Crater Lake

03/08/2013 : Crater Lake

Finalement, Natureman, le super héros préféré de Thierry (ceux qui n’ont pas lu les derniers commentaires ne peuvent pas comprendre cette vanne), a été obligé de remettre son slip. Non pas pour fêter dignement l’anniversaire de sa dulcinée, mais parce que nous descendons des montagnes pour rejoindre la civilisation. Nous arrivons donc dans la petite ville de Sisters ou nous rencontrons devant un supermarché Steve et Karen qui roulent en tandem couché, accompagnés de leur fille Stef, elle aussi en vélo couché.

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Nous papotons un peu et Steve nous informe qu’il fait partie de la communauté des Warmshowers et que si nous le voulons, nous pouvons aller chez eux au lieu d’aller au camping. Le rendez-vous est donc pris et nous serons deux heures plus tard chez eux, puisqu’ils habitent un peu à l’extérieur de la ville. Chouette maison avec vue sur les montages (three sisters). Nous nous attendions donc à planter notre tente dans le jardin et prendre une bonne douche chaude. Que nenni, Karen nous fait visiter la maison et nous montre notre salle de bain privative ainsi que notre chambre. Ce sera donc notre première nuit dans un vrai lit depuis que nous sommes arrivés. Une fois douchés, nous faisons tous les cinq une partie de « colons de Catane ».

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Comme nous y jouons aussi en France ça facilite la compréhension des règles. Stef nous quitte en fin d’après-midi pour retourner à Portland. Ensuite pour fêter mon anniversaire, Steve et Karen nous emmènent dans un restau à Bend, puis nous finissons la soirée par une promenade digestive le long de la rivière en mangeant une glace. Soirée très sympa puisque malgré notre pauvre niveau d’anglais, Steve et Karen ont fait tout leur possible pour se faire comprendre. Le lendemain matin, petit déjeuner avec céréales, lait, toasts, confiture … le grand luxe. Karen nous fait cuire des œufs durs pour la pause de midi. Nous nous quittons après moultes embrassades. C’était vraiment une super rencontre.

En faisant les courses l’autre jour, nous achetons de quoi nous sustenter pour un ou deux jours et donc normalement, j’aurai dû acheter notre sempiternelle boîte de thon. Arrivés au camping, je charge les boîtes dans les sacoches et me rend compte que nous venons d’acheter une boîte de pâté pour chat.

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J’avoue qu’à l’heure qu’il est je reste toujours perplexe face à cette déconvenue et ne me l’explique que des façons suivantes :

·         Un restant de vapeur de Paic citron m’aura fait confondre une boite de thon avec une boîte de Friskies.

·         Un américain chafouin aura subrepticement glissé la boite dans notre panier. C’est vrai qu’elle est bonne quand même cette blague.

·         Nous avons traversé un vortex spatio temporel et vivons dorénavant dans un monde dirigé par des chats. Faut vraiment que j’arrête de lire du Bernard Werber.

Toujours est-il qu’il nous a paru plus sage de nous débarrasser de la fameuse boîte pour ne pas risquer la tentation en cas de fringale extrême. Déjà qu’on pue comme une litière de chat qui n’a pas été changé depuis quinze jours, essayons de garder un minimum de dignité.

Actuellement, nous sommes en altitude, dans les environs des 2000 mètres. Ça se ressent franchement au niveau de la température. En fin d’après-midi, il faut remettre sa petite laine. Par contre ce matin, il aurait fallu un pied de biche pour me faire sortir du sac de couchage. Il faisait 0°C à 6 heures du matin et guère plus dans la tente. Heureusement qu’on a des sacs de couchage top compèt. Par contre, cette nuit, c’est dit, je dors avec le bonnet et l’écharpe. (La déperdition de chaleur se fait essentiellement par la tête).

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Le Mont Bachelor (ou comment une anomalie géothermique se transforme en épreuve de première bourre).

