. Froid. Pluie. Pas de mousse de siège. Mal au cul et au dos. Des petites douleurs. Ça change un peu. Le genou est endormi. Je ne force pas. Plus envie. Une côte trop difficile. Allez, je pousse. Toute façon, c’est perdu. Plus d’orgueil, plus de rage, c’est la défaite.

Ce samedi 28 Décembre et le dimanche 29 Décembre se vécurent de la même façon. Sans envie, sans orgueil et sans rage. Tous les deux  furent placés sous le signe de la défaite.

Fin de l’acte II.

 

Acte 3 : « Tant pis pour les victoires, et tant mieux pour les défaites… »

                Ce coin de camping sauvage du 29 au soir… Extraordinaire ! Quand Angélique et Rémy (deux cyclotouristes dont le blog nous a beaucoup servi pour préparer le voyage) avaient parlé de cet endroit comme du plus beau bivouac qu’ils avaient fait, je l’avais tout de suite marqué sur la carte pour m’y arrêter. Bon… C’est vrai que j’ai oublié la carte en France, mais l’endroit est resté gravé dans ma mémoire. Et quand nous sommes passés à côté, environ 5 km après Puerto Bertrant, pas de doute, c’était là. C’est le genre d’endroit qui te réconcilie avec la vie !

 

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Et le lendemain, sur le vélo, ce n’était plus la même chose. D’accord, j’avais toujours un peu mal au genou, d’accord, mon vélo était dans un triste état, OK, il pleuvait la moitié du temps, c’est vrai, on avait encore un vilain vent, bien vicieux, dans le nez, mais il y avait comme une vague dans ma tête. Comme une vague du Pacifique qui vient lisser la plage. Qui vient nettoyer les fientes des mouettes. Qui vient montrer au gamin prétentieux que son extraordinaire, incroyable et fantastique château de sable… eh bien… ce n’était qu’une construction éphémère. Une vague qui vient te faire prendre conscience que le petit lac qui s’est formé dans ton nombril avec ta sueur, ce n’est pas le Pacifique. Ce n’est même pas un lac. Un étang ? Non plus. C’est tellement petit et rigolo que ça ne vaut pas le coup d’en faire toute une histoire… Une vague qui m’a chuchoté : « Tu sais, mon con, l’orgueil et la rage, ce ne sont pas franchement des valeurs positives, tu n’as pas à les regretter… » Et alors, je ne les ai plus regrettées. Et alors, j’ai recommencé à grimper les côtes à 12%, sur une mauvaise piste, sans mettre pied à terre. Sans orgueil. Sans rage. Zen. Comme un type normal. Et je savais que si cela devenait vraiment trop difficile, je n’irais plus me déchirer un muscle ni le mental, j’arrêterais le vélo, je descendrais, et je pousserais en chantonnant, sans honte, sans regret, zen, comme un type normal. Et le fait de savoir ça… Eh bien voilà… Je n’avais, le plus souvent,  plus besoin de pousser.

Et alors ?

Ce n’est pas parce qu’on approche de la quarantaine qu’il est trop tard pour une parcours initiatique.

Ce n’est pas parce qu’on est « con comme un Terr’Ailleurs » qu’on ne peut pas finir par se rendre compte que finalement, on est un type normal… Et c’est déjà pas mal…

Fin de l’acte III.

 

Cette vidéo retrace toute l’histoire en images :

FINALEMENT, VOUS DEVREZ ATTENDRE QU ON AIT UNE CONNEXION WIFI.

 

 

 

 

N’ayant pas les talents littéraires de ma moitié, il est bien difficile pour moi de prendre la suite de ce post. Toutefois, comme le récit ci-dessus était pour le moins personnel, je voulais juste vous faire partager mon ressenti, alors oui, ça va être redondant, mais je m’interdis d’ajouter mes petits commentaires dans la prose de Pierrot.

