Très bonne surprise quand nous quittons Entre Lagos. On s’était préparé psychologiquement à affronter 60 kilomètres de piste pour rejoindre Puerto Octay, or la route vient d’être faite. Enfin presque, il devait manquer trois francs six sous pour finir les 6 kms de piste. Ca déroule donc pas mal et nous nous installons au camping en début d’après-midi. Si j’ai bien tout compris, Puerto Octay a été fondée par des colons allemands et c’est la plus vieille colonie. Effectivement, les maisons sont un peu décaties et l’architecture est totalement différente. Ça fleure la vieille Europe. Rien à voir avec Puerto Varas, que nous rejoindrons le lendemain, beaucoup plus moderne et très touristique. Le portefeuille toussera un peu, car on se fait un restau beaucoup plus chicos que d’habitude. Je me goinfre d’une assiette de fruits de mer. Et pas celle que l’on peut trouver en France avec deux huitres, quatre crevettes et six bigorneaux. Le truc monstrueux.
Je m’étonne qu’il n’y ait pas de pince pour décortiquer et de petite fourchette, pas la peine, tout est déjà décortiqué et une bonne partie des coquillages sont chauds. Le meilleur repas qu’on ait fait depuis notre départ et de loin. On goutera aussi en apéro au céviché. C’est des petits morceaux de poisson cru qui a macéré dans du jus de citron avec des oignons et des herbes. Même Pierrot qui en général n’aime pas tout ce qui est froid a adoré.
Toujours est-il que la route qui longe le lac est magnifique avec toujours ces trois volcans majestueux qui le domine. On en chie un peu quand même, car c’est encore un bon profil à bosses et je me retrouve plusieurs fois à devoir pousser le vélo.
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Nous roulons ensuite sur l’autoroute pour rejoindre Pargua. Rien de bien excitant.
La route est en travaux, donc régulièrement, nous empruntons les voies qui sont interdites à la circulation. On roule en sécurité sur deux voies sans risquer de se faire tailler un short par les camions qui roulent comme des dingues. Nous arrivons à Pargua bien crevé. On a eu un vent de face toute la journée. Même si ça n’a plus rien à voir avec le vent argentin, ça fatigue quand même. On décide donc d’y passer la nuit dans une cabana toute pourrie qui sent l’humidité. Mais bon, on s’en fout, il y a de l’eau chaude et des lits. C’est tout ce qu’on demande.
Le lendemain, nous embarquons avec les vélos sur un bateau pour une traversée d’une demi-heure.
Nous rejoignons l’île de Chiloe et nous nous arrêtons à Ancud. La ville a été détruite lors du tremblement de terre de 1960. L’architecture est particulière avec partout des maisons colorées et couvertes de petites planches en bois disposées comme des écailles de poissons. On y sent pour la première fois une grosse pression touristique. La saison n’a pas encore vraiment commencé, mais on se fait alpaguer plusieurs fois par des rabatteurs.
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Le relief est incroyable sur cette île qui fait à peu près 200 kms de long. Partout, et surtout dans les villes, on se cogne non plus à des grimpettes mais à des murs. Effroyable pour les mollets.
Camping d’Ancud, 20h03, Béa : « Au pire, c’est pas grave… »
Il y a pas mal d’églises en bois sur l’île dont une bonne partie est classée patrimoine mondiale de l’humanité.
Manque de bol, celle de Dalcahue est en réfection
Celle de Castro pique un peu les yeux
Mais pour faire le circuit des églises, il faut être motivé ou être motorisé. On aimerait vous dire qu’on n’a pas pu le faire parce que nous n’avions pas le temps, c’est un peu vrai, mais c’est surtout parce qu’on veut éviter de se faire mal avant la carretera australe. Donc, on évite consciencieusement la piste à 17%, en restant sur la route principale. Nous traverserons Dalcahue, puis Castro où nous prenons une journée de repos. Et oui encore, on commence à morfler physiquement. Nous sommes aussi obligés d’y rester une journée puisque nous sommes dimanche et que l’on doit attendre lundi pour récupérer les nouveaux robinets du réchaud que l’on s’est fait envoyer à la mairie. Nous verrons aussi les fameux palafitos de Castro, maisons sur pilotis.
