Chester

12/08/2013 : Chester

Previously in « The Terrailleurs », on vous avait parlé de Frank le Texan. Celui-ci nous avait fait l’éloge d’un petit coin de paradis au sud d’Ashland, avec une source d’eau chaude et la possibilité de camper gratos. Nous, on s’imaginait le site connu des seuls initiés, super sauvage, avec pour seule compagnie les biches et les écureuils. J’ai bien peur qu’il y ait eu un problème lors de la traduction. Certes nous avions bien compris que ce n’était pas franchement sur notre chemin, et que cela nous imposait un détour de 8 kms (soient 16 kms aller-retour). Qu’à cela ne tienne, nous voilà parti en recherche de ce coin d’Eden. A un moment, on quitte la route à quatre voies pour se retrouver dans une espèce de terrain vague. Une nana qui a l’air de carburé aux cigarettes qui font rire dès le matin, entreprend une conversation avec Pierrot pour lui expliquer qu’il faut passer par derrière. Nous arrivons donc sur un parking (ça commence  bien le coin désertique) et  arrivons à l’accueil d’un camping (pour le côté gratos, faudra repasser, parce que c’est 28 dollars la nuit). Nous découvrons ainsi que nous avons une chance inouïe puisque nous tombons en plein milieu d’un festival hippie. On comprend maintenant pourquoi Ashland était rempli de mecs bizarres, un peu clodos qui faisaient la manche. On n’avait pas vraiment eu l’occasion d’en voir jusque-là. Bref, quand je parle de festival hippie, ne vous attendez pas à Woodstock. Non, non, c’était plus un rassemblement pour des cours de yoga, relaxation, détox … Finalement, il y a bien une source d’eau chaude, mais ce n’est pas la peine de s’attacher à une liane pour y descendre, c’est une piscine carrelée d’eau saumâtre qui sent le soufre. Bon, je force un peu le trait, c’est vrai qu’on ne s’attendait pas à ça, mais ça a fait du bien quand même. Enfin, jusqu’à ce que la nuit tombe. Certes, nous avons gardé notre habitude de vivre en même temps que le soleil et en général à 20H on est dans la tente, on lit une demi-heure avant de ronquer comme deux grosses marmottes. A cette même heure, donc, nous nous sommes rendus compte que nous avions comme voisin Djembé-Man. Aïe, la tuile, et c’est un peu compliqué de ramener sa fraise à 20h quand même. Donc, nous sortons pour la première fois nos boules quiès. Résultat : Djembé-Man 1 – 0 Boules quiès. L’animal ne se lasse pas, on peut même compter le nombre de fois où il va pisser, puisqu’il continue à jouer pour aller au WC. Au bout d’une heure, j’entends un gars s’adresser à Djembé Man d’un ton assez bourru. Youpi, le gars doit être en train de l’engueuler et lui dire de la mettre en sourdine. Pierrot m’informe à ce moment-là, que pas vraiment, puisqu’il lui demande si il veut de la salade. Vous remarquerez tous que je ne suis désespérément pas devenu bilingue. (Arrête de ricaner Carine).  21H50, j’ai craqué avant l’heure normale de tapage nocturne d’un camping qui est de 22H00. Je sors de la tente en slip et seins à l’air. M’en fous, de toute façon il fait nuit, et puis on est dans un regroupement hippie oui ou non. Bref le dialogue donne à peu près ça « Oh, Djembé Man, can you speak slowly or stop ». Ouais, je sais, il faut que j’arrête de me chouter au Paic Citron ou de veiller aussi tardivement, ça me fait confondre les mots. Toujours est-il que Béa 1 – Djembé-Man 0.

On a profité d’être dans une grande ville pour se faire un bon restau thaï. Assez cher comparé aux burgers, mais qu’est-ce que c’était fin ! Ça fait du bien de manger du poisson.

Nous arrivons maintenant en Californie. Trois états traversés en même pas un mois, la moyenne est respectée.  Le paysage devient vraiment différent.

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C’est très sec et quittons des régions alpines pour des zones d’élevage où nous longeons de grands ranchs.

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Nous arrivons à Montague et nous avions bien vu sur la carte qu’il n’y avait aucun camping dans le secteur. Au carrefour (j’allais dire centre-ville… ), je demande à une femme si on peut planter la tente sur l’espèce de jardin public où se trouvait un robinet d’eau, et une poubelle. Elle semble douter de cette possibilité et me répond qu’elle serait ravie de nous recevoir chez elle pour qu’on plante notre tente dans son jardin. Comme je doute un peu de mes facultés de compréhension, je lui fais répéter. Oui, oui, elle serait ravie. Bon ok, elle doit emmener sa voiture au garage, elle revient nous  chercher dans 20 minutes. Le hic, c’est que dans la voiture, il y avait le mari qui n’avait pas été consulté pour cette décision et à priori, lui, il n’était pas spécialement ravi. Toujours est-il qu’au bout de vingt minutes, la voiture revient et la femme nous annonce que finalement, après mûre réflexion, comme nous sommes en vélos, comme ce n’est que pour une nuit, ça lui parait possible de planter dans le jardin public.