 

Nous devions donc rester à Chile Chico deux jours pour passer Noel. Le 26 au soir, consultant le site météo quasiment toutes les heures, on se rend bien compte qu’on ne peut pas prendre la route le lendemain. Cela fait maintenant trois jours que le vent souffle sans discontinuer et les prévisions du jeudi sont exécrables. Vent à 70 km/h avec des rafales à 100. On reste donc au coin du poêle à bois. On tente une sortie dans la matinée. Sur le bord du lac Général Carrera, les bourrasques nous empêchent par moment de respirer. C’est un truc de dingue.

 

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Finalement, nous reprenons la route le vendredi matin en tendant un peu le dos car il y a encore du vent, mais en plus, la pluie est annoncée pour le lendemain. On se traine à …, je ne saurais dire à quelle vitesse puisque je vous rappelle que je n’ai plus de compteur. Au final, je me demande si ce n’est pas mieux pour le moral de ne pas le savoir. Pierrot rame avec son genou qui a triplé de volume. Je l’attends régulièrement, et malgré ses sourires censés me rassurer, je vois bien qu’il en chie. On fait une pause le midi derrière un pauvre buisson qui nous protège un peu du vent. On décide de faire une longue pause en espérant que le vent faiblisse un peu dans l’après-midi. Il ne faiblira jamais. Nous remontons donc sur les vélos. C’est dur, très dur. Il y a toujours ce sifflement constant qui te vrille les oreilles. J’ai mal au crâne. Impossible de pédaler. J’ai mal aux bras à force de pousser les 40 kg. Les forces s’amenuisent, Pierrot finit par prendre la tête de notre expédition. Ce n’est pas lui qui va plus vite que ce matin, c’est moi qui n’en peux plus. Les paysages sont magnifiques, mais finalement, il est difficile d’en profiter. La piste serpente à flan de montagne. C’est vertigineux avec le lac en contrebas.

 

 

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Alors que je poussais le vélo, le vent tente de me l’arracher des mains et le soulève. Véridique, je n’ai jamais vu un truc pareil. Sur la piste étroite, une bourrasque me pousse et je suis à deux doigts de me manger la paroi. Cinq minutes après, je compense une bourrasque en me penchant sur le vélo, le vent s’arrête d’un coup, je file vers le lac. Bref, je me suis fait quelques frayeurs.

 

On plante le soir, complètement vidé au milieu de nulle part. Nos réserves d’eau en ont pris un coup avec ce vent, et la vache à eau de 6l est bientôt vide.

On décide de se  lever le lendemain très tôt en espérant avoir quelques heures sans trop de vent. Le vent ne s’arrête pas pendant la nuit, la tente bouge dans tous les sens. On se lève à 5h30, j’ai peur que les bourrasques ne déchirent notre unique abri. Au loin, de gros nuages noirs avancent vers nous. Nous voici donc à nouveau sur cette foutue piste, et je pousse, je pousse ce poids mort. Parfois la piste passe entre des  énormes blocs de rochers. Cela fait un couloir où le vent s’engouffre. En Argentine, le vent soulevait la poussière, là, ce sont carrément des petits graviers qui nous fouettent les joues et les oreilles.

 

Sur la piste, 7h49, Béa : « … On va crever… On va crever ici !!! »

 

Soudain j’entends une voiture. Ils sont quatre à bord avec leurs sacs. On l’arrête, on case tant bien que mal tout notre barda dans la remorque du pick up, nous compris. La voiture démarre, le gars roule comme un dingue sur la piste étroite en soulevant un énorme nuage de poussière. Je me vois mourir quinze fois lorsque je vois la roue de la voiture passer à cinquante centimètres du bord du ravin sans glissière de sécurité. On cramponne nos vélos qui menacent d’être embarqués par le vent. Je suis accroupie sur un pied de Pierrot. Tous mes muscles sont tétanisés. Je me rends compte que l’on a perdu la mousse de l’appui tête et quelques minutes après Pierrot hurle « On a perdu ta Ventisit » (c’est la housse du siège). Je hurle pour que le chauffeur s’arrête. Pierrot saute du pick up, je le vois dévaler la côte, emporté par le vent, comme une simple feuille. Il revient dépité, ma ventisit est maintenant dans le lac Général Carrera, quarante mètres plus bas, dans le ravin. Autant il était facile de remplacer l’appui tête puisqu’à la base c’est de la fabrication maison faite avec une grosse éponge. Autant un siège de vélo couché, c’est beaucoup plus compliqué. Ça revient à peu près à faire du vélo sans selle.