Suite à notre soirée fort sympathique chez Steve et Karen… Oups, avant d’aller plus loin, je m’aperçois que Béa a omis quelques anecdotes amusantes :

Karen nous propose à boire, nous acceptons, Béa dit qu’un verre d’eau lui ira très bien. Notre hôtesse se tourne alors vers moi et demande : « Do you want some ice ? » (voulez-vous de la glace ?) ; je lui réponds alors avec un air étonné : « In my beer ? » (dans ma bière ?)… Son : « Ohhh » réprobateur et qui affiche une compréhension tardive me fait sentir coupable 30 secondes, après je m’en suis foutu, j’avais ma bière…

Donc, après cette bonne soirée, et cette nuit passable (plus l’habitude des matelas mous), et comme nous avions fait une étape de 100 km à gros dénivelé pour arriver chez eux, nous avions décidé de faire une petite étape de 50 bornes, tranquille, pépère, qui nous amènerait à 1/3 de l’ascension du Mont Bachelor.

Le Hic, parce qu’il y a un hic (je suis sûr que fins comme vous êtes, vous le voyiez venir) c’est que sur le versant nord du Mont Bachelor, nous ne fûmes pas foutus de trouver de rivières, de petites cascades, de mignons ruisseaux, de pittoresques rus, de lacs sertis de forêt, ni même une pompe à bière… De fait, sans eau, pas de campement possible, pas de pause possible avant d’avoir terminé cette ascension maudite, longue, haute, difficile, à rampe méchante, à coup de cul vicieux, et surtout arrivant après 50 km, trop tard dans la journée… Là, tout s’est joué au mental, et force est de constater que Béa a quelque peu lâché la rampe… Pour moi, cela c’est très très très bien passé. Grosse forme, jambes en feu, aucune douleur, une pêche du tonnerre, tous les km, je prenais 100 m… Cela peut s’expliquer par ce que Vince appelle « l’axiome du chacal » qui veut que plus l’autre est en difficulté, plus votre côté chacal vous rend performant. Bref, une journée fantastique pour moi ; une journée à oublier pour Béa.

Vous noterez que malgré les difficultés, j’ai eu la présence d’esprit de sortir le caméscope pour votre édification et votre divertissement. Il est comment Fonzie ???

 

(Ben oui, mais vous n’aurez la vidéo que quand pourra avoir un accès internet correct.)

Avant-hier, nous avons fait la connaissance de Frank le texan. Nous avons campé ensemble au bord du Diamond Lake. Nous avons passé la soirée à siroter de la bière et à fumer des roulées (han, pas bien …) à discuter voyage, à refaire le monde, le tout en anglais !!

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A travers toutes ces rencontres, nous nous faisons une opinion bien différente des américains. Par contre, quand on a commencé à aborder le sujet de la théorie de l’évolution, là, on a bien senti que ça bloquait et que le sujet était franchement tabou. Du coup tout le monde a été se coucher sans manger (il faisait noir). Mais bon, tant pis, la soirée était vraiment sympa.

Nous avons été un peu déçu par le Crater Lake. Normalement le lac au sommet de l’ancien volcan est d’un bleu profond, et là, nous l’avons vu bleu ciel, limite blanc. Tant pis, on en a profité pour faire quelques balades à pieds, histoire de lâcher un peu nos guidons. Et franchement, ça fait du bien.

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En effet, ça fait maintenant plusieurs jours que nous sommes entourés d’un brouillard constant. Il s’agit en fait, de la fumée des feux de forêt qu’il y a un peu partout dans la région. Effectivement, nous croisons de temps en temps des forêts dévastées par le feu depuis plusieurs années et qui ne sont pas nettoyées. Mais nous n’avons pas encore réellement vu de feux de forêts (tout va bien, les mamans, tout va bien).

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PS : message personnel.

Nous te souhaitons un très bon anniversaire, m’man !!!!

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Le vendredi 2 août 2013 (ou comment une erreur de lecture de carte peut s’avérer positive).