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Et hop, du coup, une nuit gratos avec presque tout le confort. C’est juste pas facile pour une fille de faire pipi le matin, au milieu d’un carrefour.

En ce moment, on se tâte avec Pierrot pour faire des tours de garde pour surveiller notre garde-manger. Pas contre les ours ou les cougars (calmez-vous les mamans), mais contre les écureuils. Ces charognes nous ont bouffé la fin d’un paquet de chips et trois tranches de pain de mie. Ça devient la loi de la jungle ce voyage.

Nous traversons ensuite le parc national de Lassen.

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Nous laissons nos vélos au repos pendant deux jours entiers. Ça caille un peu en hauteur, surtout le soir, mais on en prend plein les yeux.

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On se fait trois grandes ballades, dont une de 18 kms qui nous donnera des grosses courbatures au mollet. Ils ne sont pas habitués à la marche à pied.

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Nous faisons également la connaissance d’Emily et Eric qui nous emmèneront en voiture au Blumpass Hell. Magique, nous crapahutons entre les fumerolles, les marmites d’eau bouillonnante dans un air rempli de soufre. Nous retrouvons nos deux chauffeurs le soir au camping pour partager quelques bières et échanger nos visions des choses. Soirée encore très sympa donc.

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Nous battons aujourd’hui notre record d’altitude lorsque nous passons le Lassen Peak à 8511 pieds (on vous laisse faire la conversion en mètre, ça vous fera les pieds. Hi hi, elle est bonne celle-là).

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Ce soir, nous sommes à Chester, où nous devrions retrouver les « Brody » (des amis ardennais) d’ici quelques heures. Affaire à suivre.

Au fait, on a oublié de vous dire, on a passé les 2000 bornes !!!

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Les descentes (ou le serment de Faust)

Comme promis, je parlerai succinctement de ce moment de plaisir bref et intense qui succède presque invariablement à la Montée : la pause pipi. Mais d’abord, deux ou trois mots sur les descentes.

Ah ! La descente… Vous avez déjà pu vous rendre compte en lisant le précédent compte-rendu sur la journée du vendredi 2 août 2013 ou en voyant le commentaire moqueur de PUJ (Vince) s’y rapportant, que les relations qui nous unissent, la descente et moi, sont passionnées, tumultueuses, et parfois même conflictuelles…

Il faut d’abord savoir que depuis des temps immémoriaux, la descente est ma maîtresse. Une amante folle, jalouse, prédatrice et exclusive. Je suis sa bête, je suis sa chose, elle fait de moi absolument ce qu’elle veut. Plus d’une fois cette relation nous a conduit à l’hôpital ou chez le médecin – plutôt moi que elle d’ailleurs – mais je lui reviens toujours, c’est plus fort que moi.

Alors quand une montée se termine, quand le « coup de cul » final se transforme en replat à 3 ou 4 %, quand l’horizon se dégage, quand les panneaux « Fin de voie pour véhicules lents » apparaissent, l’excitation monte, je me mets à tourner des jambes plus vite, les veines des tempes battent plus fort, le bas du ventre se contracte, se crispe d’un plaisir anticipé, je la sens, elle est là, juste derrière, elle m’appelle !!!! LA DESCENTE !!!!!

Comment expliquer cette sensation à ceux qui ne la connaissent pas ? Imaginez un drogué privé de sa dope pendant trois jours et qui la retrouve soudain. Imaginez une journée passée sous 40 °C à fournir des efforts, et là, tout à coup, une piscine d’eau claire. Imaginez une journée passée au milieu  d’enfants braillards, tous plus pénibles les uns que les autres, et que, hop, d’un seul coup, vous trouvez une caisse de baillons. Eh bien, pour l’afficionado (et encore plus en vélo couché) c’est ça la descente ; un plaisir qu’on sait pouvoir attendre mais qui reste malgré tout inattendu !

Les premières centaines de mètres sont les meilleures, de l’adrénaline pure, on envoie tout, on est à fond, à bloc, toute l’excitation explose enfin, on n’entend plus rien… :

  Prends la caméra, filme !

– ….UuuuuNNNnnhhhh… nan…

– Ton casque ! Met ton casque !

– ….UuuuuNNNnnhhhh… m’en fous…

– Tu roules en contre sens !!

– ….UuuuuNNNnnhhhh… pas grave…

– Gérard dit que ce n’est pas le bon chemin !

– ….UuuuuNNNnnhhhh… j’l’emmerde…

Bref, un bonheur brut, une jouissance pure, un moment à planer dans le ciel  qu’on ne tient pas à voir gâter par des contingences matérielles qui vous forcent à atterrir…

 

Pour ceux qui voudraient essayer la descente, j’aurai deux conseils à donner :

1)      Commencer par une Montée (d’abord parce que ça permet d’avoir une descente, et puis parce qu’une descente perd les 2 /3 de sa valeur jouissive si elle n’arrive pas en récompense d’un effort certain.)

2)      Oublier tous les conseils donnés pour la Montée. Il peut se révéler extrêmement dangereux de laisser son esprit vagabonder lors d’une descente à 70 km/h.