Je m’effondre, la fatigue, j’ai mal partout, c’est la fin du voyage, on ne peut plus continuer. Les larmes coulent, Pierrot inquiet me demande où j’ai mal. Nulle part, partout, je ne sais plus. Le pick up continue sa course folle en zig zaguant sur la route, en grimpant des côtes ahurissantes. On jette quelques regards vers le lac. C’est grandiose. Le chauffeur s’arrête un kilomètre avant Mallin Grande, il nous a donc avancé d’une grosse vingtaine de kilomètres. On descend du pick up. Nous sommes frigorifiés, les muscles sont ankylosés, nous sommes complètement abrutis de fatigue. (C’est toi qu’est complètement abrutie.)  On sert des mains en remerciant pour l’aide apportée puis la voiture repart. On reste seul au bord de la route, il pleut, mais ici, nous sommes à l’abri du vent. On vient de foirer notre pari qui était de faire tout le parcours en vélos, pour vingt pauvres kilomètres. Mais nous n’avions raisonnablement pas le choix. Ces vingt kilomètres étaient vraiment très pentus et nous n’aurions jamais pu les faire en une journée avec de telles conditions climatiques. C’est la première fois que je nous sentais réellement en danger. Continuer dans de telles conditions, c’était prendre le risque que l’aventure se finisse très mal et pour le coup, bien foirer notre pari.

On finit par se bouger, à attacher les sacoches aux vélos, je regarde Pierrot et éclate de rire en voyant ses cheveux ébouriffés par le vent.

 

 

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On s’échange deux trois vannes, on se marre. Et voilà, les Terr’Ailleurs sont les plus forts, on remonte sur nos vélos et on roule sous la pluie glaciale. Pierrot a pitié de ma double scoliose et me laisse sa ventisit. Il continue donc le cul posé directement sur le carbone du siège. On essaie de faire un coussin avec des fringues, mais c’est presque pire que mieux. On se fait doubler par plusieurs pick up qui véhiculent d’autres cyclotouristes éreintés. Nous arrivons enfin à Puerto Guadal où nous trouvons une chambre à louer.

Finalement, ce sont plutôt les prévisions météo plutôt que notre état de fatigue qui conditionnent nos jours de pédalage. Nous reprenons la route le lendemain, non pas qu’ils prévoient  du beau temps, mais disons que c’est moins pire. La piste devient de plus en plus pourrie avec trop régulièrement des passages en tôle ondulée. On suit le lit du Rio Baker. L’eau est turquoise, c’est magnifique. On se trouve un coin de camping sauvage paradisiaque au bord de la rivière. Deux cyclistes allemands s’arrêtent et nous taillons la bavette dix minutes. Elisa et Sébastian sont partis d’Allemagne en vélos il y a maintenant deux ans. Comme on suit la même route, ils proposent à Pierrot de lui prêter un de leur tapis de sol (pour faire office de siège de vélo) qu’ils utilisent pour cuisiner.  On pourra leur rendre quand on se  retrouvera au camping de Cochrane.

 

 

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La route est vraiment très belle, surtout quand il y a un rayon de soleil, mais on ne s’attendait pas à un tel relief. On fait des étapes d’une cinquantaine de bornes et on est bien crevé le soir. On arrive à Cochrane, la dernière vraie ville sur la Carretera Australe. On est tellement crevé que l’on prend des infos sur les bus pour finir le parcours. C’est aussi là que l’on trouve le dernier distributeur de billets. Ayant entendus parler d’un gars qui a été obligé de faire la manche pendant trois jours pour manger car le bateau était bloqué à cause du mauvais temps. Je prévois large, très large, voire même trop large en pesos. Le camping est blindé de cyclotouristes allemands et hollandais. Vu le temps prévu pour le lendemain, on préfère se prendre une chambre. On fait le plein de bouffe, on trouve un nouveau tapis de sol que Pierrot transforme en nouveau siège de vélo (on rendra le premier au couple d’allemands).