Ce vendredi, donc, après une journée de repos au Crater Lake (juste 2 petits trails d’une paire de km), nous voilà parti pour une longue étape d’une centaine de bornes, mais commençant par 40 de descente… A peine sortis du Parc National, au bout d’un km, nous arrivons à une route qui, à droite monte en lacets vers le nord, et à gauche, descend plein pot vers le sud… Ni une ni deux, j’attaque la descente comme un furieux (malgré les sept degrés du matin) quand j’entends Béa me crier que Gérard n’est pas d’accord avec la direction prise (Gérard, c’est Gérard Petit Slip, notre GPS). Coupé dans mon élan, je m’arrête, commence à gueuler en disant qu’il n’y connait rien ce Gérard, qu’on va bien au Sud, non ? que de toute façon on n’a pas le choix, qu’il n’y a qu’une route et qu’on est censé descendre et pas monter… ! Puis je sors rapidement ma carte, regarde vite fait, ne suis pas vraiment convaincu, mais « de toute façon, on n’a pas le choix ! »

Et YEEEEaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh, c’est parti pour la descente, vite, très vite… Un peu moins vite (au bout de 12 km parcourus en 5 minutes) je m’inquiète quand même un petit peu du fait que nous allions franchement vers le sud-est alors que dans mon souvenir, le parcours était plutôt sud-ouest… Re-arrêt, re-consultation de carte (plus sérieusement cette fois, une bonne dose de descente ayant été consommée) avant de déterminer rapidement que…

« Punaise, c’est pas vrai ! Cette carte est vraiment trop mal foutue ! Et pis on voit rien sur ton Gérard de m….. ! Et c’est pas logique de devoir d’abord remonter vers le nord ! Etc. »

… que je m’étais trompé. (Si, si, c’est possible… Rare, mais possible.)

Bien sûr, remonter ces 12 bornes à 5 % était inenvisageable. Nous étions sortis du cadre très serré de nos cartes. Nous ne voyions pas grand-chose sur le minuscule écran du Gérard. Mais nous n’étions pas perdu puisque « De toute façon, il suffit d’aller vers le Sud, le soleil nous guidera… Alors, comment il est Fonzie ?! »

Une fois l’erreur digérée, nous avons passé une super journée. Nous avons quitté la montagne après 30 km de descente vers le sud-est pour un paysage de grandes plaines à vaches que nous n’avions pas encore vu. Nous avons trouvé un petit bled pour acheter des œufs durs, des chips et des oignons, ainsi que pour nous montrer une carte (dûment photographiée) nous permettant de retrouver dans les 2 jours le chemin de Ashland. Nous avons perdu moins d’altitude que si nous étions passés par le chemin prévu (donc moins à remonter) et n’avons dû passer le petit plateau pour la première fois qu’au km 71… En plus on devrait être à Ashland demain, j’espère pouvoir enfin trouver du Wifi et vous envoyer tout ça, et peut-être bien trouver une source d’eau chaude (dixit Frank le Texan.)

Alors… être doué, même dans les erreurs, je dis : oui, c’est possible.

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13 réflexions sur « Crater Lake »

  1. galvanisees par la lecture de votre blog ma cousine et moi decidons de louer des velos pour faire le bord de mer ca devrait aller ( moi j’ai des copains qui font 4000 km en velo!!!) On loue les velos et au moment de monter sur le mien : quand je suis sur la selle je ne touche pas les pedales ( et non il n’y a pas de modele enfant)bref nous avons fait 20km sur du plat ( avec pause pour boire une biere bien fraiche) nous sommes revenues brulees et avec une legere insolation ( 40º pas de chapeau pas de creme solaire oui on est un peu nouillassse) resultat bronzage de camioneur et marque de lunette sur le nez:la classe a dallas! Vos exploits ne m’en paraissent que plus extraordinaires. Donnez des nouvelles regulierement je suis accro!
    bisous ana

      1. Béa, pense à te mettre devant Pierrot lorsque tu vois une descente, ton homme est quelque peu redbullisé à la vue de celle-ci, et ce n’est pas la première fois qu’il se fait aspirer par l’adrénaline procuré, proche du paroxysme il est vrai…