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Nous continuons nos dégustations de spécialités culinaires chilotes. La petite soupe de poisson d’hier avec des palourdes, des moules et du riz était à tomber par terre, et le ragout de crabe de ce soir n’était pas mal non plus. Pierrot alterne entre le saumon et le congre. Je n’ose pas me frotter au curanto, le plat national. (moi, j’aurai dit « plat régional, de Chiloé », mais bon, moi, les fruits de mer…) C’est une énorme assiette de fruits de mer accompagnés de pomme de terre, de saucisse, de bœuf et poulet. Traditionnellement, c’est cuit dans la terre avec des pierres chaudes et recouvert de feuille de rhubarbe. Autant dire que ça cale une dent creuse mais je ne suis pas convaincue par le mélange viande et fruits de mer.
Restaurant Castro, 20h43, Béa, à propos des Chiliennes : « Même grosses elles sont bonnes ! »
N.B : elle menace de faire la gueule si je ne précise pas qu’elle parlait des moules (ce qui, selon moi, ne fait qu’ajouter au graveleux de la chose…)
Le sport et les activités culturelles en Argentine (où l’on s’aperçoit que quand il n’a plus rien d’intéressant à raconter, notre héros se fend d’une petite chronique culturelle qui par la stimulation intellectuelle qu’elle apporte le transforme, pour un temps, en vrai journaliste de l’Ardennais.)
Voilà, voilà, là, je suis sec… Mais alors sec… Béa m’a mis le netbook dans les pattes en me disant d’écrire quelque chose. Mais je suis sec.
Du coup, je repense à quelque chose qui m’a impressionné en Argentine, l’assiduité des jeunes (et des moins jeunes) sur les terrains de sport et dans les centre culturels. Bon, c’est vrai qu’on ne peut pas louper, quand on voyage en vélo et qu’on cherche des endroits où planter la tente, le nombre de complexes sportifs. Tous les villages en ont un ! Du plus petit patelin d’à peine 200 mâcheurs de coca, à la plus grande ville qui, pour sa part, en compte un par quartier. Quand il n’y a pas de camping, c’est souvent là qu’on vous envoie. Nous avons donc passé une paire de nuits dans ces complexes sportifs qui comptent souvent un terrain couvert, en dur, consacré au basket (pour les gars) et au hockey (pour les quilles), mais aussi d’un terrain de foot en herbe (très souvent équipé d’un éclairage permettant de jouer quand le soleil est couché) et de quelques filets de volley… Si on ajoute à cela une piscine (équipement que nous avons toujours connu vide…), on se retrouve en face d’un petit complexe sportif dont pas tant de respectables villes françaises sont munies… Il faut également préciser que chaque complexe possède des toilettes (pas toujours en eaux) et quelquefois des douches (pas souvent en eaux). Dernier point, tous ces centres sportifs ont aussi un « gardien ». Que ce soit un gars de la municipalité qui passe une demi-heure chaque soir pour voir si tout va bien et pour « l’entretien minimum », ou un employé à plein temps (voire plusieurs) qui assure la gestion du site et son entretien « complet ».
Pour des petits bleds ! Pour une population qui ne représente que les 2/3 de la population française ! Pour un territoire 7 fois plus grand que la France ! Pour des moitié-sauvages même pas foutus d’avoir du magret de canard sur leurs cartes de restaurants ! Impressionnant !
Alors, comprenez, je me disais : « Mais pourquoi on ne serait pas foutu de faire pareil chez nous ! Décisions politiques… Centralisation du pouvoir… Priorités mises au mauvais endroit… Crise… Corruption… Etc. » Réflexions de comptoir ! Non ! Bullshit que tout cela ! Si ça marche en Argentine (relativement bien), et que je pense que ça ne marcherait pas chez nous c’est à cause d’un problème plus fondamental : l’ETAT D’ESPRIT !
En Argentine, combien de fois avons-nous vu des jeunes de 16-18 ans arriver sur le terrain après la journée de boulot, vers 22h00, sans accompagnateurs, sans formateurs, à vélo, à pieds, en mobylettes, en pleine semaine ! Et ne repartir qu’à minuit, après l’entrainement ! Et combien d’entrainements par semaine ? Moi, je mise sur 3 ou 4…
Bon, pour nous, c’était un peu pénible, quand on essaie de dormir, d’entendre les cris et les rires jusqu’à minuit ! Mais d’un autre côté, c’est assez rafraichissant de voir et d’entendre des gamins venus pour s’amuser ! Sans tirer la gueule ! Sans se prendre au sérieux ! Sans arriver une heure en retard ! Sans s’engueuler les uns les autres ! Quand l’un d’entre eux fait une grosse cagade, tous les autres se moquent de lui, mais tout le monde garde le sourire… Quand l’un d’entre eux réussit un truc particulièrement difficile, tout le monde l’applaudit !! Bref, pour moi c’était assez émouvant de retrouver cet état d’esprit qui n’est rien d’autre que l’esprit sportif… le pur… le vrai. Le sport pour s’amuser, OK, on est sérieux, mais ça reste un JEU. Et pour avoir côtoyé pas mal de gamins dans des écoles et des clubs en France au cours de ces dernières années, je peux vous dire que ça ne se passe pas exactement comme ça chez nous… T’en penses quoi Tess’ ?