 

 

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On passe le 31 décembre bien au chaud, à lire un bon bouquin auprès du feu, alors qu’il drache dehors. On profite d’une accalmie pour bricoler un peu sur les vélos et changer ENFIN nos patins de freins. Chose que nous n’avions toujours pas faite depuis notre départ. Vue le relief qui nous attend, nous avons été bien inspiré de le faire. Ce jour de repos nous aura fait le plus grand bien et on décide finalement de continuer en vélos. On est les Terr’Ailleurs, oui ou merde. A partir de Cochrane, nous ne quitterons plus notre collant, notre manche longue et notre coupe-vent. Fini l’été, on se réadapte tout doucement à un retour dans l’hiver ardennais. On se fait un petit restau très sympa pour le réveillon.

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Nous mettrons quatre jours pour rejoindre Villa O Higgins, le point final de la Carretera Australe. Il n’y a presque plus de voiture après Cochrane, on est vraiment au bout du monde. On croise de temps en temps quelques fermes. On fait le plein d’eau aux cascades dévalant des glaciers.

 

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A certains endroits, l’eau nous parait un peu jaunâtre et comme on a la flemme de sortir le filtre, on préfère s’abstenir de la consommer. On mange le midi comme des pouilleux sous les ponts en tentant de s’abriter du vent.

 

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On se prend régulièrement des bonnes averses, et même de la grêle. On pousse très souvent le vélo, j’en ai des courbatures aux bras et aux pectoraux. Il va être temps que l’on retrouve l’asphalte, car on a hâte de pouvoir refaire vraiment du vélo.

 

 

 

 

Béa et la feuille de rhubarbe (où l’on apprend que détresse physique et lucidité font rarement bon ménage…)

                Sur la piste menant à Cochrane, lors d’une descente impressionnante (que la piste et le vent de face nous obligeaient à faire à 12km/h de vitesse de pointe), nous fûmes pris dans une véritable tempête avec averse de grêle. Béa se mit alors à meugler que « Aïe ! Ça fait mal ! J’ai froid ! Faut qu’on s’abrite. Ça fouette le visage ! » Je lui fais alors remarquer, zen, comme un type normal, que : « Il n’y a rien pour s’abriter ma chérie… Ce n’est pas en restant plantée au milieu de la route que les choses vont s’arranger. Autant continuer. » Roulant alors des yeux, effarée, elle me montre alors un rocher, presque un cube parfait, de 70cm de côté ainsi qu’un pied d’une plante ressemblant à de la rhubarbe sauvage en hurlant : « Si ! Si ! Derrière le rocher avec des feuilles de rhubarbe !!! » Sic.

Quand nous nous abritâmes sous un arbre quelques centaines de mètres plus loin, nous nous marrâmes pendant plusieurs minutes quand je lui racontais cet incident que, bizarrement, elle avait déjà effacé de sa mémoire…

 

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On fait du camping sauvage au milieu de paysages extraordinaires, mais franchement marécageux. Quand on s’arrête le soir, on est transis. Pierrot, tel Rahan, réussit à allumer un feu avec du bois mouillé. En plus de la sueur, on sent le vieux feu de bois. On pue le castor à des kilomètres, c’est peut-être pour ça que l’on ne verra quasiment aucun bestiau, à part les lièvres de Patagonie et deux condors. On ne s’attendait pas à en voir tellement  au sud.

 

A Puerto Yungay, il n’y a qu’une seule famille qui vit dans ce lieu-dit et qui tient l’unique commerce qui permet d’acheter l’essentiel, quelques empanadas pour le repas du soir et du chocolat avant de prendre le bateau. La dernière traversée est à 18h00, nous arrivons comme des fleurs à 17h50, sous les hourras des autres cyclo touristes qui nous avaient doublés dans la journée.  De l’autre côté du lac, à Puerto Rio, il n’y a rien. Juste un refuge que nous partageons avec Rodolfo (un Chilien de Montréal) et un couple d’allemand.