Les auteurs de ce blôgue déclinent toute responsabilité en cas d’accident.

 

Addendum : à l’heure où j’écris ces lignes, la descente a encore frappé… Après avoir emporté le petit fantôme, elle nous prive désormais de mon fanion orange de sécurité et, plus grave, du fanion blanc personnalisé Terr’ailleurs et signé par les amis.

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En outre, pour la troisième fois aujourd’hui, une guêpe s’est retrouvée coincée dans mon short lors d’une descente et s’est vengée, je vous laisse deviner comment…

 

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je tenais à préciser que ces articles sont écrits à tête reposée, le soir au campement ou bien lors des journées de repos et ne sont envoyés que lorsque nous trouvons une connexion wifi. Il en va de même pour les vidéos. La connexion étant généralement limitée dans le temps, nous n’avons malheureusement pas le loisir de nous étendre dans les réponses que nous apportons à vos commentaires, voire pas le loisir d’y répondre… C’est pourquoi je souhaite commencer par dire un grand merci à tous ceux qui réagissent à nos articles. C’est super motivant et encourageant de savoir qu’il existe des « Fans Addicts », que ce soit dans les Ardennes, dans la Marne, en Gwada (allez à la Marlyse) ou ailleurs…

Merci à tous !

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26 réflexions sur « Chester »

  1. Salut les culs!
    oups, une déformation de mon séjour au Cap d’Agde!
    Vous avez l’air seuls au monde, c’est vraiment super!
    très belles photos, de grands espaces…
    Par contre c’est chiant quand vous vous mettez devant les paysages, on les voit pas bien!
    Allz, On the road agaiiiiiiiiiiiiin!
    Biz

  2. Z’avez même fait rire Elsa, ce qui relève de l’exploit…
    Toujours pas de Sequoia?
    Pierrot, calme toi sur les descentes, les frais médicaux aux states c’est pas comme chez nous!!!

    Say Hello to the Brodys and to California!

    Bye

  3. supers coins , on vous envie , c’est superbe ,profiter bien , la guêpe fait sont retour , qui aura le dernier mot ou le dernier dar , affaire a suivre ……

  4. Je partage votre désolation pour la disparition des fanions. Seul, semble résister le drapeau européen pour l’instant. Un petit coucou des ardennes.

  5. Ah ça y est Béa, toi aussi tu te balades à poil maintenant, devant des inconnus de surcroît, mais c’est contagieux ma parole! Tsss, d’où le titre « born to be wild » sur la vidéo j’imagine…
    Ben en tout cas ça fait vachement envie ouais, vous vivez ce que beaucoup rêvent de vivre sans avoir le cran de le faire (pour des raisons de physique entre autre!), profitez-en à fond!
    Et Melody me fait dire, en voyant la descente: oupeee!
    Allez bises à bientôt!

  6. Super on peut lire et relire, voir et revoir, on voit toujours autre chose ! Je ne me lasse pas mais je redis mollo dans les descentes !
    Bises

    1. Au dessus de 2000 mètres, il fait beaucoup plus frais. Il se peut qu’après Sequoia Park, on file vers la côte Pacifique pour profiter un peu de l’océan. On devrait rejoindre Big Sur puis suivre la Highway 1 jusque LA. Avez vous des bons plans à nous conseiller ?

  7. on connaissait la relation particulière de Pierrot avec le feu mais j’ignorais celle qui le liait aux guêpes! ou alors c’est uniquement avec les guêpes américaines?

  8. Nous sommes également fans de vos exploits et ça nous donne encore plus envie d’aller nous aussi découvrir certains de ces coins des States. Biz et bon voyage parmi les nostalgiques du Summer Of Love.

  9. Après 17 jours à l’autre bout du monde moi aussi (à la rencontre des migrants birmans en Thaïlande avec une ONG de développement), je vous retrouve avec curiosité. Je vois que vous avez toujours la pêche et beaucoup d’humour, c’est super!!! Bravo pour vos 2000 km et bon courage pour la suite!

  10. Salut Les aventuriers !
    ça fait du bien de vous voir et de vous lire. Trop cool les descentes ….. de bières pour l’apéro du soir.
    Que de belles images!
    A part l’ours noir, y a t-il des animaux sympas ?
    Bises à vous 2.

    Olive

  11. bravo tous les deux! je suis en extase! les commentaires, les photos, vidéos…on s’y croit…sauf pour les courbatures!je suis allée aux states et entre autres Yousemite et je retrouve dans votre blog beaucoup de sentiments que j’ai connu face à l’immensité. je suis très admirative de ce que vous faites. vous avez osez.Encore toutes mes félicitations.

  12. Bravo pour vos exploits!!!! C’est avec plaisir que j’ai rattrapé mon retard dans vos aventures. Sans nouvelles des mises à jour – sans doute désinscrit de la newsletter – je m’inquiétais : ont-ils été dévoré par un ours, embouti par un truck ou pire, renoncé à leur périple?
    Merci en tout cas pour vos photos et vidéos.
    Du rêve à l’état pur!

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