Pour la culture, c’est pareil ! Des clubs de danse, des chorales, des cours d’instrument, etc. qui ne concernent pas seulement une petite partie de la population. On a l’impression que tous gamins font quelque chose après l’école (et même énormément pendant l’école), mais aussi pas mal d’adultes. Là aussi, c’est du jeu.
Alors, c’est vrai que durant le voyage, j’ai pas mal pesté contre les Argentins et leur côté « branques », leur manque de sérieux, tous les trucs « ni faits ni à faire », mais bon ! Ils ont de bonnes raisons après tout ! Le JEU ! Et c’est vrai que le jeu, c’est peut-être ce qu’il y a de plus important dans la vie…
Le jeu du KIKORAlkolyéankokiyedmoul
Solutions des devinettes précédentes
Ø Devinette 1 : Quelques bonnes réponses, c’était une photo du lavabo de la cabaña dans lequel avaient trempé deux T-shirts pendant 10 minutes. On accepte donc l’eau de lessive. A noter que le nombre de réponses impliquant un liquide composé de 95% d’eau, d’urée, d’acide urique, de créatinine, etc. (bref, de la pisse…) est assez impressionnant ! Un peu de sérieux, ce blôgue est une institution respectable…
Ø Devinette 2 : La seconde photo SYMBOLISAIT ! Eh oui, symbolisait et non pas représentait… Donc, peu importe le nombre de billets, ce qui compte, c’est le symbole ! Les 8000 km ! 8 x 1000 = 8000. 8000 quoi ? 8000 km bien sûr ! Bonne réponse de Julie ! (Le niveau va monter d’un coup chez les Huertas si Raph’ n’est plus seul à répondre…)
Ø Devinette 3 : Ce cher, très cher, Bobby Lapointe ! Dans « Je suis né au Chili », Maman est dans le coma et Papa dans le MOKA. Bravo aux 4 bonnes réponses !
Ø Devinette 4 : Les deux chanteurs cités dans le corps de l’article. « Tant pis pour les victoires, et tant mieux pour les défaites. De toute façon, on a toujours l’air aussi bête… » de Christophe MIOSSEC.
« Compte pas sur moi pour t’expliquer comment faut faire pour oublier quand ça fait mal… Compte pas sur moi pour t’expliquer comment faut faire pour les décrocher, les étoiles… […] qu’il faut du temps pour le traverser, l’océan qui nous emmène jusqu’à la joie. » de Mickey 3D (Mickael Furnon accepté).
Une seule bonne réponse (mais je n’en n’attendais pas du tout !) Bravo pour les capacités de recherche impressionnantes de Chandoux…
Devinettes du jour :
Ø Devinette 1 : De quelles espèces (soyez précis pour les premiers) sont les 2 sortes d’oiseaux que l’on voit sur la vidéo ?
Ø Devinette 2 : Lors d’une pause de midi, de quel aliment énergétique me goinfrais-je goulûment pour déclarer soudain d’un air inspiré : « Il est con ce type » ?
Challenge : Roudoudou
1 – La vidéo ne fonctionne pas chez moi. Suis je le seul???
2 – de la raie ( il est constipé …)
Bisous.
Apparemment non, tu n’es pas le seul, mais le problème de la vidéo doit être maintenant résolu.
Biz à toi
Salut les mecs!
Encore de magnifiques photos! Félicitations! belles photos d’églises aussi. Si en plus tu penses à moi. En même temps je préfère que tu penses à moi en voyant une église qu’à Julie en mangeant des moules!
Au fait, tu diras à Béa que un plat copieux ne « bouche pas une dent creuse ». C’est un oxymore. De plus, la vidéo est privée.