 

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Le lendemain matin, nous partons les premiers, mais nous nous faisons rapidement rattrapés par nos comparses. Il est vrai qu’on ne roule pas comme des malades. On prend le temps de pisser, boire, faire des photos, manger du chocolat … Les premiers kilomètres sont très agréables puisque le chemin longe le Rio Bravo et est presque plat, puis on se bouffe trois méchantes grimpettes qui nous vident le peu de force qu’il nous reste. On plante en face d’un glacier sous la pluie, on met trois fois plus de temps à monter la tente car il y a de la caillasse partout. Les piquets tiennent avec des grosses pierres. Si le vent redouble, on va être mal.

 

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On se blottit dans la tente alors qu’il pleut toujours. On retire toutes nos fringues mouillés qui puent. Cela fait maintenant trois jours que l’on n’a pas pris de douche. Je me blottis dans le sac de couchage pour essayer de me réchauffer. Pierrot fait à manger sous l’abside puisque dehors, il pleut toujours. Comme on n’a pas beaucoup d’eau potable, on tente pour la première fois la polenta saveur fromage-oignons. Beuh !!! Je pense que ça sera la dernière fois. Pierrot l’améliore avec un oignon rissolé et une boite de ton. Ce n’est pas terrible mais on dévore quand même la gamelle. Je fais la vaisselle sous la pluie dans la rivière. On s’endort avec le bruit de la pluie et au risque de vous étonner, on se réveille avec.

Il nous reste plus qu’une cinquantaine de kilomètres pour arriver à la fin de la Carretera Australe. La pluie s’arrête enfin et nous profitons d’un formidable vent de dos qui nous fait bien apprécier cette dernière journée qui sera beaucoup plus facile que les trois précédentes.

 

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Villa O Higgins est un petit village battu par le vent d’ouest, nous rencontrons tous les cyclos que nous avons croisé sur le chemin.

 

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Tout le monde attend le bateau qui nous permettra de rejoindre le sentier qui nous mènera à nouveau en Argentine. Celui que nous devions prendre lundi est annulé car il y a trop de vent. Et à l’heure où j’écris ces lignes, nous ne savons pas quand nous pourrons traverser. On attend une accalmie et ça peut être long. Nous trouvons une cabana au cœur du village ou nous prenons du repos bien mérité.

 

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Ne nous voilons pas la face, on en aura bien chié sur cette Carretera Australe, mais ça serait à refaire, on le referait sans hésiter. C’est sans conteste la partie la plus sauvage, la plus grandiose que l’on ait fait. On a effectivement l’impression d’être au bout du monde. Je m’attendais à avoir des pistes bien plus pourries, du style de celles empruntées à certains endroits en Argentine. A part la tôle ondulée, elle est quand même assez stable et pas du tout sablonneuse. Par contre, on ne s’attendait pas à avoir un tel relief et surtout des conditions climatiques aussi extrêmes. Vous pourrez en avoir une idée en consultant la page des étapes.

 

 

 

Le jeu du KIKORAlézerbaromatikirandaveug

 

Solutions des devinettes précédentes (pas de wifi quand j’écris, je ne peux donc dire qui a bien répondu…)

 

  • Devinette 1 : Je ne demandais pas le nom du film (O’Brother) dans lequel le personnage interprété par l’excellent Georges Clowny (pas la peine de corriger, c’est volontaire…) lance à ses deux acolytes : « Vous êtes cons les gars, ça fait plaisir à voir ! » Mais le nom de leur groupe de musique, à savoir (en vf) : Les Culs Trempés.

 

  • Devinette 2 : « Il était tard ce samedi soir… » je vous conseille fortement l’écoute de ce désopilant morceau de Pierre Vassiliu dans lequel on apprend que Tarzan est né au Tyrol.