  2. ah enfin des nouvelles nouvelles !!! le matin à la fraîche, c’est super de vous lire et de voir vos mines réjouies !! bravo, tout va très bien (à part évidemment quelques erreurs diverses et variées mais sans conséquence et c’est l’essentiel). Dans la chaleur de la plaine champenoise, vos récits mettent en train pour la journée, je pense à vous, grosses bises

  3. coucou les zamis! je suis de retour dans mon bureau après 3 semaines de wacances! 🙁 Et que vois-je au milieu des 113 mails reçus et à traiter?:((( Des petites nouvelles toutes fraîches! J’avoue que çà m’a fait du bien! Peut-être est-ce l’idée de me retrouver au pied d’une montagne en vélo couché et avec, en plus, aucun espoir de confort une fois l’ascension terminée? Peut-être!!!:) j’en profite pour souhaiter un bon anniversaire à Béa, j’avais un peu zappé ( je sais c’est pas bien) Bon c’est pas tout çà mais j’ai un peu des trucs à faire! bisous et amusez vous bien!

  4. Je colporte vos exploits jusqu’en Ecosse, et generalement je recolte des « wow amazing » ou something like that, avec des yeux ecarquilles…
    Toujours a la recherche du kilt, a St Andrews y avait un fabriquant mais il aurait fallu que je bosse 1an pour lui pour pouvoir payer un kilt :p.
    Congratulations for your efforts, have fun!
    Bises

    P.S. : essayer de parler de la theorie de l’evolution avec un texan, you are trying to killing yourself??? 😉

  5. hi guys

    c’est vrai que la lecture de votre blog est plutôt addictive, j’ai même mis un lien sur facebook pour augmenter votre auditoire. M’en fous que ça vous plaise pas! Sinon je vois que votre apéro s’est américanisé, whisky coke, c’est votre côté Marcus Brody…

    Vous avez remis le nez dans la clope? craquage ou partage de calumet avec un autochtone?

    Bises les amis

  6. Salut mes chéris!
    Je deviens accroc! J’attends de vos nouvelles comme un épisode de l’amour est dans le pré! Que dis-je, comme mon emploi du temps de rentrée ou encore comme le temps de mon arrêt de travail pour mon épaule en mousse!
    Content de voir que tout va bien et que votre épopée devient peu à peu une belle aventure humaine (putain, c’est moi qui écris ça!!!j’ai pas dû boire assez ce soir)
    A bientôt et trop pressé de vous lire!
    comme ça me fait bizarre d’écrire un com sans vulgarité j’en laisse une, comme ça, à l’envie, à l’instinct: « ce soir, baisse ta culotte, c’est moi qui pilote!
    pardon
    votre dévoué

  7. Pas mal le coup de la boite de paté pour chat. Avec des shamallows grillés ça doit le faire. Miammm!
    Vous etes vraiment tout proche de Fred et Ophelie ( partirlespiedsdevant.com) vous ne vous etes pas croisés, dommage!
    Bonne route a vous

  8. Salut les poulets ! Franchement, la pâté pour chat, ça vous réussit bien ! Vous n’y avez pas ajouté un peu d’EPO pour faire passer le goût au moins ??? Parce que franchement quelle forme ! Non… je sais, vous carburez au 100% naturel et ça vous va très bien ! Tout de même, c’est pas de bol que d’avoir un Mont Bachelor planté sur votre route. Moi perso, je pense que j’aurais défié Gérard et fait détour en contournant la bête, plutôt que de tracer tout droit et me geler les miches à 2000 M sans eau ! Je pense à vous chaque jour en revenant du boulot en vélo. Ca ne se voit pas, mais y’a comme un faux plat avenue de Ste Menehould… balèze en B’twin ! Je sais, rien à voir avec le Mont Bachelor, mais quand même… c’est suffisant pour penser à vous ! Bisous

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