Bon, trêves de galéjades et voici les réponses, je tiens à reprendre la tête…
1) Ibis des Andes
2) Une banane car ça constipe!
biz
Yep Gros ! Tu as maintenant accès à la vidéo, et l’autorisation de « revoir » ta réponse n°1. Quant au texte de Béa disant que « … le curanto […] ça cale une dent creuse… » il faut bien sûr y voir, non pas un oxymore, mais un superbe euphémisme écrit on ne peut plus involontairement !
Que me rétorqueras-tu si je te dis que ta réflexion « n’a pas fait long feu » ???
Biz.
1- Ibis à face noire Theristicus melanopis Ordre des Ciconiiformes – Famille des Threskiornithidés
2- Tu mangeais une oreille en référence au sketch « la drague » de Guy Bedos et Sophie Daumier : « S.D.: Y m’a mordu l’oreille, y m’a fait mal ce con. Il est con ce type. Ah ! et puis alors qu’est-ce qui cocotte ! »
(Avec ça, je suis sûre de ne pas gagner lkolyéankokiyedmoul… kypu)
En tout cas, l’ile de Chiloe a l’air magnifique. J’adore ces couleurs. Je m’y verrais bien me joindre à la horde de touristes !
Attention, il y a une autre espèce d’oiseau dans la vidéo.
Salut,
on écrit pas beaucoup mais on suit votre périple.
Le deuxième oiseau est un vanneau téro (vanellus chilensis) famille des charadriidae. Il doit avoir une huppe.
Vos photos sont superbes.
Biz
Les filles
On a trouvé le truc, si on veut de vos nouvelles, il faut envoyer des devinettes sur les piafs. Du coup, pour être certains que vous lisez les commentaires : « qu’est ce qui est jaune et pèse 500 kg » ?
pablo neruda…
Jorge Luis Borges…
Resalut mec!
on voit un peu mieux les piafs.
Oserions-nous dire Ibis à face noire….
Nous osons!
Au fait Nelson Mandela est mort.
Ouaip, pour Mandela, voir la réponse que j’ai déjà adressé à Sylvain dans les commentaires. Il manque toujours une espèce d’oiseau…
Cela me fait sourire que Pierrot s’adresse à mon fils……
Ah ! Ah ! Annick ! J’ai eu un soupçon au début, mais le nom de l’adresse mail m’a égaré… Je suis bien content que tu nous suive et que tu apprécies !
Un très gros canari !
Bravo ! Biz à vous quatre
superbe, je prend bien note des plats, ça va saigner.
Béa, tes reflexions graveuleuses sont vraiment écoeurantes. Des enfants lisent peut-être ton blog, non ? C’est quoi la suite, leur dire qu’ils seront au chomage plus tard et que le père Noel n’existe pas ?
Non là, c’est la porte ouverte à toutes les fenêtres.
Warf ! warf ! Si leurs malheurs n’étaient constitués que d’un inéluctable chômage…
Salut vous!
Désolée je vous avais un peu abandonnés, mais non sans penser à vous bien sûr! Ma vie étant un genre de tourbillon actuellement, j’ai du mal à m’arrêter 15 min pour lire votre blôgue… Ouf, c’est les vacances, me disais-je, mais bon y a Melody, qui veut mettre des lézards géants (pour nous petits français) sur son épaule et brosser des chevaux d’1m80 (vous inquiétez pas j’ai des photos, c’est sûr la prochaine aventurière de la famille c’est elle!) qui ne me laisse aucun répit!
Bon, vos images sont magnifiques, et là franchement j’aurais bien jeté toute ma petite famille dans l’avion pour passer le réveillon du nouvel an avec vous, mais c’est point possible, à cause des sous…
Allez, je vous fais des gros bisous, et le (petit) monstre aussi!
Passez un bon noël, on pensera à vous…
Yep ! Grosses bises chez toi et joyeux noël itou !
bonjour à vous deux
eh!oui! j’ai eu un peu de retard dans la lecture. Je pense pourtant bien à vous mais j’aime prendre mon temps pour vous lire…quand je vois ces paysages magnifiques, je me dit que vous allez avoir drôlement difficile de retrouver nos Ardennes!!! C’est franchement géant pour les paysages mais aussi pour les efforts incontestés de vos jambes et de votre mental.
De Signy ,sans avoir vos courbatures, je suis tentée de dire que le jeu en vaut la chandelle!Merci pour votre blog qui fait rêver. Bon Noël dans l’hémisphère sud.
Salut, merci pour les encouragements et joyeuses fêtes à tout le monde !