 

  • Devinette 3 : Pourquoi les Terr’Ailleurs ne prennent pas le bus ? Réponse en image :

 

 

 

 

 

  • Devinette 4 : En Rapanui, Pierrot (Pié’Ro) signifie « demi-dieu au vélo étrange ». Si, dans la mythologie grecque, Athéna est sortie toute armée de la tête de Zeus, d’où, dans la mythologie Rapanui, est sorti Pierrot, tout équipé ? Réponse en image :

 

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Devinettes du jour :

 

  • Devinette 1 : Nouveau thème, culture botanique. Donnez-nous le nom de cet arbuste épineux à fleurs odorantes.

 

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  • Devinette 2 : Nouveau thème, culture religieuse (si, si, je n’ai pas l’air, comme ça, mais j’en ai pas mal). Dans l’article « Drame en 3 actes », un verset des écritures a été recopié intégralement, du premier au dernier mot (en français, bien sûr…) De quel verset s’agit-il

 

  • Devinette 3 : (A noter : Béa est farouchement opposée à la parution de cette devinette. Protestation bien enregistrée. OK, allons-y !)

Lors d’une des étapes très difficiles, après Chile Chico, Béa a dit quelque chose de vraiment dégueulasse… Berk ! Rien que d’y repenser… Est-ce qu’elle a dit :

  1. 1.       J’ai chié dans mon slip !
  2. 2.       J’ai vomi dans ma bouche !
  3. 3.       J’ai pissé sur mes mains !
  4. 4.       Je me suis mouché dans ma langue !

Si, si, elle a vraiment dit une de ces choses…

 

  • Devinette 4 : Que représente cette photo ?

 

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PS : Certains d’entre vous auront sans doute remarqué que l’on ne pouvait plus accéder à notre blog pendant quelques jours. On a même senti un vent de panique chez certaines personnes. Voici donc l’explication. Souvenez-vous, le premier jour de notre arrivée aux USA, nous avions égaré notre carte bancaire. Nous avions donc dû faire opposition sur celle-ci. Sauf que les données bancaires étaient celles données à notre hébergeur de site internet. Celui-ci n’a donc pas pu faire de prélèvement et donc du coup à bloque notre blog. Et voilà, le mystère est résolu. Le temps que le virement parvienne à 1and1 et le problème devrait être résolu.

 

 

 

 

 

 

 

 

36 réflexions sur « Villa O Higgins : Fin de la Carretera Australe »

  1. Allez vous ne lachez pas. J’avais suivi des reportages de cyclotouristes et les conditions meteo ne me surprennent pas. Les 4 saisons defilent sans arret, disaient-ils. Suis contente d’avoir trouve les culs trempes. Dites moi de quel film des freres Coen je tiens cela »: quand on a des amis comme ca on n’a pas besoin d’ennemis ». A bientot

  2. bonne année à tous les deux!Une fin d’année des plus extraordinaire malgré l’expérience « fortifiante » de perte d’illusions « héroïques ».Retour à la « vraie » vie et ses multiples péripéties…Merci encore pour vos récits qui nous tiennent en haleine. (j’ai eu du mal avec vous en vous lisant…)pour le nom de la fleur , il s’agit de « Rosa Rugosa » une plante qui vient d’extrême Orient, qui produit, après les fleurs, des genres de petites tomates assez aplatie. Pendant un temps, cette plante était mise dans tous les massifs que personne ne voulait entretenir. Buissons impénétrables pour les mauvaises herbes et pour les humains tellement il y a des épines (on les a déjà côtoyés en entretien!!!)somme toute une fleur magnifique et ce parfum…!Bonne continuation dans votre voyage. surtout ne perdez pas courage! On vous suit et on pense à vous.
    Bisous sur les 2 joues de chacun pour la nouvelle année.
    Catherine

  3. Bon c’est vrai que c’est super bien raconté, on souffre avec vous et tout mais bon, malgré l’enrobage, le coup du 4×4 c’est du « bitimage »

    1) Aubépine
    2)pas envie de relire, c’est trop dur!
    3) j’peux pas y croire
    4)9000 bornes, pas mal, la fin est proche…

    En parlant de la fin. J’veux bien m’occuper du pot de retour. Un apéro/resto à Charleville le samedi 25 janvier au soir (à confirmer). Contactez moi par mail si vous voulez en être olives@aliceadsl.fr

    1. Non, non, non, on peut pas « bitimer », on n’a pas de référence « Atime »… Tant qu’on reste ensembles, on EST la référence… Et, ouais, pour le pot de retour, on voudrait bien en être, compte 2 personnes…

  4. Joker pour l’instant pour les devinettes… Il faut que je reprenne mon souffle.
    Mes réactions à la lecture de votre post sont :
    1. Bonne nouvelle, ma sœur et mon beauf sont des êtres humains
    2. C’est bon, ils vont pouvoir rentrer puisqu’ils ont trouve ce qu’ils cherchaient : leurs limites
    3. Merci à ces 20km parcourus en pick up. Sans eux, les terrailleurs n’auraient aucune raison de se fixer un nouveau défi et donc nous refaire rêver. Pour vous punir, on ajoutera un petit blanc de Savoie à la fondue qui vous attend, ça vous apprendra à faire les chochottes pour 3 gouttes d’eau et un brin de vent !
    Non mais…

      1. Je rappelle qu’il s’agit d’une punition. Ce sera donc une piquette de Savoie et c’est tout ! Le 8 mars, ça vous irait ? Pile poil la journée des femmes ! Ca n’empêche pas de se voir avant bien sûr mais j’imagine que le grand filstouille serait heureux d’être parmi nous !

  5. Nous vous souhaitons une excellent année 2014, sans CanalSat évidemment (mais bon, est-ce une grosse perte – je ne pense pas), mais avec tout ce qui va bien et surtout, profitez bien de vos dernières semaines sur le continent américain.

  6. Salut les fous!
    On a trop stressé en vous lisant! Je n’imagine même pas en vrai.On a ressenti ce désespoir avec Julie une fois en faisant du kayak de mer à contre courant avec trop de vent dans la face mais ça n’a pas duré autant que vous! Mes pauvres!
    Récit très émouvant en tout cas…
    Sinon tes devinettes deviennent un peu du grand n’importe quoi!!! Mais bon, on va tenter de répondre à celles-ci…biz et tenez bon!

    Raph et Julie

    Devinette 1: du Cynorrhodon ou gratte-cul.
    Devinette 2: onsépat
    Devinette 3: pour moi le plus dégueulasse c’est « je me suis mouché dans ma langue » Mais en réfléchissant, le pire aurait été de chier sur sa langue!
    Devinette 4: milleuuuuuuuuuuuuuuuuuuu! Le nbr de km à faire en le disant avec extase!

  7. et quel talent dans l’écriture et la narration, je suis resté scotché. C’est vraiment léché, on sent bien la souffrance, autant physique que morale.
    Mais bon, d’un autre coté, vous avez fait du stop !! Bouuu !! C’est pire que de prendre un bus ça !!
    Très bonne continuation, on a hâte de lire ce que va donner votre crapahute dans la forêt après la traversée.
    Ah, et bonne année tant qu’on y est.

    1. Ouuuuais tu sais… le talent… tu vois… être écrivain c’est pas un métier tu vois… c’est ma nature… Pour la traversée, c’est fait. La vache, la vache, la vache !!! Épique ! On racontera ça dans le prochain post. Bonne année les amis !

  8. Le proverbe « voyager ajoute à sa vie » prend tout son sens !
    Bravo pour cet exploit (en vélo couché quand même !).
    Merci pour vos proses.
    Et félicitations pour les n’oeuf mille kilomètres.
    On vous embrasse sous le vent patagon.
    Ciao
    Marie-Ange et Gilles des OrAnGiMa

  9. Merci, merci, merci. Il est 7h43. J’ai lu votre dernier post en dégustant mon café, suis passé du rire aux larmes. J’vais devoir me magner pour pas arriver en retard mais tant pis…. Grandiose. Merci. Et bonne année les terrailleurs ! En 2014, comme je vous l’ai déjà dit, je vous souhaite de conserver cette hauteur que vous avez sur les choses…. Et pour finir, voilà, une vidéo pour toi mon Pierrot. http://m.youtube.com/watch?v=McV7pjwVFbE&desktop_uri=%2Fwatch%3Fv%3DMcV7pjwVFbE Y’a pas de raison que je sois le seul à chialer devant mon écran. Des biz les amis.

  10. oh ! un peu trop de galères ces derniers jours mais vous pouvez être (quand même malgré ces 20 km motorisés) très fiers de vous ! je pense exprimer la pensée de nombreux « accros » du blog. Bon courage et surtout de meilleurs conditions pour les dernières étapes ! bises

    « Il faut du courage pour apprécier la dureté et la douceur ».

    « Même dans les pires conditions, je crois que les gens préfèrent être exceptionnels plutôt qu’ordinaires. Pour les encourager, il faut leur en donner la possibilité ».

  11. Salut les amis,
    On vous souhaite une très bonne année 2014.
    Aussi bonne que 2013 qui a été sans doute formidable pour vous.
    Bravo pour vos exploits patagoniens. J’espère que le genou de Pierrot va mieux.
    On vous embrasse fort
    A bientot
    Olivier Fabienne et les filles

  12. Meilleurs voeux de nous quatre et bonne fin de voyage avec une météo plus clémente.
    D1 : rosier sauvage = rosa canina
    D2: c’est pas notre truc !
    D3 : on vote pour la 3
    D4 : n’oeufmille km : bravo !
    Biz

  13. Est-ce la fleur de l’églantier, « rosa canina »?
    Vivez bien vos derniers jours, profitez, respirez….pour revenir avec la SAGESSE

    1. Hola Amigo ! Yep, j’y pensais au kyte bike, surtout les 4 ou 5 où on a eu le vent dans le dos. Faudrait que je fabrique une voile solide, mais escamotable facilement… Peut-être un genre d’éventail géant derrière le siège… A suivre. Biz

  14. Du fond du coeur et en toute sincérité, je vous souhaite une http://www.unilim.fr/suaps/files/2014/01/BONNE-ANNEE-2014.jpg
    Que cette fin 2013 qui vous a mis à rude épreuve constitue un superbe tremplin qui puisse vous propulser sur les hauteurs de vous mêmes, de votre complicité et de vos projets sans vous laisser impressionner par des fichues vacheries et un quotidien qui pourrait vous paraitre fade. La vie est belle, même à Signy ! La farine de blé et l’instruction sont 2 trésors qu’une bonne partie de la planète nous envie. Votre retour est attendu, toutefois, je vous épargnerai le décompte qui fût celui du départ de crainte de vous scier les mollets, ce qui serait une mauvaise idée. Profitez de ces qq jours qui vous restent (je n’ai pas dit combien !!!) pour vous enivrer d’air pur et de liberté. Rappelez vous, une fondue savoyarde (une vraie mais moins pénible !) vous attend. D’ici là, on vous embrasse bien fort.

    1. Et ben, dis donc, il fait drôlement plaisir ce message. Je vous souhaite à tous une très bonne année et nous avons hâte de la partager avec vous cette fondue. Depuis le temps qu’on en parle.
      Biz et à très bientôt
      Ta soeur

  15. Avec tout ça, envahie par l’émotion, je n’ai pas répondu aux devinettes.
    1 – Je me rallie à la majorité « rosa canina » mais j’aime bien l’histoire de la fleur à tomate qui pique mais qui sent bon.
    2 – Fiers comme des coqs, fiers comme des paons, fiers comme des imbéciles de ce que leur orgueil et leur rage leur avaient permis d’accomplir. Ne se rendaient-ils pas compte que des valeurs négatives les avaient guidés ? Ne se rendaient-ils pas compte qu’ils étaient allés trop loin ? Que leur « victoire » allait devoir se payer ?
    J’adore ce passage. Et si c’est un verset selon St Pierrot, alors écris ! Si tu ne le fais pas, c’est du gâchis.
    3 – Impossible. Au pire Béa a dit « Fichtre ! j’ai de la matière fécale dans mon sloggy ! »
    4 – http://static.giantbomb.com/uploads/original/1/13365/923168-9000cat.jpg

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